DERMATOLOGIE CANINE
Analyse d’article
Auteur(s) : Charline Pressanti
Fonctions : INP-ENVT
ENV de Toulouse
23, chemin des Capelles
31076 Toulouse Cedex 03
Fondée sur des études récentes ainsi que sur l’expérience personnelle des auteurs, cette revue a permis de détailler par ordre de fréquence les différents types lésionnels rencontrés lors de leishmaniose. Une meilleure compréhension des mécanismes immunitaires mis en jeu, donc de la charge parasitaire associée, a aussi été possible. Cette analyse est restreinte aux aspects cliniques des formes cutanées de leishmaniose et seuls quelques rares aspects microscopiques sont abordés.
La forme exfoliative est la manifestation cutanée la plus fréquente de la leishmaniose. Elle est mise en évidence dans 40 à 73 % des cas. Localisée, généralisée, symétrique ou asymétrique, elle se caractérise par des squames blanchâtres souvent de grande taille. Cette exfoliation, majoritairement faciale et tronculaire s’accompagne également d’un érythème, d’une hypotrichose, de croûtes et de manchons pilaires. Le prurit est rare et souvent secondaire à une surinfection. Cette présentation doit être différenciée de la démodécie, de la dermatophytose, de l’adénite sébacée, du lupus cutané ou systémique et du lymphome T épithéliotrope [1]. Microscopiquement, l’inflammation est dermique, en majorité granulomateuse et lymphocytaire. Elle peut aussi toucher la glande sébacée, d’où le trouble de la kératinisation observé macroscopiquement [2]. Cette inflammation de la glande sébacée, révélée dans plus d’un cas sur deux, est similaire à celle rencontrée dans l’adénite sébacée et aboutit à sa destruction [1]. Toutefois, l’adénite sébacée leishmanienne est rarement la seule lésion histopathologique présente et la kératose folliculaire est moins marquée que dans le trouble primaire de la kératinisation. Dans cette forme, les parasites sont peu à modérément nombreux et la présence marquée de lymphocytes suggère une réponse immunitaire forte.
La forme ulcérative est la plus fréquente après la dermatose exfoliative et représente 15 à 40 % des cas. Initialement, un érythème et des érosions sont observés. Ces lésions évoluent en ulcères superficiels ou profonds, et indolents. Ceux-ci sont localisés dans la majorité des cas sur l’extrémité des pavillons auriculaires, le planum nasale, les coussinets, les jonctions cutanéo-muqueuses, les saillies osseuses et les membres. Le diagnostic différentiel est vaste. L’aspect histologique est peu spécifique et la charge parasitaire demeure faible [3]. Les lésions ulcératives observées seraient liées à différents mécanismes pathologiques : aux traumatismes répétés, à la libération massive d’amastigotes dans le derme et aux lésions de vascularite.
La dermatose nodulaire est moins fréquente et semble plus souvent rencontrée chez le boxer [4]. Elle se traduit par des nodules isolés ou multiples mesurant jusqu’à 10 cm de diamètre. Ces derniers sont non ulcérés, non prurigineux, et il n’existe pas de localisation préférentielle. Il est important de différencier cette présentation de la forme papuleuse et du chancre d’inoculation. La charge parasitaire est élevée et traduit une incapacité du système immunitaire à contrôler l’état infectieux, en particulier dans cette race réputée plus sensible [5].
La forme pustuleuse est particulièrement rare et se traduit par de petites pustules fragiles qui, après rupture, forment des croûtes et des collerettes épidermiques. L’examen histopathologique révèle la présence de pustules superficielles et de rares kératinocytes acantholysés, voire leur absence. Les parasites ne sont pas régulièrement visualisables. Le mécanisme pathogénique demeure incertain. Il convient de différencier cette forme des pemphigus superficiels.
La forme papuleuse est relativement peu fréquente et se traduit par de multiples papules érythémateuses occasionnellement ombiliquées, parfois coalescentes, survenant sur les zones glabres. Contrairement aux formes nodulaires, les parasites sont rarement observés au sein de ces lésions. Cette présentation est rapportée comme étant de bon pronostic car elle est associée à une réponse immunitaire efficace et à une réponse au traitement favorable [6].
Ces états kérato-séborrhéiques sont assez fréquemment rapportés. Ces signes peuvent être présents dans 30 % des cas. Cet excès de kératine donne aux coussinets et à la truffe un aspect irrégulier, épaissi et fissuré. Les similitudes histologiques entre l’hyperkératose et la dermatose exfoliative laissent à penser que l’hyperkératose nasodigitée n’est qu’une manifestation localisée de la dermatose exfoliative [4, 7].
L’onychogryphose est un symptôme fréquent et bien connu des vétérinaires. Elle est détectée dans 20 à 70 % des cas. Les griffes sont hypertrophiées, allongées, et leur incurvation est plus marquée. Les lésions sont histologiquement peu spécifiques et ne suffisent pas à établir un diagnostic de certitude [8].
Cette revue détaille la grande variété de signes cliniques observés dans la leishmaniose canine. Cette affection dite “protéiforme” doit donc s’envisager en zone endémique dès lors qu’un animal présente une atteinte cutanée et/ou viscérale.
Aucun.
CONTEXTE
La leishmaniose canine est une affection relativement fréquente en zone endémique. Malgré la présence du parasite et la forte exposition des animaux, seule une faible proportion développe une leishmaniose clinique. La sensibilité à l’infection est conditionnée à la fois par des facteurs génétiques (“innés”) et des facteurs “acquis”. La leishmaniose induit une grande variété de signes cliniques et les symptômes cutanés sont présents dans 67 à 89 % des cas de leishmaniose maladie.
OBJECTIFS
L’objectif de cette revue était d’apporter au lecteur des données récentes et étayées sur les lésions cutanées macroscopiques et microscopiques observables lors de leishmaniose.
MÉTHODE
Les auteurs ont regroupé les données de nombreuses études et complété ces informations par leur expérience personnelle.
RÉSULTATS
Les principales dermatoses incluent les dermatoses exfoliatives, ulcératives, pustuleuses, nodulaires et papuleuses. Une onychogryphose est souvent présente. Chaque aspect lésionnel a fait l’objet d’une description à la fois macroscopique et histologique, s’accompagnant d’une analyse de la réponse immunitaire de l’hôte vis-à-vis du parasite. Sur le plan microscopique, les lésions sont dominées par un infiltrat monocytaire et les parasites peuvent être identifiés sur une peau lésée ou d’apparence saine.
CONCLUSION
Les diverses manifestations cutanées de la leishmaniose reflètent son caractère protéiforme et sont le résultat des différentes interactions possibles entre le parasite et son hôte. Le diagnostic définitif de l’affection est à la fois clinique, biologique et thérapeutique.
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