Principes pour la prévention des risques d’infections nosocomiales liées à l’environnement - Le Point Vétérinaire n° 372 du 01/01/2017
Le Point Vétérinaire n° 372 du 01/01/2017

INFECTIONS NOSOCOMIALES

Dossier

Auteur(s) : Nicolas Keck*, Fabrice Bernard**, Michael Treilles***, Antoine Dunié-Mérigot****, Jean-Yves Madec*****, Marisa Haenni******

Fonctions :
*Laboratoire départemental vétérinaire
de l’Hérault, 306, rue Croix-de-Las-Cazes, CS 69013,
34967 Montpellier Cedex 02
**Centre hospitalier vétérinaire Saint-Martin,
275, route Impériale, 74370 Saint-Martin-Bellevue
***Laboratoire d’analyses Sèvres Atlantique,
210, avenue de la Venise-Verte, 79000 Niort
****Clinique vétérinaire Languedocia,
395, rue Maurice-Béjart, 34080 Montpellier
*****Anses, Unité antibiorésistance
et virulence bactériennes, 31, avenue Tony-Garnier, 69364 Lyon Cedex 07
******Anses, Unité antibiorésistance
et virulence bactériennes, 31, avenue Tony-Garnier, 69364 Lyon Cedex 07

Une bonne maîtrise de l’hygiène de l’environnement des structures vétérinaires permet de limiter la diffusion des agents pathogènes.

Les infections nosocomiales impliquent des micro-­organismes variés, de façon plus ou moins intense selon leur pathogénicité et leur capacité à persister ou à se multiplier dans l’environnement. La résistance aux antibiotiques ne confère pas aux bactéries une aptitude particulière à provoquer des infections nosocomiales, mais la pression de sélection dans les structures de soins explique le niveau élevé de résistance aux antibiotiques des bactéries impliquées dans des cas d’infections nosocomiales. La transmission peut se faire par voie exogène (contamination par des micro-organismes provenant d’autres animaux, du personnel ou de l’environnement, notamment par les manipulations ou les équipements de soins) ou endogène (contamination par des micro-organismes de la flore de l’animal à la faveur d’actes invasifs ou en raison d’une fragilité de ce dernier).

La maîtrise de ces infections vise à interrompre la chaîne de transmission et à réduire la vulnérabilité de l’hôte. Elle repose donc sur une approche globale, intégrant l’ensemble du fonctionnement de l’établissement vétérinaire [10] :

- la réduction de l’exposition aux agents infectieux par les pratiques et l’équipement : gestion des individus selon leur statut infectieux (isolement), utilisation raisonnée de l’antisepsie et de l’antibiothérapie, prévention des infections du site opératoire et lors des actes invasifs (endoscopie, cathétérisme), tri des déchets, équipement adapté des locaux ;

- la réduction de l’exposition aux agents infectieux par l’hygiène : hygiène des mains, utilisation d’équipements de protection individuels, désinfection des équipements médicaux, changement régulier de vêtements, nettoyage et désinfection de tous les locaux selon des protocoles adaptés ;

- la limitation de l’impact des agents pathogènes sur l’hôte : traitement adapté des animaux infectés, gestion de la douleur, alimentation assistée, maîtrise des facteurs de stress, traitements des maladies concomitantes.

Cet article présente les moyens de maîtriser les risques infectieux liés à l’environnement des établissements vétérinaires. Bien qu’ils puissent être considérés comme une composante de l’environnement, les risques liés aux équipements ne sont pas traités dans cet article.

1 Conception des locaux et organisation générale

Principes de prévention et d’isolement

Les principes de prévention des infections nosocomiales sont à prendre en compte dès la conception des locaux. Dans les structures existantes, les mêmes principes sont applicables pour réorganiser l’espace au mieux.

