Suspicion d’ESB : démarche diagnostique - Le Point Vétérinaire n° 229 du 01/10/2002
Le Point Vétérinaire n° 229 du 01/10/2002

NEUROLOGIE BOVINE

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CONDUITE À TENIR

Auteur(s) : Éric Collin

Fonctions : 30, rue des Écoles
22150 Ploeuc-sur-Lie

Face à un bovin qui présente des troubles nerveux, sur quelles bases est-il possible d’établir ou d’écarter une suspicion d’encéphalopathie spongiforme bovine ?

Face à un bovin atteint de troubles nerveux, en fonction de chaque situation clinique, certaines affections peuvent être formellement exclues du diagnostic différentiel, tandis que d’autres peuvent entrer en ligne de compte avec l’ESB (encéphalopathie spongiforme bovine). La démarche proposée ici pour établir ou écarter une suspicion face à un(e) candidat(e) potentiel(le) se fonde sur les caractéristiques établies dans l’article “Diagnostic différentiel des troubles nerveux chez les bovins et ESB” dans ce numéro (voir l’ENCADRÉ “Moins de spécificité, plus de sensibilité”).

Les limites de cette démarche sont :

- l’absence d’exhaustivité, car de nombreuses maladies ne sont pas encore bien identifiées chez les bovins (faible nombre de cas, difficulté d’effectuer un examen histologique rapide) ;

- les conditions de la pratique quotidienne, qui ne permettent pas toujours une anamnèse satisfaisante.

Dans cette recherche, la différentiation de l’ESB avec les autres maladies nerveuses est établie pour chaque critère de l’examen clinique (anamnèse, examen à distance, examen rapproché), ce qui permet de dégager certaines conditions d’exclusion. Il ne s’agit toutefois pas d’un arbre dichotomique de diagnostic différentiel, car la durée d’évolution et la fréquence élevée des signes communs rendent difficile ce type d’approche [7].

Étape de l’anamnèse

Les éléments à prendre en compte dans l’anamnèse sont : l’âge de l’animal ; la race ; le stade physiologique ; l’incidence des troubles dans le troupeau ; la durée d’évolution ; la vitesse d’apparition ; l’existence de rechutes. Certaines maladies peuvent déjà être raisonnablement écartées au terme de cette étape. Cette phase, qui peut paraître fastidieuse, est cependant primordiale car il convient de se souvenir que l’on intervient toujours à un moment donné de l’évolution d’une maladie.

1. L’âge

L’ESB peut être (voire doit être) suspectée chez des animaux âgés de plus de deux ans. Généralement, les animaux atteints sont plus âgés (quatre à cinq ans), mais un cas anglais a été dépisté à vingt et un mois.

Le critère de l’âge réduit la possibilité de certaines maladies sans l’annuler totalement, en particulier pour les animaux de 20 à 36 mois, voire plus. Les coccidioses, qui, dans certains cas, peuvent entraîner, en plus de la symptomatologie habituelle, des tremblements, de l’hyperesthésie, un décubitus, un nystagmus et de l’opisthotonos, sont habituellement observées chez les jeunes bovins. Des cas ont été notés chez des génisses de deux ans. De la même manière, méningites sensu stricto et méningo-encéphalite thrombosante (MET) sont plus fréquemment observées chez le veau, voire le jeune bovin, mais elles peuvent cependant survenir chez l’adulte. Les encéphalites virales (BHV5) ne touchent habituellement que les jeunes animaux, alors que le BHV1 peut provoquer des encéphalites chez des animaux de deux ans.

Pour les maladies métaboliques, la nécrose du cortex cérébral (NCC) touche principalement des animaux jeunes mais des cas âgés de deux ans ont été décrits.

En revanche, l’ataxie du charolais peut toucher des animaux de deux à trois ans, donc entrer dans le cadre du diagnostic différentiel de l’ESB.

2. La race

Toutes les races peuvent être touchées par l’ESB.

