Un ceftiofur “one shot” sans retrait de lait après injection - Le Point Vétérinaire n° 302 du 01/01/2010
Le Point Vétérinaire n° 302 du 01/01/2010

Antibiothérapie bovine

Infos

FOCUS

Auteur(s) : Éric Vandaële

Fonctions : Le Fougerais 44850
Saint-Mars-du-désert

Avec Naxcel® Bovins, le ceftiofur peut désormais s’employer en une seule injection sous-cutanée à la base de l’oreille, avec un délai d’attente toujours nul.

Pfizer commercialise une nouvelle forme (cristalline) du ceftiofur, Naxcel® Bovins, qui permet un traitement efficace en une seule injection sans retrait de lait pour cause d’inhibiteurs. Une administration unique de 20 ml de la suspension injectable pour un animal de 600 kg (6,6 mg/kg) est efficace 7 jours chez les vaches laitières comme chez les autres bovins. Et, surtout, le temps d’attente lait est de 0 jour. Cela signifie qu’il n’est pas nécessaire de retirer le lait de la consommation humaine après administration de l’antibiotique. De plus, la suspension est injectée par voie sous-cutanée à la base de l’oreille, avec un volume maximal de 30 ml (soit 900 kg) par oreille. Cette administration particulière permet aussi que le temps d’attente viande soit relativement court : 9 jours seulement pour un antibiotique longue action “one shot” actif entre 7 et 9 jours. Cette spécialité est présentée en flacon de 100 ml permettant un traitement complet (par une seule injection) de 5 animaux de 600 kg.

N’existe-t-il pas un risque inhibiteur avec un délai d’attente nul ?

Non, car les teneurs résiduelles ne dépassent pas les limites maximales de résidus (LMR) qui prennent en compte le risque inhibiteur. Dans les études de déplétion des résidus dans le lait, les concentrations maximales de résidus sont atteintes entre la deuxième et la quatrième traite postinjection (24 à 48 heures) et ne dépassent pas 40 µg/ml (figure 1). Ces concentrations maximales sont 2 fois inférieures aux limites maximales de résidus européennes (100 µg/kg). La LMR européenne prend en compte le risque d’inhibition des fermentations laitières et les résultats des tests microbiologiques couramment utilisés pour le dépistage des inhibiteurs, comme Delvotest®. L’injection à la dose unique de 6,6 mg/kg, pourtant nettement plus élevée que celle de 1 mg/kg/j d’Excenel®, n’augmente pas le risque pour le consommateur ni pour l’industrie laitière.

N’est-il pas interdit de livrer le lait de vaches traitées avec des antibiotiques ?

Non. Le règlement européen du paquet hygiène (n° 853/2004) donne la définition suivante du lait cru pouvant être destiné ou transformé pour la consommation humaine : « Le lait cru doit provenir d’animaux en bon état de santé ne présentant aucun symptôme de maladie contagieuse transmissible à l’homme par le lait ou pouvant entraîner la contamination du lait et, en particulier, ne souffrant pas d’une infection de l’appareil génital accompagnée d’écoulement, d’entérite avec diarrhée accompagnée de fièvre ou d’une inflammation visible du pis. [Les animaux] ne présentent aucune blessure du pis pouvant altérer le lait. Dans le cas d’administration de médicaments, le délai d’attente prescrit doit être respecté. » Ce texte n’interdit donc pas de livrer le lait durant le traitement d’infection tel le panaris, l’indication actuelle de Naxcel® Bovins, si aucun risque de contamination microbiologique du lait n’est relevé.

Comment cet antibiotique peut-il être efficace en une seule injection ?

Céphalosporine à large spectre ou de troisième génération, le ceftiofur (avec son métabolite actif, le desfuroylceftiofur) est un antibiotique bactéricide temps-dépendant. Son efficacité est donc corrélée à la persistance de concentrations efficaces (supérieures ou égales à la concentration minimale inhibitrice [CMI]) au contact des agents infectieux isolés lors de panaris (Bacteroides spp., Fusobacterium spp., Porphyromonas spp. et Prevotella spp.). Ces CMI90 ne dépassent généralement pas le seuil de 0,2 µg/ml. Le ceftiofur est aussi actif vis-à-vis des bactéries isolées dans d’autres maladies bactériennes, notamment les pasteurelles (CMI90 ≤ 0,02 µg/ml). Son élimination se fait majoritairement par les reins (60 %) et non par la bile, ce qui limite son impact sur la flore commensale digestive. La longue durée d’action de cette formulation repose sur sa forme cristalline et ses liaisons avec l’excipient à base d’huiles végétales à l’origine d’une résorption lente. Grâce à la libération progressive de ceftiofur à partir du point d’injection, les concentrations plasmatiques et tissulaires se maintiennent au-dessus de la CMI90 (0,2 µg/ml) pendant au moins 7 jours (7 à 9 jours) (figure 2, tableau). Les concentrations tissulaires sont similaires aux taux plasmatiques et un peu plus élevées dans les tissus enflammés que dans les tissus sains. Le ceftiofur et son métabolite actif se concentrent donc davantage dans les tissus infectés et dans les compartiments où se multiplient les bactéries pathogènes

L’injection à la base de l’oreille est-elle vraiment nécessaire ?

Oui car c’est à partir de ce point d’injection sous-cutané, exclu de la consommation à l’abattoir, qu’ont été réalisées les études de déplétion des résidus. Cela explique le délai d’attente viande de 9 jours. Et Pfizer n’a pas évalué un délai d’attente prenant en compte les résidus au point d’injection. L’injection sous-cutanée à la dose de 1 ml/30 kg (et jusqu’à 30 ml, soit 900 kg par oreille) est pratiquée à la base postérieure de l’oreille où se trouve le tissu adipeux (photo). L’aiguille est implantée en suivant une ligne imaginaire qui va jusqu’à l’œil situé du côté opposé à l’oreille. La tolérance au point d’injection a été examinée à travers des études nécropsiques d’animaux après une administration de la dose maximale de 30 ml. À l’autopsie, une réaction œdémateuse est notée dès le lendemain de l’injection. Cet effet régresse rapidement en quelques jours. Aucune trace n’est visible après 23 jours.

Dans les études de terrain, les injections peuvent être effectuées au cornadis par une seule personne, sans difficulté ni contention inhabituelle.

Dans 97,4 % des cas, la contention habituelle par une seule personne est suffisante. Chez 99,1 % des vaches, aucun trouble postinjection n’est noté. Une douleur postinjection a été observée chez seulement 15,8 % des vaches traitées. Les traces d’injection à l’oreille disparaissent au maximum dans un délai de 2 mois. Dès 7 jours après l’injection, 50,9 % des vaches ne présentent plus aucune trace et une réaction légère est observée chez 38,6 % d’entre elles. La production laitière n’est pas diminuée par l’instauration du traitement.

Quelles sont les indications ?

Les essais de terrain ont été réalisés dans le traitement du panaris interdigité par une injection sous-cutanée unique (base de l’oreille) à la dose de 6,6 mg/kg (1 ml/30 kg). À l’avenir, Pfizer envisage aussi le développement clinique des autres indications d’Excenel® chez les bovins pour cette nouvelle spécialité : la métrite puerpérale post-partum et les infections respiratoires à pasteurelles.

EN SAVOIR PLUS

Voir, notamment, le dossier public d’évaluation sur le site de l’Agence européenne du médicament (EMA) : http://www.ema.europa.eu/vetdocs/vets/Epar/naxcel/naxcel.htm

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