La transfusion sanguine chez les bovins - Le Point Vétérinaire n° 236 du 01/06/2003
Le Point Vétérinaire n° 236 du 01/06/2003

TRAITEMENT DES ANÉMIES ET DES TROUBLES DE L'HÉMOSTASE

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Auteur(s) : Raphaël Guatteo

Fonctions : AERC, Unité de médecine des animaux d'élevage, École vétérinaire de Nantes

En clientèle rurale, peu de praticiens ont recours à la transfusion sanguine, bien que sa mise en œuvre et sa réalisation soient faciles.

La transfusion sanguine consiste en l'administration de sang ou de l'un de ses composants. Elle doit le plus souvent être associée au traitement étiologique approprié.

Indications

La transfusion est indiquée lors d'anémies (hémorragique, parasitaire ou hémolytique). Elle peut aussi permettre de corriger la fonction d'hémostase ou de restaurer la protéinémie (voir le TABLEAU “Indications de la transfusion de sang chez les bovins») [1, 4, 5].

Critères hématologiques

Un hématocrite inférieur à 20 % ou une concentration en protéines totales inférieure à 30 g/l chez l'adulte et à 45 g/l chez le veau [5, 6] impliquent un recours à la transfusion sanguine. Toutefois, les anémies chroniques (parasitaires notamment) sont compensées correctement jusqu'à une valeur d'hématocrite de 12 à 15 %.

Critères cliniques

L'examen clinique est souvent le seul à orienter la décision de transfuser et pour déterminer la quantité de sang appropriée. Un état général qui se dégrade fortement évoque un état de choc ou un trouble de l'hémostase.

Le sang des bovins est normalement rouge, épais et visqueux. Lors d'anémie avancée, il devient clair et limpide. Lors de maladies qui affectent l'hémoglobine, il est brun café et très liquide.

Un temps de saignement peut aussi être réalisé par ponction de la lèvre supérieure du bovin. Normalement, la petite hémorragie provoquée se jugule d'elle-même en moins de cinq minutes [4, 6].

Les urines peuvent être analysées. La seule bandelette urinaire ne permet toutefois pas de différencier l'hématurie de l'hémoglobinurie.

Lors d'hémorragie, la quantité de sang perdue est si possible évaluée. La transfusion s'impose pour une perte de plus de 20 à 25 % du volume sanguin total, c'est-à-dire supérieure à 20 ml/kg [5].

Compatibilité

Chez les bovins, les différents antigènes sont tous supportés par la membrane de l'érythrocyte et sont identifiés par une lettre de l'alphabet. Il existe ainsi onze groupes d'antigènes différents (A, B, C, F, J, L, M, S, Z, R', T'). Sur les onze systèmes sanguins qui en découlent, seul le système J est impliqué dans des troubles (mineurs) car les seuls anticorps naturels anti-érythrocytaires que possèdent quelques bovins sont des anticorps anti-J. Un test de Coombs spécifique d'espèce permettrait éventuellement d'évaluer la compatibilité du donneur et du receveur, mais il est difficilement réalisable et donc rarement pratiqué en routine. En pratique, un petit volume d'environ 200 ml est rapidement transfusé [1, 4, 5]. En l'absence de réactions post-transfusionnelles dans le quart d'heure qui suit, l'administration est poursuivie. Les réactions sont observées chez 50 % des bovins après leur troisième transfusion.

Fréquence et volume théoriques

La durée de vie des hématies des bovins varie de 12 à 72 heures : des transfusions successives doivent donc être espacées de moins de 24 heures, pendant moins d'une semaine (temps de la synthèse des anticorps anti-érythrocytaires).

La quantité de sang à administrer varie selon l'âge du receveur, son état général et la gravité de son anémie. En théorie, le volume de sang nécessaire est le rapport entre le déficit global en grammes d'hémoglobine du receveur et la teneur en grammes par litre de l'hémoglobine du donneur.

Diverses complications peuvent survenir.

Le coût du matériel reste le dernier frein à l'utilisation de la transfusion sanguine

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