Administrer la clomipramine pendant au moins trois mois - Le Point Vétérinaire n° 236 du 01/06/2003
Le Point Vétérinaire n° 236 du 01/06/2003

SYNDROME DE PRIVATION CHEZ UN CHIEN

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SUR ORDONNANCE

Auteur(s) : Valérie Dramard

Fonctions : vétérinaire comportementaliste, 39 rue du Lac, 69003 Lyon

L’administration de clomipramine à une dose comprise entre 2 et 4 mg/kg/jour en deux prises doit être accompagnée d’une thérapie comportementale.

Un chien dobermann mâle âgé de deux ans est présenté en consultation de comportement car il est peureux depuis son acquisition (à l’âge de quatre mois). Si une personne cherche à l’approcher, il grogne en cherchant à fuir et si la personne insiste, il tente de mordre.

Ce chien souffre d’un syndrome de privation sensorielle de stade 2.

Clomicalm® : un anxiolytique : au moins trois mois

La clomipramine (Clomicalm®) est un antidépresseur tricyclique qui agit sur les systèmes sérotoninergique et noradrénergique impliqués dans la dépression et l’anxiété.

La posologie est de 2 à 4 mg/kg/jour en deux prises, pendant au moins trois mois. L’excipient appétent des comprimés facilite l’administration. Les premiers effets doivent être observés dans les trois premières semaines de traitement, avec, notamment, une diminution de l’intensité et de la fréquence des manifestations anxieuses : réactions de peur, agressions, manifestations neurovégétatives. Si aucune amélioration n’est constatée, le prescripteur doit revoir le diagnostic et le traitement.

Le traitement est arrêté lorsque les troubles anxieux ont disparu depuis au moins deux mois. Un sevrage est alors réalisé en administrant la moitié de la dose pendant le quart de la durée du traitement. En raison de ses propriétés anticholinergiques, la clomipramine est contre-indiquée lors de glaucome à angle fermé, de prostatite et de trouble de la conduction auriculoventriculaire.

Selgian® : une alternative à la clomipramine

La sélégiline (Selgian®) est un IMAO-B (inhibiteur de la monoamine oxydase) aux propriétés anxiolytiques, antidépressives et thymorégulatrices. Elle augmente et régule la neurotransmission de la noradrénaline, de la dopamine et, dans une moindre mesure, de la sérotonine. Très bien tolérée chez les animaux âgés, sa dose est de 0,5 mg/kg/j en une prise chez le chien (et de 1 mg/kg/j en une prise chez le chat, « hors AMM »).

La sélégiline est intéressante lorsque l’inhibition comportementale domine le tableau clinique, car elle permet, de relancer le comportement exploratoire. Elle facilite aussi les capacités cognitives, d’où une meilleure réponse à la thérapie comportementale. Toutefois, dans certains cas, la sélégiline semble augmenter l’activité du chien qui peut devenir particulièrement actif et vigilant.

Les effets doivent être visibles dans les trois premières semaines sinon, il convient de revoir le diagnostic et le choix du traitement. La durée minimale de traitement est de trois mois. Il n’est pas nécessaire d’effectuer de sevrage. La sélégiline n’a pas de contre-indication, mais elle ne doit pas être associée à un autre psychotrope sérotoninergique car leurs effets risquent de s’annuler. Comme pour tous les IMAO, il est nécessaire d’observer un vide thérapeutique de quinze jours avant d’entamer un nouveau traitement avec un psychotrope sérotoninergique.

Prozac®, Floxyfral® : les ISRS lors d’impulsivité

La fluvoxamine(1) (Floxyfral®*) et la fluoxétine(1) (Prozac®*) sont des antidépresseurs sérotoninergiques purs (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine ou ISRS). Ils sont intéressants chez des chiens anxieux au comportement impulsif, surtout lors de comportements d’agressions avec morsure. Les ISRS sont aussi prescrits lors de manifestations productives comme des destructions liées à un hyperattachement, des vocalises ou des déjections. Leurs effets secondaires, surtout visibles les deux premières semaines de traitement, sont essentiellement de l’apathie, une légère sédation, surtout pour la fluvoxamine et de l’anorexie, surtout pour la fluoxétine. Ils sont dénués de toxicité.

La fluvoxamine est utilisée à la dose de 5 à 10 mg/kg/jour en deux prises. La dose peut être augmentée progressivement sur quinze jours pour atténuer les effets secondaires.

La fluoxétine est prescrite à la dose de 1 à 5 mg/kg/jour en une prise. L’interruption de traitement une journée entraîne peu de conséquences.

Le traitement est d’au moins trois mois ; l’amélioration comportementale doit être observée dans les deux à trois premières semaines. Le sevrage recommandé est classique (demi-dose pendant le quart de la durée du traitement), mais il peut être ajusté selon l’animal. La fréquence d’administration de la fluoxétine peut être diminuée progressivement un jour sur deux pendant deux ou trois semaines, puis un jour sur trois pendant deux ou trois semaines…

Le sevrage est décidé quand l’amélioration est suffisante et stable depuis au moins deux mois.

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