Retour en cartes sur une réapparition : la FCO en France fin 2015-début 2016

La réapparition de la fièvre catarrhale ovine (FCO) sur notre territoire a rapidement été analysée comme une résurgence en raison de la proximité génétique du virus avec celui de 2008.

En 2006, la première apparition de la FCO de sérotype 8 (BTV8) en France avait concerné les frontières du nord-est du pays (Ardennes). À l’inverse, le 11 septembre 2015, c’est en plein centre de l’Hexagone qu’un foyer de FCO de sérotype 8 est confirmé, chez un bélier âgé de 5 ans, dans le département de l’Allier.

Foyer initial

Dans ce cheptel, 5 autres ovins sur 175 et 27 bovins sur 147 sont détectés positifs (^photo). L’animal présente un Œdème de la face, des difficultés respiratoires et une hyperthermie. Des périmètres de restriction de circulation ont été rapidement instaurés alentour (^{figure 1}) :

– 20 km : interdiction de circulation, sauf vers les abattoirs avec désinsectisation des véhicules ;

– 50 km (protection) et 100 km (surveillance) : entrées et sorties de la zone interdites, sauf vers les abattoirs.

Le 11 septembre, c’est l’automne, le vecteur est actif, et la scène se déroule en pleine zone d’export de broutards. Le 13 septembre, un arrêté ministériel autorise (sans l’imposer) la vaccination contre le sérotype 8 de la FCO dans les zones concernées. Les communes situées en zone de protection (100 km) sont situées dans douze départements autour de l’Allier. Des communes plus éloignées réparties dans vingt départements sont en zone de surveillance (150 km), avec des mouvements et des rassemblements d’animaux interdits, la vaccination autorisée et la désinsectisation obligatoire.

Foyers secondaires

En octobre, de nouveaux foyers sont confirmés dans le Cher, l’est de l’Allier et dans le nord de la Nièvre, et la zone de surveillance est élargie (^{figure 2}). L’enquête épidémiologique nationale se poursuit. La vaccination contre le virus BTV8 est étendue aux animaux destinés aux échanges ou à l’export. Des accords tentent d’être obtenus avec l’Algérie, la Turquie, l’Espagne (puis l’Italie) pour le départ des broutards (charolais) de la zone réglementée. Une possibilité de sortie après seulement une désinsectisation et une PCR (polymerase chain reaction) négative (14 jours après) est offerte.

Mi-octobre, les zones de protection et de surveillance ont fusionné en une seule zone réglementée où les ruminants circulent librement. Pour la quitter, un bovin doit être vacciné depuis plus de 10 jours. Malgré tout, le 20 octobre, le front de la FCO de sérotype 8 est étendu (Loiret, Saône-et-Loire). L’hiver est doux. La surveillance des Culicoides reprend pour déterminer la période d’inactivité vectorielle. L’enquête épidémiologique nationale est plutôt favorable en dehors du centre de la France. Les ruminants peuvent sortir vers la zone indemne uniquement après désinsectisation et analyse PCR à la fois au départ et à l’arrivée. Des représentants sanitaires de la “frange libre” font de la résistance à cet égard : ils préconisent de n’accepter que les bovins vaccinés (^{figure 3}). Le 6 novembre, avec les nouveaux foyers, la question de la disponibilité des vaccins en termes de volume, de prix et de calendrier est discutée entre les différents acteurs concernés (éleveurs, État, industrie). Le 21, le front est assez stable (95 foyers, quelques nouveaux cas en Auvergne) et la maladie reste concentrée sur le bassin allaitant.

Extension des foyers

Le 12 décembre, un foyer est identifié dans le sud-ouest de l’Aveyron et le 31, la France compte 143 foyers, dont en Corrèze et dans l’Isère. Le 27 février dernier, les ruminants “stars” du Salon de l’agriculture sont invités à se faire vacciner : Paris est en zone réglementée. L’épicentre des nouveaux foyers reste le Puy-de-Dôme. L’État organise la mise à disposition gratuite de vaccins pour 2016, mais l’acte vaccinal reste à la charge des éleveurs.

Fin février, la barre des 200 foyers est franchie et l’Océan est atteint (Charente-Maritime, Gironde), ainsi que la Vienne.

Début mars, le virus approche la Bretagne (Loire-Atlantique, Mayenne), frôle la Normandie et la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. L’extrême Est et les Pyrénées sont encore épargnés. Les départements les plus touchés restent le Puy-de-Dôme et l’Allier avec 120 élevages infectés (^{figure 4}). Certaines zones sont (enfin) déclarées en inactivité vectorielle, ce qui est susceptible d’alléger les mesures vaccinales pour l’export.

Malgré la mobilisation des vétérinaires, en définitive, très peu de foyers et d’animaux ont été détectés par suspicion clinique autour du cas initial (10 bovins et 4 ovins). L’importance clinique de cette nouvelle infection semble donc faible, voire très faible.

Conclusion

La France reste, à ce stade, le seul pays européen atteint par la FCO de sérotype 8. Le sérotype 4 ­commence aussi à effrayer (il a été confirmé en Autriche). “La” FCO (sans autre précision) a été détectée pour la première fois en Slovénie (^{figure 5}).

Cette maladie est répertoriée sous tous ses sérotypes dans la liste du Code sanitaire pour les animaux terrestres de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Elle doit, à ce titre, faire l’objet d’une déclaration obligatoire. Les levées de restrictions aux échanges entre pays qui en découlent s’effectuent au gré d’accords bilatéraux.