Molécules antiparasitaires chez les petits mammifères de compagnie - Le Point Vétérinaire n° 311 du 01/12/2010
Le Point Vétérinaire n° 311 du 01/12/2010

PARASITOLOGIE DES NAC

Dossier

Auteur(s) : Adeline Linsart

Fonctions : Centre hospitalier vétérinaire
275, route Impériale
74370 Saint-Martin-Bellevue

Par rapport aux carnivores domestiques, il convient d’adapter les doses et les fréquences d’administration des traitements antiparasitaires au taux métabolique élevé des petits mammifères.

Il y a encore une dizaine d’années, les traitements antiparasitaires reposaient sur l’utilisation de molécules aux marges thérapeutiques réduites (amitraze, lindane, perméthrine) avec des modes d’application ne facilitant ni l’observance du traitement par le propriétaire (contraintes et risques de réactions agressives par l’animal), ni l’innocuité (les bains et poudres augmentant le degré d’exposition à des antiparasitaires toxiques). Actuellement, l’arsenal thérapeutique s’est considérablement amélioré. Des molécules efficaces, fiables et bien tolérées sont disponibles dans des présentations faciles à utiliser (encadré 1, tableaux 1 et 2).

1 Benzimidazoles

Présentation

Les benzimidazoles appartiennent aux antiparasitaires à large spectre, et sont efficaces contre les nématodes, les cestodes, les trématodes et certains protozoaires. Ils agissent en inhibant la polymérisation de la tubuline en microtubules [20]. Cela empêche la multiplication cellulaire et entraîne rapidement la mort. Ce mécanisme serait à l’origine de l’activité du fenbendazole sur Giardia sp. et Encephalitozoon sp. À forte dose, les benzimidazoles inhibent également la fumarate réductase, ce qui aboutit à l’expulsion du parasite hors de son lieu de prédilection [20]. Le fenbendazole peut ainsi être actif sur les stades adultes, immatures et larvaires ou quiescents, mais aussi sur les œufs de différentes espèces parasitaires.

La toxicité aiguë des benzimidazolés est faible (DL50 > 10 g/kg [dose létale 50] chez la plupart des rongeurs et le lapin) [12, 27]. Des effets toxiques sont cependant décrits lors d’utilisation prolongée du fenbendazole ou d’administration d’albendazole à des femelles gestantes (effets tératogènes) [9, 20, 29, 31]. De manière générale, en raison de leur action sur les cellules en multiplication, les benzimidazoles ne doivent pas être utilisés chez les femelles gestantes et les animaux non sevrés [9, 20, 33]. Les troubles médullaires sont le plus souvent observés lors de traitements prolongés. L’obtention du consentement éclairé des propriétaires se révèle indispensable avant d’instaurer ce traitement. Une surveillance médicale stricte et la vérification régulière de l’hématocrite (dépistage précoce d’une anémie provoquée par l’administration de fenbendazole) sont nécessaires.

Fenbendazole

Le fenbendazole est le principal benzimidazolé employé chez les petits mammifères (tableau 3) [12, 29]. Sa résorption est facilitée par l’administration d’un repas riche en graisses [20]. Six à huit heures après administration orale, il est transformé en métabolites actifs par le foie [20, 33]. L’excrétion est majoritairement fécale et a lieu dans les 24 heures. En raison de leur mode d’action (reposant sur l’inhibition de la multiplication cellulaire et l’expulsion de cellules quiescentes) et de leur rapide élimination, l’administration des benzimidazolés doit impérativement se répéter sur 3 à 5 jours consécutifs, quelle que soit l’espèce [20]. Une administration unique de fenbendazole se révèle peu active et l’utilisation de doses plus élevées ne résulte pas en des concentrations plasmatiques plus efficaces [3, 17, 20].

Des cas d’intoxication sont décrits lors d’utilisation prolongée du fenbendazole (après 2 à 4 semaines en général) et découlent du mode d’action sur les cellules en multiplication [9]. Les cellules de la lignée hématopoïétique, de la muqueuse intestinale et de la peau sont touchées [20, 27]. Des atteintes hépatiques ont également été décrites après des études expérimentales chez le rat.

