Adénocarcinome des glandes apocrines des sacs anaux chez le chien - Le Point Vétérinaire expert canin n° 335 du 01/05/2013
Le Point Vétérinaire expert canin n° 335 du 01/05/2013

ONCOLOGIE CANINE

Article de synthèse

Auteur(s) : Aurélia Planté*, Cyrill Poncet**

Fonctions :
*Service de chirurgie
Centre hospitalier vétérinaire Frégis
43, avenue Aristide-Briand
94110 Arcueil
**Service de chirurgie
Centre hospitalier vétérinaire Frégis
43, avenue Aristide-Briand
94110 Arcueil

L’adénocarcinome des glandes apocrines des sacs anaux est une tumeur rare chez le chien, qu’il convient de diagnostiquer précocement en raison de son haut pouvoir métastatique.

Bien que l’adénocarcinome des glandes apocrines des sacs anaux (AGASA) soit une tumeur relativement rare chez le chien, il est essentiel de la connaître et de savoir la diagnostiquer car elle présente un haut pouvoir invasif et une nature métastatique particulière qui touche notamment les nœuds lymphatiques (NL) sous-lombaires.

La première partie de cet article rappelle l’anatomie et la physiopathogénie des sacs anaux. L’article aborde ensuite l’épidémiologie, la symptomatologie de l’adénocarcinome des glandes apocrines des sacs anaux et le diagnostic différentiel d’une masse périnéale. La troisième partie traite des examens complémentaires essentiels à la démarche diagnostique. Le pronostic de cette affection dépend de l’existence ou non de certains facteurs péjoratifs (hypercalcémie, métastases à distance), mais aussi du stade clinique de l’AGASA et de l’option thérapeutique choisie.

PHYSIOPATHOGÉNIE

Jusqu’à 12 % des consultations générales évoquent une maladie des sacs anaux [2]. Ainsi, il est important de connaître leur anatomie et les maladies qui peuvent les affecter.

Les sacs anaux qui contiennent les glandes apocrines et sébacées sont de petits diverticules en marge de l’anus s’abouchant latéralement à l’orifice anal en 4 et 8 heures respectivement pour le sac anal gauche et le droit (figure 1).

Leur environnement anatomique est constitué de muscles, de nerfs (nerfs honteux, glutéal, rectal caudal et sciatique) et de vaisseaux (artère iliaque et honteuse) qu’il est essentiel de savoir localiser et de reconnaître afin de prévenir toute complication chirurgicale iatrogène (figures 2 et 3).

Diverses affections peuvent les concerner : obstruction, inflammation, abcès, fistule et tumeurs telles que l’AGASA. Ainsi, pour ne pas passer à côté de l’une d’entre elles, dont certaines peuvent avoir de graves conséquences, le toucher rectal doit faire partie intégrante de l’examen clinique quels que soient l’âge et le sexe de l’animal.

DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES

1. Épidémiologie

L’AGASA est une tumeur peu fréquente chez le chien, représentant 2 % des affections néoplasiques de la peau. Dans un premier temps, les chiennes âgées stérilisées ont été décrites comme prédisposées à cette affection. Cependant, les nouvelles données publiées ne décrivent aucune différence significative entre les mâles (46 %) et les femelles (54 %) [13].

Certaines races sont prédisposées comme le berger allemand, le cocker anglais, le teckel, le malamute d’Alaska et le springer anglais [6].

Cette tumeur, reconnue pour son haut pouvoir métastatique, se manifeste généralement chez des individus dont la moyenne d’âge est de 10 ans. Toutefois, des cas plus jeunes ont été décrits, notamment chez un chien de 5 ans [14].

2. Signes cliniques

Signes cliniques locaux et généraux

Les AGASA se présentent initialement sous la forme d’une masse péri-anale indurée unilatérale à croissance lente mise en évidence au toucher rectal (photo 1).

Les symptômes les plus fréquents sont liés à la masse elle-même et dépendent essentiellement de sa taille au moment du diagnostic : gonflement de la zone péri-anale (61 %), ténesme (34 %) et léchage de cette même région (30 %) [14]. Une atteinte de l’état général est rapportée lorsqu’elle est associée à une adénomégalie majeure des nœuds lymphatiques régionaux iliaques par compression sur les vertèbres lombaires (douleur, troubles nerveux).

