Apparition, réapparition, résurgence, réintroduction : des termes à bien intégrer dans le contexte actuel - Le Point Vétérinaire expert rural n° 364 du 01/04/2016
Le Point Vétérinaire expert rural n° 364 du 01/04/2016

NOTIONS D’ÉPIDEMIOLOGIE

Fiche

Auteur(s) : Barbara Dufour*, Bernard Toma**

Fonctions :
*Unité maladies réglementées,
zoonoses et épidémiologie
École nationale vétérinaire d’Alfort
7, avenue du Général-de-Gaulle, 94704
Maisons-Alfort Cedex
barbara.dufour@vet-alfort.fr
**Unité maladies réglementées,
zoonoses et épidémiologie
École nationale vétérinaire d’Alfort
7, avenue du Général-de-Gaulle, 94704
Maisons-Alfort Cedex
barbara.dufour@vet-alfort.fr

À l’inverse de l’apparition ou de la réapparition d’une maladie qui sont des notions d’épidémiologie descriptive, la résurgence et la réintroduction sont des termes d’épidémiologie “analytique”.

Résurgence et réintroduction qualifient des mécanismes de réapparition des maladies (encadrés 1 et 2, figure).

Ces définitions appellent quelques commentaires.

→ L’espace concerné par le phénomène doit être défini avec précision. Il peut s’agir d’un élevage ou d’une zone géographique plus large (région, pays, etc.).

→ Il est également important de préciser le délai dans lequel il est possible de considérer qu’il s’agit d’une réapparition, et pas seulement de l’expression sporadique d’une maladie toujours présente sur un territoire donné. Ce délai est éminemment variable selon les maladies. Il est notamment lié à la durée de persistance de l’agent pathogène dans le milieu extérieur et à la capacité des techniques disponibles pour révéler sa présence chez des animaux ou dans l’environnement. Il est souvent arbitrairement fixé par la réglementation pour déclarer un élevage ou une zone « indemne » après l’élimination des cas ou des foyers d’une maladie réglementée.

→ La disparition d’une maladie d’un territoire donné n’est pas facile à prouver, notamment pour des affections dont les mécanismes de conservation de l’agent pathogène sont complexes et qui peuvent évoluer à bas bruit. Dans tous les cas, la disparition et la réapparition sont attestées grâce à des modalités de surveillance dont la sensibilité du protocole peut être variable en fonction de critères techniques (limites de la capacité des tests de dépistage, par exemple) ou économiques. En conséquence, lors de la réapparition d’une maladie, il convient d’analyser la qualité de la surveillance (notamment son niveau de sensibilité) ayant permis de révéler les cas. En effet, si des cas sont identifiés au moment où une surveillance est mise en œuvre ou améliorée, il est impossible d’être certain qu’il s’agit d’une véritable réapparition. Ce peut être tout simplement la détection d’une maladie présente, mais qui passait inaperçue jusqu’alors en raison de la déficience du système de surveillance(1).

Conclusion

Il est en général aisé de reconnaître l’apparition d’une maladie (dans un élevage ou une région). Lors de sa réapparition, déterminer si celle-ci est due à un phénomène de résurgence ou à la réintroduction de l’agent pathogène est, en revanche, plus difficile, et des investigations sont alors requises. Cette démarche est abordée dans un article distinct(2).

  • (1) Voir la fiche “Retour en cartes sur une réapparition : FCO en France fin 2015-début 2016” de B. Bouquet, dans ce numéro.

  • (2) Voir l’article “Mécanismes et modalités de réapparition d’une maladie infectieuse : exemples d’actualité” de B. Dufour et B. Toma, dans ce numéro.

ENCADRÉ 1
Apparition versus réapparition

L’apparition et la réapparition d’une maladie sont des notions qui ne préjugent pas des mécanismes sous-jacents.

Elles sont faciles à définir et à distinguer.

→ L’apparition correspond à la première observation de cas (ou de foyers) d’une maladie qui, jusque-là, n’avait pas été identifiée sur un territoire donné (élevage ou région). Ce terme peut être utilisé pour la fièvre catarrhale ovine (FCO) à BTV8 en 2006 ou le virus Schmallenberg en 2012 en France.

Ce phénomène résulte de l’introduction d’un agent pathogène sur le territoire.

Par extension, il est possible d’évoquer l’apparition d’une maladie lors de l’observation de cas pour la première fois dans une espèce animale antérieurement épargnée, dans une région où l’affection sévit pour d’autres espèces. Ainsi, de l’apparition de la tuberculose dans la faune sauvage en France en 2000 à la suite de la découverte des premiers cas observés sur des cervidés en forêt de Brotonne-Mauny (Normandie). Jamais, en effet, au cours des 30 dernières années, Mycobacterium bovis n’avait été mis en évidence dans la faune sauvage en France. L’identité de l’espèce animale touchée par une maladie doit donc être prise en compte.

→ La réapparition correspond à une nouvelle observation de cas (ou foyers) d’une maladie qui avait disparu d’un territoire donné (élevage ou région). Des cas de cette maladie présente auparavant dans l’élevage ou la région considéré, absents sur une période plus ou moins longue, sont de nouveau observés. Par exemple, l’infection à virus West Nile a fait sa réapparition en 2015 chez des chevaux dans le sud de la France, car, depuis 2006, aucun foyer n’avait été observé dans cette zone, malgré la surveillance mise en place.

ENCADRÉ 2
Résurgence versus réintroduction

→ La résurgence correspond à la réapparition de cas ou de foyers d’une maladie considérée comme disparue d’un territoire donné (élevage ou région) et pour laquelle la preuve est apportée que l’agent pathogène y a persisté à bas bruit (ou bien une suspicion existe fortement, par des éléments indirects, comme l’élimination des autres causes). Cette persistance, ignorée car plus ou moins silencieuse, de l’agent pathogène dans le territoire s’accompagne, à un moment donné, d’une reprise ou d’une augmentation de son activité qui conduit à l’observation de cas ou de foyers de la maladie.

→ La réintroduction de l’agent pathogène dans un territoire donné (élevage ou région) est à l’origine de la réapparition de cas ou de foyers d’une maladie réellement disparue de cette zone.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter

Découvrez en avant-première chaque mois le sommaire du Point Vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné au Point Vétérinaire, retrouvez votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr