Intérêt de l’imagerie dans l’histiocytose maligne - Le Point Vétérinaire n° 241 du 01/12/2003
Le Point Vétérinaire n° 241 du 01/12/2003

IMAGERIE ET CANCÉROLOGIE DU CHIEN

Pratiquer

IMAGERIE

Auteur(s) : Laurent Couturier

Fonctions : Ecole nationale
vétérinaire d’Alfort
7, avenue du Général-de-Gaulle
94704 Maisons-Alfort Cedex

Lors de suspicion d’affection tumorale systémique, l’échographie permet l’exploration des structures abdominales. La radiographie apporte un complément indispensable au bilan d’extension.

La race bouvier bernois est prédisposée à certaines affections, dont l’histiocytose maligne, qu’il convient de suspecter devant un tableau clinique de maladie systémique (hyperthermie, anémie et ictère) et des signes d’appel radiologiques tels qu’une masse médiastinale ou pulmonaire.

Cas clinique

1. Anamnèse

Un chien bouvier bernois mâle, âgé de cinq ans, est référé (ENVL, Siamu) en raison d’un abattement, d’un ictère et d’une hyperthermie qui évoluent depuis un mois et demi.

Un mois auparavant, il a également présenté un gonflement du membre pelvien droit, avec une boiterie au niveau du grasset qui a disparu spontanément (en l’absence de traitement), puis qui a récidivé quinze jours plus tard. Il a ensuite présenté une dysorexie pendant quinze jours et une anorexie complète une semaine avant la consultation. Une fluidothérapie, associée à l’administration de corticoïdes, a alors été instaurée.

La numération-formule (NF) montre une anémie à 7,4 g/dl d’hémoglobine, avec un faible taux de réticulocytes (14 700 réticulocytes/mm3) et une leucocytose (32 000 GB/mm3).

2. Examen clinique

Le chien est en décubitus latéral et présente un abattement marqué. Un ictère franc des muqueuses et de la peau est noté (PHOTOS 1 et 2).

Il présente en outre un gonflement du membre pelvien droit au niveau du grasset, avec un œdème de la région du tarse (signe du godet positif). Il exprime une douleur lors de la manipulation de cette région.

La palpation abdominale révèle la présence d’une masse dans la région cranioventrale.

Une hyperthermie (39,6 °C) est notée.

La réalisation d’une bandelette urinaire montre une bilirubinurie massive et la présence de sang en nature.

3. Hypothèses diagnostiques

Les causes possibles de l’ictère sont variées. Son diagnostic différentiel regroupe :

- les ictères préhépatiques (hémolyse secondaire à une affection parasitaire, immunologique ou toxique, infiltration de la moelle osseuse) ;

- les ictères hépatiques (d’origine inflammatoire, tumorale ou par surcharge hépatocytaire) ;

- les ictères posthépatiques (obstruction du canal cholédoque ou compression par une masse).

Compte tenu de la race et de l’âge de l’animal, et de la durée d’évolution de la maladie, plusieurs hypothèses diagnostiques sont retenues selon les signes cliniques :

• L’anémie a priori arégénérative (faible taux de réticulocytes lors de la première analyse sanguine, avec un taux nul lors du contrôle de la NF), et l’ictère dont l’origine semble préhépatique évoquent :

- une infiltration tumorale de la moelle (histiocytose, leucémie, lymphome malin, etc.) ;

- une maladie parasitaire (babésiose, ehrlichiose, etc.) ;

• l’hyperthermie permet de suspecter une origine tumorale ou infectieuse ;

• le gonflement et la douleur du grasset traduisent une origine tumorale ou inflammatoire.

• Si l’ictère est plutôt d’origine hépatique, les hypothèses sont :

- une infiltration du foie (histiocytose maligne, lymphome malin, mastocytome malin, leucémie, myélome multiple) ;

- des métastases de cancer extra-hépatique réputé envahissant pour le foie (hémangiosarcome splénique : l’ictère pré-hépatique est possible mais rare) ;

- une origine inflammatoire : hépatite infectieuse ou toxique, cirrhose, etc. ;

- un adénocarcinome pancréatique exocrine (mais absence de vomissements) ;

- une tumeur primitive hépatique (hépatocarcinome, chondrocalcinose : n’explique toutefois pas tous les symptômes).

4. Examens complémentaires

Radiographies

• Les radiographies thoraciques (PHOTOS 3 et 4) révèlent une masse thoracique de 5 cm de diamètre située dorsalement à la deuxième sternèbre.