Hypercalcémie

Les cellules des adénocarcinomes représentent une source ectopique d’une substance parathyroïdienne. Elles peuvent, en effet, sécréter une protéine apparentée à la parathormone (appelée PTHrP ou parathormon related-protein), expliquant l’existence d’une hypercalcémie paranéoplasique ou pseudo-hyperparathyroïdisme [9]. Une hypercalcémie paranéoplasique peut être présente en cas d’AGASA. Elle se manifeste par une polyuro-polydypsie (PUPD) (22 %), une faiblesse musculaire (18 %), des vomissements et une anorexie (photo 2) [14].

Cependant, elle ne concerne pas tous les animaux atteints d’AGASA car elle pourrait dépendre du degré de différenciation des cellules tumorales [14]. Les NL hypertrophiés pourraient aussi être à l’origine de cette dérégulation calcique, en constituant eux-mêmes une source de PTHrP. En effet, l’association des deux est souvent fréquente [14].

3. Diagnostic différentiel

Le diagnostic différentiel d’une induration d’une des deux glandes anales inclut un abcès des glandes anales ou un adénome circumanal encore appelé circumanalome. Cependant, ce dernier a tendance à s’ulcérer et n’est pas localisé systématiquement en regard des sacs anaux. Il survient le plus souvent chez des mâles entiers de plus de 6 ans.

De même, l’AGASA fait systématiquement partie du diagnostic différentiel d’une hypercalcémie.

DIAGNOSTIC

1. Démarche diagnostique

Toucher rectal

L’AGASA pouvant être une découverte fortuite au cours d’une consultation vaccinale, le toucher rectal permet de mettre en évidence une masse péri-anale à 4 ou 8 heures en regard des sacs anaux. Parfois, dans les cas avancés, une adénomégalie majeure des NL sous-lombaires peut être palpée au cours de cet acte.

Cytologie et histologie

La ponction ou la biopsie doivent être envisagées car face à une masse indurée en regard de l’abouchement des sacs anaux, la suspicion d’AGASA est forte. Ces examens complémentaires sont indiqués pour différencier l’AGASA d’un autre type de tumeur ou distinguer le caractère malin du caractère bénin de la tumeur péri-anale, bien que les tumeurs bénignes soient peu fréquentes en cette localisation, contrairement aux adénomes péri-anaux (photo 3) [4]. La cytologie sans anesthésie générale doit être préférée en première intention. Mais parfois une tranquillisation peut se révéler nécessaire.

Analyses sanguines

La PUPD (qui peut être vérifiée par analyse urinaire) justifie qu’un intérêt particulier soit porté aux paramètres rénaux (urée et créatinine) car une insuffisance rénale peut être mise en évidence.

De plus l’éventuelle existence de vomissements et le contexte de suspicion d’AGASA nécessitent la réalisation d’un ionogramme avec calcium ionisé. Encore appelé calcium libre, Il est obtenu en déduisant le calcium fixé aux protéines du calcium total. C’est cette forme circulante du calcium qui est intéressante, car elle est directement liée au tableau clinique de l’animal, pour vérifier l’éventuelle présence d’une hypercalcémie paranéoplasique, rapportée dans un grand nombre de cas (27 à 90 %) [13]. Chez ces animaux, les glandes parathyroïdes sont atrophiées. Ce déséquilibre ionique assombrit le pronostic puisque la médiane de survie (MS) est presque divisée par deux avec 584 jours de MS chez les animaux normocalcémiques contre 256 jours pour les animaux hypercalcémiques [14].

Comme le calcium ionisé constitue un facteur pronostique, il doit toujours être mesuré dans le cadre d’une suspicion d’AGASA. De plus, l’hypercalcémie est associée à des complications : insuffisance rénale, troubles de la motilité digestive, arythmies cardiaques. Celle-ci se normalise un à deux jours après excision chirurgicale de la tumeur et des NL, mais elle peut réapparaître en cas de récidive. La calcémie constitue donc aussi un élément de suivi chez les animaux traités pour un adénocarcinome de ce type. Si pour des raisons financières, l’intervention est refusée, l’hypercalcémie peut être contrôlée par l’administration de prednisone(1,5 mg/kgdeux fois par jour per os) qui stimule l’excrétion du calcium dans les urines, abaisse l’absorption intestinale et inhibe sa résorption osseuse. Le furosémide peut aussi être employé pour diminuer la réabsorption de calcium (2 mg/kg, deux fois par jour par voie intraveineuse). Dans ce dernier cas, l’animal doit alors préalablement être réhydraté afin de faciliter la diurèse calcique. La calcitonine et le bicarbonate de sodium peuvent aussi être utilisés.

2. Bilan d’extension

L’AGASA étant réputé comme une tumeur invasive à haut pouvoir métastatique, un bilan d’extension rigoureux est recommandé avant de proposer un traitement car le choix thérapeutique découle de ces résultats. Au moment du diagnostic, 56 à 79 % des chiens présentent déjà des métastases, que ce soit au niveau des NL régionaux (47 à 72 %), des poumons, de la rate, des os, du pancréas, du cœur ou du médiastin [13].

Radiographie thoracique

Bien que cette tumeur métastase en premier lieu aux NL régionaux (NL sous-lombaires : NL iliaques, NL hypogastrique), cela ne constitue pas un facteur pronostique négatif contrairement à la présence de métastases pulmonaires (pas de différence significative entre la MS des animaux avec ou sans adénomégalie [14]). C’est pourquoi il convient d’effectuer une radiographie thoracique. En effet, de tels éléments retrouvés sur la radiographie signent un processus métastasé à distance et, par conséquent, un stade très avancé de la maladie pour lequel la MS est de 219 jours (contre 548 jours pour les animaux sans métastases pulmonaires) [14]. Pour eux, la chirurgie n’est en aucun cas curative, mais elle peut être proposée lorsque l’adénocarcinome des glandes occasionne une gêne mécanique par sa taille imposante (photo 4). Elle constitue alors un traitement palliatif dont l’unique rôle est d’améliorer le confort de vie du chien.

Échographie abdominale

La deuxième étape du bilan d’extension consiste à rechercher un éventuel processus tumoral secondaire sur les NL iliaques par échographie abdominale (présent dans 47 à 72 % des cas) (photo 5) [3,7]. Cette procédure est tout à fait valable pour un animal qui présente des métastases pulmonaires. En effet, une intervention chirurgicale visant à améliorer son confort peut être pratiquée, notamment s’il est atteint d’une constipation consécutive à une adénomégalie majeure. La recherche de métastases concerne plus rarement le pancréas ou la rate.

La radiographie abdominale pourrait également mettre en évidence une adénomégalie, mais c’est un examen beaucoup moins sensible (détection de 50 % des NL hypertrophiés) qui ne permet pas d’observer de modifications spléniques ou pancréatiques [7].

En cas de lymphadénopathie, une ponction ou une biopsie peuvent être effectuées. La biopsie des NL iliaques ou lombaires, hypertrophiés chez trois chiens ne présentant pas de masse péri-anale, a permis de diagnostiquer un AGASA [14]. Cela suggère que les métastases régionales aux NL peuvent être précoces [7]. Toutefois, ces résultats n’influent pas sur le choix thérapeutique dans le cadre d’un bilan d’extension d’AGASA car seule la taille des NL (mineure ou majeure) joue un rôle décisionnaire sur la stratégie thérapeutique (chimiothérapie préopératoire ou non) [7].

TRAITEMENT

Dans un premier temps, l’insuffisance rénale, si elle existe, doit être traitée médicalement.

Puis, la gestion du processus néoplasique découle des résultats du bilan d’extension.

1. Traitement chirurgical

L’excision chirurgicale des tumeurs des sacs anaux et des éventuelles métastases reste le traitement initial des adénocarcinomes des sacs anaux. Néanmoins deux approches sont possibles.

Quand opérer ?

Des équipes, comme la nôtre, appuient leur stratégie thérapeutique sur le consensus général qui consiste à opérer le plus vite possible, quelle que soit la taille des tumeurs secondaires. Ainsi, la chirurgie en première intention apparaît comme le traitement de choix. Parfois les NL sont considérés comme très invasifs sur les structures avoisinantes, rendant ainsi l’intervention chirurgicale techniquement plus difficile et plus risquée. Dans ce cas, il est préférable de consulter un chirurgien spécialiste afin d’envisager d’autres options, en première intention, comme la chimiothérapie ou la radiothérapie. Parfois, l’exérèse ne doit pas se cantonner à celle des glandes mais doit aussi concerner les NL, car il a été démontré que les chiens atteints d’AGASA métastasés localement avec lymphadénectomie présentaient une MS plus longue que ceux avec des NL métastasés sans lymphadénectomie (MS à 20,6 mois, avec un cas jusqu’à 54 mois après la première intervention et cinq chirurgies sur récidives [une lymphadénectomie et quatre chirurgies sur métastases], contre une MS de 8 à 12 mois chez des animaux subissant seulement une chirurgie locale) [3].

D’autres équipes, comme celle de Polton et coll., se réfèrent à des tailles de référence pour les NL pour choisir ou non l’option chirurgicale immédiate [7].

Celle-ci est conseillée lorsque leur taille est inférieure à 4,5 cm et celle de la tumeur primitive des glandes apocrines inférieure à 2 cm. Dans le cas contraire, une chimiothérapie préopératoire est indiquée en vue de diminuer leur taille afin d’atteindre des dimensions de référence.

Technique chirurgicale

La préparation chirurgicale de l’animal nécessite la mise en place d’une compresse dans l’anus qui n’est pas forcément suturé en bourse car si la masse est très importante ou invasive, une partie du rectum peut être retirée pour obtenir des marges suffisantes. Une péridurale est effectuée.

Le premier temps (propre et le plus risqué) chirurgical consiste en l’exérèse des NL hypertrophiés par laparotomie (photo 6). Leur dissection et l’exérèse doivent être minutieuses. En effet les NL iliaques étant très proches, parfois même invasifs des artères iliaques, cette étape chirurgicale est délicate. Les complications peuvent être graves avec notamment des risques importants d’hémorragie lors de la phase de dissection à proximité des gros vaisseaux.

Le deuxième temps chirurgical, la sacculectomie, doit être réalisé au cours de la même anesthésie après avoir replacé l’animal en décubitus sternal avec les membres postérieurs dans le vide, le bassin surélevé et la queue scotchée au dos (photo 7).

Il existe une technique ouverte de sacculectomie, mais elle est associée à davantage de complications comme la dissémination de cellules tumorales, imposant ainsi la technique fermée dans notre cas (figures 4 et 5, photo 8) [11]. Comme pour toute intervention carcinologique, l’exérèse se veut le plus large possible avec des marges saines. Mais dans ce contexte, l’environnement des glandes anales constitue un facteur limitant : une résection trop importante du sphincter anal peut s’accompagner d’incontinence fécale [13].

Complications

Les complications de cette étape chirurgicale (16 %) incluent un ténesme, une infection, la formation de fistules, une sténose anale, une hypocalcémie et parfois une incontinence fécale lors de lésions bilatérales des nerfs rectal caudal ou de résection supérieure à 50 % du muscle sphincter anal externe.

Certaines sacculectomies par laser CO2 sont décrites mais encore peu utilisées (photo 9). Elles ont l’avantage de générer moins de saignements, moins d’inflammation, et moins de douleur en phases per- et postopératoires [4]. Là encore l’exérèse doit être le plus large possible, afin d’obtenir des marges saines, mais les contraintes relatives à l’environnement de la glande restent les mêmes.

Après l’intervention, des AINS sont prescrits et des antibiotiques préconisés en raison du risque de contamination du site chirurgical. Le port de la collerette est imposé jusqu’au retrait des fils.

Cette affection n’ayant aucune composante hormonale, la castration n’est pas indiquée.

