Étude de 99 cas d’une anomalie palpébrale chez le chien : notion de lagophtalmie “raciale” - Le Point Vétérinaire expert canin n° 350 du 01/11/2014
Le Point Vétérinaire expert canin n° 350 du 01/11/2014

OPHTALMOLOGIE CANINE

Article de synthèse

Auteur(s) : Vincent Charvet*, Didier Schmidt-Morand**

Fonctions :
*Groupe vétérinaire de Brocéliande
Rue Pasteur
35290 Saint-Méen-Le-Grand
**Centre hospitalier vétérinaire Atlantia
22, rue René-Viviani
44200 Nantes
vinz.charvet@gmail.com

Les races de chiens à yeux proéminents sont à la mode. Parmi leurs défauts récurrents figurent les anomalies de paupières : 99 cas suspects de lagophtalmie congénitale sont analysés.

Cet article se fonde sur une thèse vétérinaire réalisée en 2011 à l’École nationale vétérinaire de Nantes [3].

Les yeux proéminents des chiens de races brachycéphales sont réputés être prédisposés aux affections cornéennes de type ulcère ou pigmentation superficielle et à l’avulsion traumatique du globe [5, 7, 11-13, 15]. Une orbite peu profonde, résultat de la conformation crânienne, et une ouverture palpébrale large sont les deux éléments anatomiques prédisposants. La trop grande largeur est supposée laisser le bord des paupières trop en arrière et cette biomécanique empêche ces dernières de recouvrir complètement l’Œil et de jouer leur rôle protecteur [5, 11, 12]. Une luxation (réversible) de l’Œil peut même être provoquée dans certains cas avancés (photo 1). La présente étude propose d’évaluer les troubles de la fonctionnalité des paupières dans un échantillon de chiens en utilisant une échelle de gravité à trois niveaux et d’en analyser les conséquences respectives. La notion de “lagophtalmie raciale” sera introduite.

L’intérêt parallèle de cette étude est de sensibiliser les vétérinaires à cette affection en en précisant l’épidémiologie et les conséquences.

MATÉRIEL ET MÉTHODE

1. Recrutement des cas cliniques

Tous les cas retenus pour l’étude ont été examinés au centre hospitalier vétérinaire Atlantia entre janvier 2009 et mai 2010. Ces animaux ont été examinés dans le cadre de la consultation d’ophtalmologie, soit pour une affection quelconque (en général un trouble cornéen), soit pour un examen de routine effectué, par exemple, dans le cadre du dépistage des maladies héréditaires oculaires canines (MHOC). De rares cas ont pu être dépistés à la suite d’une simple consultation vaccinale, chez des chiens sans atteinte oculaire, mais présentant une anomalie de fermeture des paupières. Pour chaque animal, un examen ophtalmologique complet a été réalisé, incluant un test de Schirmer STT1 (Virbac, Carros, France), un examen au biomicroscope (Hawk Eye, Dioptrix, Toulouse, France) et une tonométrie le plus souvent (Tonopen Vet, Reichert Technologies, New York, États-Unis). L’examen du segment postérieur n’a pas été systématique en dehors des consultations spécialisées en ophtalmologie.

La population de référence comporte les 1 348 chiens vus en consultation par le même vétérinaire sur la période de janvier 2009 à mai 2010.

Pour chaque cas, le sexe, l’âge au moment de l’examen, la race et le motif de consultation ont été enregistrés. Lorsqu’une affection est associée à la lagophtalmie, l’enregistrement du cas détermine si le dépistage de l’anomalie anatomo-fonctionnelle palpébrale est en rapport avec cette maladie ou s’il est sans relation, voire fortuit. Pour ces affections, un gradient est également mis en place, noté de 0 à 5, afin de différencier la gravité des lésions. Un score de 0 indique une absence de lésions associées à la lagophtalmie et les lésions les plus graves liées à celle-ci sont indiquées avec un score de 5 (tableau 1).

2. Évaluation de la fonctionnalité palpébrale

Les fonctions des paupières ont été évaluées à partir de trois paramètres :

– le réflexe palpébral ;

– la fermeture de la fente palpébrale pendant le sommeil ;

– l’ouverture maximale provoquée des paupières.

Chacun d’eux est noté selon trois niveaux d’atteinte ou de gravité (tableau 2).

L’analyse détaillée du réflexe palpébral permet de déterminer objectivement les stades “intermédiaires” que sont les stades 1 et 2. Le réflexe palpébral est présent dans tous les stades, mais la mauvaise occlusion palpébrale, évaluée lors de sa réalisation, établit les trois niveaux de dysfonctionnement (photos 2a et 2b). Dès le stade 1, ce réflexe ne permet pas une occlusion complète des paupières, et, pour les stades 2 et 3, il est possible de “toucher” la cornée des chiens concernés.

La qualité de la fermeture des paupières est évaluée d’après l’interrogatoire des propriétaires. La question posée lors de la consultation est la suivante : « Quand votre animal dort, ferme-t-il complètement les yeux ? » La réponse est parfois différée, après analyse de la situation par le propriétaire.

L’ouverture maximale des paupières est évaluée en provoquant leur écartement par application du pouce sur la paupière inférieure et de l’index sur la paupière supérieure. Ce geste devient spectaculaire pour le stade 3, car, dans ce cas, le bord des paupières atteint l’équateur du globe et provoque sa luxation, sans aucune gêne ni douleur pour l’animal. Le globe luxé est remis en place aussi facilement qu’il est sorti. Ce geste sémiologique est spectaculaire et rebute beaucoup d’opérateurs bien qu’il soit très aisé. Le propriétaire peut être très impressionné alors que le chien demeure stoïque, et il convient d’expliquer l’intérêt et l’innocuité de la manipulation.

Alors que le stade 3 est dépisté par la luxation facile du globe oculaire, le stade 2 correspond à un globe à la limite de la luxation, demeurant derrière ses paupières. Le stade 1 est déduit par l’analyse des autres critères : le réflexe palpébral et la fermeture des paupières.

Les cas de lagophtalmie acquise ou secondaire, avec paralysie des paupières due à une atteinte du nerf facial, ont été relevés, sur la même période, uniquement dans un souci de comparaison de la fréquence de ces différentes anomalies cliniques. Aucune lagophtalmie par atteinte du nerf V n’a été détectée. Les lagophtalmies mécaniques, par déformation de la cornée, ou buphtalmie, ou exophtalmie, n’ont pas été répertoriées.

3. Analyse statistique

Un certain nombre d’outils statistiques sont utilisés afin d’évaluer l’incidence de la race, de l’âge et du sexe sur la lagophtalmie (encadré 1). Est également analysée la corrélation entre les résultats du test de Schirmer et les stades de la lagophtalmie.

RÉSULTATS

Quatre-vingt-dix-neuf cas sur 1 348, soit 7,34 %, présentaient des lagophtalmies. Seulement deux cas de lagophtalmie secondaire à une paralysie des paupières à la suite d’une atteinte du nerf facial sont enregistrés pendant le délai d’analyse couvrant 17 mois d’activité. Ils ne sont pas analysés, mais reflètent la fréquence très faible de la lagophtalmie paralytique, dans ce même délai.

Onze races sont représentées dans la série des 99 cas (figure 1).

1. Âge

L’âge des animaux lors du diagnostic est en moyenne de 5,75 ans (5,75 ± 4,3 ans), avec des extrêmes de 4 mois et de 17 ans pour le plus âgés.

2. Sexe

La proportion de mâles et de femelles est quasi identique, avec 46 % de femelles et 54 % de mâles.

Les analyses n’indiquent aucun effet de l’âge ni du sexe sur l’existence d’une lagophtalmie. L’âge n’a également aucune influence sur le stade de la lagophtalmie.

3. Race

Cependant, il existe une corrélation significative entre la race et la présence d’une lagophtalmie. Parmi les animaux de la série atteints, le classement des races concernées a placé le shih tzu en tête. En revanche, si la proportion de cas atteints est étudiée par rapport au nombre de chiens examinés dans chaque race, le carlin arrive en première position avec un pourcentage de 63 % (figure 2).