Le médiastin crânial est élargi et son épaisseur dépasse nettement deux fois la largeur de la colonne thoracique. Un nodule pulmonaire d’opacité tissulaire de 5 cm de diamètre à contours nets est observé dans le lobe accessoire, ainsi qu’une opacification pulmonaire diffuse interstitielle et bronchique dans les lobes caudaux. Une deuxième opacité est visible dorsalement à la bifurcation trachéobronchique (PHOTO 3) et pourrait correspondre à une augmentation de la taille des nœuds lymphatiques trachéobronchiques.

Ces images sont compatibles avec une probable lésion tumorale pulmonaire (primitive ou secondaire) dans le lobe accessoire, avec une adénomégalie sternale et probablement médiastinale associée.

Les hypothèses sont une histiocytose maligne (polyadénomégalie avec masse pulmonaire), un lymphome malin (mais les infiltrations pulmonaires sous la forme de masses sont très rares), un plasmocytome ou une tumeur pulmonaire primitive avec des métastases.

• Sur les radiographies du grasset droit (PHOTOS 5 et 6), un amincissement des corticales de la trochlée fémorale est associé à des zones d’ostéolyse des condyles fémoraux et de l’épiphyse proximale du tibia. Des zones d’ostéoproduction en plages sont observées sur l’épiphyse distale fémorale.

Ces lésions osseuses agressives sont compatibles avec une tumeur articulaire de type synoviosarcome, un phénomène infectieux (arthrite) ou une histiocytose maligne (compte tenu de la race de l’animal et de ses lésions thoraciques). Les lésions osseuses lors d’histiocytose sont très rares et n’ont été signalées que dans quelques publications [5, 6]. Les descriptions des lésions radiographiques dans ces deux publications correspondent aux anomalies observées ici. Lors de plasmocytome, ce sont surtout des lésions lytiques «à l’emporte-pièce», de petite taille, qui prédominent et affectent la colonne vertébrale, le bassin, et parfois les os longs.

Échographie abdominale

• L’échographie abdominale révèle trois nodules hépatiques (PHOTO 7) et trois nodules spléniques (PHOTO 8) d’environ 10 à 30 mm de diamètre dans le foie et de 30 à 55 mm dans la rate. Ces nodules sont d’échogénicité mixte, hypo et hyperéchogène, et bien délimités. La taille du foie et de la rate est augmentée. D’autres nodules de petite taille sont également notés dans ces deux organes.

Un liquide d’épanchement abdominal anéchogène, en quantité importante, est également identifié (PHOTO 9). Les nœuds lymphatiques hépatiques (PHOTO 10), iliaques médiaux (PHOTO 11) et gastriques sont de taille augmentée et hypo-échogènes.

• Des cytoponctions échoguidées sont réalisées dans les nœuds lymphatiques iliaques médiaux et dans une des masses hépatiques. Un petit volume d’épanchement abdominal (5 ml) est prélevé et le liquide apparaît rosé et fluide macroscopiquement.

• L’ensemble des éléments observés (masses dans plusieurs organes parenchymateux, adénomégalie généralisée, épanchement abdominal) est compatible avec un processus tumoral (lymphome ou histiocytose maligne, compte tenu de la race de l’animal).

La masse abdominale crâniale palpée lors de l’examen clinique devait vraisemblablement correspondre à la rate hypertrophiée.

Examens biochimiques et hématologiques

• Les examens biochimiques réalisés lors de l’admission de l’animal montrent une atteinte hépatique sévère (cholestase et cytolyse hépatiques), avec des paramètres hépatiques au-dessus des limites de la normale (transaminases à 181 UI/l, valeur usuelle < 80 UI/l ; phosphatases alcalines à 2 780 UI/l, norme < 200 UI/l).

• Une numération-formule est réalisée et révèle la présence d’une anémie sévère a priori arégénérative, normochrome et normocytaire, associée à une thrombopénie (voir le TABLEAU «Numération-formule»). Cette observation est compatible avec une infiltration de la moelle osseuse. À ce stade du diagnostic, il convient de réaliser un myélogramme en vue d’identifier l’étiologie de l’anémie centrale.

Cytologie du liquide d’épanchement et myélogramme

Les examens ont été interprétés par le laboratoire de cytologie et hématologie de l’ENVL.

• L’examen microscopique du liquide d’épanchement abdominal montre une cellularité faible (820 cellules nucléées/mm3) sur un fond modérément hémorragique, une densité à 1,020 et un taux de protéines supérieur à 2,5 g/dl. Ces paramètres sont en faveur d’un transsudat modifié. Quelques rares cellules atypiques sont visibles, de grande taille, caractérisées par un noyau qui présente des aberrations nucléaires nettes à chromatine fine, peignée, de type monocytaire. La présence de cellules d’aspect monocytaire, très atypique, est un argument cytologique majeur pour suspecter une histiocytose maligne.

