L’imidaclopride s’associe à la perméthrine contre les parasites - Le Point Vétérinaire n° 245 du 01/05/2004
Le Point Vétérinaire n° 245 du 01/05/2004

ANTIPARASITAIRES EXTERNES

Éclairer

NOUVEAUTES

Auteur(s) : Éric Vandaële

Fonctions : 4 square de Tourville
44470 Carquefou

Ces deux ectoparasiticides déjà connus, composent un nouveau spot-on : Advantix®, actif contre les principaux parasites hématophages du chien.

Depuis dix ans, le marché des antiparasitaires externes pour chiens est dominé par une molécule leader, le fipronil (Frontline®). Toutefois, une cinquantaine d’autres médicaments revendiquent leur place.

En 2004, un nouveau spot-on antiparasitaire externe, Advantix®, fait son apparition. Il est composé d’imidaclopride : un insecticide anti-puce (déjà présent dans les spot-on Advantage®) et de perméthrine, pour son activité contre les tiques. La perméthrine est déjà présente seule (Defendog®, Pulvex®) ou en association avec un inhibiteur de croissance des insectes (IGR) dans le spot-on Duowin® dans des antiparasitaires destinés aux chiens. La perméthrine est formellement contre-indiquée chez le chat et fréquemment à l’origine d’accidents graves lors d’erreurs d’administration (voir l'ENCADRÉ “Attention à la perméthrine chez le chat” et les TABLEAUX “Effets indésirables notifiés des et “Fréquence des signes d’intoxication à la perméthrine chez le chat”).

Spectre large

Ce ne sont donc pas les principes actifs qui font l’originalité d’Advantix®,mais leur combinaison dans une formulation spot-on et surtout la largeur du spectre d’indications. L’association, destinée aux chiens, n’est en effet pas seulement active contre les tiques et les puces : elle présente aussi, surtout grâce à la perméthrine, une efficacité répulsive de contact contre les moustiques (genres Culex et Aedes) et les phlébotomes, ainsi qu’une activité insecticide moindre faute d’un contact prolongé (voir le TABLEAU “Résultats d’efficacité lors d’infestations expérimentales hebdomadaires après application du ). Le nouveau médicament est donc aujourd’hui le seul indiqué contre les principaux parasites externes hématophages, phlébotomes et moustiques inclus. Jusqu’à présent, seul le collier à base de deltaméthrine (Scalibor®) revendiquait une efficacité préventive contre les phlébotomes pendant cinq mois.

Deux neurotoxiques synergiques

Ces deux antiparasitaires sont des neurotoxiques qui agissent sur la transmission synaptique de l’influx nerveux. L’imidaclopride est un agoniste de l’acétylcholine, neuromédiateur synaptique, mais, bien que sa formule chimique soit assez proche de l’acétylcholine, il n’est pas dégradé par l’action des cholinestérases. Le neurone est alors constamment stimulé. L’appareil buccal de la puce est paralysé en cinq minutes environ (d’où l’effet antigorgement) ; puis l’ensemble de ses muscles sont touchés, ce qui conduit à une incoordination motrice, des tremblements et à la mort de l’insecte.

La perméthrine est un autre neurostimulant qui agit sur des récepteurs postsynaptiques différents de l’imidaclopride.

Les essais montrent l’effet synergique des deux molécules sur le potentiel d’action des neurones des arthropodes. L’association élargit donc, non seulement le spectre des indications, mais est également plus efficace que les composés utilisés seuls.

Les rémanences officielles

Le résumé officiel des caractéristiques du produit (RCP) précise ainsi les indications :

- contre les puces, « pour la prévention et le traitement des infestations par Ctenocephalides felis et canis. Les puces présentes sont tuées dans les 24heures suivant l’application. Un seul traitement prévient les réinfestations par les puces pendant quatre semaines. Le médicament peut être intégré dans un programme thérapeutique de la dermatite allergique par piqûre de puces (DAPP) » ;

- contre les tiques, « le médicament possède une efficacité acaricide et répulsive par contact persistant pendant quatre semaines contre Rhipicephalus sanguineus et Ixodes ricinus et trois semaines contre Dermacentor reticulatus. Il est donc recommandé de “détiquer” le chien lors de l’application du spot-on afin d’éviter leur attachement et la prise du repas sanguin » ;

- contre les phlébotomes et les moustiques, « un traitement assure une activité répulsive par contact (antigorgement) pendant deux semaines contre les phlébotomes (Phlebotomus papatasi), deux à quatre semaines contre les moustiques (deux semaines contre Aedes ægypti et quatre semaines contre Culex pipiens). »

“Effet plaque chauffante”

L’activité répulsive, également visible contre les tiques, se manifeste au contact des poils ou de la peau de l’animal traité, et non “à distance” de l’animal. Cet effet est ainsi qualifié de “plaque chauffante”, car la tique, une fois placée sur le poil d’un chien traité, peut donner l’impression de vouloir quitter ce poil comme si ce contact lui “brûlait” les extrémités des pattes. La plupart des tiques tombent en moins de trente secondes ; un peu plus de la moitié de ces tiques ainsi tombées meurt au sol. Cet effet répulsif est plus rapide encore vis-à-vis des moustiques et phlébotomes.

Prévention des maladies à vecteurs

Cette rapidité de l’action répulsive empêche les parasites de piquer et, éventuellement, de transmettre des arboparasitoses : la babésiose, la maladie de Lyme ou l’ehrlichiose pour les tiques ; la leishmaniose pour les phlébotomes ; la maladie de West-Nile ou la dirofilariose pour les moustiques Aedes et Culex. Pour les tiques, le RCP mentionne toutefois la nécessité de “détiquer” le chien au moment de l’application.

Les quatre présentations (≤ 4 kg, 4-10 kg, 10-25 kg, 25-40 kg) par quatre pipettes sont commercialisées à un coût ramené à la pipette légèrement inférieur au leader du marché Frontline® (fipronil).

Attention à la perméthrine chez le chat

L’Afssa vient de publier, en début d’année 2004, un rapport de pharmacovigilance sur les intoxications à la perméthrine chez le chat par le mauvais emploi des spot-on sur deux saisons d’été (janvier 2001 à septembre 2002). Les cas mortels concernent 42 chats (soit 1,3 cas pour 100 000 pipettes). Dans les centres de pharmacovigilance, l’imputabilité dans les cas de mortalité est notée comme “probable” dans 33 cas (79 %), “possible” dans 6 cas (14 %), et “non classable” pour un cas. Même lorsque le chat ne décède pas (544 cas), l’imputabilité est élevée, avec 85 % de cas d’intoxication “probables”, 14 % de cas d’intoxication “possibles” et 1 % de cas non classables par manque d’informations. Chez le chat, les tremblements, les convulsions et des troubles nerveux dominent le tableau clinique.

« Chez les chiens et les chats, les cas de pharmacovigilance à l’imidaclopride seul (Advantage®) sont extrêmement rares : moins de 2 cas pour 100 000, et sans gravité », indique-t-on chez Bayer.

La toxicité de l’imidaclopride chez les abeilles

Face à la médiatisation des problèmes soulignés par les apiculteurs de la toxicité pour leurs abeilles de l’imidaclopride et du fipronil, Bayer souligne que « la responsabilité de l’imidaclopride en apiculture n’est pas établie comme le démontre la récente étude publiée par l’Afssa. Les vétérinaires ne doivent pas faire l’amalgame entre deux usages bien distincts, agricole et vétérinaire ».

Ce rapport de l’Afssa ne permet pas en effet de conclure mais n’exclut pas non plus formellement la réalité des observations faites depuis presque huit ans par les apiculteurs situés à proximité des champs de tournesol traités. En outre, il apparaît clairement établi dans des conditions expérimentales que l’imidaclopride, comme les autres insecticides dont le fipronil ou les pyréthrinoïdes, est toxique pour les abeilles à des doses extrêmement faibles, de l’ordre du picogramme (10-12 g) pour l’imidaclopride.

Quelle que soit la cause de la mortalité des abeilles, il est évident que ce ne sont pas lesspot-onvétérinaires : Advantage®, Frontline®, etc., qui en sont à l’origine. Les laboratoires pharmaceutiques vétérinaires comptent d’ailleurs sur cette évidence pour que les praticiens ne fassent pas l’amalgame entre les insecticides d’usage agricole et les antiparasitaires externes (APE), même si les mêmes principes actifs sont utilisés dans les deux cas.

Néanmoins, l’importance de la crise médiatique, voire politique, a conduit l’Afssa à être saisi sur l’innocuité de ces molécules, y compris dans leurs usages vétérinaires. Cette agence a proposé « que les APE deviennent des médicaments sur prescription ». La commission d’AMM a refusé cette proposition. Depuis, un groupe de travail élabore les critères d’inscription de ces molécules parmi les substances vénéneuses (listes I et II). Ces molécules ne seraient alors plus disponibles que sur prescription (sauf une exonération possible). L’Agence souligne alors « la nécessaire prise en compte du statut de ces molécules dans le cadre des autres réglementations (médicaments humains, phytosanitaires, biocides, etc.) ». Un durcissement du statut des produits phytosanitaires pourrait donc ne pas être sans conséquence sur celui des APE vétérinaires.

É. V.

Abonné au Point Vétérinaire, retrouvez votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr