Comment favoriser la fermeture de la gouttière œsophagienne ? - Le Point Vétérinaire expert rural n° 339 du 01/10/2013
Le Point Vétérinaire expert rural n° 339 du 01/10/2013

PHYSIOLOGIE DIGESTIVE DES RUMINANTS

Fiche

Auteur(s) : Aude Ferran*, Béatrice Bouquet**

Fonctions :
*Unité pédagogique physiologie-thérapeutique
UMR1331 Toxalim Inra
ENV de Toulouse 23, chemin des Capelles 31076
Toulouse Cedex 03
**Cabinet vétérinaire
8, rue des Déportés
80220 Gamaches

Le stress, une distension de la caillette ou encore l’administration à la sonde perturbent le mécanisme physiologique, d’où un risque de diarrhée par dys-fermentations ruminales.

La gouttière œsophagienne (GO) est formée par des replis de muqueuse qui relient le cardia (sphincter œsophagien inférieur) à l’orifice réticulo-omasal (entrée du cardia). La GO doit son nom à sa forme de gouttière ou de rigole. Chez le préruminant, elle peut, à la suite d’un stimulus, former un canal fermé sur toute sa circonférence (ressemblant alors à un “tuyau”) par rapprochement des replis de muqueuse (figure).

La fermeture reflexe de la GO permet le passage des aliments liquides directement de l’œsophage à la caillette en évitant le réticulo-rumen chez le préruminant. Cette fermeture évite au lait d’être fermenté par les micro-organismes du rumen et permet d’en préserver les qualités nutritionnelles. Des dysfonctionnements de la gouttière œsophagienne sont parfois associés à des troubles de la croissance ou à des déséquilibres microbiens pouvant entraîner une acidose. Dans une étude allemande chez presque 250 veaux atteints de diarrhée, l’entérite a été reliée à un dysfonctionnement de la gouttière œsophagienne dans 11,2 % des cas [1].

La fermeture de la GO est médiée par le nerf vague à la suite de l’activation de récepteurs bucco-pharyngés lors de la prise alimentaire ou de l’abreuvement [2].

Cette stimulation dépend du type d’aliments ou de boissons ingérés. Par exemple, le lait est beaucoup plus efficace que l’eau pour entraîner la fermeture de la GO [3]. Toute distension de la caillette perturbe le mécanisme de fermeture de la gouttière œsophagienne.

Chez les animaux en cours de sevrage, la gouttière se ferme lors des tétées, et non lorsque l’animal mange du foin (qui a besoin d’être fermenté dans le rumen).

La position de l’animal et son environnement influent, la tétée permettant un réflexe de fermeture de la GO plus performant que la buvée au seau (photo 1).

Lors d’administration d’aliments par sonde oro-œsophagienne, la GO ne se ferme pas (“contournement” des récepteurs bucco-pharyngés). Des auteurs américains ont recommandé, dès l’apparition de ces dispositifs sur le marché, de ne distribuer ainsi que des solutés non fermentescibles (sans glucose, ni protéines), c’est-à-dire composés d’eau et d’électrolytes [4].

Du fait de l’importance de la fermeture de la GO dans la digestion optimale du lait chez le préruminant, différentes techniques ont été proposées pour favoriser celle-ci en l’absence de tétée de lait. Le sulfate de cuivre (voire de zinc) et le bicarbonate de sodium sont administrés directement dans la cavité buccale du veau, pour stimuler les récepteurs bucco-pharyngés avant drenchage. Schipper et coll. recommandent l’administration de 10 ml d’eau salée à 0,5 ou 1 % sur la base d’une expérimentation avec une prise de clichés radiographiques incluant des produits de contraste [4].

Chez le bovin adulte, la structure anatomique de la GO persiste (c’est-à-dire les replis de muqueuse). Toutefois, le réflexe de fermeture disparaît presque totalement. Comme chez le jeune, différentes méthodes ont été proposées pour fermer la GO. Ce mécanisme pourrait être exploité lors d’administration orale de médicaments afin d’éviter la destruction des principes actifs par fermentation microbienne (photo 2). Une privation d’eau intense (avec déshydratation de l’animal) a été décrite, préalable à l’administration de médicaments. Des sels (sulfate de cuivre, voire de zinc, etc.) sont capables de stimuler les récepteurs bucco-pharyngés. Le bicarbonate de sodium est aussi cité et probablement le mieux connu des praticiens (solutions rapportées par Schipper avec des références datant des années 1970). Ces méthodes ne sont pas toujours efficaces selon les animaux et sont rarement utilisées.

Références

Conflit d’intérêts

Aucun.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter

Découvrez en avant-première chaque mois le sommaire du Point Vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné au Point Vétérinaire, retrouvez votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr