Maladie valvulaire dégénérative mitrale et communication interatriale chez un chien

Un chien cavalier king charles mâle entier de 8 ans est référé pour une échocardiographie. Son état général se dégrade depuis 24 heures. Il est traité depuis an et demi, à l’aide d’un inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA), de pimobendane et de spironolactone pour une suspicion d’une maladie valvulaire dégénérative mitrale (MVDM). Durant la nuit, un épisode de détresse respiratoire marqué a été géré par l’administration d’un diurétique et d’une oxygénothérapie.

DIAGNOSTIC

L’examen clinique révèle un souffle systolique de grade 4/6 bilatéral avec une tachycardie à 160 battements par minute et une polypnée, sans anomalie à l’auscultation pulmonaire. Le reste de l’examen est normal.

L’examen échocardiographique en mode 2D montre un prolapsus et un épaississement marqué des feuillets mitraux, une dilatation atriale gauche prononcée, ainsi qu’une dilatation ventriculaire gauche en systole et en diastole. L’atrium droit est de taille normale. Le mode Doppler met en évidence un reflux mitral et tricuspide systoliques de cartographie 3. Les ondes E et A du flux mitral ont fusionné, et ce flux est de vélocité augmentée (1,7 m/s). Un reflux tricuspidien à 3,8 m/s révèle une hypertension pulmonaire (64 mmHg). Le reflux mitral est rapide (5,5 m/s). Enfin, une communication interatriale est mise en évidence, avec un orifice de 4,4 mm, et un flux principalement gauche-droit et systolique, turbulent, à 2,7 m/s (^{photos 1} à ³). Un diagnostic de MVDM avancée est établi, associé à une communication interatriale (CIA) acquise (vidéos complémentaires sur www. lepointveterinaire.fr).

DISCUSSION

Les CIA acquises sont une complication rare de MVDM [²]. Des déchirures de l’endocarde de localisation variable peuvent ainsi être retrouvées chez les chiens atteints, entraînant parfois une rupture atriale avec hémopéricarde [¹, ³].

Malgré l’absence d’échocardiographie antérieure, une CIA congénitale semble peu probable, car seul l’atrium gauche est dilaté. La CIA aurait entraîné une dilatation atriale droite.

L’origine de cette lésion n’est pas connue. La surpression dans l’oreillette gauche, associée à des dommages dus au jet de régurgitation mitral fragiliserait l’endocarde (“jet lesions”) [¹, ²]. La direction du flux de régurgitation pourrait influer sur la zone de rupture, la plupart des ruptures survenant dans la région latérale de l’atrium gauche [¹]. Les CIA acquises apparaissent dans la région de la fossa ovalis, comme dans le cas rapporté [¹, ²].

Cette communication est susceptible de modifier considérablement le fonctionnement cardiaque, le traitement et l’évolution de l’animal. L’exposition d’endocarde lésé et la stase sanguine atriale peuvent être à l’origine de la formation de thrombus dont les conséquences sont potentiellement désastreuses [³].

À l’inverse, la CIA peut offrir un avantage hémodynamique, la pression excessive de l’atrium gauche atteignant l’atrium droit. L’insuffisance cardiaque droite est plus facilement contrôlable et plus rarement à l’origine d’une mortalité aiguë que l’insuffisance gauche [²].

L’étude de Peddle et Buchanan décrit un chien encore en vie 425 jours après l’établissement du diagnostic [²].

Références

• 1. Lake-Bakaar GA, Mok MY, Kittleson MD. Fossa ovalis tear causing right to left shunting in a Cavalier King Charles Spaniel. J. Vet. Cardiol. 2012;14:541-545.
• 2. Peddle GD, Buchanan JW. Acquired atrial septal defects secondary to rupture of the atrial septum in dogs with degenerative mitral valve disease. J. Vet. Cardiol. 2010;12:129-134.
• 3. Sleeper MM, Maczuzak ME, Bender SJ. Myocardial infarct associated with a partial thickness left atrial tear in a dog with mitral insufficiency. J. Vet. Cardiol. 2015;17:229-236.