Le fenbendazole est actif contre :

– les nématodes (ascaris, ankylostomes, trichures, oxyures). L’élimination des oxyures du lapin (Passalurus ambiguus) peut exiger des traitements répétés à raison d’une dose de 20 mg/kg/j pendant 5 jours [24, 28]. Le fenbendazole possède une action ovicide, larvicide et adulticide sur les nématodes digestifs [3]. L’administration répétée de benzimidazolés doit être préférée aux lactones macrocycliques pour le traitement des oxyuroses récidivantes chez les rongeurs et le lapin [17, 20] ;

– les trématodes. La contamination du lapin est peu probable : elle implique l’ingestion de l’hôte intermédiaire (limnée) contenant le métacercaire (distribution de verdures non lavées ou accès à des zones contaminées) ;

– les cestodes de l’espèce Taenia spp. Certains benzimidazoles (mébendazole, albendazole, fenbendazole) pourraient avoir une action relative sur les formes larvaires (cysticercose du lapin). Le recours à un autre antiparasitaire cestodicide est nécessaire pour les furets contaminés par Dipylidium caninum ;

– Giardia spp.Le processus d’attachement du parasite à l’hôte repose sur la tubuline, dont le fenbendazole inhibe la polymérisation. L’utilisation d’une dose élevée (50 mg/kg/j pendant 5 jours) offre de bons résultats chez les rongeurs, lapins et furets (photo) ;

– Encephalitozoon cuniculi. À l’heure actuelle, le fenbendazole est recommandé à la dose de 20 mg/kg/j pendant 28 jours lorsqu’une encéphalitozoonose est suspectée chez un lapin (encadré 2) [11, 18, 29].

2 Lactones macrocycliques

Présentation

Les lactones macrocycliques employées chez les petits mammifères regroupent les avermectines (ivermectine et sélamectine) et les milbémycines (moxidectine). Ces molécules se fixent sur les récepteurs à glutamate des cellules nerveuses du parasite et provoquent une paralysie flasque. Les vers plats ne possèdent pas de récepteurs à glutamate et sont donc insensibles à cette famille d’antiparasitaires [16, 20]. Les lactones macrocycliques ne doivent pas être utilisés chez les femelles gestantes ou allaitantes et chez les animaux non sevrés.

Les lactones macrocycliques sont actives contre [1, 8, 14, 19, 21, 22, 23] :

– les nématodes (action adulticide et larvicide). L’absence d’action ovicide ne permet pas d’empêcher la réinfestation par l’environnement. Les œufs des oxyures des rongeurs sont particulièrement légers et résistants et sont dispersés sous forme d’aérosols dans l’environnement [6]. Ils causent ainsi une recontamination constante. Il convient d’utiliser des doses assez élevées et d’augmenter les fréquences d’administration pour obtenir un effet nématodicide intéressant et limiter les échecs thérapeutiques. Par exemple, la sélamectine en spot-on à la dose de 6 mg/kg n’élimine pas les oxyures chez le rat et la souris, il est nécessaire d’utiliser des doses d’au moins 12 à 18 mg/kg en application percutanée [14]. L’ivermectine par voie orale est plus active que par voie transcutanée et doit être utilisée à la dose de 0,4 mg/kg avec plusieurs administrations répétées à 1 ou 2 semaines d’intervalle [13, 27]. L’intervalle de temps entre deux applications est défini par la durée du cycle parasitaire ;

– les agents de gales et pseudo-gales. La faible rémanence de l’ivermectine impose de répéter fréquemment les traitements et peut expliquer certains échecs. Les voies d’administrations choisies influencent également l’efficacité du traitement. L’ivermectine se montre plus puissante à la dose de 0,4 mg/kg par voie percutanée que sous-cutanée lors du traitement des otacarioses du furet [25]. La sélamectine peut être employée chez les hamsters atteints de démodécie. La moxidectine pourrait également être proposée chez ces animaux atteints par Demodex criceti et D. aurati. Lors d’otite parasitaire, il n’est pas obligatoire de prescrire un topique auriculaire antiparasitaire (mauvaise observance et tolérance réduite en raison des molécules présentes dans les spécialités pharmaceutiques : anti-inflammatoires stéroïdiens), l’utilisation d’un spot-on fonctionne le plus souvent ;

– Dirofilaria immitis. Utilisées mensuellement, les lactones macrocycliques offrent des taux de protection de 95 % pour l’ivermectine à 99,5 % pour la sélamectine à la dose de 6 mg/kg en spot-on chez le furet [8] ;

– les puces des carnivores, des rongeurs et des lapins. La sélamectine et l’association imidaclopride/moxidectine sont efficaces [1, 8, 14, 19, 21, 22, 23].

Ivermectine

L’ivermectine peut être employée par voie orale, transcutanée ou sous-cutanée (tableau 4). La biodisponibilité est plus importante après administration parentérale. Par voie orale, une résorption rapide est observée, puis le pic plasmatique intervient après 4 à 10 heures. Malgré une distribution large, ce mode d’administration ne permet pas d’atteindre des concentrations actives contre les parasites cutanés. Elle offre cependant une efficacité notable sur les endoparasites digestifs : 94 à 99 % des nématodes adultes et environ 90 % de stades immatures sont détruits [16, 20]. L’élimination s’effectue en 36 à 48 heures. Des traitements répétés de l’animal et de son environnement sont cependant nécessaires en raison de l’absence d’action ovicide et de la faible rémanence de la molécule dans l’organisme [27]. L’ivermectine semble bien tolérée chez les petits mammifères car les récepteurs au glutamate ne sont présents que dans le système nerveux central. Toutefois, le surdosage (animal de petite taille) ou une perméabilité inhabituelle de la barrière hémato-méningée (animal jeune ou lignée de souris avec mutations génétiques mdr1a) occasionne des signes nerveux : prostration, tremblements, ataxie, coma [16, 27]. Hormis l’effet toxique propre de l’ivermectine, l’excipient de certaines présentations pharmaceutiques (propylène glycol) peut être à l’origine d’effets indésirables dans les plus petites espèces. Il convient de réserver l’emploi de l’ivermectine à des animaux pesant plus de 500 g afin de ne pas surdoser le produit. La préparation d’une solution d’ivermectine diluée dans du propylène glycol et de l’eau (50/50) permet de traiter les plus petites espèces tout en conservant les propriétés pharmacocinétiques de la spécialité pharmaceutique [27]. Autre possibilité, la dilution extemporanée dans un soluté aqueux, qui ne semble pas nuire à l’efficacité du produit [13].

Sélamectine

La sélamectine est bien tolérée, même chez les animaux réputés sensibles (colleys et lignée de souris avec mutations génétiques mdr1a) [14, 16]. Elle s’accumule dans les glandes sébacées depuis lesquelles elle est relarguée progressivement [20]. Elle bénéficie également d’une distribution systémique lui conférant une activité sur les nématodes digestifs [16]. La sélamectine agit sur Ctenocephalides sp. alors que les autres lactones macrocycliques se montrent inactives [20]. La sélamectine n’a pas d’action ovicide, la réalisation de traitements répétés s’impose donc malgré une rémanence satisfaisante (maintien de concentrations efficaces au niveau cutané pendant 1 à 2 semaines environ) [14].

Association imidaclopride/moxidectine

Après application cutanée, la moxidectine, molécule très liposoluble, est distribuée par voie systémique puis éliminée très lentement du secteur vasculaire (1 mois environ) alors que l’imidaclopride se répartit dans les couches superficielles de l’épiderme et ne persiste que quelques semaines. L’autorisation de mise sur le marché britannique de l’Advantage® (imidaclopride) chez le lapin n’indique d’ailleurs qu’une durée de protection d’une semaine après traitement contre les réinfestations par les puces.

En pratique, une application toutes les 2 à 3 semaines est recommandée contre les puces (Advocate® ou Advantage®) chez les rongeurs, les lapins et les furets. L’intervalle entre deux traitements peut être réduit lors de forte infestation.

Contre les acariens et nématodes, un traitement mensuel à bimensuel est suffisant avec Advocate® [1, 22]. Cette association d’antiparasitaires possède une autorisation de mise sur le marché pour les pulicoses et la dirofilariose chez le furet.

