Les sutures intestinales chez le chien et chez le chat - Le Point Vétérinaire n° 227 du 01/07/2002
Le Point Vétérinaire n° 227 du 01/07/2002

GESTE DE BASE

Pratiquer

EN IMAGES

Auteur(s) : Emmanuelle Garnier*, Marc Giry**

Fonctions :
*consultante en chirurgie, place de la Liberté, 05700 Serres
**Clinique vétérinaire, place de la gare, 69260 Charbonnières-les-Bains

La structure histologique du tube digestif, le mode de cicatrisation et le diamètre final de l’intestin grêle conditionnent la technique de suture.

Les sutures intestinales sont réalisées lors d’entérotomie ou d’entérectomie. Les indications sont nombreuses : obstruction intestinale, traumatisme (perforation, ischémie), malposition, diagnostic (biopsie intestinale), mise en place de sonde d’alimentation. Le mode de cicatrisation, la structure histologique de la paroi intestinale et les conséquences des différents types de sutures utilisés sur le diamètre de l’intestin grêle expliquent le choix du matériel (du fil de suture en particulier) et celui de la technique (voir l’ENCADRÉ « Les trois phases de cicatrisation intestinale »).

Choix du matériel

Outre la trousse chirurgicale de base, les instruments nécessaires aux sutures intestinales sont :

– un écarteur abdominal autostatique : écarteur de Gosset ou de Balfour ;

– une pince atraumatique : pince de De Bakey ;

– des pinces intestinales atraumatiques ou des clamps vasculaires ;

– des compresses abdominales ;

– un aspirateur chirurgical ;

– un soluté de rinçage tiédi : NaCl 0,9 % ou Ringer lactate.

Les règles de chirurgie atraumatique permettent d’améliorer la cicatrisation : instruments fins, incision de la paroi intestinale à l’aide d’une lame de bistouri et non de ciseaux, qui peuvent écraser les tissus, manipulation douce des organes avec des fils de traction ou les doigts plutôt qu’avec une pince, etc.

Choix du matériel de suture

• L’aiguille doit être ronde plutôt que triangulaire car elle pénètre facilement la sous-muqueuse. Le développement récent des aiguilles « Tapercut » (section globale ronde et à pointe triangulaire) ou à pointe laser améliore encore la pénétration atraumatique dans la paroi intestinale.

• Les décimales 1,5 à 2 sont utilisées chez les chats et chez les chiens de petite taille ; les décimales 2 (à 2,5) chez les chiens de grande taille.

Les trois phases de cicatrisation intestinale

La paroi intestinale est composée de quatre couches : la muqueuse, la sous-muqueuse, la musculeuse et la séreuse.

La séreuse est intimement liée à la musculeuse et ne peut être dissociée.

La sous-muqueuse, riche en fibres élastiques et en collagène, est l’élément de solidité : elle doit donc obligatoirement être prise dans les sutures.

La cicatrisation intestinale comprend trois phases.

La première phase ou phase de détersion dure trois à quatre jours après l’intervention chirurgicale et correspond à la période de plus grande fragilité des tissus. La solidité de la plaie dépend de l’apposition des marges de la plaie et de la solidité du fil de suture.

Les déhiscences des sutures intestinales interviennent le plus souvent pendant cette phase. Toute inflammation (en raison d’une technique traumatique ou de l’utilisation d’un fil inadéquat) en augmente la durée.

La deuxième phase se déroule du 4e au 14e jour postopératoire et correspond à une accélération de la prolifération fibroblastique, avec une augmentation exponentielle de la solidité de la plaie.

La résistance du site cicatriciel approche celle de l’intestin normal dix à dix-sept jours après l’intervention chirurgicale.

La troisième phase ou phase de maturation, du 14e au 180e jour postopératoire, correspond à une maturation des fibres de collagène (organisation des fibres de collagène et diminution de la taille de la cicatrice).

Limiter les contaminations peropératoires

Il convient de limiter les contaminations peropératoires. La chirurgie intestinale comprend un temps septique, lorsque l’intestin est ouvert. Différentes mesures permettent de limiter les contaminations de la cavité abdominale :

– isoler le segment intestinal du reste de la cavité abdominale par des compresses abdominales et un champ imperméable ;

– retour au temps aseptique après réalisation de la suture intestinale : changement de gants, d’instruments chirurgicaux, de fils de suture ;

– rinçage abdominal peropératoire à l’aide d’un soluté tiédi de NaCl 0,9 % ou de Ringer lactate. Il permet d’éliminer les bactéries et les caillots sanguins par décollement mécanique, mise en suspension et aspiration du liquide de rinçage. Plusieurs cycles de rinçage et aspiration sont réalisés : le dernier liquide aspiré doit être parfaitement clair.

En savoir plus

– Garnier E. La colopexie chez les carnivores domestiques.

Point Vét. 2000 ; 31(211): 615-617.

– Garnier E. Techniques d'entérotomie et d’entérectomie. Point Vét. 2000 ; 31(204): 11-16.

– Garnier E. Technique de pose de la sonde naso-œsophagienne. Point Vét. 2000 ; 31(204): 69-71.

– Garnier E. Technique de pose d'une sonde d’œsophagostomie. Point. Vét. 2000 ; 31(205): 173-175.

– Garnier E, Giry M. Technique de pose d’une sonde de jéjunostomie. Point Vét. 2000 ; 31(206): 165-167.

Bibliographie

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