Les animaux connus pour être infectés ou colonisés par des bactéries multirésistantes ou d’autres agents infectieux à risque sont des réservoirs. Ils doivent donc être pris en charge de manière à limiter leurs contacts avec les autres animaux ou avec des équipements susceptibles de servir de vecteur pour les micro-organismes. L’idéal est de prévoir un local d’hospitalisation spécifique pour l’isolement des animaux à risque, disposant d’un accès direct vers l’extérieur. Si cela n’est pas possible, les individus infectés ou colonisés sont à hospitaliser aussi loin que possible des autres animaux. Ils doivent être pris en charge de manière à prévenir un passage dans les zones sensibles et soignés le plus souvent possible après les autres animaux. Les activités à risque telles que le nettoyage des linges, serviettes et couvertures contaminés par les animaux ne doivent pas être réalisées dans la même pièce que des activités propres comme le stockage ou la stérilisation d’instruments destinés aux interventions chirurgicales.

La conception des locaux et/ou l’organisation de l’établissement doivent permettre d’éviter le croisement des flux d’animaux, de personnes et d’équipements, ou de les maîtriser de manière à ce que d’éventuels croisements ne créent pas de risque de contamination croisée. Ces mesures doivent être complétées par le plus simple et le plus efficace des actes pour le contrôle des infections nosocomiales : l’hygiène des mains.

Gestion des flux d’animaux, de personnes et d’équipements

Les flux peuvent être représentés de façon synthétique sur un plan afin de rechercher les points où une contamination pourrait se produire. Ils comprennent :

- les animaux présentés en consultation ou hospitalisés (selon leur statut sanitaire). Ceux qui sont colonisés ou infectés doivent être dépistés le plus précocement possible ;

- les visiteurs : propriétaires, stagiaires, délégués commerciaux, personnel de nettoyage (pour lesquels certaines pièces ne devraient pas être accessibles) ;

- le personnel soignant : vétérinaires, auxiliaires vétérinaires ;

- les fournitures ou les équipements (consommables, linge, etc.) ;

- les déchets.

Différents flux, de niveau de risque variable selon les pièces rejointes, pour un établissement vétérinaire considéré comme standard sont présentés (figure 1).

GESTION DANS L’ESPACE OU DANS LE TEMPS

La gestion des flux peut se faire :

- dans l’espace : différents parcours selon le niveau de contamination suspecté ;

- dans le temps : transferts des produits “propres” et “sales” à différentes périodes de la journée.

Lors de la conception des plans, la zone de préparation préchirurgicale doit être localisée de telle manière qu’elle ne soit pas un lieu de transit ou de passage autre que pour les animaux qui vont être opérés. En l’absence de pièce dédiée à la préparation préchirurgicale, il est recommandé de séparer les différents types d’activités dans le temps (par exemple, la chirurgie le matin après nettoyage/désinfection des locaux et les autres actes techniques l’après-midi) ou dans l’espace (en réservant une partie de la pièce à la préparation chirurgicale). L’aménagement interne doit permettre au personnel de la clinique de ne pas se contaminer après le nettoyage et la désinfection des mains lors de l’accès au bloc opératoire. Si les interventions propres ou orthopédiques ne peuvent pas être réalisées dans un bloc différent de celui des chirurgies sales, les procédures les plus propres ou orthopédiques sont pratiquées en premier.

CONDITIONS D’ACCÈS AUX LOCAUX

L’accès à la salle de chirurgie par le personnel doit être restreint aux seules personnes autorisées. En présence d’animaux porteurs de micro-organismes à risque, la pièce ou la zone d’isolement peut être équipée d’un système de désinfection des chaussures contenant une solution désinfectante à changer selon les recommandations du fournisseur et au moins tous les jours [14]. Seules les personnes effectuant une évaluation clinique ou des soins indispensables à l’animal isolé sont autorisées à accéder à la zone d’isolement.

2 Équipement des locaux

Ventilation et conditionnement d’air

Les principales zones où l’environnement aérien mérite d’être maîtrisé sont les blocs opératoires et les salles d’imagerie interventionnelle (par exemple, les appareils d’échographie pour ponctions échoguidées devraient être placés dans une pièce spécifique) ou d’endoscopie. La relation entre l’aérobiocontamination et la survenue des infections du site opératoire a été démontrée(1), et le traitement de l’air a une influence sur l’incidence de celles-ci. La maîtrise de la qualité de l’air implique de s’assurer d’un niveau déterminé d’aérobiocontamination et de contamination particulaire. Cependant, aucune garantie n’existe qu’un niveau maximal de maîtrise de la qualité de l’air diminue le risque infectieux. La priorité doit être donnée à des pratiques qui ont un impact plus important sur ce risque : antibioprophylaxie, antisepsie, mesures opératoires, etc.

La qualité de l’air dans les blocs dépend également des activités, du nombre de personnes et de leur équipement, de l’organisation en place et du temps passé. Les pratiques jouent donc un rôle déterminant dans l’émission des particules et bactéries, et conditionnent la qualité de l’air ambiant au moment de l’acte chirurgical.

CIRCULATION DE L’AIR

L’emplacement des entrées d’air et des bouches d’évacuation détermine la circulation de l’air dans les salles. Cette circulation doit se faire depuis des entrées d’air situées en haut des murs ou au plafond vers des bouches d’évacuation se trouvant en bas des murs. Les prises d’air à l’extérieur sont placées le plus haut possible et à distance des bouches d’évacuation. La ventilation dans les secteurs d’intervention doit permettre 15 renouvellements de l’air par heure, en prévoyant un passage de l’air entrant sur un filtre de haute efficacité, supérieure à 90 % [2, 5]. À défaut, le renouvellement peut être effectué avec de l’air frais en provenance de l’extérieur.

NIVEAU DE PRESSION

Le maintien d’une pression élevée dans la salle d’opération par rapport aux locaux voisins permet de réduire la pénétration d’air depuis les lieux contaminés [14]. Idéalement, une surpression de l’ordre de 15 Pa devrait être maintenue par l’utilisation d’un sas avec ouverture alternée des portes. À défaut, elle peut s’obtenir à l’aide d’un gradient de pression entre la salle d’opération et les autres pièces en faisant équiper les locaux d’un système aéraulique adapté par un prestataire spécialisé [3].

UTILISATION DE FLUX UNIDIRECTIONNELS ET FILTRATION DE L’AIR

Selon des études effectuées en milieu médical, la mise en place d’un flux unidirectionnel dans le bloc permettrait de diminuer de plus de deux fois le taux d’infections postopératoires [11]. Ces résultats en faveur du flux unidirectionnel ont été confirmés par plusieurs études. Cependant, un nombre équivalent d’études n’a pas démontré d’effet significatif des flux unidirectionnels ou a démontré un impact négatif [1]. Ces résultats contradictoires pourraient s’expliquer notamment par le respect insuffisant des règles de travail et une moindre attention aux règles d’hygiène sous le flux en raison de la fausse impression de sécurité. D’autres mesures de prévention des infections, telles que l’antibioprophylaxie, sont nettement plus efficaces que les systèmes à flux unidirectionnels. Ainsi, leur installation dans les établissements vétérinaires ne semble pas systématiquement nécessaire et doit correspondre à une analyse de risque adaptée. Lorsqu’un tel système est utilisé, le flux doit également concerner la table d’instruments.

Des dispositifs mobiles de traitement de l’air sont également disponibles. Ils sont fondés sur une filtration particulaire simple (le plus souvent de type HEPA, ou high efficiency particulate air) ou un traitement biocide (ultraviolets [UV], photocatalyse, plasma, ionisation, ozonation), éventuellement associé à une filtration (particulaire et/ou sur charbon actif). Les unités mobiles de filtration seraient utiles, à condition d’être placées près du site opératoire, au maximum à 1 m [16]. Les systèmes fondés sur les UV sont déconseillés en raison de leur impact potentiel sur la santé du personnel.

ENTRETIEN DES SYSTÈMES DE TRAITEMENT

L’entretien et la maintenance du système de ventilation doivent être programmés et tracés. En pratique, les filtres sont à changer en moyenne tous les 6 à 12 mois. Le niveau de surpression est à contrôler avant ouverture des salles.

Gestion de l’eau

Les éléments de robinetterie doivent être régulièrement nettoyés et désinfectés (tous les jours dans les zones à risque). Ils sont également détartrés afin de limiter les aspérités et les irrégularités de surface favorisant l’accumulation du biofilm. La fréquence du détartrage est adaptée à la dureté de l’eau et au niveau de risque dans la pièce. L’extérieur de la robinetterie peut être détartré avec un détergent/détartrant de façon hebdomadaire. Les embouts de robinet sont détartrés tous les trimestres ou tous les semestres par trempage dans une solution de vinaigre blanc, puis brossage si nécessaire et rinçage à l’eau claire. Ils sont ensuite désinfectés par trempage dans une solution détergente-désinfectante selon les indications du fabricant ou avec une solution à 0,1 % de chlore actif pendant 1 heure, puis rincés.

Matériaux et revêtement

L’architecture de la structure et les revêtements utilisés doivent favoriser l’entretien des surfaces. Les mobiliers et aménagements sont réduits au minimum, ergonomiques et faciles à entretenir. Les locaux sont peu encombrés et maintenus en ordre pour faciliter leur nettoyage.

Les matériaux présents au sol doivent être faciles à nettoyer, sans aspérité, non poreux, imperméables et résistants aux produits de désinfection. Les carreaux peuvent être utilisés dans les salles d’accueil et d’attente, mais, dans ce cas, il convient de choisir des matériaux non poreux et de surveiller l’état et l’imperméabilité des joints, où les agents pathogènes sont susceptibles de s’accumuler. Dans les locaux cliniques, les matériaux monocouches en résine de type époxy sont préférables, en prenant garde à leur capacité de résistance aux chocs mécaniques (usage de chariots, chutes d’instruments, etc.) et aux produits de désinfection. De plus, le revêtement choisi doit être antidérapant. Les revêtements de sol peuvent remonter le long des murs sur une hauteur d’environ 10 cm, avec une moulure concave pour éviter l’accumulation de particules et faciliter la décontamination. Les bouches d’évacuation au sol permettent de laver les sols à grande eau, mais représentent des réservoirs importants pour les bactéries. Elles doivent être placées en dehors des zones de passage et des zones à risque, et être nettoyées et désinfectées régulièrement (au minimum une fois par semaine).

Les matériaux utilisés pour les murs doivent être lavables et résistants aux produits désinfectants : cloison sèche avec peinture lavable, panneaux stratifiés, composites en résine, etc.

Les plafonds requièrent moins d’attention, excepté dans la salle d’opération où ils peuvent libérer des particules susceptibles de contaminer le champ opératoire. Dans ces pièces, il est recommandé d’utiliser des matériaux qu’il est possible de nettoyer et de désinfecter (dalles spécifiques ou plafonds peints), ainsi que des joints adaptés autour des installations telles que les éclairages ou les bouches de ventilation [14].

Les zones d’hospitalisation étant les plus critiques, leur conception doit limiter le plus possible les recoins difficilement accessibles et permettre un nettoyage facile et efficace de toutes les surfaces, ainsi qu’un écoulement permanent des eaux et autres liquides. D’une manière générale, il convient d’éviter les recoins, dans lesquels les sources de contamination s’accumulent (photos 1 et 2). À l’inverse des cages construites sur place, celles en inox sont facilement nettoyables et ont une très grande durabilité. Cependant, elles doivent être parfaitement incluses dans l’aménagement local avec des joints qui préviennent l’accumulation de salissures ou l’infiltration de liquide entre les cages et les structures ou les parois environnantes, ou bien être sur roulettes pour permettre leur déplacement et le nettoyage adapté de la zone.

Tenues professionnelles et linge

Le linge propre est à stocker dans un local réservé, sans communication avec des zones à risque. Les mains doivent être désinfectées avant manipulation du linge propre. La quantité quotidienne de linge nécessaire est à prévoir en début de journée pour l’ensemble du personnel, de manière à éviter les allers et retours. Le linge sale n’est pas déposé au sol ou sur les plans de travail, mais stocké dans un récipient spécifique avant sa prise en charge. La blouse de consultation est rangée dans un emplacement adapté de la salle de consultation.

Les équipements utilisés pour transporter le linge sont nettoyés quotidiennement par un essuyage humide au détergent désinfectant. Le linge sale doit être manipulé avec des gants à usage unique, avec des gestes mesurés pour prévenir la dissémination des micro-organismes dans l’environnement. Les mains sont ensuite désinfectées.

3 Principes de nettoyage et de désinfection des surfaces

Objectifs

Sont recherchées :

- une action nettoyante, toujours nécessaire avant la désinfection, qui élimine physiquement une partie des micro-organismes. L’objectif est la propreté visible ;

- une action germicide (validée par une norme NF) pour détruire les micro-organismes potentiellement dangereux. La désinfection requiert un produit bactéricide, tandis que la décontamination peut être effectuée avec un produit bactériostatique.

Le respect des techniques d’entretien et des modalités d’emploi des produits est indispensable pour garantir l’efficacité du bionettoyage. Plusieurs études ont montré que, même sans changer de produit, le renforcement de la qualité du bionettoyage permet de mieux maîtriser la transmission croisée des bactéries multirésistantes [6, 7, 9].

Propriétés des produits utilisables

Les produits les plus couramment utilisés sont des détergents, des désinfectants ou des détergents-désinfectants.

ACTIONS RECHERCHÉES

Les propriétés des détergents sont uniquement nettoyantes, notamment l’élimination des graisses et autres salissures sur les surfaces. Ils contribuent à l’élimination des micro-organismes par leur action mécanique. Les détergents anioniques, non ioniques et cationiques sont distingués. Leur action dépend de nombreux facteurs dont leur pH (par exemple, un détergent dégraissant alcalin pour l’élimination des graisses, un produit neutre pour le lavage manuel ou mécanisé des sols, un détergent détartrant ou un désincrustant acide).

Les désinfectants sont des produits contenant au moins un principe actif doué de propriétés antimicrobiennes, dont l’activité est déterminée par un système normatif reconnu. Ils doivent satisfaire aux normes de base de bactéricidie et peuvent présenter une action fongicide, virucide ou sporicide. Ils sont commercialisés sous différentes présentations : liquides prêts à l’emploi ou à diluer, sprays ou aérosols, lingettes, gaz.

Il existe également des produits détergents-désinfectants qui se caractérisent par un bon pouvoir désinfectant mais une faible détergence.

L’efficacité des principaux désinfectants est présentée (tableau 1). Les produits commerciaux contiennent le plus souvent des associations de principes actifs. De plus, leur performance peut varier selon leur formulation, et il convient de considérer avec prudence les données d’efficacité de telle ou telle famille de produits ou procédés.

CRITÈRES DE CHOIX DES PRODUITS DÉSINFECTANTS

Les critères de choix des produits désinfectants sont les suivants :

- le conditionnement ;

- la clarté de l’étiquetage ;

- la facilité d’utilisation : ouverture, dissolution, dosage, etc. ;

- l’efficacité du nettoyage : qualité de la détersion, absence de traces résiduelles, etc. ;

- l’absence d’altération des surfaces et des équipements ;

- l’odeur ;

- la tolérance par le personnel.