3. Le stade physiologique

Un cas clinique d’ESB peut se déclarer à tout stade physiologique, mais certains animaux sont mieux observés à certaines périodes (péripartum par exemple), et des symptômes passés inaperçus auparavant sont parfois détectés à ce moment. En outre, la fréquence des affections métaboliques de la vache laitière à cette période, qui conduisent à l’expression de troubles nerveux, est élevée, ce qui peut masquer un diagnostic d’ESB. Il convient donc d’être particulièrement vigilant vis-à-vis des vaches en péripartum.

4. L’incidence dans le troupeau

Habituellement, un seul animal, voire deux, est atteint cliniquement d’ESB dans un troupeau. Si de nombreux animaux sont touchés, l’exclusion est possible (botulisme, intoxications, par exemple).

5. La durée d’évolution

La durée d’évolution est un critère très important, mentionné dans la définition légale de la suspicion, mais parfois d’interprétation délicate. La durée est en effet établie sur une anamnèse dont il convient de s’assurer de la fiabilité par un interrogatoire efficace. Ainsi, toutes les affections qui ont une durée d’évolution inférieure à quinze jours peuvent être exclues (listériose, rage, maladie d’Aujeszky, méningites bactériennes, botulisme).

Des durées d’évolution supérieures à quinze jours se rencontrent dans de rares cas de tétanies à réaction lente au traitement ou avec des séquelles, d’encéphalose hépatique (augmentation sanguine de dérivés ammoniaqués et de faux neurotransmetteurs liés à une non-détoxification des dérivés azotés par le foie stéatosé ou fibrosé), de syndrome de la vache couchée, d’ataxie progressive du charolais, de syndrome spastique progressif (SSP), de tumeurs, de abcès, d’intoxication chronique par le plomb et de rye grass stagger (RGS). Enfin, des méningites virales, des listérioses atypiques, et des parasitoses peuvent être incluses dans le diagnostic différentiel.

6. La vitesse d’apparition

Une des caractéristiques de l’ESB est la progressivité de son évolution. De nombreuses maladies ont une apparition brutale et, là encore, le diagnostic différentiel est possible sous réserve d’une anamnèse fiable (conditions d’observation, qualité de l’observation). Cependant, dans le cas des abcès du cerveau ou des tumeurs, qui nécessitent un temps assez long pour s’exprimer, l’apparition peut être en apparence brutale et mimer une affection aiguë.

7. Les rechutes

Une évolution par crises, entrecoupées de périodes de rémission complète, se remarque lors de cétose nerveuse, de SSP et de syndrome narcolepsie-catalepsie. Il convient de se garder de porter un diagnostic d’exclusion sur ce seul critère, car des améliorations transitoires peuvent se remarquer lors d’ESB, quand l’environnement est modifié (animal mis dans des conditions calmes, avec très peu de sollicitations, en début d’évolution souvent). Si un traitement est instauré avant cette pseudo-rémission, l’ESB peut être exclue à tort.

8. Les performances zootechniques

La baisse des performances zootechniques est parfois un des premiers éléments relatés par l’éleveur (baisse de production laitière entraînant le tarissement de la vache laitière, engraissement imparfait d’un animal de réforme par exemple).

Étape de l’examen à distance

1. Examen de la vigilance

La vigilance peut être définie comme la réactivité à l’environnement, avec élaboration d’une activité consciente (réponse adaptée aux modifications environnementales). Son siège anatomique est constitué du cortex et de la formation réticulée. Les modifications de la vigilance observables sont l’abattement, le coma, les pertes de connaissance et les crises convulsives.

Abattement

L’abattement (hyporéactivité à l’environnement) se rencontre dès le début de certaines maladies comme la rage, les méningo-encéphalites, les tumeurs et abcès cérébraux, l’intoxication par le plomb et parfois l’ESB.

Coma

Le coma est souvent présent dans les phases terminales de maladies, en particulier de l’ESB, des listérioses, des méningo-encéphalites sensu lato, des maladies métaboliques. Il n’apporte par définition que peu d’éléments cliniques. Un diagnostic ne pourra être proposé qu’à partir d’un examen antérieur, voire d’une anamnèse formelle. Dans le cas d’un animal examiné pour la première fois dans cet état clinique (à la suite de traitement par l’éleveur, par exemple, ou pour une euthanasie), la suspicion d’ESB peut et doit être établie, sauf si une durée d’évolution très courte est prouvée. Il convient de signaler que le coma en matière d’ESB peut apparaître brutalement après plusieurs jours de décubitus et masquer tous les signes d’hypersensibilité et les modifications comportementales. Il reste parfois des myoclonies.

Pertes de connaissance

Des pertes de connaissance brutales et transitoires ont été observées lors de suspicions d’ESB et ont été rattachées cliniquement à des cas de cataplexie (perte brutale de la tonicité musculaire entraînant une chute en avant ou en arrière selon les muscles atteints). La narcolepsie peut suivre une telle crise.

Crises convulsives

Des crises convulsives ont pu être décrites dans les tableaux avancés d’ESB, de listériose, de maladie d’Aujeszky, de méningite, mais de manière plus caractéristique dans les maladies métaboliques et les intoxications. Des cas d’épilepsie ont été observés chez les bovins (crises convulsives pendant quelques minutes, d’apparition brutale, avec un retour à l’éveil tout à fait normal, sans cause métabolique décelée).

2. Examen du comportement

Le comportement doit être examiné dans des conditions de calme et dans l’environnement habituel de l’animal. Toute modification des conditions extérieures peut entraîner une altération des caractères d’expression de la maladie, en les diminuant ou en les exacerbant. Il convient aussi de tenir compte des variations liées à la race, au caractère de l’animal et, enfin, de rechercher une modification du comportement plutôt qu’un comportement habituel de l’animal.

Le comportement a pour support le système limbique, dont l’atteinte se traduit par des réactions anormales aux stimuli, de l’hyperexcitabilité ou des mouvements anormaux.

Modifications comportementales

Lors d’ESB, l’atteinte du comportement s’exprime de manière variable : refus d’entrer en salle de traite, de franchir un petit obstacle (balai à terre, bord de l’aire paillée, etc.). Des réactions imprévisibles peuvent survenir à la suite d’une sollicitation extérieure : peur d’une touffe d’herbe, d’un oiseau, d’une feuille morte qui se déplace, de l’approche de l’homme. Sans sollicitation, l’animal atteint d’ESB peut exprimer un comportement anxieux, hypervigilant (PHOTO 1). C’est souvent le premier animal à repérer l’intrus, c’est aussi un animal qui fuit dans le troupeau. Ces signes cliniques ont aussi été notés chez des animaux pour lesquels la suspicion a été infirmée par l’histologie. Certaines affections dégénératives à expression comportementale ont été décrites [6]. Dans l’ESB, ces modifications comportementales peuvent aller jusqu’à l’agressivité envers l’homme, rendant tout examen rapproché dangereux.

Hyperexcitabilité

L’hypervigilance signalée peut aussi être associée à une hyperexcitabilité (réaction exagérée aux stimuli, ou bien associée à un seuil d’excitabilité très bas). Dans ce cas, des mouvements fréquents des oreilles sont parfois observés. Cette hyperexcitabilité peut aussi être constatée lors de méningo-encéphalites et de certaines maladies (tétanos, cétose nerveuse). Lors de tétanos, des crises de contractures sont observables, mais il n’y a pas d’atteinte comportementale stricto sensu. Lors de rage, de listériose et d’ESB, cela peut aller jusqu’à l’agressivité envers l’homme.

Mouvements anormaux

• Pousser au mur. Le pousser au mur est rarement signalé lors d’ESB. Il est le plus souvent décrit dans les méningites, la cétose nerveuse, les abcès et les tumeurs du cerveau et l’intoxication par le plomb.

• Tourner en rond. Il convient de bien différencier le tourner en rond d’origine comportementale du tourner en rond avec hémiplégie (listériose par exemple). Le tournis comportemental est observable lors de certains cas d’ESB (circling des Anglo-Saxons), mais aussi dans les cétoses nerveuses, les abcès et les tumeurs du cerveau.

• Léchage. Rapporté lors d’ESB (PHOTO 2), le léchage est décrit de manière plus aiguë (voire furieuse) lors de maladie d’Aujeszky et aussi de cétose nerveuse.

• Bruxisme. Lors d’ESB, lorsqu’ils sont présents, les grincements de dents sont permanents et se manifestent sur des durées assez longues.

• Flehmen. Le retroussement des babines est observé lors d’ESB. C’est peut-être un signe de prurit.

• Meuglements. On les connaît lors de rage, d’intoxication par le plomb. On les observe parfois dans l’ESB.

3. Examen de la posture

Les modifications de l’attitude de l’animal au repos et après un mouvement doivent être recherchées. On peut observer de l’opisthotonos (méningo-encéphalite, tétanos, entérotoxémie et NCC) et des rotations de la tête, critère d’exclusion possible (atteinte vestibulaire, listériose). Une tête portée très haut (PHOTO 3) ou très bas peut évoquer une atteinte cérébrale (ESB parfois, méningite, mais aussi sinusite frontale après un écornage parfois ancien).

4. Examen de la locomotion

La locomotion fait intervenir tous les étages du système nerveux. Lors d’une atteinte de la locomotion, il convient d’essayer de préciser le site touché. L’examen vise à dépister une parésie, une ataxie, une dysmétrie et des mouvements involontaires.

Parésie

La parésie est une baisse d’intensité des contractions musculaires. L’animal traîne les pieds, tremble ou s’affaisse sous son poids (à évaluer en essayant de le déstabiliser). Elle est plus marquée lors d’atteinte périphérique (motoneurone périphérique - substance grise de la moelle épinière, nerf périphérique). Elle est observée lors du début des signes locomoteurs dans l’ESB, mais aussi dans bon nombre d’affections nerveuses.

Ataxie

L’ataxie est une incoordination sans baisse du tonus musculaire. L’animal chancelle, paraît ivre, croise les membres (PHOTOS 4 et 5). Des formes peu marquées sont confondues avec une parésie. L’ataxie est présente dans un grand nombre d’affections nerveuses et il convient de la rechercher à chaque fois, d’autant qu’il s’agit d’un des signes les plus fréquemment et précocement observés lors d’ESB. Elle est liée à trois types d’atteintes : celles de la proprioception (voies afférentes sensitives), du cervelet, du système vestibulaire. La recherche du signe de Romberg peut aider à déterminer le siège de l’ataxie. Celle-ci s’aggrave plutôt lorsque la vision est supprimée et, ce qui signe alors une atteinte supra-occipitale (Romberg+) que de la moelle épinière. Ainsi, tout animal ataxique dont l’affection évolue sur un mode subaigu est un suspect potentiel. L’évolution et l’association d’autres symptômes (locomoteurs ou comportementaux) permettront de légitimer la suspicion.

Dysmétrie

L’amplitude des mouvements est modifiée lors d’atteinte cérébelleuse (atteinte parasitaire par exemple), d’ESB (PHOTO 6), de SSP, d’abcès de la base du cerveau et de RGS.

Mouvements involontaires

Les tremblements sont des contractions musculaires rapides, courtes et involontaires. Ils peuvent être permanents dans les maladies démyélinisantes, lors de séquelles d’atteintes intra-utérines par des pestivirus, de maladies génétiques.

Les myoclonies sont plutôt des décharges assez longues sur un groupe musculaire. On les observe lors d’ESB, mais aussi lors de méningites, de maladies métaboliques, d’intoxications. Lors d’ESB, les secousses musculaires sont souvent relatées et constatées, même assez tardivement dans l’évolution, et plutôt sur l’avant-main.