2. Chimiothérapie

Indications

La chimiothérapie peut être proposée en phase préopératoire pour “faire fondre les masses” afin de faciliter l’exérèse avant d’intervenir chirurgicalement. Elle est souvent plus utilisée en phase postopératoire, comme thérapie adjuvante pour optimiser la MS après l’intervention chirurgicale. Selon Polton et coll., elle est indiquée en phase préopératoire pour des NL de plus de 4,5 cm et/ou des tumeurs de plus de 2,5 cm chez des animaux sans métastase à distance (pulmonaires ou abdominales). Ces dimensions seuils sont des références lors d’une chirurgie immédiate ou différée, mais l’appréciation du vétérinaire prédomine pour la prise de décision. Si la chimiothérapie préopératoire permet une diminution de l’adénomégalie (NL < 4,5 cm et tumeur < 2,5 cm) observée lors du contrôle, l’intervention peut être envisagée plus sereinement.

Protocoles utilisables

Le protocole est fondé sur le carboplatine : quatre injections par voie intraveineuse, une fois toutes les 3 semaines à 300 mg/m2 [7]. L’utilisation du melphalan combiné à la chirurgie donnerait des résultats intéressants (MS de 20 à 29 mois chez des animaux avec ou sans métastases lymphatiques) [1]. Une autre étude utilisant l’association carboplatine et cisplatine rapporte un taux de réponse de 30 à 33 % [14]. D’autres molécules testées en monothérapie se sont révélées moins ou peu efficaces : doxorubicine, épirubicine et gemcitabine [7]. Les complications (dans 36 % des cas) associées à ce type de traitement sont une myélosuppression, une toxicité gastro-intestinale et cardiaque.

Bien que certaines chimiothérapies semblent être bénéfiques chez les animaux présentant une lymphadénopathie, des études sont encore nécessaires pour explorer cette thérapie adjuvante.

La chimiothérapie gagne surtout à être utilisée en association avec la chirurgie qui reste le traitement de choix pour diminuer des tumeurs très volumineuses difficiles à retirer. Mais elle peut aussi être employée pour améliorer les MS postchirurgicales et avec la radiothérapie (MS de 212 jours avec chimiothérapie seule, 540 jours avec chimiothérapie et chirurgie, 742 jours avec chirurgie + chimiothérapie + radiothérapie) [14]. Dans les cas d’AGASA, la chimiothérapie est donc un traitement adjuvant qui ne permet en aucun cas de faire l’impasse sur l’exérèse chirurgicale.

Par ailleurs, les animaux qui subissent une chimiothérapie seule sont à un stade plus avancé que ceux pour lesquels une chirurgie est d’emblée envisagée.

2. Radiothérapie

La radiothérapie est conseillée en association avec la chirurgie et la chimiothérapie. Une étude montre une excellente MS de 956 jours pour 15 chiens traités par chimiothérapie au mitoxantrone et radiothérapie, ce qui conforte son utilisation [7]. Toutefois, tout comme la chimiothérapie, d’autres études doivent être menées afin d’évaluer l’efficacité d’une telle thérapie. Les complications rapportées (dans 33 % des cas) sont des abcès, une alopécie, une dyschésie/hématochézie et des fistules.

Aucun consensus n’est établi sur la démarche thérapeutique idéale à adopter face à ce genre d’affection [12]. Les études sont toutefois en accord pour confirmer l’intérêt de l’association d’une chirurgie avec une ou deux thérapies adjuvantes qui seraient proposées en phase pré- ou postopératoire. Le manque d’accès à ces thérapies adjuvantes ou des critères subjectifs, comme une taille de référence, ne doivent en aucun cas servir à condamner trop tôt l’animal.

PRONOSTIC

Les données obtenues au cours du bilan d’extension (taille de la tumeur, des métastases locales sur les NL et existence de métastases à distance [pulmonaire, rate, pancréas, etc.]) permet de classer les animaux en stades cliniques de 1 à 4 selon l’étude de Polton et coll. dont le pronostic va décroissant d’une MS de 1 200 jours au stade 1, à 70 jours au stade 4 (tableau) [7].

