Une fièvre puerpérale justifie une PGF2α et un antibiotique - Le Point Vétérinaire n° 235 du 01/05/2003
Le Point Vétérinaire n° 235 du 01/05/2003

MÉTRITE PUERPÉRALE CHEZ UNE VACHE

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SUR ORDONNANCE

Auteur(s) : Jean-Claude Desfontis

Fonctions : Unité de Pharmacologie et Toxicologie, ENVN

L’administration de prostaglandines F, complétée par un antibiotique par voie générale, favorise les défenses immunitaires utérines locales.

Une vache laitière Prim’Holstein pesant 500 kg présente, cinq jours après un part difficile, de la fièvre, avec un abattement, une anorexie et une température rectale de 40 °C. La production laitière de l’animal est diminuée et la palpation transrectale révèle un utérus gonflé. Un diagnostic de métrite puerpérale aiguë est établi.

Métrijet® :Pour ou contre une antibiothérapie locale ?

La pommade intra-utérine Métrijet® contient deux antibiotiques, une pénicilline, la benzylpénicilline, et un aminocyclitol, la dihydrostreptomycine. L’antibiothérapie par voie locale, bien que fréquente en pratique, est controversée, tout du moins en cas de métrite aiguë puerpérale. En effet, la majorité des études expérimentales ou cliniques montrent qu’elle n’est vraiment bénéfique que dans les cas de métrites sévères. Lors de métrite légère, elle perturbe l’environnement bactérien utérin et tend à diminuer les performances reproductrices de l’animal en retardant son retour en gestation. Dans le cas présent, l’antibiothérapie par voie locale ne se justifie pas puisqu’il s’agit d’une métrite puerpérale aiguë, d’une part, et que la couverture antibiotique assurée par voie générale est efficace, d’autre part.

La pommade Metricure® à base d’une céphalosporine, la céfapirine, disponible depuis 1996, a confirmé son efficacité dans les cas de métrites plus tardives, à partir du 14e jour après la mise-bas.

Estrumate® : Favoriser la lutéolyse et les défenses immunitaires locales

Le cloprosténol, contenu dans la solution injectable Estrumate®, est un analogue de synthèse très puissant de la prostaglandine F (PGF). La PGF et ses analogues de synthèse présentent des propriétés responsables de la lutéolyse, de l’involution utérine et des contractions utérines. En effet, le taux plasmatique de PGF libérée par l’utérus augmente pendant le part, ce qui favorise la lutéolyse et entraîne une baisse de la progestéronémie. Cette baisse s’accompagne d’une élévation du taux d’œstrogènes, responsable de la sensibilisation des fibres musculaires utérines aux agents contracturants et d’un renforcement de l’immunité cellulaire locale.

L’endomètre est plus sensible aux infections sous imprégnation progestéronique qu’estrogénique. Les œstrogènes augmentent le flux sanguin dans l’utérus, la production de mucus et l’activité des leucocytes polynucléaires. La progestérone semble en revanche induire la synthèse de protéines immunodépressives (uterine milk-proteins) dans la lumière utérine, ce qui inhibe la prolifération lymphocytaire.

Par conséquent, lors d’un vêlage trop précoce ou difficile, un environnement hormonal inadapté peut induire une plus grande sensibilité de l’utérus aux infections par les souillures externes. Trois raisons justifient alors l’administration de PGF2 ou de ses analogues lors du traitement de la métrite :

- cette administration chez une vache qui présente un corps jaune fonctionnel induit la lutéolyse et ramène l’animal en chaleurs, ce qui lève l’action inhibitrice de la progestérone sur les mécanismes de défense de l’utérus et les stimule par l’intermédiaire des estrogènes ;

- elle stimule les contractions utérines, ce qui facilite l’expulsion des débris et des micro-organismes qui contaminent la lumière l’utérus ;

- elle semble avoir un effet stimulateur sur l’activité phagocytaire des polynucléaires dans l’utérus.

La prescription de cloprosténol est donc justifiée dans le cas présent. Une seconde administration dix jours après la première n’est pas toujours indispensable et est raisonnée en fonction de la vitesse de récupération de l’animal.

Excenel RTU® : Traiter la métrite et prévenir ses complications

Les micro-organismes responsables des métrites chez la vache sont généralement des pathogènes opportunistes comme Arcanobacter pyogenes, associés à des bactéries anaérobies à Gram négatif, notamment Fusobacterium necrophorum. Le part constitue le principal facteur d’une contamination utérine ascendante.

La suspension injectable pour bovins Excenel RTU® contient une céphalosporine de 3e génération, le ceftiofur, qui présente, comme les pénicillines, une bonne diffusion dans l’endomètre. Il a en outre un large spectre d’activité en raison de sa résistanceaux β-lactamases. L’intérêt d’une antibiothérapie par voie générale réside également dans la prévention des complications des métrites, telles que les endocardites et les néphrites par septicémie.

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