La Société française d’hygiène hospitalière a publié une liste positive des détergents-désinfectants pour sols, surfaces et mobiliers et des désinfectants pour surfaces. Celle-ci est accessible sur Internet [4]. Elle mentionne également une large gamme de produits pour l’hygiène des mains et des dispositifs médicaux. Certains produits désinfectants peuvent être obtenus dans les centrales d’achat vétérinaires.

Il est préférable de limiter le nombre de produits disponibles pour l’entretien des locaux afin d’éviter des confusions ou de mauvais usages. Les recommandations d’utilisation des produits doivent être strictement respectées (dilution, péremption et temps de contact). Il est conseillé de dater les flacons et de ne pas mélanger les produits.

Une éventuelle étape de dilution demande une vigilance particulière, car elle peut être à l’origine d’une dégradation et/ou d’une contamination des désinfectants liées à la qualité de l’eau utilisée, à la contamination des contenants ou à la contamination de l’environnement des zones de préparation des désinfectants. Les flacons contenant les dilutions doivent être rincés, nettoyés et désinfectés avant d’effectuer un nouveau remplissage. La durée de conservation d’une dilution (en général de quelques heures à quelques jours) doit être respectée.

La désinfection conjointe de l’air et de l’ensemble des surfaces peut aussi être réalisée de manière efficace par le biais d’une micronébulisation de solution biocide à base de peroxyde d’hydrogène. Les avantages de ces nouveaux procédés sont leur fiabilité, démontrée notamment dans la lutte contre les bactéries multirésistantes, leur capacité à désinfecter des zones difficilement accessibles (recoins, filtres à air, etc.), la rapidité du processus et l’absence de mobilisation du personnel pour les procédures parfois longues de désinfection [8, 15].

Nettoyage et désinfection réguliers

CRITÈRES D’EFFICACITÉ DE LA DÉSINFECTION

L’efficacité de la désinfection dépend des éléments suivants :

- la présence d’un biofilm ;

- la nature et l’état des surfaces à désinfecter (surfaces poreuses ou ébréchées) ;

- la qualité du nettoyage préalable, la présence résiduelle de substances pouvant interférer avec l’action du produit, notamment les matières organiques ;

- le respect de la concentration et de la durée d’action du produit ;

- le spectre d’activité du ou des principes actifs ;

- le contact entre le désinfectant et les micro-organismes : pas de rinçage ou d’essuyage à sec. Après un essuyage, l’aspect humide doit persister pour favoriser l’action rémanente du produit ;

- la qualité de l’eau : pH d’action, température.

La fréquence de la désinfection doit être adaptée aux locaux, aux pratiques et aux produits employés (tableau 2). Une hygiène des mains précède obligatoirement les opérations de nettoyage/désinfection.

S’ADAPTER SELON LE NIVEAU DE RISQUE

Dans des locaux non à risque, l’usage d’un détergent seul peut être considéré comme suffisant, l’ajout d’une désinfection apportant un bénéfice minime. Pour les secteurs à risque, l’utilisation systématique d’un détergent-désinfectant pour les surfaces hautes et les sols est nécessaire. Le matériel d’entretien doit être en bon état et dédié pour les zones à haut risque. Le linge sale, les déchets et le matériel sont évacués avant de réaliser l’entretien. Le nettoyage est toujours effectué du plus propre vers le plus sale.

De plus, il est recommandé d’effectuer régulièrement un nettoyage approfondi de l’ensemble des locaux (par exemple, une fois par mois) pour éliminer les résidus de matières organiques ou inorganiques. Pour ce faire, un détergent seul ou un procédé vapeur peuvent être employés. L’appareil vapeur représente une méthode efficace et écologique, économe en eau et en produit. Il est notamment conseillé pour l’entretien de fond et les zones difficilement accessibles.

Conclusion

Plusieurs aspects du fonctionnement des établissements vétérinaires sont à prendre en compte pour la prévention des infections nosocomiales liées à l’environnement (figure 2). La plus importante et la plus efficace des mesures reste l’hygiène des mains pour limiter les contaminations croisées. L’antibioprophylaxie joue également un rôle majeur dans la prévention de la contamination du site opératoire et nécessiterait d’être harmonisée en médecine vétérinaire, éventuellement en s’inspirant des démarches publiées en médecine humaine [10, 12].

  • (1) Voir l’article “Risques infectieux liés à l’environnement” des mêmes auteurs, dans ce numéro.

  • (1) Voir le tableau de l’article “Risques infectieux liés à l’environnement des établissements vétérinaires” des mêmes auteurs, dans ce numéro.

Références

  • 1. Collectif. Qualité de l’air au bloc opératoire et autres secteurs interventionnels. Éd. Société française d’hygiène hospitalière, Paris. 2015;vol XXIII (2):60 p.
  • 2. Collectif. Surveiller et prévenir les infections associées aux soins. Éd. Société française d’hygiène hospitalière, Paris. 2010;vol XVIII (4):180 p.
  • 3. Collectif. Hygiène hospitalière. Éd. Sauramps médical, Paris. 2010:513 p.
  • 4. Collectif. Liste positive de désinfectants. Éd. Société française d’hygiène hospitalière, Paris. 2009:24 p.
  • 5. Collectif. Prévention des infections nosocomiales. 2e éd. Éd. Organisation mondiale de la santé, Genève. 2008:80 p.
  • 6. Dancer SJ. Importance of environment in meticillin-resistant Staphylococcus aureus acquisition: the case for hospital cleaning. Lancet Infect. Dis. 2008;8:101-113.
  • 7. Dettenkofer M, Block C. Hospital disinfection: efficacy and safety issues. Curr. Opin. Infect. Dis. 2005;18:320-325.
  • 8. Ferrari M, Bocconi A, Anesi A et coll. Efficacy of HyperDRYmist® technology in reducing residual environmental MDR bacterial contamination in tertiary hospital. Antimicrob. Resist. Infect. Control. 2015;4:41.
  • 9. Hayden MK, Bonten MJM, Blom DW et coll. Reduction of acquisition of vancomycin-resistant Enterococcus after enforcement of routine environmental cleaning measures. Clin. Infect. Dis. 2006;42:1552-1560.
  • 10. Keck N, Dunie-Merigot A, Rousselot JF et coll. Recommandations pour la prévention et la gestion des infections nosocomiales : exemple des staphylocoques multirésistants en médecine vétérinaire. Point Vet. 2014;351:50-55.
  • 11. Lidwell OM, Elson RA, Lowburry EJ et coll. Ultraclean air and antibiotics for prevention of postoperative infection. A multicenter study of 8,052 joint replacement operations. Acta Orthop. Scand. 1987;58:4-13.
  • 12. Martin C, Auboyer C, Dupont H et coll. Antibioprophylaxie en chirurgie et médecine interventionnelle (patients adultes). Actualisation 2010. Ann. Fr. Anesthésie Réa. 2011;30:168-190. (Accessible à : http://sfar.org/antibioprophylaxie-en-chirurgie-et-medecine-interventionnelle-patients-adultes/).
  • 13. Portner JA, Johnson JA. Guidelines for reducing pathogens in veterinary hospitals: disinfectant selection, cleaning protocols, and hand hygiene. Compend. Contin. Educ. Vet. 2010;32 (5):E1-11.
  • 14. Portner JA, Johnson JA. Guidelines for reducing pathogens in veterinary hospitals: hospital design and special considerations. Compend. Contin. Educ. Vet. 2010;32 (5):E1-7.
  • 15. Ragusa R, Lombardo A, Bruno A et coll. Environmental biodecontamination: When a procedure Performed by the nursing staff has an economic impact in ICU rooms. J. Nurs. Care. 2016;5:355.
  • 16. Thore M, Burman LG. Further bacteriological evaluation of the TOUL mobile system delivering ultra-clean air over surgical patients and instruments. J. Hosp. Infect. 2006;2:185-192.
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