Le bon usage de la lidocaïne chez les ruminants - Le Point Vétérinaire n° 353 du 01/03/2015
Le Point Vétérinaire n° 353 du 01/03/2015

ANESTHÉSIES LOCORÉGIONALES CHEZ LES RUMINANTS

Thérapeutique

Auteur(s) : Gwenola Touzot-Jourde*, Yassine Mallem**

Fonctions :
*Unité de chirurgie-anesthésie, Oniris,
École nationale vétérinaire agroalimentaire
et de l’alimentation Nantes-Atlantique,
site de la Chantrerie CS 40706,
44307 Nantes Cedex
**Auteur coordinateur

La sécurité de l’utilisation de la lidocaïne pour réaliser des anesthésies locorégionales chez les ruminants réside dans le respect des doses maximales recommandées et la prévention d’une injection intravasculaire accidentelle.

La lidocaïne est l’anesthésique local encore actuellement le plus utilisé lors d’anesthésie locorégionale chez les ruminants, en appliquant le principe de la cascade depuis la perte des autorisations de mise sur le marché (AMM) pour ces espèces (temps d’attente viande 28 jours et lait 7 jours). Son efficacité est démontrée dans la gestion de la douleur chirurgicale. Elle met en jeu son effet bloquant des canaux sodiques neuronaux.

Une toxicité à contrôler

La sécurité d’emploi de la lidocaïne est la combinaison du respect de la dose recommandée et de la maîtrise de la technique employée comme l’anesthésie par infiltration ou les anesthésies tronculaires, ou encore l’anesthésie intraveineuse sous garrot. Les risques de surdosage surviennent lors de la résorption systémique de la lidocaïne injectée par infiltration ou d’une injection intravasculaire accidentelle d’une dose supérieure à la dose maximale recommandée (tableau complémentaire sur www.lepointveterinaire.fr) [1, 6]. La dose susceptible d’entraîner des signes de toxicité peut être inférieure aux doses maximales recommandées chez un animal débilité et un animal sous sédation ou sous anesthésie générale [3]. Chez la vache, la dose toxique n’a pas été étudiée. Aussi la dose maximale recommandée est issue de l’expérience clinique : jusqu’à 250 ml de lidocaïne 2 % en infiltration pour une vache de 500 kg (10 mg/kg) [6]. Les anesthésies du flanc par infiltration requièrent environ 100 ml pour 500 kg et les anesthésies tronculaires comme le bloc paravertébral proximal aux alentours de 25 ml par racine nerveuse (T13, L1 et L2) chez une vache de gabarit classique (photo). En revanche, chez les ovins, les études de toxicité ont montré une tolérance plus faible de cette espèce à la survenue de convulsions à la suite d’une injection intraveineuse rapide de 4 à 7,5 mg/kg de lidocaïne [4, 5].

Quels signes toxiques ?

Les signes de toxicité sur animal vigile commencent par une sédation et des tremblements musculaires pouvant évoluer, lors de surdosage plus important, vers une crise convulsive et un coma, voire un arrêt respiratoire suivi d’un collapsus cardiovasculaire. Le collapsus cardiovasculaire survient à une dose au moins deux à trois fois supérieure à la dose convulsive chez un ruminant vigile et en bonne santé, mais peut se manifester à une dose inférieure sous anesthésie générale ou lors d’une instabilité hémodynamique [4, 5, 7].

Quelles recommandations ?

Les recommandations issues de l’expérience clinique sont de ne pas dépasser la dose de 6 mg/kg de lidocaïne 2 % en infiltration [2]. Les bonnes pratiques de réalisation des anesthésies locorégionales incluent :

– une évaluation de l’état de santé du ruminant (état de vigilance et stabilité hémodynamique) ;

– d’avoir en mémoire ou de calculer la dose maximale recommandée de lidocaïne pour chaque individu, en particulier lorsqu’il s’agit d’un ruminant de gabarit inhabituel ;

– de connaître l’anatomie du site à désensibiliser et la localisation des vaisseaux principaux ;

– l’utilisation d’une technique à aiguille démontée (sans seringue attachée) pour détecter la présence de sang remontant dans l’embase de celle-ci ;

– la réalisation systématique d’un test d’aspiration une fois la seringue branchée sur l’aiguille et avant l’injection, et ce après chaque repositionnement de l’aiguille ;

– de ne pas injecter, mais de repositionner l’aiguille si du sang remonte dans cette dernière et la seringue.

Conclusion

L’utilisation de la lidocaïne et des techniques d’anesthésie locorégionales permet de réaliser de nombreuses procédures chirurgicales et actes douloureux chez les ruminants, avec une excellente efficacité et une toxicité contrôlée par le suivi des bonnes pratiques de réalisation pour un coût compatible avec les contraintes économiques de la filière des animaux de rente.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter

Découvrez en avant-première chaque mois le sommaire du Point Vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné au Point Vétérinaire, retrouvez votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr