Le méloxicam en phase péri-opératoire chez le chien et le chat - Le Point Vétérinaire n° 341 du 01/12/2013
Le Point Vétérinaire n° 341 du 01/12/2013

ANALGESIE

Thérapeutique

Auteur(s) : Éric Aguado*, Yassine Mallem**

Fonctions :
*Unité de chirurgie et d’anesthésie,
Oniris, École nationale vétérinaire
agroalimentaire et de l’alimentation,
Nantes Atlantique. La Chantrerie,
BP40706, 44307 Nantes Cedex 3
**Auteur coordinateur

Le méloxicam est largement utilisé en phase péri-opératoire, mais son emploi devrait être raisonné plutôt que systématique.

Le méloxicam est un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) anticyclo-oxygénase-2 préférentiel qui possède des propriétés anti-inflammatoire, antalgique et antipyrétique [9].

Schématiquement, les anesthésistes considèrent la douleur et l’inflammation comme pathologiques, alors que les chirurgiens estiment qu’elles sont des mécanismes physiologiques qui peuvent devenir pathologiques lorsqu’ils sont exacerbés ou chroniques. Les premiers cherchent donc à les supprimer ou à les prévenir, les seconds à les contrôler afin d’obtenir la cicatrisation la plus rapide possible.

Bénéfices et risques : point de vue de l’anesthésiste

En raison de ses propriétés analgésiques et anti-inflammatoires, le méloxicam est intéressant en phase péri-opératoire pour bloquer la douleur. Utilisé seul avant une intervention, il doit être injecté au moins 1 heure auparavant pour obtenir une activité antalgique peropératoire. Son action antalgique peut se révéler insuffisante pour des douleurs légères à modérées [60]. Son intérêt majeur réside dans l’analgésie multimodale [10, 25]. Le méloxicam ne semble pas avoir d’effet délétère sur la fonction rénale chez le chien sain anesthésié et n’augmente pas le temps de saignement [8, 14, 16, 27, 40, 53]. Il a montré son intérêt dans l’analgésie péri-opératoire en chirurgie des tissus mous et en orthopédie [2, 6, 10, 13, 18, 25, 27, 28, 33, 34, 38, 39, 46-48, 50, 51, 57, 59].

Bénéfices et risques : point de vue du chirurgien

L’activité anti-inflammatoire du méloxicam est-elle un inconvénient pour la cicatrisation ? Des publications sur les AINS et la cicatrisation sont rapportées, mais très peu le sont avec le méloxicam. Il a été montré que les AINS pouvaient nuire à la cicatrisation cutanée, retarder la formation du cal osseux, voire favoriser les pseudarthroses, allonger le délai de cicatrisation tendineuse, ligamentaire et musculaire, ou favoriser les fuites lors d’anastomose colorectale [1, 4, 5, 7, 12, 15, 19, 21-24, 29-32, 35-37, 41-45, 49, 52, 55, 56, 58, 61, 63-65]. À l’inverse, certaines études réfutent un effet sur la cicatrisation osseuse et ligamentaire, ou le développement de pseudarthroses [1,11, 17, 20, 26, 54, 62]. Même s’il existe des controverses et que ces études n’ont pas été réalisées avec le méloxicam, il est raisonnable de penser que celui-ci en réduisant l’inflammation, diminue également la détersion, la néovascularisation et la prolifération de lignées cellulaires issues de l’inflammation [3].

Bénéfices et risques : point de vue du vétérinaire

Le vétérinaire est donc confronté à ces données qui peuvent paraître contradictoires. Quelques règles simples peuvent l’aider à lever ces ambiguïtés.

> Les AINS retardent, mais n’empêchent pas la cicatrisation (photo). Ils doivent être envisagés comme un facteur “ralentisseur” de la cicatrisation. Ainsi, dans la chirurgie du côlon, des tendons, de certaines fractures propices aux pseudarthroses (fractures distales du radius-ulna chez les races canines naines), et des techniques extra-articulaires du traitement du ligament croisé cranial pour lesquelles une fibrose est recherchée, le méloxicam, au même titre que les AINS, devrait être évité. Plus généralement, si d’autres facteurs “ralentisseurs” de la cicatrisation (diabète, immunodépression, obésité, faible vascularisation, etc.) sont présents, il est judicieux d’utiliser d’autres molécules pour gérer la douleur.

> Dans l’analgésie balancée, plusieurs familles peuvent être utilisées avec ou sans AINS : les sédatifs analgésiques, les antagonistes NMDA, les anesthésies locorégionales, les opioïdes (faibles, agonistes partiels, agonistes-antagonistes, forts), etc.

> Si les AINS sont absolument nécessaires pour gérer la douleur en présence d’autres facteurs favorisant le retard de cicatrisation, ils doivent être utilisés sur la durée la plus courte.

Conclusion

Le méloxicam est une molécule utile en chirurgie vétérinaire, mais, en l’état actuel des doutes qui persistent sur les AINS, son emploi ne doit pas être systématique mais réfléchi.

Conflit d'intérêts

Aucun.

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