Fièvre Q : réel risque pour la femme enceinte ? - Le Point Vétérinaire n° 304 du 01/04/2010
Le Point Vétérinaire n° 304 du 01/04/2010

ZOONOSES DES RUMINANTS

Infos

QUESTION DE LECTEUR

Auteur(s) : Hervé Tissot-Dupont*, Didier Raoult**

Fonctions :
*Unité des rickettsies
Centre national de référence
Faculté de médecine
27, bd Jean-Moulin, 13385 Marseille Cedex 5
herve.tissot-dupont@ird.fr

Une sérologie mensuelle est préconisée pendant la grossesse pour les praticiennes et les auxiliaires “négatives”.

Chez les sujets exposés (éleveurs, vétérinaires), la séroprévalence de la fièvre Q peut dépasser 50 %, alors que, dans la population générale, l’incidence est estimée à 0,5 pour 1 000 par an. La caractéristique principale de la maladie est son polymorphisme clinique. Dans les cas aigus, les présentations les plus fréquentes sont un syndrome pseudo-grippal qui se résout spontanément, une hépatite, une pneumonie, plus rarement une méningo-encéphalite, une éruption fébrile, une myocardite ou une péricardite. L’endocardite est la manifestation habituelle des formes chroniques, mais des ostéomyélites, des infections d’anévrismes ou de prothèses vasculaires peuvent être observées. Le passage à la chronicité concerne les individus valvulopathes, immunodéprimés, et les femmes enceintes, lorsque l’épisode a lieu pendant la grossesse.

Lorsqu’elle survient chez une femme enceinte, la fièvre Q aiguë est très rarement symptomatique (10 % contre 75 % en dehors de la grossesse). Le mode de révélation est le plus souvent un avortement, un accouchement prématuré ou une hypotrophie fœtale. En période post-partum, la maladie peut devenir chronique et provoquer des avortements à répétition. Un traitement antibiotique par cotrimoxazole pendant toute la grossesse, sous surveillance stricte, permet de la mener à terme. Les formes chroniques relèvent d’un traitement éradicateur par d’autres antibiotiques dans l’intervalle entre deux grossesses. Dans des études menées dans le sud de la France, la fièvre Q chez les femmes enceintes était un réel problème de santé publique, avec 1 cas pour 540 grossesses, alors que l’incidence de la toxoplasmose est de 1 à 4 pour 1 000 et celle de la rubéole de 2 pour 100 000.

Le réservoir majeur de cette zoonose cosmopolite, due à Coxiella burnetii, une bactérie strictement intracellulaire, est le bétail, particulièrement les ovins et les caprins, qui disséminent la bactérie dans les urines, les fèces, le lait et les produits de mise bas. Tout mammifère sauvage ou domestique (chat, lapin, chien) peut également être porteur et est souvent à l’origine d’épidémies intrafamiliales.

L’infection s’effectue principalement par inhalation d’aérosols contaminés, lors de la manipulation de produits de stabulation ou de la mise bas, mais aussi par des poussières transportées à distance par le vent. La quantité de bactéries nécessaires pour contaminer un être humain est extrêmement faible. L’infection peut également être due à la consommation de produits laitiers non pasteurisés. Aucune contamination interhumaine n’est rapportée. Le diagnostic est sérologique (immunofluorescence indirecte), et il est possible de distinguer les formes aiguës et chroniques, ainsi que les cicatrices sérologiques. La biologie moléculaire permet également un diagnostic précoce, avant l’apparition des anticorps.

Dans ces conditions, pour la population générale, les recommandations du Centre national de référence sont de dépister la fièvre Q uniquement en cas d’évolution anormale de la grossesse ou d’épisode fébrile inexpliqué. En revanche, pour les femmes enceintes exposées (vétérinaires rurales, auxiliaires, éleveuses) ou lors d’épidémie, une sérologie systématique en début de grossesse est requise. Celles dont la sérologie est négative doivent être suivies régulièrement, avec une sérologie mensuelle, et leurs contacts avec les animaux sont limités. En particulier, il convient qu’elles évitent de participer aux mises bas et de manipuler des placentas.

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