• Afin de déterminer l’origine de l’anémie, un myélogramme est réalisé (ponction de moelle osseuse au niveau de l’épine craniodorsale de l’ilium sous anesthésie locale). L’analyse cytologique montre une infiltration de la moelle osseuse hématopoïétique (environ 3 %) par un contingent histiocytaire atypique, ce qui renforce l’hypothèse d’histiocytose maligne. Elle est associée à une hypoplasie de la lignée érythroïde et à des dysplasies de la lignée mégacaryocytaire, probablement responsables des cytopénies sanguines observées.

• Les résultats des différents examens complémentaires réalisés sont donc en faveur d’une histiocytose maligne. Une biopsie osseuse aurait été utile pour préciser l’étiologie de la lésion du grasset. Compte tenu du diagnostic et du pronostic associé, cet examen n’a pas été réalisé.

5. Traitement

Le propriétaire de l’animal a souhaité que seul un traitement symptomatique soit entrepris.

Une fluidothérapie (lactate de Ringer complémenté en potassium), prenant en compte une déshydratation évaluée à 5 %, est mise en place (au rythme moyen de 100 ml/kg/j), ainsi qu’une oxygénothérapie (anémie sévère avec polypnée).

Un traitement analgésique est administré (injections de morphine(1) à la posologie de 0,2 mg/kg par voie intramusculaire toutes les quatre heures).

Une transfusion (sang total) est ensuite réalisée, associée à une corticothérapie (hémisuccinate de méthylprednisolone à la dose de 2 mg/kg/j, Solu-Médrol®).

6. Évolution

Malgré les procédures de réanimation, le chien meurt deux jours après son hospitalisation, après une crise de dyspnée sévère.

À l’autopsie, l’ensemble du corps de l’animal est ictérique. Une quantité élevée de liquide d’aspect sérohémorragique est présente dans l’abdomen (environ 1 litre).

Des masses sont présentes sur la rate (PHOTO 12) et le foie (PHOTO 13).

La polyadénomégalie est confirmée : nœuds lymphatiques sternal (photo 14), hépatiques, gastriques et iliaques médiaux (PHOTO 15).

De multiples nodules visibles dans les poumons (PHOTO 16) n’étaient en revanche pas décelables sur les radiographies du thorax (taille des lésions < 0,5 cm de diamètre).

La masse visible à la radiographie thoracique dans le lobe accessoire est mise en évidence. Une adénomégalie trachéobronchique est visible.

L’histologie des tissus infiltrés confirme le diagnostic d’histiocytose maligne.

Discussion

1. Histiocytose maligne versus histiocytose systémique

Les histiocytes sont des cellules macrophagiques qui exercent leur fonction phagocytaire dans les tissus conjonctifs. Ils sont formés dans la moelle osseuse hématopoïétique et migrent vers les tissus cibles par le sang sous la forme de monocytes [7].

Épidémiologie

L’histiocytose maligne affecte principalement les chiens mâles âgés des races bouvier bernois, dobermann, caniche, rottweiler, labrador et golden retriever. Chez le bouvier bernois, l’histiocytose maligne affecte toutefois autant la femelle que le mâle.

Étiologie

• Cette affection se caractérise par une infiltration tumorale de la rate, du foie, du poumon, de la moelle osseuse (infiltration progressive qui peut aller jusqu’à une myélofibrose à moelle pauvre) et du système nerveux central (paraplégie, parésie postérieure, convulsions, etc.) [3, 4]. Certains auteurs pensent qu’il existe une infiltration primaire du parenchyme pulmonaire [4]. L’origine de cette affection est certainement d’ordre génétique, comme l’attestent des études sur le pedigree d’animaux atteints [4].

Chez l’homme, l’histiocytose maligne se caractérise par une infiltration des nœuds lymphatiques, du foie et de la rate initialement, puis de la moelle osseuse dans un second temps, bien que n’importe quel organe puisse être affecté. L’atteinte primaire du parenchyme pulmonaire correspondrait à une transformation maligne des macrophages alvéolaires [4].

• Il convient de distinguer cette affection de l’histiocytose systémique qui correspond à une prolifération non néoplasique des histiocytes. L’infiltration intéresse alors le tissu cutané, ainsi que les muqueuses nasale et oculaire, le foie, la rate, les nœuds lymphatiques, la moelle osseuse, les poumons et les reins.

