Détresse respiratoire aiguë chez un chat - Le Point Vétérinaire n° 373 du 01/03/2017
Le Point Vétérinaire n° 373 du 01/03/2017

RADIOGRAPHIE

Quel est votre diagnostic ?

Auteur(s) : Julien Fritz

Fonctions : Service d’imagerie médicale,
Centre hospitalier universitaire
vétérinaire d’Alfort (CHUVA),
7, avenue du Général-de-Gaulle
94704 Maisons-Alfort Cedex

Présentation clinique

Un chat européen mâle castré de 8 ans est présenté pour une détresse respiratoire qui dure depuis quelques heures. Au cours des 2 dernières semaines, le propriétaire aurait constaté trois épisodes de toux de courte durée et de résolution spontanée. Ce chat vit en appartement sans accès à l’extérieur et sans congénère. Il n’a pas d’antécédent notable.

À l’examen clinique, une orthopnée, une polypnée et une discordance sont mises en évidence. À l’auscultation pulmonaire, des crépitements sont audibles. L’auscultation cardiaque ne révèle pas de souffle, mais le cœur semble lointain. La température corporelle est normale (38,6 °C). Le reste de l’examen clinique ne montre pas d’anomalie. Deux incidences radiographiques du thorax sont réalisées : de profil et de face (photos 1 et 2).

PHOTOs : Service d’imagerie médicale, CHUVA

Torsion de lobe pulmonaire et chylothorax chez un chat

Qualité de l’image

→ La densité, le contraste, la netteté et la finesse des détails sont bons.

→ Le positionnement de l’animal est satisfaisant.

→ Les clichés sont pris en inspiration.

Description de l’image

→ Les structures extrathoraciques sont normales.

→ La cage thoracique est de forme habituelle.

→ La trachée est déviée dorsalement. Les lobes pulmonaires sont décollés de la cage thoracique par une bande d’opacité liquidienne sur les deux incidences et des scissures entre les lobes pulmonaires sont notés. Ces anomalies signent un épanchement pleural en quantité modérée.

→ Le lobe cranial gauche est de taille très augmentée, ce qui est d’autant plus visible sur la vue de face. Il est anormalement radio-opaque et ponctué de bulles millimétriques d’opacité aérique, visibles au grossissement.

→ La silhouette cardiaque et le médiastin cranial ne sont pas évaluables.

Interprétation

→ L’augmentation de taille du lobe cranial gauche et l’épanchement pleural en quantité modérée font suspecter un processus tumoral (lymphome). Étant donné l’apparition brutale des signes cliniques, une torsion de lobe pulmonaire est aussi mise en cause, bien que rare chez le chat.

→ Un examen tomodensitométrique confirme la torsion complète du lobe pulmonaire cranial gauche. L’analyse cytologique de l’épanchement pleural révèle un chylothorax sans cellule suspecte, et l’exploration des causes nous fait qualifier ce chylothorax d’idiopathique.

→ Une thoracotomie et une lobectomie craniale gauche sont réalisées. L’analyse histologique du lobe extrait ne montre pas d’infiltration tumorale.

Conflit d’intérêts

Aucun

DISCUSSION

La torsion de lobe pulmonaire est rare chez le chien, et encore plus chez le chat : seule une dizaine de cas sont publiés (encadré complémentaire sur www.lepointveterinaire.fr) [5]. Dans les différents exemples rapportés chez le chat, les lobes craniaux et médial droit sont plus fréquemment affectés, comme dans ce cas [2-7]. Chez les chats, la présence d’une maladie respiratoire ou d’une affection thoracique prédisposerait à une torsion de lobe pulmonaire [4]. Cependant, plusieurs cas de torsion de lobe pulmonaire spontanée sont rapportés chez des chats vivant en intérieur strict sans historique de trouble respiratoire, comme dans ce cas [6]. Les signes cliniques sont d’apparition aiguë : abattement, tachypnée et dyspnée d’apparition brutale sont fréquents. Moins constantes, une toux, une hématémèse, une épistaxis et une diminution des bruits pulmonaires sont retrouvées [2, 7]. Les signes radiographiques majoritaires, retrouvés dans 100 % des cas, sont une augmentation d’opacité d’un lobe pulmonaire et un épanchement pleural [2]. Le lobe pulmonaire affecté présente fréquemment des bulles aériques millimétriques au sein de son parenchyme (87 %). Ces signes étaient présents sur les clichés de ce chat. D’autres signes peuvent renforcer la suspicion : déplacement controlatéral du médiastin, déplacement dorsal de la trachée avec rotation axiale de la bifurcation trachéale sur la vue de profil [2]. La confirmation du diagnostic peut être obtenue par bronchoscopie, thoracotomie ou par examen tomodensitométrique, comme dans ce cas, ce qui permet également d’explorer une cause thoracique sous-jacente [7].

Le traitement repose sur une lobectomie sans détorsion du hile, le plus vite possible. Le pronostic varie de réservé, en cas de cause sous-jacente, à excellent.

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