Lésions cutanées et aspergillose - Le Point Vétérinaire expert canin n° 376 du 01/06/2017
Le Point Vétérinaire expert canin n° 376 du 01/06/2017

MÉDECINE

Cas clinique

Auteur(s) : François Serres

Fonctions : Oncovet
Avenue Paul-Langevin
59650 Villeneuve-d’Ascq

Complications ou effets indésirables ? L’apparition de nouveaux symptômes pendant un traitement doit toujours être analysée à l’aune de ce dilemme.

Un chien berger de Beauce mâle âgé de 5 ans est présenté pour un bilan d’imagerie et un avis thérapeutique dans l’exploration de jetage et d’éternuements. Le jetage, initialement unilatéral droit, est plus abondant et bilatéral depuis 3 mois, sans atteinte de l’état général.

Actuellement, le jetage est important, essentiellement muco-purulent et associé à des épisodes ponctuels d’épistaxis.

DIAGNOSTIC

À l’examen clinique, l’état général de l’animal est correct, sans modification récente du poids. Une légère hypertrophie avec une induration du nœud lymphatique mandibulaire droit est mise en évidence. Aucune déformation majeure du chanfrein n’est visible, mais un jetage muco-purulent marqué à droite est noté.

Un examen tomodensitométrique des cavités nasales est réalisé. Il révèle une destruction des cornets nasaux à gauche avec un envahissement liquidien et tissulaire du sinus frontal droit, sans effet de masse associé. Ce type de lésion est quasi pathognomonique d’une rhinite fongique, probablement aspergillaire. Une infiltration de l’os frontal est suspectée (présence d’une réaction périostée et d’une érosion encore modérée). La lame criblée reste intacte, sans image d’envahissement du rhinencéphale.

Un traitement agressif est proposé. Il consiste en l’association d’un “curetage” des cavités naso-sinusales après trépanation sinusale et d’un traitement antifongique topique (clotrimazole, Canesten®(1)) et per os (itraconazole, Sporanox®(1), 10 mg/kg/24 h). En effet, une atteinte osseuse possible pourrait rendre le seul traitement topique insuffisant. La lésion aspergillaire est confirmée par analyse histologique.

Une visite de contrôle est effectuée 4 semaines plus tard. L’animal ne présente plus qu’un jetage intermittent et relativement clair, sans éternuements ni épistaxis. Des lésions cutanées sont apparues depuis peu. Elles sont circonscrites, ulcératives et purulentes, fortement prurigineuses sur le dos et les lombes (photo 1). Un examen endoscopique a permis de constater l’absence de lésion (notamment de plaque fongique) dans la cavité nasale. Par précaution, une application de clotrimazole est effectuée. Les lésions cutanées évoquent en priorité un effet indésirable du traitement d’itraconazole, qui est interrompu. La peau est tondue et nettoyée, et une antibiothérapie spectre large (cefalexine, Rilexine®) est prescrite, respectant le plan éco-antibiotique. Lors d’un second contrôle à 4 semaines du premier, les lésions ont disparu (photo 2). L’examen endoscopique de la cavité nasale est à nouveau normal.

DISCUSSION

La survenue de symptômes nouveaux chez un animal qui reçoit un traitement contre une affection comportant une atteinte “potentiellement” multi-organique peut être un véritable dilemme pour le praticien. Trois questions se posent alors : le diagnostic initial est-il exact ? Le traitement est-il adapté ? Ou, au contraire, est-il toxique ? Pour trancher, il convient de se fonder sur les publications, étayées si nécessaire par des examens complémentaires. Des lésions cutanées ne sont pas habituellement décrites lors d’aspergillose. Elles ne sont envisageables que chez des animaux fortement débilités, présentant une forme multicentrique grave associée (avec souvent une atteinte osseuse ou pulmonaire). Ce n’était pas le cas de ce berger de Beauce. En revanche, des lésions de vascularite ou de toxidermie sont observées chez une minorité (moins de 5 %) des animaux recevant de l’itraconazole. En général, elles sont rapidement réversibles à l’arrêt du traitement. C’est donc ce qui a été proposé, avec un risque de récidive jugé très faible vu la rémission des lésions nasales, avec succès. En théorie, une réapparition de l’effet indésirable à la reprise du traitement est nécessaire pour confirmer la relation de cause à effet. Dans le cas présenté, en raison de la bonne réponse au seul traitement local des 4 dernières semaines et de l’importance des effets indésirables, la réintroduction n’a pas été tentée.

  • (1) Médicament humain.

Conflit d’intérêts

Aucun.

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