L’ehrlichiose granulocytaire bovine - Le Point Vétérinaire expert rural n° 349 du 01/10/2014
Le Point Vétérinaire expert rural n° 349 du 01/10/2014

MALADIES INFECTIEUSES DES BOVINS

Article de synthèse

Auteur(s) : Jacques Devos*, Marie-Anne Arcangioli**

Fonctions :
*Le Crozet, 42360 Panissières
**Pathologie du bétail, université de Lyon,
VetAgro Sup, Campus vétérinaire,
69280 Marcy-L’Étoile
devosjacques42@wanadoo.fr

Au travers de cas cliniques, cet article présente quelques rappels sur cette maladie bactérienne transmise par la tique Ixodes ricinus et fait le point sur son épidémiologie, son diagnostic et sa prévention.

L’ehrlichiose granulocytaire bovine (EGB) a été mise sous les feux de l’actualité en France, dans les années 2000, par notre confrère Guy Joncour [8].

Connue des éleveurs et des vétérinaires sous les noms de tick-borne disease, de fièvre des pâturages ou de maladie des pâturons, elle est désormais mieux identifiée et les outils diagnostiques de laboratoire sont de plus en plus performants [9].

L’agent pathogène causal, Anaplasma phagocytophylum, est une bactérie transmise principalement par des tiques comme Ixodes ricinus en France. Cette bactérie présente la particularité rare de se multiplier au sein des granulocytes, ce qui induit notamment une immunodépression. L’immunité qui se développe, de type prémunition, est d’assez courte durée, mais pourrait suffire à immuniser les jeunes animaux, puis les vaches [9].

CAS CLINIQUES

1. Cas clinique 1

Début juin 2013, une génisse montbéliarde âgée de 7 mois présente un œdème important de la tête qui motive l’appel de l’éleveur (photo 1).

L’examen clinique met en évidence une apathie, et un œdème de la tête et des pâturons. Les zones de peau glabres (autour de la vulve, des yeux et la mamelle) sont congestionnées. La température rectale est de 40,5 °C.

En 2011, des cas cliniques d’ehrlichiose avaient été observés, et confirmés par PCR (polymerase chain reaction), pour la première fois dans ce cheptel. Cette maladie constitue l’hypothèse diagnostique la plus probable. Mais un diagnostic différentiel avec la fièvre catarrhale ovine (FCO) et la besnoitiose doit être établi. Un prélèvement sanguin sur EDTA est envoyé au laboratoire vétérinaire départemental de la Loire (LVD42) pour confirmation par PCR. Le résultat est positif vis-à-vis de l’EGB et les suspicions pour les autres affections sont levées.

Dès le premier jour, un traitement à base d’oxytétracycline (Oxytétracycline® 10 %, 1 ml/10 kg par voie intramusculaire, une fois par jour pendant 5 jours) et d’acide tolfénamique (Tolfine®, 1 ml/20 kg par voie intraveineuse le premier jour, puis par voie intramusculaire le lendemain) est instauré. L’amélioration clinique intervient en moins de 36 heures.

2. Cas clinique 2

Dans un élevage laitier des monts du Lyonnais, quelques vaches prim’holstein présentent chaque année, au printemps et à l’automne, une forte hyperthermie (jusqu’à 42 °C) avec une chute de production laitière conséquente. L’appétit n’est pas toujours atteint. L’éleveur administre de l’Histabiosone® pendant 3 jours à ses animaux, qui récupèrent leur niveau de production. Sur le conseil du vétérinaire traitant, dès le printemps, il traite tous ses bovins à l’Acadrex® toutes les 3 à 4 semaines. Les cas cliniques deviennent plus rares. L’apparition d’un délai d’attente lait pour cette spécialité rend ce protocole caduc. Les autres solutions acaricides en pour-on sont trop onéreuses. Ces traitements sont donc abandonnés. En 2011, de nombreux cas cliniques réapparaissent dans le troupeau. L’ehrlichiose est confirmée par PCR. En 2012, la situation se stabilise et le nombre de cas cliniques redevient similaire à ce qu’il était avant l’utilisation de l’Acadrex®.

L’interrogatoire de l’éleveur permet de noter que ces cas cliniques surviennent préférentiellement chez les primipares. Ces dernières sont élevées jusqu’au jour du vêlage sur une pâture réservée aux génisses et distante des terrains des vaches laitières. Celles-ci sont régulièrement porteuses de tiques, alors que les génisses en sont pratiquement indemnes.

3. Cas clinique 3

En mai 2004, un éleveur appelle pour une brutale baisse de production chez une vache. À l’examen clinique, l’animal présente de la fièvre avec une hyperthermie à 40 °C. Aucun autre signe clinique ne vient appuyer le diagnostic. Le confrère observe des tiques chez le bovin. Il prescrit donc de l’oxytétracycline et fait un prélèvement sanguin qu’il envoie à l’École vétérinaire de Lyon (VetAgro Sup). L’analyse hématologique ne montre aucune anomalie de la lignée rouge (pas d’anaplasmose à Anaplasma marginale), mais une leucopénie avec une thrombocytopénie. L’analyse du frottis permet de détecter des inclusions intragranulocytaires dans environ 15 % des granulocytes neutrophiles : il s’agit d’Anaplasma phagocytophilum (photo 2). Le surlendemain, à l’occasion d’une visite, cinq vaches supplémentaires sont examinées pour une baisse de production. Elles sont toutes porteuses de tiques de type Ixodes. Trois présentent une hyperthermie. L’une d’elles a été malade une dizaine de jours auparavant et remonte en production, sans traitement. Aucune ne présente d’autre signe clinique patent. L’examen sanguin confirme la suspicion d’ehrlichiose pour 4 d’entre elles. Deux ont été traitées la veille. Elles ont toutes recouvré leur niveau leur production après 5 et 10 jours.

L’interrogatoire de l’éleveur permet d’apprendre que le pré a été acheté cette année-là. Les cas cliniques sont apparus 1 à 2 semaines après la sortie des vaches dans ce nouveau terrain, qui était fortement embroussaillé. En mai, un traitement à la deltaméthrine (Butox® pour-on, 15 ml/100 kg) est administré et aucun cas clinique n’est observé. En juin, l’éleveur, non convaincu, remet ses vaches dans ce pré et des cas cliniques réapparaissent. Les 2 années suivantes, il n’y conduit que les génisses traitées préalablement au Butox® (dose “tiques”). Aucun nouveau cas n’a été rapporté.

LA MALADIE ET SON AGENT

1. L’agent

Anaplasma phagocytophilum (auparavant appelée Ehrlichia, d’où le nom de la maladie) est une bactérie à Gram négatif à multiplication intracellulaire [9, 17, 20]. C’est l’une des deux seules bactéries (avec Chlamydophila pneumoniae) capables de se multiplier dans les polymorphonucléaires (PMN) et les monocytes. C’est potentiellement une bactérie zoonotique, bien que différents variants génotypiques soient décrits selon les espèces sensibles [3, 9].

2. La maladie

Décrite pour la première fois en 1932, et connue sous les noms de tick-borne disease ou de fièvre des pâtures, l’ehrlichiose granulocytaire bovine s’exprime principalement par une forte fièvre (avec une hyperthermie supérieure à 40 °C), une chute de la production laitière et une perte d’appétit [9, 14]. Un syndrome grippal modéré et des avortements, ainsi qu’un œdème des pâturons, dans 10 % des cas, font souvent partie du cortège symptomatologique, sans être systématiques [4, 6, 9]. Les avortements semblent être dus à l’hyperthermie : des autopsies systématiques d’avortons n’ont pas permis de mettre la bactérie en évidence. En plus de ce tableau, les infections secondaires sont fréquentes en raison de la leucopénie majeure qui s’installe, ce qui a conduit à rechercher cette maladie régulièrement lors de syndromes de “toux d’été” [21].

En effet, ces symptômes s’accompagnent d’une leucopénie sévère (moins de 3 000/µl) affectant principalement la lignée des polynucléaires neutrophiles, mais aussi les éosinophiles et les monocytes. Une thrombocytopénie est aussi présente, avec moins de 300 000 thrombocytes par µl, jusqu’à moins de 15 000 en phase aiguë [4, 9].

Les signes apparaissent moins de 2 semaines après la mise en pâture et l’incubation dure quelques jours lors de reproduction expérimentale. Ils rétrocèdent en moins de 1 semaine et la guérison spontanée survient en 8 à 10 jours. La production laitière redevient normale quelques jours après l’arrêt des symptômes.

3. Pathogénie

Après la piqûre d’une tique infectée, une bactériémie apparaît au bout de 4 à 7 jours. Le site primaire de multiplication est encore inconnu. Cette bactériémie se déroule d’abord dans les éosinophiles et les neutrophiles, puis dans les monocytes, ce qui marque la fin de la bactériémie primaire. Plus de la moitié des granulocytes peuvent être infectés [21]. Les lymphocytes T et B sont également concernés par cette diminution, en raison du ralentissement de la multiplication et de l’incapacité des granulocytes à engendrer la réponse immunitaire. Les fonctions des leucocytes qui persistent sont de plus fortement altérées et la production d’anticorps décroît. La conséquence est une immunodépression qui favorise le développement d’autres agents pathogènes, virus ou bactéries.

Pour assurer sa survie dans les PMN, A. phagocytophilum inhibe la fusion du phagosome avec les lysosomes et perturbe le métabolisme respiratoire cellulaire par différents mécanismes. L’activité des neutrophiles, qui ont une durée de vie courte (demi-vie dans le sang périphérique de 6 à 10 heures) mais une plus grande réactivité que les macrophages, est diminuée : une phagocytose moins efficiente, une diapédèse plus lente et une augmentation de la sensibilité aux toxines bactériennes, notamment à Mannheima haemolytica. A. phagocytophilum ralentit également l’apoptose des PMN, ce qui lui permet de terminer son cycle dans cette cellule dont la durée de vie normale est très brève [20, 21].

Pour toutes ces raisons, plusieurs cycles de bactériémie se succèdent avec des charges pathogènes plus ou moins fortes. Chez les ovins, le taux de neutrophiles infectés circulants varie de 3 à 50 % pendant les 4 à 10 jours où ils sont détectables [9, 18]. Selon notre expérience, entre 10 et 15 % de neutrophiles sont généralement détectés lors du diagnostic par frottis en phase d’hyperthermie. Chez les bovins, il existe probablement aussi plusieurs cycles de bactériémie car les études de suivi dynamique sur le terrain ont mis en évidence plusieurs cycles sérologiques. Ceux-ci s’accompagnent de peu de signes cliniques chez des animaux déjà exposés [11, 15]. Des infections par des souches différentes en vagues successives s’ajoutent probablement.

Chez le ruminant, la bactérie se maintient de façon chronique, même après la phase clinique. Elle échappe au système immunitaire en faisant varier l’expression de ses antigènes de surface. Grâce à ce mécanisme, les pics de bactériémie se déroulent régulièrement, avec l’expression de nouvelles protéines de surface, qui induisent des réponses sérologiques spécifiques [19].

Enfin, une variabilité clinique existe selon l’hôte et les variants [5]. Chez l’hôte, la sensibilité peut être différente en fonction de la race [18]. La coexistence de variants dont la pathogénicité est spécifique a été démontrée dans plusieurs études. Une suppression génotypique semble possible par le variant le plus fort [16].

DIAGNOSTIC DE LABORATOIRE

→ Différentes méthodes diagnostiques de laboratoire sont à la disposition du praticien selon le délai écoulé depuis le début de l’épisode clinique [9, 14].

→ Lors du pic thermique initial, des inclusions (morulas basophiles) peuvent être mises en évidence dans 10 à 15 % des neutrophiles. Ceux-ci sont rares et plutôt en périphérie du frottis (comme pour les babésioses). Cette technique nécessite une habitude de la réalisation et de la lecture d’étalements sanguins (photo 3) [1]. Elle ne peut s’effectuer que sur une courte période de temps : de 3 jours avant les signes cliniques jusqu’à 5 jours après, principalement donc pendant la phase d’hyperthermie.

→ La PCR est utilisable dans la première semaine de la maladie (de - 3 jours à + 10 jours). Elle est donc souvent préférée : elle offre de meilleures sensibilité et spécificité, mais la réponse n’est pas immédiate.

Les deux techniques sont très bien corrélées et leurs sensibilités dépendent de la charge sanguine [13]. Lors d’un épisode clinique, le praticien doit prescrire le traitement en fonction de la maladie suspectée. La confirmation du diagnostic est utile pour réajuster ce traitement ou renforcer les suspicions lors d’épisodes ultérieurs.

→ La sérologie permet une confirmation a posteriori, car 2 à 3 semaines sont nécessaires pour que les anticorps soient détectables en Elisa, 1 semaine en immunofluorescence. De plus, la réponse ne reste positive que quelques mois après l’infection [11, 15]. C’est toutefois un bon outil pour déterminer l’épidémiologie dans le foyer, notamment en cas d’avortements [9].

ÉPIDEMIOLOGIE

L’EGB est une maladie vectorielle présente dans le monde entier. I. ricinus est le seul vecteur identifié en France. Cependant, des études de prévalence font état de l’infection également de Dermacentor. D’autres tiques pourraient être impliquées, mais les travaux récents tendent à montrer qu’il existe des variants spécifiques selon les tiques ou les hôtes intermédiaires [2, 5]. La biologie de cette tique joue donc un rôle prépondérant dans l’épidémiologie de la maladie : les cas cliniques apparaissent essentiellement au printemps et à l’automne, lorsque les nymphes et les adultes sont les plus actifs. La prévalence et l’incidence sont les plus fortes, dans notre région, à partir de mai, avec un pic en juin, puis en septembre jusqu’au début octobre [4]. Les épisodes surviennent chez les animaux au pâturage (prairie permanente avec un biotope favorable aux tiques), en moyenne 2 mois après les premiers cas de babésiose (le vecteur I. ricinus est partagé par les deux agents pathogènes). Une plus forte sensibilité semble affecter les animaux en fin de gestation (avortements), ainsi que les adultes nouvellement introduits ou lors de la première année d’observation dans un élevage récemment atteint [9].

Chez les bovins, la prévalence dépend du taux d’infestation des tiques, de la présence plus ou moins importante d’autres hôtes vertébrés, et des contacts entre les tiques et les bovins [17]. Cependant, les manifestations cliniques sont moins fréquemment rapportées chez les génisses et les vaches allaitantes non gestantes (ou en début de gestation), alors qu’elles sont décrites comme plus sensibles [14]. Cette contradiction pourrait provenir d’un suivi moins attentif des animaux qui ne sont pas en production car aucune preuve biologique n’est apportée qui expliquerait ce phénomène.

Chez la tique vectrice I. ricinus, il n’existe pas de passage transovarien (contrairement à ce qui se passe avec Babesia divergens). La primo-infection d’I. ricinus a lieu au plus tôt au stade larvaire lors du premier repas, et les stades nymphal et adulte sont responsables de l’infection des bovins [9].

Le taux d’infestation d’I. ricinus peut atteindre 20 %, avec une plus forte infestation des adultes que des nymphes [17]. Il varie en fonction de la souche de tique (laquelle doit tolérer la présence de la bactérie), des années (selon le climat), des régions et de l’abondance d’hôtes réservoirs disponibles. Le chevreuil joue un rôle important. C’est un hôte privilégié pour I. ricinus et des enquêtes ont montré jusqu’à 98,9 % d’infestation des populations [17]. Toutefois, il ne constitue pas un réservoir de la bactérie [5]. Chez les micromammifères (principalement les rongeurs), la prévalence peut atteindre 15 %, mais est très variable et leur rôle de réservoir est discuté. En revanche, ce sont les hôtes principaux des stades larvaires d’I. ricinus. A. phagocytophilum est retrouvée dans de nombreuses espèces de mammifères avec des prévalences variables, mais leur rôle dans la transmission est peu renseigné [3]. L’hypothèse d’une contamination “mécanique” sans vecteur par des mouches piqueuses comme les tabanidés est également à considérer, bien qu’elle soit peu documentée [9].

La transmission directe à partir d’un ruminant hôte n’est pas documentée. Récemment, cependant, une équipe allemande a retrouvé A. phagocytophylum chez un veau né à terme et présentant une hyperthermie chronique dès la naissance [7, 14]. La contamination transplacentaire semble donc possible.

PRÉVENTION

La prévention des cas cliniques peut se gérer soit par une réduction de la contamination, soit à partir de l’immunité propre des animaux.

1. Lutte contre les tiques

La réduction de la contamination passe par la lutte contre le vecteur. L’entretien des pâtures reste la seule option pour les vaches laitières. Actuellement, les acaricides ont tous des délais d’attente lait. Cette option n’est donc pas économiquement envisageable pour l’éleveur laitier. Elle reste cependant possible en élevage allaitant ou chez les vaches taries pour lesquelles le risque d’avortement est sérieux [6, 9].