Symptômes

• La différence entre l’histiocytose maligne et l’histiocytose systémique est la durée d’évolution des symptômes, beaucoup plus lente (parfois un an) lors de la seconde. Les signes cliniques sont un abattement, une anorexie, un amaigrissement, l’apparition de nombreux nodules cutanés de tailles variables, associés à une adénomégalie modérée.

• Les signes cliniques les plus souvent observés lors d’histiocytose maligne sont un amaigrissement, une anorexie, une hyperthermie et des symptômes respiratoires (dyspnée secondaire à un épanchement pleural et/ou à la présence de masses médiastinales).

Lors d’infiltration multicentrique, une hépatomégalie, une splénomégalie et/ou une lymphadénopathie peuvent être observées.

Des signes cliniques neurologiques peuvent survenir lors d’infiltration du système nerveux central (ataxie, parésie, paralysie) [2].

Un cas clinique rapporte l’existence d’une forme leucémique d’histiocytose maligne, avec de nombreuses cellules monocytaires observées sur le frottis sanguin [7].

Diagnostic

L’histiocytose maligne est à l’origine de syndromes paranéoplasiques, tels que l’anémie observée ici et décrite dans d’autres publications [2]. La cause de cette anémie peut être une inflammation chronique, une infiltration de la moelle osseuse hématopoïétique par des histiocytes et une érythrophagocytose par des cellules tumorales [7].

D’autres symptômes paranéoplasiques ont été décrits [7], comme une hypercalcémie à l’origine de dépôts de calcium sur la membrane basale des tubules rénaux, responsable d’une insuffisance rénale aiguë secondaire. L’observation d’une hypercalcémie paranéoplasique est également notée lors de lymphome, ce qui soulève la difficulté du diagnostic différentiel entre ces deux affections (lymphome et histiocytose maligne). Les examens cytologiques et histologiques sont alors une aide diagnostique précieuse.

Le diagnostic différentiel (qu’il soit cytologique ou histologique) présente toutefois une double difficulté :

- reconnaître la nature histiocytaire de la prolifération, souvent confondue avec un pool de tumeurs anaplasiques (lymphomes à lymphocytes T pléomorphes, carcinomes anaplasiques). Le diagnostic de certitude n’est établi qu’à partir d’immunomarquages qui établissent un phénotype : kératine-, CD3-, lysosyme+, -antitrypsine+ ;

- identifier le caractère malin de la prolifération sur la base de critères histologiques et cytologiques, et tenir compte des données cliniques et évolutives [3].

Traitement

Le traitement palliatif associe un traitement de soutien (transfusion lors de cytopénies périphériques) à une chimiothérapie (protocole COPA, doxorubicine(1)), qui autorise des rémissions de courte durée [3].

Une survie jusqu’à six mois a été observée chez un chien ayant reçu un protocole cyclophosphamide(1), vincristine(1) et adriablastine(1).

2. Lésions les plus fréquentes trouvées lors des examens d’imagerie

• Une étude [5] radiographique portant sur dix-neuf chiens atteints d’histiocytose maligne a montré des anomalies de taille qui concernaient la rate (neuf cas sur dix-neuf), le foie (six cas), les nœuds lymphatiques (thoraciques : six cas ; abdominaux : trois cas). Des lésions ont été identifiées dans les poumons (cinq cas), la colonne vertébrale (trois cas) et les os (deux cas). Les anomalies radiographiques observées lors de cette étude sont :

- une adénomégalie thoracique (nœuds lymphatiques sternal, trachéobronchiques) et/ou abdominale (nœuds lymphatiques iliaques médiaux) ;

- une masse abdominale qui peut être mise en relation avec un organe (foie, rate, etc.) ;

- une organomégalie (rate, foie) ;

- une opacification interstitielle et/ou alvéolaire et/ou nodulaire du parenchyme pulmonaire ;

- des lésions osseuses ostéolytiques (tubercule majeur de l’humérus, processus épineux des vertèbres lombaires et ailes de l’ilium) ;

- lors de myélographie (trois cas) : compression extradurale (deux cas) ou intradurale (un cas).

• Une autre étude [6] passe en revue les anomalies radiographiques constatées chez quinze chiens atteints d’histiocytose maligne. Les radiographies réalisées chez ces animaux présentent toutes des anomalies, intrathoraciques ou abdominales.

