Risque d’antibiorésistance lors d’usage de macrolides “longue action” chez les bovins - Le Point Vétérinaire expert rural n° 378 du 01/09/2017
Le Point Vétérinaire expert rural n° 378 du 01/09/2017

Thérapeutique

Thérapeutique

Auteur(s) : Julie Duval*, Hervé Pouliquen**

Fonctions :
*Auteur-coordinateur :
Yassine Mallem
Unité de pharmacologie et toxicologie,
Oniris, 101, route de Gachet,
44300 Nantes

L’usage des macrolides “longue action” doit être prudent et réfléchi, afin de limiter tout risque d’antibiorésistance.

Dans le contexte actuel des problèmes croissants de santé publique et de santé animale liés à la résistance des bactéries aux antibiotiques, il est légitime de se demander si l’usage des antibiotiques dits “longue action” pose un risque particulier en ce qui concerne le développement de l’antibiorésistance.

Chez les bovins, plusieurs spécialités pharmaceutiques de macrolides longue action sont disponibles en France (tableau complémentaire sur www.lepointveterinaire.fr). Ces macrolides, administrés en une seule injection, sont surtout indiqués pour des maladies respiratoires d’origine bactérienne chez les bovins qui ne sont pas en lactation (photo). Cette longue action est le résultat d’une élimination lente de ces molécules.

État actuel du niveau de résistance en France inconnu

La famille des macrolides est considérée comme faisant partie des antibiotiques d’importance critique pour la santé publique par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) [6]. De plus, elle est reconnue par l’OIE comme importante en médecine vétérinaire en raison du large éventail et de la nature des maladies traitées avec ces molécules chez les animaux [7].

Actuellement, ces macrolides longue action utilisés lors d’affections respiratoires chez les bovins ne figurent pas dans le bilan annuel du Réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath) de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) [1]. Il est donc difficile d’estimer le niveau de résistance des bactéries chez les bovins vis-à-vis de ces molécules en France. Néanmoins, la sensibilité de Mycoplasma bovis vis-à-vis de la tilmicosine, par exemple, a fortement et rapidement diminué ces 30 dernières années dans l’Hexagone et des mycoplasmes multirésistants ont été identifiés [4].

Bénéfices et risques de l’usage des macrolides longue action

L’intérêt de ces médicaments réside dans leur spectre d’action relativement étroit (bactéries à Gram positif) ainsi que dans leur praticité d’administration en une seule injection qui garantit l’observance du traitement. De plus, ces molécules étant récentes, des informations relatives à la pharmacocinétique (PK) et à la pharmacodynamie (PD) de l’antibiotique ont été utilisées pour déterminer leur dose. Ces indicateurs PK/PD sont utilisés pour prédire l’efficacité, mais aussi la prévention de la résistance.

À l’inverse, la durée du traitement des molécules longue action (parfois jusqu’à 3 à 4?semaines) n’est peut-être pas optimale. Des études d’efficacité qui comparent des traitements de courte et de longue durées sont nécessaires. Ces traitements longs peuvent poser un risque particulier par rapport au développement de l’antibiorésistance [3, 5]. Chez l’homme, l’augmentation de l’usage des macrolides longue action a été corrélée à celle du nombre de Streptococcus pneumoniae résistants aux macrolides [2]. Des concentrations faibles de principes actifs sur une longue durée contribuent au développement de l’antibiorésistance car la concentration du principe actif peut descendre en dessous du seuil de la concentration préventive des mutants. De plus, les macrolides administrés par voie orale ou parentérale ont des effets microbiologiques sur le microbiote intestinal. À ces faibles concentrations aussi, des bactéries résistantes aux antibiotiques peuvent être sélectionnées dans le microbiote intestinal [3, 5].

Un usage prudent et justifié des macrolides longue action est donc recommandé dans l’attente notamment de données factuelles fournies, par exemple, par le Résapath.

Conflit d’intérêts

Aucun.

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