4. Stade

La proportion des différents stades est étudiée dans la cohorte d’animaux atteints de lagophtalmie, toutes races confondues. Sont relevés 19 % de stade 1, 26 % de stade 2 et 55 % de stade 3 (figure 3).

La répartition des stades dans les races est présentée (figure 4). Il peut être noté que les cinq pékinois sont atteints d’un stade 3, pour les trois paramètres évalués. Les races shih tzu, cavalier king charles et bouledogue français comptent largement plus de 50 % de chiens atteints d’un stade 3. Les races carlin, lhassa apso et cocker américain ont une répartition assez homogène dans les trois stades de gravité.

5. Présence d’affections

Soixante-quatorze pour cent des cas sont référés en consultation spécialisée d’ophtalmologie, avec 79 % d’entre eux liés au motif de consultation, en raison d’une atteinte cornéenne associée. Vingt et un pour cent des cas sont fortuits, avec un trouble palpébral découvert lors d’un examen pour une autre raison qu’une affection cornéenne (figure 5).

Ensuite, les tests statistiques ne mettent pas en évidence de liaisons significatives entre la présence des affections cornéennes et le stade de la lagophtalmie, ni entre l’importance des lésions associées et le stade de la maladie.

Il convient de remarquer que le score maximal de l’affection oculaire est plus fréquemment observé chez les chiens qui présentent une lagophtalmie de stade 3 : 9 cas au total de score 5, avec un chien en stade 1, un chien en stade 2 et sept chiens pour le stade 3 (tableau 3).

6. Test de Schirmer

Les tests mettent en évidence une dépendance entre la valeur du test de Schirmer et le stade de la lagophtalmie. La distribution globale de la valeur du test de Schirmer a été calculée en fonction du stade de la lagophtalmie, et montre que les valeurs basses du test, donc des valeurs basses de sécrétions lacrymales, sont davantage représentées dans le stade 1 de lagophtalmie (tableaux 4 et 5).

Enfin, les tests mettent en évidence une relation entre la valeur du test de Schirmer, le score de la lésion oculaire associée et le stade de la lagophtalmie, sans pouvoir aller plus loin dans l’interprétation.

7. Traitement

Le traitement, quand il s’impose, est chirurgical et consiste à réduire la taille de la fente palpébrale. Lorsque c’était nécessaire, une canthorraphie(1) latérale sur les deux yeux a été pratiquée avec une mesure précise au compas à strabisme de la zone palpébrale enlevée. Neuf cas ont été opérés avec succès, 15 autres interventions ont été proposées aux propriétaires, mais refusées dans le temps de l’étude.

DISCUSSION

1. Notion de lagophtalmie

La lagophtalmie est un déficit de fermeture de la fente palpébrale, définition constante chez les auteurs (encadré 2) [1, 5, 7, 11-13, 15]. Cette anomalie, à ne pas confondre avec l’euryblépharon, est très souvent réduite à sa composante nerveuse : une paralysie de la branche motrice du nerf VII, ou nerf facial, entraînant une absence d’occlusion des paupières associée à l’absence d’un réflexe palpébral normal, et une réponse inadaptée au clignement à la menace. Cependant, en revenant à l’étymologie, elle ne désigne pas, à proprement parler, un phénomène uniquement pathologique ou paralytique. La lagophtalmie primitive peut être également mécanique, provoquée par une exophtalmie ou une hydrophtalmie. Enfin, il existe des lagophtalmies secondaires à des troubles palpébraux. C’est dans cette dernière catégorie que les lagophtalmies d’incidence raciale, objet de cette étude, sont observées.

Il convient de considérer ce qu’englobe ce terme de lagophtalmie, et ne pas oublier qu’il n’existe pas une, mais des lagophtalmies. Une mauvaise fermeture des paupières peut se présenter chez des animaux dont les yeux sont mal enveloppés par l’orbite trop petite, avec une tendance à l’exophtalmie ou, plus exactement, à l’exorbitation. De surcroît, si la fente palpébrale est trop grande, les paupières sont positionnées trop en arrière du globe et l’occlusion est mauvaise.

L’euryblépharon comporte aussi une fente palpébrale trop grande, disproportionnée par rapport au globe, qui est faussement estimé trop petit, alors qu’il est de taille normale. Cette affection est aussi congénitale et bilatérale, et n’évolue pas dans le temps, sauf, le cas échéant, dans le relâchement sénile des tissus, qui accentue la malposition des paupières. Un entropion complexe peut s’installer : souvent l’Œil est rhombique (en forme de losange), avec des paupières comportant à la fois un entropion et un ectropion sur le même limbe palpébral (paupière en hélice d’avion). C’est une anomalie fréquente, notamment chez les chiens molossoïdes. L’euryblépharon constitue alors, non pas une mécanique inadaptée de la fermeture des paupières, mais plutôt une mauvaise position des paupières (entropions complexes) [11].

Le mot de “lagophtalmie” semble donc le mieux adapté pour décrire la mauvaise fermeture des paupières, secondaire à une fente palpébrale trop grande, devant des yeux ressortis par une orbite trop étroite, dans des crânes de chiens nains brachycéphales ou de certaines races. Cette dernière composante ethnologique souligne que l’appellation de “lagophtalmie raciale” est possiblement la mieux adaptée à cette anomalie palpébrale.

2. Lagophtalmie “raciale”

Comme les résultats de l’analyse l’ont montré, cette lagophtalmie est fortement dépendante de la race de l’animal : 99 cas de lagophtalmie “raciale” pour 2 cas de lagophtalmie paralytique dans la même période de 17 mois. Le carlin, le pékinois, le shih tzu, le lhassa apso et le cavalier king charles sont les cinq races les plus concernées. Il est fréquent de trouver des animaux hypertypés dans ces races, affectés d’une lagophtalmie raciale de stade 3, et avec une prédisposition à l’avulsion du globe (photos 3a et 3b). Dans notre étude, le pékinois est atteint à 100 % d’une lagophtalmie raciale de stade 3. Le lhassa apso, le cavalier king charles et le bouledogue français sont ensuite concernés, avec une moindre importance. Le lhassa apso présente tous les stades selon une répartition homogène, alors que le stade 3 est plus fréquent chez les deux autres. Le cocker américain est une race systématiquement oubliée par les auteurs à propos de la mauvaise fermeture des paupières [2]. Ce trouble est pourtant possible en raison des fentes palpébrales souvent beaucoup trop grandes, à la limite de l’euryblépharon vrai, dans cette race [6]. Le terrier du Yorkshire, le terrier du Tibet et l’épagneul du Tibet sont aussi affectés, mais dans une fréquence nettement plus faible. Le beagle (un seul cas dans notre série) est lui aussi une découverte, jamais cité jusqu’à présent, surtout pour un chien de ce format, plus grand que les races précédentes, équivalent à celui du cocker américain. Nous avons également rencontré un cas très ancien de lagophtalmie, de stade 3, chez un boxer. Un auteur rapporte aussi cette anomalie chez le griffon bruxellois, ou brabençon [16].

3. Lagophtalmie “raciale” et affections cornéennes

Nos résultats statistiques ne montrent aucune relation directe entre les affections oculaires associées et la présence d’une lagophtalmie “raciale”. Seule l’importance des lésions oculaires semble être en relation avec le stade : un stade 3 peut provoquer une atteinte cornéenne grave (ce stade comporte le plus de scores pathologiques notés 5). En effet, chez ces animaux atteints d’un stade 3, il n’est pas rare d’observer un ulcère cornéen, toujours polaire, car correspondant à la zone cornéenne exposée [3]. Si cet ulcère se complique d’une contamination microbienne avec une sécrétion de collagénases, l’Œil peut être ouvert rapidement dans ces races, à la différence des autres, avec des paupières protégeant bien la cornée [5, 14].

Cependant, les résultats statistiques révèlent une curieuse relation entre la valeur du test de Schirmer et le stade de la lagophtalmie. Les individus atteints d’une lagophtalmie de stade 1 produiraient une plus faible quantité de larmes que les chiens indemnes, alors que les animaux avec une maladie de stade 2 ou 3 ne présenteraient pas de différence de production de larmes par rapport aux chiens indemnes. La majorité des races citées précédemment comme prédisposées à la lagophtalmie raciale sont susceptibles de développer avec l’âge une diminution des sécrétions lacrymales et des kératoconjonctivites sèches [4]. Il conviendra de surveiller d’autant plus la production de larmes afin qu’une sécheresse oculaire ne vienne pas aggraver le tableau clinique.