Les radiographies thoraciques ont révélé des lésions chez onze chiens (sur les quinze chiens de la série). Les signes radiographiques d’atteinte thoracique sont :

- une opacification pulmonaire alvéolaire (“consolidation”) partielle ou complète d’un lobe pulmonaire : lobe accessoire et lobe moyen droit ;

- une opacification nodulaire unique ou multiple ;

- un épanchement pleural ;

- une adénomégalie sternale et/ou médiastinale ;

- une infiltration thymique.

Dans certains cas, l’adénomégalie médiastinale est tellement étendue que son origine n’a pu être déterminée avec précision.

Les lésions observées à l’échographie abdominale sont non spécifiques et mettent généralement en évidence une infiltration de nombreux organes (surtout rate et foie) de manière diffuse (par exemple une rate qui présente de nombreux petits nodules hypo-échogènes, dont l’aspect évoque également un lymphome : «rate en nid d’abeille») ou sous la forme de nodules ou de masses de tailles variables. Une polyadénomégalie abdominale est généralement observée.

• Dans le cas décrit, les radiographies abdominales n’ont pas été réalisées car l’échographie est beaucoup plus sensible pour l’évaluation de masses abdominales palpées lors de l’examen clinique. L’autopsie a confirmé l’ensemble des lésions observées à l’échographie, mais a permis aussi de montrer les limites de la radiographie dans la détection de masses pulmonaires de petite taille (inférieures à 0,5 cm ici).

Ce cas est original en raison des lésions osseuses présentes au niveau du grasset ; seule une publication avait rapporté auparavant la possibilité de lésions osseuses lors d’histiocytose maligne [5].

Les signes cliniques de l’histiocytose maligne sont peu spécifiques. Une dyspnée peut être présente lors d’épanchement ou lors de volumineuses masses thoraciques. La radiographie est une aide précieuse pour le diagnostic car une adénomégalie médiastinale est souvent notée. Elle permet en outre de détecter des anomalies médiastinales ou pulmonaires souvent présentes lors d’histiocytose maligne. L’échographie est plus intéressante que la radiographie dans l’exploration de l’abdomen en raison de sa sensibilité supérieure pour détecter de petites masses, notamment intraparenchymateuses (au niveau du foie ou de la rate) lors d’histiocytose maligne. Le pronostic sombre de cette affection, ainsi que sa faible chimiosensibilité, nécessitent d’établir un diagnostic de certitude et notamment d’exclure la possibilité de lymphome malin, cancer qui répond souvent correctement à la chimiothérapie.

  • (1) Médicament à usage humain.

Points forts

→ Lors de suspicion d’affection systémique tumorale chez un bouvier bernois, il convient d’envisager une histiocytose maligne.

→ La radiographie permet de détecter des anomalies médiastinales ou pulmonaires souvent présentes lors d’histiocytose maligne.

→ L’échographie a une sensibilité supérieure pour détecter de petites masses, notamment intraparenchymateuses lors d’histiocytose maligne.

→ Le traitement médical de l’histiocytose maligne est palliatif et permet seulement des rémissions de courte durée.

→ Une masse médiastinale ou pulmonaire chez un chien de race de grande taille et prédisposée est un signe d’appel d’histiocytose maligne.

Remerciements à C. Fournel du laboratoire de cytologie et hématologie de l’ENVL.

  • 1- Fournel C, Guelfi JF, Magnol JP. Atlas de cytologie du cancer chez le chien et le chat. Paris. Ed. PMCAC. 1994 : 423 pages.
  • 2- Hugnet C, Hugnet-Bruchon C, Degorce-Rubiales F et coll. Histiocytose maligne associée à une hypercalcémie paranéoplasique. Prat. Méd. Chir. Anim. Comp. 2001 ; 36(1): 23-27.
  • 3- Magnol JP, Marchal T. Les tumeurs cutanées et sous-cutanées. Cancérologie clinique du chien. Saint-Étienne. 1998 : 426 pages.
  • 4- Rosin A, Moore P, Dubielzig R. Malignant histiocytosis in bernese mountain dogs. J. Amer. Vet. Med. Assn.1986 ; 188(9): 1041-1045.
  • 5- Shaiken LC, Evans SM, Goldschmitt MH. Radiographic findings in canine malignant histiocytosis. Vet. Radiol. Ultrasound. 1991 ; 32(5): 237-242.
  • 6- Schmidt ML, Rutteman GR, Van Niel MHF, et coll. Clinical and radiographic manifestations of canine malignant histiocytosis. Vet. Quart. 1993 ; 15(3): 117-120.
  • 7- Schouben Y, Heripret D, Fournel C. Histiocytose maligne leucémique chez un bouvier bernois. Prat. Méd. Chir. Anim. Comp. 1998 ; 33(4): 317-322.
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