Décubitus

Les animaux examinés au stade du décubitus posent différents problèmes, sur les plans du diagnostic, du pronostic et du traitement. Actuellement très fréquents, les cas de décubitus concernent souvent des animaux présentés pour la première fois. Les enquêtes rétrospectives effectuées suite à la découverte d’un cas d’ESB après prélèvement réalisé à l’équarrissage ont montré cet état de fait [3]. Dans le cadre de l’épidémiosurveillance, il convient de réaliser un diagnostic différentiel de l’ESB le plus fondé possible. Le décubitus peut être observé dans toutes les affections nerveuses évoquées ci-dessus. S’y ajoutent les affections d’origine non nerveuse, que l’on éliminera en premier lieu par l’examen clinique complet de l’animal (mammite, métrite, péritonite, choc vasculaire, hémorragies, lésion ostéo-articulaire, fourbure, etc.).

• Dans les cas où la durée d’évolution est supérieure à huit jours (il s’agit de l’évolution complète observée ; la durée d’évolution réelle peut être supérieure ; cela ne signifie pas qu’il y a huit jours au plus de décubitus), il convient de distinguer le cas de l’animal comateux de celui de l’animal vigilant.

Pour l’animal comateux, on peut se reporter au paragraphe précédent sur le coma, mais la suspicion n’est écartée absolument que si l’on est en présence d’une affection dont la cause est précisée ou si des signes d’exclusion formels existent. La suspicion sera renforcée si l’éleveur signale des troubles comportementaux et/ou locomoteurs. Ces signes peuvent être d’intensité variable, ils sont donc à rechercher avec attention.

Face à un animal vigilant sans modification du comportement et sans hypersensibilité, les causes suivantes sont envisagées :

- une atteinte de l’appareil locomoteur : fracture-luxation, syndrome d’écrasement musculaire, déchirure musculaire, atteinte nerveuse périphérique (test de sensibilité cutanée), botulisme subaigu. Attention, des animaux atteints d’ESB peuvent être accidentés. À ce stade, il n’est pas toujours aisé de dépister une modification du comportement ou de la sensibilité.

- des troubles métaboliques : le syndrome de la vache grasse entre dans ce cadre. C’est l’évolution complète qui décide de l’exclusion de la suspicion. Néanmoins, au stade de décubitus de l’ESB, il y a régulièrement une atteinte de la sensibilité et/ou du comportement, mais cela n’est pas une règle absolue.

Face à un animal vigilant dont le comportement ou la sensibilité sont modifiés, la suspicion d’ESB est légitime lorsque anxiété, excitabilité, agressivité et/ou hypersensibilité sont présentes (PHOTO 7). Certaines tétanies réagissant lentement au traitement peuvent toutefois entrer dans ce cadre.

• Lorsque la durée d’évolution est inférieure à huit jours (il s’agit de l’évolution totale ; l’anamnèse doit être formelle), l’ESB peut a priori être exclue. Toutefois, un état général diminué, une baisse de la production laitière inexpliquée précédant le décubitus peuvent laisser présager une évolution réelle plus longue et légitimer une suspicion. D’autre part, certaines conditions rendent l’estimation de la durée d’évolution difficile (par exemple vache allaitante au pré). Dans le cas d’une dégradation de l’état général ou d’une baisse de la production laitière, l’application d’un arbre décisionnel va permettre d’éliminer les causes métaboliques, organiques ou accidentelles. Dans le cas d’impasse diagnostique, toute atteinte comportementale ou de la sensibilité doitaboutir àune suspicion. Comme précédemment, l’examen d’unanimal accidenté doit prend la recherche des modifications citées.

Étape de l’examen rapproché

1. Hyperthermie

L’hyperthermie marquée rencontrée lors de rage, de maladie d’Aujeszky, de méningo-encéphalites, en particulier dans les premiers jours, peut être un élément de diagnostic différentiel.

2. Hypersensibilité

Observée dans la majorité des cas d’ESB, l’hypersensibilité est marquée d’abord au contact (pointe de stylo), au son (bruits métalliques), à la lumière (cet ordre n’est pas toujours respecté). Elle décroît lors de l’installation de la phase comateuse. Elle se rencontre aussi lors de rage, de tétanos (hyperesthésie), mais aussi lors de cétose nerveuse, de tétanie, d’intoxication par le plomb, de RGS.