L’entretien des pâtures vise à supprimer les gîtes à tiques par la taille des haies et autres broussailles (photo 4). En revanche, l’augmentation de la taille des exploitations laisse moins de temps aux éleveurs pour ce travail. Une solution alternative consiste à réserver ces terrains pour la fauche (ensilage ou foin).

2. La prémunition comme moyen de prévention ?

Les animaux qui ont déjà été exposés sont protégés d’un second épisode [6, 9, 14]. Ainsi, les plus sensibles sont les bovins nouvellement introduits, ou tout le troupeau exposé, lors de l’achat d’animaux (au printemps) ou de pâtures infectées mises dans le circuit de rotation. L’immunité cellulaire, avec un phénomène de prémunition, est probablement impliquée car l’immunité humorale semble de courte durée chez les animaux infectés (persistance des anticorps de l’ordre de 6 à 10 mois). De plus, l’existence de variants antigéniques rend l’efficacité des anticorps développés aléatoire [5, 9].

La prémunition est définie comme « un état immunitaire dû à l’existence d’une infection latente pendant laquelle aucune réinfection ne peut se produire par le même agent ». Cet état cesse quand l’infection latente disparaît [12].

La prémunition n’est pas une immunité stérilisante. Une infection chronique persiste, en général en dessous du seuil de pathogénicité. Si une surinfection se produit, elle ne provoque pas de signes cliniques. L’immunité de prémunition n’apparaît que dans les zones de forte endémicité. Elle s’acquiert lentement et nécessite des réinfections régulières pour se maintenir.

Elle est assez efficace et serait envisageable contre l’EGB chez les bovins pour différentes raisons :

- les très jeunes sont peu sensibles à la maladie. Il semble que la sensibilité augmente avec l’âge et le niveau de production. Les cas cliniques d’animaux âgés de moins de 2 ans sont plus rarement rapportés s’ils sont élevés dans de bonnes conditions (alimentation, gestion du parasitisme, etc.) ;

- l’immunité ainsi acquise est de bonne qualité, alors que les animaux sont à moindre risque. En effet, l’EGB est généralement peu grave en elle-même. C’est l’immuno­dépression qui l’accompagne qui est susceptible de mener à une forme clinique grave, voire mortelle ;

- enfin, la plupart des éleveurs connaissent leurs prés à risque, et sont donc susceptibles de maîtriser les infections et la population qui y est soumise.

Cependant, la prémunition ne serait que de courte durée (quelques mois) vis-à-vis de l’EGB, contrairement à la babésiose, pour laquelle elle perdure plus de 2 ans [10]. Et si le variant est plus pathogène et très différent sur le plan antigénique, il est possible de voir apparaître des signes cliniques. En tout état de cause, cette immunité de prémunition ne peut concerner que des animaux jeunes (moindre risque) ou surveillés [9, 16].

Conclusion

L’EGB, qui fait beaucoup parler d’elle dans nos campagnes depuis 1999(1), bénéficie actuellement d’outils diagnostiques fiables s’ils sont utilisés à bon escient. Par son action immunosuppressive, elle favorise le développement d’autres maladies qui peuvent masquer la cause primaire des troubles. L’assainissement d’une exploitation est illusoire en raison de la diversité des hôtes (micromammifères réservoirs, espèces cibles nombreuses) et de l’abondance des tiques vectrices infectées [9]. Classiquement, la réduction de l’incidence clinique passe par l’amélioration des conditions d’élevage. Cependant, de nombreuses zones d’ombre subsistent, qui sont à lever pour maîtriser cette affection.

