CHIRURGIE
Analyse d’article
Auteur(s) : Alexandre Caron
Fonctions : CHV Atlantia,
2, rue René-Viviani,
44200 Nantes
Le syndrome obstructif respiratoire brachycéphale (SORB) est une affection couramment rencontrée en France en raison de la popularité de ces races. Ainsi, les troubles respiratoires (menant parfois à des syncopes) sont fréquemment constatés et une correction chirurgicale est alors préconisée par le vétérinaire traitant, voire souhaitée par les propriétaires.
Le traitement chirurgical du SORB est bien décrit et comprend au minimum une correction de l’ouverture des narines ainsi qu’une ouverture du nasopharynx par une palatoplastie.
Différentes techniques de rhinoplastie existent [2, 5, 12]. La première décrite implique une résection complète de l’aile du nez [5]. D’autres comportent le retrait d’une pyramide dans chaque aile du nez avec une suture médio-latérale permettant de maintenir une esthétique proche d’une truffe de chien méso- ou dolichocéphale [1]. Un article décrit même l’utilisation d’un punch à biopsie pour réaliser l’excision [12]. Dans tous les cas, la technique importe peu à condition que le chirurgien s’assure d’une ouverture nasale améliorée dans la portion la plus caudale de l’aile du nez correspondant à une résection importante en profondeur aussi bien qu’en superficie. C’est ce qui est décrit dans l’article résumé comme une vestibuloplastie nasale. Une résection trop superficielle est l’erreur la plus fréquemment rencontrée.
Certains auteurs ajoutent une action chirurgicale sur les cornets nasaux à la correction des narines afin de maximiser le passage d’air de la truffe au larynx. Ils ont d’abord démontré une obstruction intranasale marquée chez les carlins et les bouledogues français avant de décrire une technique chirurgicale de restauration de l’espace intranasal au moyen d’un laser chirurgical [8, 9]. Cliniquement, l’association de cette technique à celles de palatoplastie et de rhinoplastie classiques a démontré une efficacité clinique avec 90 % de réduction du risque de syncope, une diminution de 55 % à 3 % des troubles du sommeil et une division par deux des bruits respiratoires [10].
Enfin, l’intervention la plus caudale consiste en une libération du nasopharynx obstrué par le trop long et trop épais palais mou, qui a été bien décrite chez les chiens de race brachycéphale [4]. Deux techniques principales existent : la résection simple, éventuellement réalisée au moyen d’un système de fusion tissulaire ou d’un laser chirurgical, et la palatoplastie de repli [3]. Cette dernière est fondée sur le principe du voile du palais non simplement trop long mais surtout trop épais. La libération du nasopharynx passe donc logiquement par un désépaississement que cette technique offre en plus de la palatoplastie classique. Aucun article ne compare directement les deux méthodes et il est à ce stade impossible de confirmer que la palatoplastie de repli offre un avantage clinique par rapport à la technique initiale.
L’article résumé ici est le premier, à notre connaissance, à comparer directement le résultat clinique de deux techniques chirurgicales différentes [6]. Son impact est cependant limité puisque les procédures chirurgicales de rhinoplastie et de palatoplastie sont modifiées entre les deux groupes. Il est donc impossible de savoir si le résultat clinique imputé directement à la palatoplastie de repli est supérieur, équivalent ou moindre relativement à une palatoplastie excisionnelle classique. Cela nécessiterait un projet d’étude spécifique.
L’article résumé utilise un moyen de mesure des résultats cliniques intéressant tendant vers une meilleure objectivité qu’avec le score clinique décrit dans les études antérieures et souvent employé malgré un manque de précision évident [11]. Ce dernier ne prend pas en compte certains éléments comme la présence de bruits respiratoires ou l’odorat qui sont deux paramètres souvent modifiés d’après les propriétaires interrogés.
La technique de la pléthysmographie utilisée dans l’article résumé a été étudiée en comparant des chiens brachycéphales sans signe clinique d’obstruction des voies aériennes supérieures et des chiens méso- ou dolichocéphales [7]. Cette méthode permet de différencier les chiens brachycéphales des autres avec une précision de 94 à 97 % selon un index décrit. Cet outil est donc le plus précis et objectif dans l’évaluation des troubles respiratoires des chiens atteints de SORB. Il est probable qu’il permette à l’avenir de comparer les différentes techniques chirurgicales.
Beaucoup d’auteurs s’accordent sur la nécessité de corriger l’ouverture nasale par une rhinoplastie et de raccourcir le voile du palais par une palatoplastie. Aucune technique n’a démontré de supériorité en termes de résultat clinique. L’article résumé participe cependant à une meilleure connaissance de l’impact clinique de ces différentes méthodes, bien que beaucoup de travail reste à accomplir en ce sens.
Les techniques de correction des cornets nasaux, d’exérèse des saccules laryngés et des amygdales méritent également d’être étudiées précisément afin d’évaluer leur impact précis dans le traitement du SORB. Certaines ont sans doute une utilité dans des situations particulières et d’autres n’ont peut-être pas un impact clinique suffisant dans le traitement du SORB.
Aucun.
OBJECTIFS
Déterminer les facteurs influençant le pronostic postopératoire chez des chiens brachycéphales traités pour un syndrome obstructif respiratoire brachycéphale (sorb). comparer le résultat de deux techniques chirurgicales.
MÉTHODE
Étude clinique prospective. les carlins, bouledogues français et bouledogues opérés pour un sorb sont inclus s’ils ont subi un test de pléthysmographie barométrique de corps entier (de 20 minutes) avant l’intervention chirurgicale, puis 1 et 6 mois postpératoires. les premiers chiens ont subi une chirurgie multiniveaux traditionnelle (alaplastie verticale en coin, palatoplastie de résection, sacculectomie si nécessaire et amygdalectomie partielle si éversées) tandis que les derniers ont reçu un protocole modifié (alaplastie de trader, vestibuloplastie nasale, palatoplastie de repli, sacculectomie si nécessaire, amygdalectomie partielle si nécessaire et laryngectomie partielle en cas de collapsus laryngé de grade II ou III).
RÉSULTATS
50 chiens sont inclus dans l’étude (21 carlins, 21 bouledogues français et 9 bouledogues). La durée médiane de suivi est de 42 jours avec une séparation égale dans chaque groupe chirurgical. Pour les trois races, les scores postopératoires restent anormaux, bien qu’ils soient meilleurs qu’avant l’intervention. Le résultat postopératoire est satisfaisant pour seulement 32 % des chiens, selon les résultats des examens pléthysmographiques. Les facteurs pronostiques identifiés sont l’âge, l’indice de masse corporelle, le collapsus laryngé et la technique chirurgicale. La technique modifiée démontre un meilleur résultat. Les jeunes chiens présentent un plus mauvais pronostic, les chiens obèses un meilleur pronostic, les chiens avec un collapsus laryngé un pronostic légèrement moins bon.
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