Confirmation échographique d’une communication interventriculaire

Les malformations cardiaques congénitales chez les bovins sont décrites depuis longtemps, mais leur prévalence est sous-estimée. La plus fréquemment rapportée est la communication interventriculaire (CIV), qui représentait de 42 à 65 % des anomalies cardiaques dans les études publiées jusqu’alors. Elle a été retrouvée dans 81 % des cas à la faveur de travaux récents à Oniris [⁸]. Il s’agit d’un défaut de fermeture du septum interventriculaire (SIV) dans sa partie membraneuse, juste en dessous des valves sigmoïdes aortiques. Son diamètre peut mesurer de quelques millimètres à quelques centimètres.

L’échocardiographie est l’examen de choix pour le diagnostic des malformations cardiaques. Sa sensibilité est de 92 à 95 % selon le manipulateur et le type d’anomalie [², ³]. En particulier, la CIV, seule ou associée à d’autres altérations, y est visualisée dans 80 % des cas selon nos travaux [⁸]. L’examen clinique préalable permet de formuler le diagnostic et la suspicion d’atteinte cardiaque. L’état général de l’animal et les signes de troubles cardiovasculaires sont objectivés : une tachycardie, un souffle holosystolique bilatéral avec un point maximal d’intensité marquée à droite, basal et associé à un frémitus costal droit (thrill).

L’échocardiographie en pratique bovine est un examen complémentaire de seconde intention qui mérite d’être facturé à hauteur de sa grande valeur ajoutée technique. Un enjeu majeur de son utilisation dans le cadre du diagnostic médical des malformations cardiaques congénitales chez le veau est d’affiner le pronostic. Cet examen permet surtout d’adopter une conduite à tenir économiquement acceptable. Un arrêt des traitements antibiotiques ou une réforme s’envisagent sereinement sur la base d’une confirmation diagnostique visualisée par l’éleveur. Les animaux porteurs d’une CIV restent fragiles. À ce jour, aucune étude n’a été réalisée sur les caractéristiques économiques des bovins atteints de malformations cardiaques (gain moyen quotidien [GMQ], production laitière, etc.). La CIV peut être associée à d’autres anomalies plus difficiles à diagnostiquer par échographie. Dans l’essai de Cesbron et coll., 47 % des CIV étaient “isolées”, et 17 % étaient concomitantes d’une communication interauriculaire, 9 % d’une dextraposition de l’aorte et 7 % de malformations multiples [⁸].

Le recours à l’échographie cardiaque permet déjà en milieu universitaire de mieux décrire les phénotypes des malformations afin de préciser leur part génétique. Dans quelques années, cet examen sera accessible sur le terrain grâce au déploiement d’un matériel échographique adapté, en lien avec l’intérêt des praticiens, et des formations sur la pathologie cardiaque des bovins.

Références

• 1. Bouquet B. Sonopalpation : l’échographie à la ferme, même sur des lots. Point Vét. 2016;370(expert rural):58-61.
• 2. Buczinski S, Rezakhani A, Boerboom D. Heart disease in cattle: Diagnosis, therapeutic approaches and prognosis. Vet. J. 2010;184(3):258-263.
• 3. Buczinski S, Fecteau G, DiFruscia?R. Ventricular septal defects in cattle: a retrospective study of 25 cases. Can. Vet. J. 2006;47:246-252.
• 4. Buczinski S, Bellanger A-M. Approche pratique des affections cardiaques. Point Vét. 2007;273(expert rural):48-53.
• 5. Buczinski S. Les maladies cardiaques bovines : revue des moyens diagnostiques disponibles et de leur intérêt. Ann. Méd. Vét. 2007;151:15-23.
• 6. Buczinski S, DesCôteaux L. Échographie des bovins. Éd. Point Vét., Rueil-Malmaison. 2009:191p.
• 7. Charot V, Dorizon?A, Cesbron N et coll. Bases de l’interprétation échocardiographique chez le veau. Bull. GTV 2006;37:44-49.
• 8. Cesbron N, Guatteo R, Assié S et coll. Interest of ultrasonogrphy for the diagnostic of congenital heart defects in cattle: 13 years of experience 2003-2016. Proceedings of the 29^th World Buiatrics Congress, Dublin. 2016:154.