Références

  • 1. Arcangioli MA, Gérôme P. Le frottis sanguin chez les ruminants ; réalisation et intérêt. Bull. GTV. 2008;43:105-108.
  • 2. Barakova I, Carpi G, Rosso F et coll. Genetic and ecologie variability among Anaplasma phagocytophilum strains in Northern Italy. Emerg. Infect. Dis. 2014:2(6):182-185.
  • 3. Bown KJ, Lambin X, Ogden NH et coll. Delineating Anaplasma phagocytophilum ecotypes in coexisting, discrete enzootic cycles. Emerg. Infect. Dis. 2009;15(12):1948-1954.
  • 4. Carlone M. Étude épidémiologique de l’ehrlichiose granulocytique bovine dans une clientèle des monts du Lyonnais. Thèse de médecine vétérinaire, Lyon. 2005:120p.
  • 5. Chastagner A. Three clusters of Anaplasma phagocytophilum genotypes from clinical cases of French cattle revealed by multi-locus sequence analysis. 8th International TTP and 12th Biennial STVM conference. Cape Town, South Africa. 2014.
  • 6. Guyot H, Ramery E, O’Grady L et coll. Emergence of bovine ehrlichiosis in Belgian cattle herds. Tick-Borne Dis. 2011;2:116-118.
  • 7. Henniger T, Henniger P, Grossmann T et coll. Congenital infection with Anaplasma phagocytophilum in a calf in Northern Germany. Acta Vet. Scand. 2013;55:38. doi:10.1186/1751-0147-55-38 .
  • 8. Joncour G, Argenté G, Guillou L. Un épisode d’ehrlichiose dans un troupeau laitier. Bull. GTV. 2000;5:309-314.
  • 9. Joncour G. L’ehrlichiose granulocytaire ovine en France. Bull. Acad. Vét. France. 2008;161(2):131-138.
  • 10. Joyner LP, Davies SF. Acquired resistance to Babesia divergens in experimental calves. J. Protozool. 1967;14(2):260-262.
  • 11. Laloy E, Petit E, Boulouis HJ et coll. Dynamics of natural infection by Anaplasma phagocytophilum in a dairy cattle herd in Brittany, France. Clin. Microb. Infect. 2009;15(suppl.2):24-25.
  • 12. Meyer C. Dictionnaire des sciences animales. Éd. sc. Montpellier, France. 2013. Cirad, 24/08/2013. http://dico-sciences-animales.cirad.fr/
  • 13. Nieder M, Silaghi C, Hamel D et coll. Tick-borne fever caused by Anaplasma phagocytophilum in Germany: First laboratory confirmed case in a dairy cattle herd. Tierärztl. Prax. Großtiere. 2012;2:101-106.
  • 14. Pusterla N, Braun U. Clinical findings in cows after experimental infection with Ehrlichia phagocytophila. Zbl. Vet. Med. A. 1997;44(7):385-390.
  • 15. Pusterla N, Pusterla JB, Braun U et coll. Serological, haematologic and PCR studies of cattle in an area of Switzerland in which tick-borne fever (caused by Ehrlichia phagocytophila) is endemic. Clin. Diagn. Lab. Immunol. 1998;5(3):325-327.
  • 16. Stuen S, Dahl H, Bergström K et coll. Unidirectional suppression of Anaplasma phagosytophilum genotypes in infected lambs. Clin. Diagn. Lab. Immunol. 2005;12(12):1448-1450.
  • 17. Stuen S, Granquist EG, Silaghi C. Anaplasma phagocytophilum--a widespread multi-host pathogen with highly adaptive strategies. Front Cell Infect. Microbiol. 2013;3:31.
  • 18. Stuen S, Grøva L, Granquist EG et coll. A comparative study of clinical manifestations, haematological and serological responses after experimental infection with Anaplasma phagocytophilum in two Norwegian sheep breeds. Acta Vet. Scand. 2011;53:8.
  • 19. Thomas RJ, Radford AD, Birtles RJ et coll. Expression of p44 variant-specific antibodies in sheep persistently infected by Anaplasma phagocytophilum. Vet Microbiol. 2013;167:484-493.
  • 20. Woldehiwet Z. Anaplasma phagocytophilum in ruminants in Europe. Ann. N. Y. Acad. Sci. 2006;1078:446-460.
  • 21. Woldehiwet Z. Immune evasion and immunosuppression by Anaplasma phagocytophilum, the causative agent of tick-borne fever of ruminants and human granulocytic anaplasmosis. Vet. J. 2008;175:37-44.

Conflit d’intérêts

Aucun.

Points forts

→ La bactérie Anaplasma phagocytophylum est transmise principalement par Ixodes ricinus en France et se multiplie au sein des granulocytes.

→ La maladie est immunosuppressive et d’autres affections peuvent la masquer.

→ Lors du pic thermique initial, des morulas sont observées dans 10 à 15 % des neutrophiles. La PCR (polymerase chain reaction) est utilisable la première semaine et la sérologie peut permettre de déterminer l’épidémiologie dans le foyer.

→ Le débroussaillage limite les gîtes de vecteurs. L’immunité de prémunition est envisageable, mais elle est de courte durée.

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