Fonctionnement de la machine à traire : le contrôle dynamique - Le Point Vétérinaire expert rural n° 309 du 01/10/2010
Le Point Vétérinaire expert rural n° 309 du 01/10/2010

QUALITÉ DU LAIT

Conduite à tenir

Auteur(s) : Ellen Schmitt-Van de Leemput*, Philippe Savary**, Christian Laplace***, Nicolas Gaudout****, Freek de Meijer*****, Olivier Samson******, Laurent Martin*******, Marie Genest********, Benoît Callery*********

Fonctions :
*Clinique vétérinaire Haute-Mayenne
1, rue Pasteur Villaines-La-Juhel
et clinique vétérinaire de l’Europe
39, rue Jules Ferry 53100 Mayenne
**Clinique vétérinaire Haute-Mayenne
1, rue Pasteur Villaines-La-Juhel
et clinique vétérinaire de l’Europe
39, rue Jules Ferry 53100 Mayenne
***Clinique vétérinaire Haute-Mayenne
1, rue Pasteur Villaines-La-Juhel
et clinique vétérinaire de l’Europe
39, rue Jules Ferry 53100 Mayenne
****Clinique vétérinaire Haute-Mayenne
1, rue Pasteur Villaines-La-Juhel
et clinique vétérinaire de l’Europe
39, rue Jules Ferry 53100 Mayenne
*****Clinique vétérinaire Haute-Mayenne
1, rue Pasteur Villaines-La-Juhel
et clinique vétérinaire de l’Europe
39, rue Jules Ferry 53100 Mayenne
******Clinique vétérinaire Haute-Mayenne
1, rue Pasteur Villaines-La-Juhel
et clinique vétérinaire de l’Europe
39, rue Jules Ferry 53100 Mayenne
*******Clinique vétérinaire Haute-Mayenne
1, rue Pasteur Villaines-La-Juhel
et clinique vétérinaire de l’Europe
39, rue Jules Ferry 53100 Mayenne
********Clinique vétérinaire Haute-Mayenne
1, rue Pasteur Villaines-La-Juhel
et clinique vétérinaire de l’Europe
39, rue Jules Ferry 53100 Mayenne
*********Clinique vétérinaire Haute-Mayenne
1, rue Pasteur Villaines-La-Juhel
et clinique vétérinaire de l’Europe
39, rue Jules Ferry 53100 Mayenne

Cet examen complète un contrôle officiel (Optitraite®). Il peut être proposé, intégré à un audit complet.

Le praticien est de plus en plus reconnu pour ses compétences en matière de qualité du lait en exploitation. Dans le cadre de ces interventions, il essaie de mettre en évidence des facteurs de risque, qu’ils soient liés au logement des animaux, aux pratiques et à l’hygiène de la traite, à la gestion des traitements et des réformes, ou encore au fonctionnement de la machine à traire (figure 1). Ce dernier aspect n’est pas abordé en détail dans la formation de base du vétérinaire. Son influence sur la qualité du lait est toutefois tellement importante qu’il doit faire partie d’un audit vétérinaire de traite.

Pour aller au-delà du contrôle officiel Optitraite®, le praticien peut effectuer un « contrôle dynamique » (encadré 1) [4]. Il n’existe pas, à ce jour, de protocoles précis de ce dernier, ni de normes d’interprétation définies par un organisme officiel.

Le protocole standardisé décrit dans cet article a été développé pour l’ensemble des vétérinaires de notre clientèle à la clinique Haute-Mayenne. Il a été élaboré à partir du mode d’emploi de l’appareil utilisé, mais aussi des connaissances acquises à la faveur des formations proposées par Jean-François Labbé(1) (photo 1).

Les mesures sont interprétées sur la base des normes proposées par l’organisme américain National Mastitis Council (NMC), mais aussi de communications personnelles(2) [3]. L’interprétation finale des données est toujours accompagnée d’autres types d’observations collectées pendant la traite (dont les lésions de trayon)(3). L’objectif est d’aider les confrères désireux de se lancer dans ces nouvelles procédures diagnostiques, mais aussi d’ouvrir la discussion pour évoluer vers des protocoles de plus en plus performants.

ÉTAPE 1 PRÉPARATION AVANT LA TRAITE

Il est important d’arriver 15 minutes avant que la traite commence.

Les coordonnées du vétérinaire sont entrées dans le testeur de pulsation (Pulsator Tester V®, ou PTV) (en haut à droite de l’écran pour le menu principal, puis menu technicien), puis le nom de l’élevage (menu “ferme”).

Les pièces en T sont mises en place pour mesurer la pulsation sur les tuyaux courts à pulsation (figure 2).

Le niveau de vide de travail est mesuré et enregistré dans le menu principal en sélectionnant “indicateur vide”, puis capteur 1 ou 2. Pour cette mesure, un capteur est placé dans un tuyau long à lait, le plus près possible du lactoduc. Il convient d’attendre au moins 5 minutes après que la machine a été mise en route et que le niveau de vide est stabilisé avant de presser la touche “entrée vide de travail”. Avec les commandes “augmenter” ou “diminuer”, le niveau de vide mesuré est sélectionné. Il est conservé en mémoire avec la touche “garder”.

ÉTAPE 2 MESURES DYNAMIQUES PENDANT LA TRAITE

Les mesures sont effectuées alors que les vaches sont branchées à la machine, pendant que du lait coule dans le système.

Trois compartiments sont ici abordés séparément :

– le lait ;

– l’interaction entre le trayon et le manchon ;

– la pulsation.

Pour faciliter l’interprétation des données, il est conseillé de toujours faire les mesures dans le même ordre. En effet, le PTV ne permet pas d’enregistrer des commentaires sur les mesures effectuées ; il convient donc de fixer à l’avance l’ordre des enregistrements (correspondant à telle ou à telle position d’aiguille).

1. Compartiment lait

La présence du lait dans la canalisation influe sur le niveau de vide qui y règne. Si le lait coule normalement, sans obstruction ni bouchon, l’effet est minimal : le niveau de vide pendant la traite ressemble à celui qui est mesuré avant la traite (étape 1). Si le lait “bouchonne” (écoulement non linéaire avec des accumulations transitoires), les variations de vide et l’écart de vide dans le système par rapport au vide de travail seront plus importants.

Les mesures s’effectuent au pic d’éjection du lait par la vache, soit entre 1 et 2 minutes après la pose de la griffe. Le capteur 1 est placé près du lactoduc (référence de comparaison). Le capteur 2 est disposé :

– d’abord sous le trayon (tuyau court à lait, ou TCL) ;

– puis à la sortie de la griffe ;

– et, enfin, au milieu du tuyau long à lait (TLL).

Les trois mesures se font dans un ordre précis, en appuyant sur “suivant” (figure 3). En fin de procédure, les données sont consultées (“voir les données”), avant d’être “sauvegardées”.

Chaque série de mesures est entrecoupée d’un “retour au menu principal” et suivie d’une nouvelle demande de “mesure dynamique”, puis de “mesure d’étape”. Cela évite que le PTV n’enregistre les nouvelles données à la suite de la série précédente (figure 4).

Le nombre de mesures à effectuer n’est pas bien défini. Par expérience, pour une machine comportant jusqu’à seize postes, dix séries suffisent à identifier les anomalies.

2. Interaction entre le trayon et le manchon

Ces mesures informent sur l’agressivité de la traite “sous le trayon” et de son impact sur la base du trayon. Elles reflètent le confort de la traite. Elles sont également effectuées au pic d’éjection du lait. En raison de la variation importante de forme et de taille des trayons entre les vaches, de nombreuses mesures s’imposent pour bien étudier cet aspect (environ vingt). Pour compléter les dix mesures effectuées pendant les séries réalisées pour le compartiment lait, dix mesures supplémentaires de chaque suffisent. Pour cela, le capteur 1 est cette fois placé dans l’embouchure de manchon et le capteur 2 dans le tuyau court à lait, sous le trayon (figure 5).

3. Pulsation

Le réglage du pulsateur en relation avec le modèle de manchon conditionne le rapport de la traite et du massage pendant celle-ci. La pulsation peut se mesurer en mode “statique” ou “dynamique”. Nous avons opté pour le premier, pour pouvoir comparer nos résultats à ceux qui ont été obtenus lors du contrôle Optitraite® (photos 2a et photos 2b).

L’aiguille NOP 1 est enlevée de l’appareil et remplacée par le tuyau de la pièce en T, qui se branche directement sur la sortie du PTV avec la petite pièce en métal (figure 6).

Le capteur 2 (avec aiguille NOP) est laissé dans le TCL.

Il convient de sélectionner “mesure statique” dans le menu principal. Le nombre de mesures à effectuer dépend de celui de pulsateurs (au moins une par pulsateur).

ÉTAPE 3 APRÈS LA TRAITE : TEST DE CHUTE DU FAISCEAU

Le contrôle dynamique vise à mettre en évidence les anomalies de la machine à traire liées à la présence des vaches, à leurs trayons et au lait. Avant d’interpréter les données, doivent donc être excluses les variations anomales présentes avant que les vaches soient branchées. Cela a théoriquement été effectué pendant le contrôle Optitraite® préalable. Il ne s’agit pas de répéter cette procédure, mais de tester la stabilité de vide de la machine. Un test simplifié peut être réalisé, fondé sur une méthode décrite au Royaume-Uni et aux États-Unis, et baptisé “unit fall off test” (test de chute d’un élément) [1, 3].

Après la traite, un capteur est placé sur le TLL du poste de traite le plus proche de la chambre de réception (figure 7). Sur le PTV, les choix “mesures dynamiques”, puis “mesure étape” sont sélectionnés. Une seconde personne crée une entrée d’air croissante, c’est-à-dire gobelet par gobelet, sur un poste éloigné de celui où les mesures sont effectuées, jusqu’à ce que le niveau de vide chute de 2 kPa. Le résultat est le nombre de gobelets “ouverts” nécessaire pour faire chuter le niveau de vide de 2 kPa.

Dans un second volet de ce test simplifié, le régulateur est testé. Avec le même branchement que précédemment, la seconde personne ouvre autant de manchons que nécessaire pour faire baisser le niveau de vide à 2 kPa. Lorsque cette valeur est obtenue, toutes les entrées d’air sont clôturées. L’aide qui manipule le PTV peut appuyer sur le bouton “marque” pendant la fermeture pour matérialiser le moment où les manchons se ferment. Le résultat est le nombre de secondes nécessaires pour retrouver le niveau de vide de base. Si les observations pendant ce test sont “hors norme”, celles réalisées pendant la traite dynamique sont difficiles à interpréter.

ÉTAPE 4 ANALYSE ET INTER-PRÉTATION DES DONNÉES

1. Principe de l’interprétation

La machine à traire est complexe et composée de plusieurs éléments, toutefois organisés d’une façon logique. C’est pourquoi chaque mesure ne doit pas être interprétée séparément, mais en considérant l’ensemble du système(4). Avec le temps, le diagnostic technique du vétérinaire gagne en précision. Au début, il est nécessaire de se contenter d’identifier quelle partie de la machine est responsable du défaut de qualité du lait (compartiment lait, interaction manchon et trayon ? pulsation ?). Le travail de l’installateur s’en trouve grandement facilité.

Seule une étroite collaboration entre l’installateur et le vétérinaire peut aboutir à déterminer l’origine des anomalies de qualité du lait, même avec des années d’expérience.

2. Interprétation étape par étape

→ Dans un premier temps analytique, les mesures dynamiques sont interprétées pour le compartiment lait et l’interaction entre le manchon et le trayon (tableau).

→ Ensuite, la pulsation est évaluée, en deux temps. Il convient d’abord de vérifier que la fréquence et les phases sont dans la norme(4). Puis le praticien s’assure que les valeurs trouvées sont identiques à celles mesurées pendant le contrôle statique Optitraite®. Par exemple, certains pulsateurs se dérèglent. Les observations qui accompagnent les anomalies de pulsation renvoient à des troubles vasculaires dans les trayons (micro-hémorragies ou congestions).

→ Pour le test après la traite, le système doit supporter (donc présenter une “réserve de vide”) une entrée d’air sur 10 % des gobelets, sans changement de niveau de vide de plus de 2 kPa. Cela correspond à un poste (soit quatre manchons) ouvert pour dix présents dans la salle de traite. Pour la seconde partie du test (niveau de vide baissé à 2 kPa), le niveau de vide de travail d’origine doit être retrouvé en moins de 2 secondes après fermeture de l’entrée d’air, de façon “lisse”, et non pas en dents de scie. Si une anomalie est observée dans l’une ou l’autre des mesures du test “simplifié“ réalisé après la traite, les mesures du contrôle dynamique effectuées au préalable ne sont pas interprétables. L’installateur doit passer pratiquer un nouveau contrôle Optitraite®.

Conclusion

Ainsi, les mesures dynamiques offrent une évaluation plus en détail que ne le permet Optitraite®, les deux types de contrôle étant complémentaires.

Le rôle du vétérinaire est d’établir le diagnostic le plus précis possible (encadré 2). L’installateur prend le relais si des réglages ou des modifications s’imposent.

(1) Praticien à Broons (Côtes-d’Armor), intervenant dans le cadre des groupements techniques vétérinaires en partenariat avec Elanco.

(2) Jérôme Defachelles, praticien à Ardres (Pas-de-Calais), et Jean-François Labbé, déjà cité.

(3) Voir la fiche “Exemple de fiche d’enregistrement d’un contrôle de traite dynamique” des mêmes auteurs, dans ce numéro.

(4) Voir la fiche “Exemple de fiche d’enregistrement d’un contrôle de traite dynamique” des mêmes auteurs, dans ce numéro.

  • 1. Blowey R, Edmonson P. Mastitis control in dairy herds. Old Pond Publishing Ltd. 1995 ; 208p.
  • 2. Exendis. Reportgenerator version 3.2. Mode d’emploi du PT V : 42p. Disponible en ligne à l’adresse http://www.pulsatortester.com/PTV_en-20050426.pdf
  • 3. National Mastitis Council. Procedure for evaluating vacuum levels and air flow in milking systems. 2e ed. Ed. NMC Verona (États-Unis). 2004;15p.
  • 4. Remy D et coll. Les mammites. Ed. France agricole, Paris. 2010;256p.
  • 5. Sauvée O. Optitraite® : la méthode de contrôle pour les installations de traite mécanique. 3e éd. Institut de l’élevage, Paris. 2005;64p.

ENCADRÉ 1 Principe du contrôle dynamique : étudier des variations de vide

→ Le contrôle dynamique d’une installation de traite se déroule pendant celle-ci. Il s’agit d’évaluer la capacité de la machine à traire de façon correcte et performante les vaches d’une exploitation, c’est-à-dire rapidement et complètement, mais aussi sans traumatisme ni douleur ni agression. Il complète le contrôle de la machine à traire dit “statique”, baptisé Optitraite® en France, lequel se déroule en dehors de la traite, et les notations des trayons réalisées à la dépose des griffes [5].

→ L’appareil utilisé pour un contrôle dynamique s’appelle un testeur de pulsation (Pulsator Tester V®, ou PTV). Comportant deux capteurs ou davantage, il permet de mesurer un niveau de vide en un site et sur une période donnés, mais aussi d’enregistrer des variations de vide.

ENCADRÉ 2 Mise en place en clientèle : chacun son rôle

→ Le rôle du vétérinaire lors du contrôle de traite dynamique relève du diagnostic. cela fait appel à notre capacité de concentration, en raison de l’abondance des données collectées au cours de la traite étudiée. une bonne appréhension de l’organisation des données est également nécessaire (rangement).

→ L’erreur consisterait à procéder à l’interprétation au fur et à mesure de la collecte des données. en faire une étape distincte s’impose. la phase d’analyse permet aussi de consulter un confrère plus expérimenté, avant de formuler des conclusions. seule une bonne appréciation des données peut aboutir à un diagnostic performant.

→ Initialement assez ouverts (une liste de causes possibles est proposée), les diagnostics de traite dynamique deviennent plus précis avec le temps.

→ L’installateur connaît son matériel. il est donc le mieux placé pour proposer des solutions adaptées au diagnostic technique, mais, sans diagnostic, une gestion adéquate n’est pas facile à proposer.

Étapes essentielles

ÉTAPE 1 Préparation avant la traite

• Saisie des données de l’élevage

• mise en place des pièces en t et mesure du niveau de vide de travail

ÉTAPE 2 Mesures dynamiques pendant la traite

Procéder compartiment par compartiment : lait, inter-action entre le trayon et le manchon, et pulsation. Réaliser plusieurs mesures par compartiment

ÉTAPE 3 Après la traite : test de chute du faisceau

ÉTAPE 4 Analyse et interprétation des données

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