Une réelle relation existe entre les trois paramètres : lésion cornéenne, valeur du test de Schirmer et stade de lagophtalmie raciale. Les deux premiers critères sont pris en compte dans la pratique habituelle, mais la lagophtalmie raciale est souvent négligée.

4. Lagophtalmie “raciale” et son traitement

Dans tous nos cas et par habitude personnelle, la technique utilisée pour le traitement est la canthorraphie latérale (nasale ou temporale) avec mesure de la zone palpébrale amputée. Un simple nŒud de bottine ferme la fente. Les fils doivent être laissés en place non pas 10, mais au moins 20 jours pour obtenir une cicatrisation définitive, et surtout solide. Le port obligatoire du carcan peut se cantonner à 10 jours, le cas échéant (figure 6) [9, 10, 12].

Des auteurs décrivent une canthoplastie médiale à l’aide de la technique de Fucks, protégeant alors les yeux d’un épicanthus nasal souvent associé (carlin, pékinois, shih tzu) (photo 4) [6, 10, 13, 14]. La technique de Fucks modifiée ou celle de Roberts Jensen peuvent également être utilisées pour une canthoplastie médiale ou latérale (figures 7 et 8, tableau 6) [8].

Dans les cas fréquents de jeunes animaux porteurs d’une lagophtalmie raciale de stade 3, sans aucun effet, ni aucune lésion, voire sans inconfort, l’intervention chirurgicale est inutile [3].

Conclusion

Cette étude permet de redéfinir une anomalie fréquente chez le chien, en particulier dans les races brachycéphales à la mode. Il s’agit de la lagophtalmie par fente palpébrale trop grande.

Une méthode diagnostique incluant trois stades de gravité est ici proposée à l’aide de trois paramètres : le réflexe palpébral, la fermeture des paupières pendant le sommeil et l’ouverture maximale des paupières. Sept races ressortent comme prédisposées à cette lagophtalmie : le bouledogue français, le carlin, le cavalier king charles, le cocker américain, le lhassa apso, le pékinois et le shih tzu ; et quatre autres sont concernées par cette affection : le beagle, l’épagneul du Tibet, le terrier du Tibet et le yorkshire terrier.

L’objectif de l’analyse de cette série était de confirmer la notion de lagophtalmie raciale, avec un gradient d’importance de cette anomalie palpébrale.

Cette affection est nécessaire à diagnostiquer car les chiens qui y sont prédisposés présentent un facteur de risque aux troubles oculaires par surexposition du globe.

Le traitement peut être préventif ou correcteur, avec, par exemple, une chirurgie de canthorraphie latérale ou médiale des deux yeux. À défaut de traitement, il convient d’informer le propriétaire de l’existence de cette affection pour le sensibiliser aux risques d’une éventuelle kératopathie secondaire, voire d’une avulsion du globe lors de traumatisme facial.

  • (1) Suture de la fente palpébrale au niveau d’un canthus.

  • (1) Une régression logistique à modèle linéaire généralisé permet d’expliquer les valeurs d’une variable qualitative (ici binaire = lagophtalmie oui/non), à partir de variables explicatives qualitatives et quantitatives (âge, race, sexe).