Les effets secondaires sont rares. L’imidaclopride franchit peu la barrière hémato-méningée et a une très forte affinité pour le système nerveux central des insectes. La moxidectine ne présente qu’une faible toxicité.

L’excipient (butylhydroxytoluène) conduit aux principaux effets indésirables mentionnés : réactions locales au site d’administration, troubles comportementaux et troubles digestifs [5, 20].

3 Nitro-imidazoles

Les nitro-imidazoles sont des antibiotiques bactéricides doués d’une action antiparasitaire contre, notamment, Trichomonas, Histomonas, Balantidium et Giardia (tableau 5). Le métronidazole possèderait également un pouvoir inhibiteur sur l’immunité à médiation cellulaire qui peut expliquer les effets bénéfiques observés dans certains cas de diarrhées chroniques [20].

Cet antibiotique présente cependant une toxicité hépatique chez le chinchilla [15, 20]. Son surdosage peut induire l’apparition de signes nerveux (centraux vestibulaires et cérebelleux). Son emploi est contre-indiqué chez les femelles reproductrices et les lapins de chair.

Le métronidazole ne doit pas être administré via l’eau de boisson. Sa saveur amère limite la consommation d’eau et son instabilité à la lumière le rend inefficace [27].

4 Sulfonamides

Les sulfonamides sont des antibiotiques bactériostatiques liposolubles dotés d’une activité contre les coccidies (tableau 6). Ils disposent d’une résorption orale rapide et complète [20]. Ils sont principalement éliminés par voie rénale, et ce plus rapidement dans les urines alcalines du lapin et des rongeurs herbivores (cobayes, chinchillas et octodons). L’administration biquotidienne est indispensable chez tous les petits mammifères de compagnie. Elle peut être effectuée via l’eau de boisson. Facile à mettre en œuvre, ce mode d’administration offre cependant une observance et une efficacité limitées (instabilité à la lumière des sulfonamides). De plus, la saveur particulièrement amère des sulfonamides restreint la prise de boisson et peut exacerber la néphrotoxicité potentielle. L’utilisation sans dilution préalable des spécialités destinées aux volailles ou lapins d’élevage est déconseillée. Elle peut déboucher sur de graves troubles digestifs et à des cas de mortalité en raison du pH irritant des solutions destinées à une dilution dans l’eau de boisson.

La prescription de formes pédiatriques humaines aromatisées constitue une alternative intéressante. La faible concentration en principe actif permet une utilisation directe sans dilution et facilite l’administration orale chez la plupart des petits mammifères (excepté le furet qui peut présenter une hypersalivation et des manifestations de nausée). La sulfadiméthoxine est tolérée chez les animaux en période de reproduction. Son action serait plus efficace lors de coccidiose hépatique et intestinale que celle des autres sulfonamides ou de l’association sulfamide-triméthoprime [27].

5 Toltrazuril

Le toltrazuril est un dérivé des triazinones, actif contre tous les stades de développement intracellulaire des coccidies du genre Isospora et Eimeria (tableau 7) [7, 20, 32]. Il provoque des changements de la structure intracellulaire et diminue les capacités respiratoires du parasite [32]. Après administration orale, le toltrazuril est lentement résorbé et les concentrations plasmatiques maximales sont obtenues en 8 à 24 heures chez le rat [20, 32]. Son élimination dans les selles est lente et majoritairement sous forme inchangée. Des traitements prolongés peuvent susciter des troubles hématologiques et hépatiques. Aussi, une administration sur 2 jours consécutifs seulement, répétée 5 jours plus tard, est conseillée [10]. Les pratiques de coprophagie et cæcotrophie induisent une réexposition de l’animal à la molécule, qui doit être prise en compte lors de la survenue d’effets indésirables chez les lapins et rongeurs [32].

Le toltrazuril est contre-indiqué chez les animaux en période de reproduction. Expérimentalement, il possède des effets tératogènes et embryotoxiques chez le rat. Il augmente également la fréquence des avortements chez le lapin [32].

6 Association praziquantel/emodepside

Le praziquantel est un antiparasitaire cestodicide qui agit en bloquant les fonctions neuromusculaires des différents stades parasitaires [20, 27]. Il existe des spécialités à administrer par voies injectable, orale ou transcutanée. Le choix de la spécialité injectable cause le plus grand nombre d’effets secondaires, avec fréquemment une douleur transitoire au point d’injection [20].

L’emodepside est un nouvel antiparasitaire commercialisé sous la forme d’un spot-on d’antiparasitaire interne destiné au chat [20, 24].

L’association praziquantel et émodepside se montre active contre :

– les cestodes. Le praziquantel est actif contre Taenia spp., Dipylidium caninum, Echinococcus spp. [20, 24]. Son utilisation a été suggérée pour la cysticercose du lapin (résultats variables). Il est également indiqué pour l’infestation du furet par D. caninum ;

– les nématodes. L’emodepside agit sur les stades larvaires et adultes de Toxocara cati, Toxascaris leonina et Ancylostoma tubaeforme [20]. Une étude a également montré son efficacité sur Trichostrongylus colubriformis [24]. Son action sur les oxyures des rongeurs et des lapins n’est pas démontrée.

Après application cutanée de la spécialité Profender®, la résorption et la distribution systémiques des deux molécules sont rapides et les concentrations plasmatiques maximales sont obtenues en 2 jours. Les molécules sont éliminées en une semaine environ. L’emodepside est évacué majoritairement par voie fécale alors que le praziquantel subit des biotransformations hépatiques puis est rejeté par voie urinaire.

Cette association d’antiparasitaires est actuellement très peu prescrite chez les petits mammifères, bien que son emploi semble particulièrement intéressant chez les animaux qui vivent en contact étroit avec des carnivores domestiques. Elle pourrait se révéler utile pour le traitement de nombreuses parasitoses internes spécifiques chez les rongeurs et le lapin [24, 30]. En revanche, il n’existe pas de données sur l’emploi de l’emodepside chez le furet.

7 Pipérazine

La pipérazine est nématodifuge. En raison de son mode d’action, elle présente une faible efficacité. L’utilisation d’un véritable nématodicide doit donc suivre l’administration de pipérazine. Cette molécule est réservée exclusivement aux infestations massives afin d’éviter une réaction liée à la lyse parasitaire.

Des troubles nerveux doses-dépendants sont possibles : fatigue musculaire, hyperesthésie, ataxie, etc. [20]. Un traitement symptomatique permet la résolution des signes cliniques. L’emploi de la pipérazine est déconseillé lors de troubles rénaux et hépatiques et en cas d’hypomotilité digestive [27].

Les spécialités pharmaceutiques les moins concentrées (Ascapipérazine®, Océverm®, Opovermifuge P® ou Plurivers® sirop) présentent un intérêt chez les animaux de petite taille (< 50 g) car utilisables sans dilution préalable (source d’erreurs).

8 Autres antiparasitaires

Fipronil

La toxicité du fipronil (Frontline®, Effipro®) chez le lapin est désormais bien connue [4, 27]. Après l’application, le lapin développe rapidement des signes digestifs et nerveux aboutissant parfois à la mort [4, 27].

Le spectre étroit du fipronil le rend peu exploitable chez les petits mammifères. Il est préférable d’éviter son utilisation chez les rongeurs, espèces dans lesquelles un surdosage et un accident toxique peuvent survenir rapidement. Chez le furet, le fipronil est un excellent traitement contre les tiques, il traite aussi l’animal contre les puces et la gale d’oreilles (par l’application d’une goutte de fipronil sur un coton-tige ensuite passé sur l’oreille). Une pesée précise de l’animal s’impose pour calculer la dose à administrer (6,7 mg/kg en application percutanée).

Autres molécules

Les organochlorés, organophosphorés, carbamates et amitraze sont commercialisés dans des spécialités inadaptées aux petits mammifères. La réalisation d’un traitement antiparasitaire sous la forme d’un bain ou l’application d’une poudre est malaisée pour le propriétaire (une mauvaise observance conduit à un échec du traitement), stressante pour l’animal et conduit à des expositions orales (par léchage) et cutanées importantes alors même que les produits détiennent des marges thérapeutiques très faibles [27]. De plus, les durées d’actions courtes impliquent de répéter deux fois par semaine ces traitements fastidieux.

Conclusion

Les traitements antiparasitaires participent à une meilleure prise en charge médicale des petits mammifères. Les traitements systématiques en aveugle tendent à être évités lorsque le propriétaire autorise la recherche et l’identification des parasites (coût financier). Cela permet l’utilisation de molécules à des doses et des fréquences adaptées à l’espèce et à la maladie parasitaire diagnostiquée. L’arsenal thérapeutique du praticien s’est considérablement amélioré en quelques années et les traitements antiparasitaires participent désormais à une meilleure prise en charge médicale des petits mammifères. Des molécules fiables et bien tolérées sont disponibles dans des présentations pratiques qui facilitent l’observance du traitement et améliorent son efficacité. Les traitements préventifs peuvent être instaurés en fonction des risques épidémiologiques identifiés. Chez les animaux symptomatiques, la recherche et l’identification des parasites, lorsque le propriétaire l’autorise (coût financier), permet l’utilisation de molécules à des doses et à des fréquences adaptées à l’espèce et à la maladie parasitaire diagnostiquée.

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ENCADRÉ 1
Bonnes pratiques des traitements antiparasitaires chez les petits mammifères

→ Interroger le propriétaire sur la provenance de l’animal, son âge, son alimentation (fourniture d’aliments frais) et son mode de vie (présence d’autres individus de la même espèce ou d’une autre espèce, accès à l’extérieur) afin de déterminer le risque parasitaire.

→ En présence de signes compatibles avec une parasitose, rechercher une contagiosité à l’homme ou aux autres animaux et établir un diagnostic précis afin d’instaurer le traitement le plus approprié (molécule, fréquence d’application, traitement nécessaire ou non de l’environnement et des autres animaux, risques zoonotiques).

→ De manière générale, recommander l’isolement de l’animal à son adoption et durant les périodes de traitements antiparasitaires curatifs.

→ Choisir une molécule adaptée au risque parasitaire et privilégier une forme galénique facile à utiliser pour le propriétaire.

→ Les spécialités antiparasitaires orales destinées aux animaux d’élevage (Alazol® ou Baycox® par exemple) peuvent se montrer très irritantes lorsqu’elles sont administrées sans respecter les dilutions recommandées (pH inapproprié pour une administration orale sous forme pure).

→ Peser l’animal avec précision (au gramme près) et calculer la dose d’antiparasitaire à appliquer.

→ Obtenir le consentement éclairé du propriétaire pour les traitements hors autorisation de mise sur le marché (AMM) et informer des potentielles réactions indésirables.

ENCADRÉ 2
Encéphalitozoonose chez le lapin

Encephalitozoon cuniculi provoque des lésions rénales, oculaires et nerveuses, chez le lapin de compagnie essentiellement. Le diagnostic repose sur la conjonction de signes cliniques évocateurs (syndrome vestibulaire, uvéite phacoclastique ou troubles rénaux), d’une séropositivité et de l’exclusion d’autres affections via des examens complémentaires appropriés (imagerie, bilan sanguin, analyse bactériologique et recherche PCR [polymerase chain reaction, réaction d’amplification par chaine]. Une cinétique d’anticorps est réalisable, cependant, une séroconversion ou l’augmentation des taux d’anticorps ne sont pas systématiquement observés. À ce jour, l’efficacité in vivo du fenbendazole n’est pas parfaitement démontrée. Son indication s’appuie sur l’étude expérimentale de Suter et coll., l’efficacité in vitro du fenbendazole contre E. cuniculi et l’emploi des benzimidazolés (albendazole) en médecine humaine dans la même indication. Les études de séroprévalence en France et à l’étranger témoignent que plus de la moitié des lapins ont été en contact avec ce protozoaire au cours de leurs vies. La séropositivité persiste plusieurs années après le contact avec le parasite et ne permet pas d’établir un diagnostic de certitude [11, 18].

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