Le stade 3 est divisé en deux classes selon la taille des NL car le traitement diffère d’une classe à l’autre. De même le traitement qui est corrélé au stade clinique influe sur le pronostic. En effet, l’association chirurgie (sacculectomie et lymphadénectomie) + chimiothérapie + radiothérapie permet d’obtenir les meilleures MS. En revanche, les récidives sont fréquentes avec un taux de 45 à 50 %, 10 mois en moyenne après l’intervention chirurgicale [14].

Le pronostic est assombri chez les animaux présentant une tumeur de plus de 10 cm2, des métastases à distance, une hypercalcémie ou chez ceux n’ayant pas subi d’intervention chirurgicale ni de traitement adjuvant [13].

Conclusion

L’AGASA, bien que relativement peu fréquente chez le chien, doit être envisagée face à toute masse périanale ou tableau clinique incluant ténesme et PUPD, quels que soient l’âge et le sexe de l’animal. Le pronostic de cette maladie agressive à l’évolution rapide est corrélée à un diagnostic précoce et à une prise en charge rapide. La démarche diagnostique et celle du bilan d’extension doivent être respectées, aucun examen complémentaire ne pouvant être écarté. Le traitement de choix reste la chirurgie en première intention, même en cas d’atteinte des NL sous-lombaires. Bien que de nombreuses questions attenant à la chimiothérapie et à la radiothérapie restent sans réponse en médecine vétérinaire, ces deux traitements adjuvants ont le pouvoir de potentialiser les bénéfices de la chirurgie et doivent être proposés.

Références

  • 1. Emms SG. Anal sac tumours of the dogs and their response to cytoreductive surgery and chemotherapy. Aust. Vet. J. 2005;83(6):340-343.
  • 2. Halnan CR. The frequency of occurrence of anal sacculitis in th dog. J. Small Anim. Pract. 1976;10:685-691.
  • 3. Hobson HP, Brown MR, Rogers KS. Surgery of metastatic anal sac adenocarcinoma in five dogs. Vet. Surg. 2006;35:267-270.
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  • 5. MacPhail C. Surgical views: Anal sacculectomy. Compend. Educ. Vet. 2008;(10):530-535.
  • 6. Polton GA. Examining the heritability of anal sac gland carcinoma in cocker spaniels. J. Small Anim. Pract. 2009;50:57.
  • 7. Polton GA, Brearley MJ. Clinical stage, therapy and prognosis in canine anal sac gland carcinoma. J. Vet. Intern. Med. 2007;21:274-280.
  • 8. Rodriguez Gomez J, Graus aMorales J, Martinez Sanudo MJ. Atlas de chirurgie périnéale du chien et du chat. Éd. Point Vétérinaire, Rueil-Malmaison. 2007;chapitre “anus”:66,82.
  • 9. Schaer M. Médecine clinique du chien et du chat. Ed. Masson. 2006; chapitre “Appareil digestif : côlon et anorectum”:336.
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  • 11. Tobias KM. Manual of small animal soft tissue surgery. Ed. Wiley-Blackwell, Ames. 2009;chapitre 46 “anal sacculectomy”:331-337.
  • 12. Tobias KM, Johnston SA. Veterinary surgery small Animal. 1st ed. Ed. Saunders, Elsevier, Saint-Louis. 2012; Chapitre 94:1581-1582.
  • 13. VSSO (Veterinary Society of Surgical Oncology). 2010. http://www.vsso.org/Anal_Sac_Tumors.html
  • 14. Williams LE, Gliatto JM, Dodge RK et coll. Carcinoma of the apocrine glands of the anal sac in dogs: 113 cases (1985-1995). J. Am. Vet. Med. Assoc. 2003;6:825-830.

Conflit d’intérêts

Aucun.

Points forts

→ L’adénocarcinome des glandes apocrines des sacs anaux (AGASA) affecte autant les mâles que les femelles.

→ Le toucher rectal doit faire partie intégrante de l’examen clinique car l’AGASA peut être une découverte fortuite lors de consultation vaccinale.

→ Le bilan d’extension doit comprendre une échographie abdominale en raison des métastases fréquentes aux nœuds lymphatiques régionaux.

→ Les meilleurs résultats sont obtenus en associant la chirurgie (sacculectomie et lymphadenectomie) à un traitement adjuvant (chimiothérapie et/ou radiothérapie).

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