Références

  • 1. Adenis JP, Morax S. Pathologie orbito-palpébrale. Société française d’ophtalmologie. Éd. Masson. 1998:201.
  • 2. Charlet K. Principales maladies héréditaires ou présumées héréditaires dans l’espèce canine. Bilan des prédispositions raciales. Thèse vétérinaire, Alfort. 2004:85.
  • 3. Charvet V. La lagophtalmie raciale, une affection des paupières chez le chien. Thèse vétérinaire, Nantes. 2011:80p.
  • 4. Chaudieu G. Affections oculaires héréditaires ou à prédisposition raciale chez le chien. Éd. du Point Vétérinaire. 2004:31, 284-288, 294-295, 299-300, 304.
  • 5. Clerc B. Ophtalmologie vétérinaire. Éd. du Point Vétérinaire, Maisons-Alfort. 1997:14, 306-307.
  • 6. Douglas H Slatter. Textbook of small animal surgery. Elsevier Health Sciences. Vol. 1st. 2003:1316.
  • 7. Gelatt KN. Veterinary Ophthalmology. In: Gelatt KN (ed.). 4th ed., vol. 2. 2007:596-599, 604.
  • 8. Gelatt KN, Gelatt JP. Handbook of small animal ophthalmic surgery. Vol. 1st. Pergamon Press. 1994.
  • 9. Petersen-Jones S, Crispin S. BSAVA Manual of small animal ophthalmology. 2nd ed. BSAVA. 2002:80-81, 273-274.
  • 10. Martin Charles L. Ophtalmic disease in veterinary medicine. Manson publishing. 2010:163.
  • 11. Schmidt-Morand D. Affections des paupières. Pratique médicale et chirurgicale de l’animal de compagnie. Spécial ophtalmologie. 1997:39-64.
  • 12. Schmidt-Morand D. Physiologie des paupières. Encyclopédie vétérinaire, Paris, Ophtalmologie, 0200. 1999:5p.
  • 13. Severin GA. Severin’s veterinary ophthalmology notes. Severin, Fort Collins. 1995:201.
  • 14. Turner SM, Bouhanna L. Guide pratique d’ophtalmologie vétérinaire. Éd. MedCom. 2010:142-150, 179-182, 311-318.
  • 15. Walde I, Schaffer EH, Kostlin RG. Atlas d’ophtalmologie canine et féline. Éd. Vigot, Paris, 1990:55.

Conflit d’intérêts

Aucun.

Points forts

→ Certaines races de chiens sont prédisposées à un déficit de fermeture des fentes palpébrales : la lagophtalmie.

→ L’étude de 99 cas atteints de lagophtalmie se propose d’en objectiver la nature “raciale”.

→ Trois paramètres mesurant trois stades d’intensité de cette affection sont utilisés : le réflexe palpébral, la fermeture de la fente palpébrale pendant le sommeil et l’ouverture maximale provoquée des paupières.

→ Sept races brachycéphales se révèlent prédisposées : bouledogue français, carlin, cavalier king charles, cocker américain, lhassa apso, pékinois, shih tzu. La notion de “lagophtalmie raciale” est légitime.

→ Le traitement est chirurgical lorsque des complications telles que des atteintes cornéennes sont présentes ou redoutées. Dans notre étude, 24 interventions étaient indiquées et 9 ont été réalisées par canthorraphie latérale.

ENCADRÉ 1
Méthodes statistiques utilisées dans l’étude

Le programme statistique utilisé est le logiciel R.

→ Des régressions logistiques(1) à modèle linéaire généralisé sont réalisées afin d’évaluer l’effet de la race, de l’âge et du sexe sur l’atteinte de la lagophtalmie, ainsi que la relation entre la valeur du test de Schirmer, le score pathologique et le stade de lagophtalmie.

→ Des tests de χ2 et de χ2 partiel sont réalisés pour observer l’influence de la race sur le stade de lagophtalmie, ainsi qu’une analyse de variance à 1 facteur (Anova) pour mettre en évidence la relation entre l’âge et le stade de la lagophtalmie.

→ La relation entre les stades de lagophtalmie et la présence de lésions cornéennes, la gravité de ces lésions et la valeur du test de Schirmer sont analysées à l’aide du test exact de Fisher. Une analyse de distribution des valeurs du test de Schirmer a été effectuée en fonction des stades de lagophtalmie.

→ Toutes ces statistiques sont interprétées avec un risque d’erreur α< 0,05.

ENCADRÉ 2
Définition étymologique de la lagophtalmie

Le mot “lagophtalmie” vient du grec, et est composé des racines lago, signifiant lièvre, et ophtalmie, pour l’œil. Il s’agit donc de l’œil du lièvre, animal lagomorphe connu pour garder les yeux ouverts en dormant, comme le lapin, lui aussi classé parmi les lagomorphes.

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