3. Examen de la tête

Yeux

L’amaurose (cécité apparente sans lésion de l’œil), erratiquement signalée lors de cas d’ESB en Grande-Bretagne, n’a pas été notée dans notre enquête. En revanche, elle s’observe lors de cétose nerveuse, d’encéphalose hépatique, d’intoxication par le plomb, de NCC, de compression de l’encéphale (tumeur, abcès, œdème).

Le nystagmus, absent dans l’ESB, est parfois observable dans les méningites, listériose, NCC et abcès de la base du cerveau. Le larmoiement peut exister lors de listériose. L’examen du fond d’œil permet d’observer des hémorragies dans certains cas de MET.

Bouche

Le ptyalisme, observable lors de certaines phases d’excitation dans l’ESB, est plus évident lors de listériose, de maladie d’Aujeszky (mastication continue), de botulisme, de cétose nerveuse, d’abcès de la base du cerveau (paralysie de la mâchoire), d’intoxication par le plomb.

Nerfs crâniens

La sémiologie des nerfs crâniens vise à dépister une hémiplégie faciale, une latéralisation formelle permet d’écarter l’ESB (listériose, abcès, tumeur).

Moins de spécificité, plus de sensibilité

Afin d’accroître la sensibilité du réseau d’épidémio surveillance clinique, les suspicions d’ESB doivent être portées dans un plus grand nombre de cas et en particulier dans des situations où les symptômes sont moins bien exprimés qu’habituellement. Cette démarche a pour objectif de tenter d’évaluer toutes les situations où la suspicion d’ESB doit être prise en considération dans le cadre du diagnostic différentiel des affections à expression nerveuse chez les bovins. Chaque étape de l’examen d’un bovin malade qui présente des signes nerveux est concernée, et en particulier l’anamnèse, qui est primordiale dans le cas d’une maladie progressive. Le spectre d’application devient ainsi plus large et le nombre de suspicions sera plus important. En perdant un peu de spécificité, le réseau gagnera une sensibilité qui lui assurera sa pérennisation, surtout pour des temps futurs où une prévalence plus faible de la maladie peut être espérée.

ATTENTION

• L’ESB atteint des animaux âgés de plus de deux ans, généralement au-delà de quatre ans.

• L’ESB se caractérise par une évolution progressive et d’une longue durée. Toutes les affections dont la durée d’évolution est inférieure à quinze jours peuvent être écartées du diagnostic différentiel.

• L’existence de phases d’amélioration n’est pas un critère d’exclusion de l’ESB.

• Une suspicion d’ESB peut et doit être établie pour tout animal présenté dans le coma lors d’un premier examen (sauf si une durée d’évolution très courte est prouvée).

• L’ataxie est l’un des signes les plus fréquemment et précocement observés lors d’ESB.

Bibliographie

  • 1 - Braque R. Sommeil et narcolepsie. A paraître.
  • 2 - Calavas D, Desjouis G, Collin E, Schelcher F, Philippe S, Savey M. Incidence et typologie des maladies des bovins adultes à expression nerveuse en France. Le réseau pilote NBA. Epidémiol. et santé animale 2001 ;39 : 121-129.
  • 3 - Calavas D, Ducrot C et coll. Prevalence of BSE in Western France by screening cattle at risk : preliminary results of the pilot study. Vet. Record. 2000 ;149(2) : 55-56.
  • 4 - Collin E. Intoxication d’un cheptel bovin par une mycotoxine endophyte : observation d’un cas de rye-grass-stagger. Point Vét. 1998 ;29 : 1157-1159.
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  • 6 - Jeffrey M, Wilesmith JW. Idiopathic brainstem neuronal chromatolepsis and hippocampal sclerosis : a novel encephalopathy in clinically suspects cases of BSE. Vet. Record. 1992 ;131 : 359-362.
  • 7 - Schelcher F, Andreoletti O, Cabanié P, Tabouret G. Démarche diagnostique dans les maladies nerveuses des bovins. Actualités en buiatrie, Journées européennes de la SFB, Paris- La Défense 2001 : 229-240.
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