Solutés calciques pour traiter les hypocalcémies chez la vache - Le Point Vétérinaire expert rural n° 376 du 01/06/2017
Le Point Vétérinaire expert rural n° 376 du 01/06/2017

MÉDECINE INTERNE BOVINE

Thérapeutique

Auteur(s) : Djemil Bencharif*, Hervé Pouliquen**, Yassine Mallem***

Fonctions :
*Unité de biotechnologies
et pathologie de la reproduction
**Unité de pharmacologie et toxicologie
Oniris, École nationale vétérinaire
agroalimentaire et de l’alimentation,
Nantes Atlantique, La Chantrerie, BP40706,
44307 Nantes Cedex 3
***Auteur-coordinateur

Le coma vitulaire chez la vache nécessite une prise en charge précoce grâce à la perfusion intraveineuse de soluté calcique, puis à un relais oral ou injectable pour prévenir une rechute.

Le coma vitulaire est dû à une hypocalcémie et affecte les vaches laitières fortes productrices en tout début de lactation (3 à 7 % des animaux en moyenne). Il survient dans les 24 à 48 heures après le part. Son traitement fait souvent appel à une calcithérapie dont le succès dépend de la rapidité de sa mise en œuvre (figure).

Calcium : un macroélément majeur

Le calcium (Ca) joue un rôle fondamental dans l’organisme comme messager intracellulaire impliqué dans de nombreux mécanismes physiologiques. Son métabolisme et sa concentration sanguine sont donc physiologiquement étroitement contrôlés. Il s’établit ainsi un équilibre entre les apports de calcium d’origine alimentaire et les exportations calciques. Ces dernières résultent de l’élimination à la fois urinaire et fécale, ainsi que des besoins de production pour l’ossification fœtale et surtout les sécrétions mammaires (colostrum puis lait). Le contrôle de cet équilibre est en grande partie réalisé grâce à la masse d’inertie très importante constituée par le calcium osseux dont une partie est mobilisable. Il est orchestré par la parathormone, la calcitonine et la vitamine D.

Injecter du Ca par voie intraveineuse

Le traitement du coma vitulaire repose sur la correction du trouble métabolique par injection par voie intraveineuse (IV) de sels de calcium dont la dose doit permettre à l’animal de disposer de 8 à 12 g de calcium utilisable [2]. Cela correspond, selon les formulations galéniques, à 30 à 60 g de sels de calcium. Les sels les plus utilisés sont le chlorure, le gluconate et le borogluconate de calcium. Les deux premiers, très caustiques et très irritants, sont administrés par voie IV stricte. Le borogluconate, moins irritant, peut aussi être injecté par voie sous-cutanée (SC) ou intramusculaire (IM). L’efficacité du traitement est d’autant meilleure que la prise en charge est précoce.

Tous les sels de calcium administrés par voie IV présentent une toxicité potentielle sur la fonction cardiaque (arythmies majeures : bloc sino-auriculaire ou atrioventriculaire) [1]. Des défibrillations parfois mortelles sont possibles, contraignant le praticien à réaliser une auscultation du cœur au préalable et, éventuellement, à instaurer un traitement complémentaire pour soutenir la fonction cardiaque. Dans tous les cas, l’injection IV doit donc être pratiquée lentement (≤ 1 g de calcium/min) avec une solution préa­lablement tiédie. Elle est réduite, voire arrêtée si des signes de défaillances cardiaques apparaissent [3]. Généralement, la vache recouvre un état d’éveil et cherche à se relever dans les 30 minutes qui suivent l’injection.

Un relais pour prévenir les rechutes

Les rechutes après calcithérapie concernent environ 30 % des vaches. Pour les prévenir, une administration en relais par la voie orale est préconisée. Le chlorure de calcium en émulsion dans de l’huile de soja peut, par exemple, être utilisé : 180 g/vache de 600 kg, 2 à 4 heures après l’injection IV et 10 à 12 heures plus tard.

Éviter une rechute est aussi possible par des administrations de calcium en plusieurs points par voie IM ou SC, après la perfusion par voie IV. Cela augmente la libération de calcium dans le temps : borogluconate de calcium, 30 à 60 g/vache de 600 kg, la moitié par voie IV et l’autre moitié par voie IM. Dans ce second cas, il convient de respecter des règles d’antisepsie stricte afin de prévenir le risque d’abcédation consécutif au caractère irritant de ces solutions. Lors de rechute avérée, un second traitement calcique par voie IV peut être décidé 6 heures après le premier.

Références

1. Alexander P. Parturient paresis. In: Control and therapy of diseases of cattle. Hungerford TG, Sydney. 1995:139-142. 2. Eddy RG. Major metabolic disorders. In: Andrews AH, Blowey RW, Boyd H, Eddy RG, eds. Bovine medicine diseases and husbandry of cattle. 2nd ed. Blackwell science, Oxford. 2004:781-803. 3. Schelcher F. Traitement des hypocalcémies chez la vache laitière. Point Vét. 2002;228:22-25.

Conflit d’intérêts

Aucun.

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