GASTRO-ENTÉROLOGIE CANINE
Analyse d’article
Auteur(s) : Alexandre Caron
Fonctions : Fitzpatrick Referrals Ltd
Halfway lane, Eashing lane
Godalming, GU72QQ
United Kingdom
Le mécanisme du syndrome dilatation-torsion de l’estomac (SDTE) est complexe et les causes en sont encore imprécises. Ce syndrome nécessite un traitement chirurgical d’urgence. Il est donc important d’informer les propriétaires des chances de survie le plus tôt possible. Le taux global de survie varie de 73 à 90 % et l’article présenté le confirme (83 %) [1-3, 5, 6, 11-14, 18]. Le taux de nécrose gastrique (NG) varie de 10 à 35 % [2, 8].
Le SDTE touche essentiellement les chiens de grande race (braque de weimar, etc.) ou de race géante (dogue allemand, etc.), principalement à thorax profond (setter irlandais, etc.) [5, 7].
La réalisation d’une splénectomie a régulièrement été évoquée comme augmentant le risque de SDTE. Cependant, deux études récentes n’apportent pas de résultats supportant cette hypothèse. Les auteurs concluent qu’il n’est pas nécessaire de réaliser une gastropexie lors d’une chirurgie de splénectomie [9, 10]. Il convient, néanmoins, de la pratiquer chez les chiens de race à risque.
Un exercice intense a historiquement été impliqué, mais une étude plus récente a identifié l’activité réalisée après le repas comme protectrice vis-à-vis du risque de SDTE [15]. En revanche, un repas à base de croquettes de petite taille et riche en éléments gras semble être un facteur de risque [15, 16].
La lactatémie a souvent été évaluée chez les chiens qui présentent un SDTE. Une étude a déterminé 99 % de survie chez les animaux dont la lactatémie est inférieure à 6 mmol/l [6]. Une autre équipe a défini une valeur limite à 9 mmol/l avant tout traitement, valeur en deçà de laquelle 90 % des animaux ont survécu [18]. La diminution de la lactatémie après le traitement médical (fluidothérapie, décompression, analgésie) serait le paramètre le plus important pour prédire un bon résultat au traitement chez les animaux présentant une lactatémie initiale supérieure à 9 mmol/l. Ainsi, une diminution de plus de 4 mmol/l, une lactatémie finale inférieure à 6,4 mml/l ou un changement d’au moins 42,5 % de la lactatémie initiale sont indicateurs d’un bon pronostic avec une sensibilité (Se) et une spécificité (Sp) élevées [18].
Une Se de 88 % et une Sp de 61 % sont associées à une valeur limite de 6 mmol/l dans la prédiction de NG, mais cette valeur est controversée [6, 11].
Le dosage sérique du pepsinogène A semble être un facteur prédictif de NG ainsi que de survie (346 µg/l versus 746 µg/l). Une valeur charnière de 740 µg/l offre une Se de 53 % et une Sp de 88 % dans la probabilité de survie [12]. Le taux de mortalité des chiens ayant des taux de lactate et de pepsinogène compris dans les valeurs normales n’est que de 6 %. Ainsi, il conviendrait d’utiliser ces deux dosages en parallèle dans la détermination du pronostic vital lors de l’admission.
La myoglobine a également été étudiée comme marqueur biochimique [1]. Une valeur de 168 ng/ml a été définie. Lors de l’admission, 88,9 % des animaux qui présentaient un niveau inférieur à 168 ng/ml et seulement 50 % des chiens ayant une valeur supérieure ont survécu au traitement.
Cette mesure offre une Se de 60 % et une Sp de 84 % dans la prédiction de la survie.
Le dosage des troponines cardiaques I et T a également démontré un intérêt dans la détermination du pronostic avec une précision respective de 91 et 95 % lors de dosage 2 à 4 jours après l’intervention [17]. L’intérêt clinique est donc moindre pour ces dosages dans la mesure où leur Se n’est élevée que plusieurs jours après le traitement.
Le taux de NG serait étroitement corrélé aux paramètres sanguins de l’hémostase puisqu’une étude a déterminé une Se de 86 % et une Sp de 100 % lors d’analyse concomitante des différents paramètres (produits de dégradation de la fibrine, antithrombine III et temps de thromboplastine partielle activée) [14].
Quelques races relativement peu rencontrées semblent être un facteur pronostique négatif en termes de survie [7].
Une durée supérieure à 6 heures entre l’apparition des symptômes et la prise en charge médicale a été rapportée comme associée à un plus mauvais pronostic [2, 5]. D’un point de vue clinique, la réalisation d’une gastrectomie ou d’une splénectomie , le développement ou la présence de NG, d’hypotension, d’arythmie cardiaque, d’une péritonite septique ou d’une coagulation intravasculaire disséminée sont associés à un pronostic de survie plus sombre [2, 4, 5, 11, 13, 17].
La présence radiographique de pneumatose gastrique n’est que très peu sensible dans le diagnostic de NG, bien que très spécifique. Ainsi, environ 41 % des chiens pour lesquels une pneumatose est identifiée nécessitent une résection gastrique [8]. Le pronostic peut être modérément ajusté à partir de cet élément radiographique.
Le SDTE reste associé à un taux de mortalité non négligeable malgré le développement de la prise en charge. De nombreux dosages ont été étudiés pour leur valeur pronostique. Parmi les dosages ayant démontré à plusieurs reprises une précision suffisante, la lactatémie est sans doute le plus accessible pour le praticien afin de préciser le pronostic vital avant une intervention chirurgicale.
OBJECTIFS
• Déterminer la corrélation entre la lactatémie et l’excès de base (EB) au moment de l’admission de chiens atteints d’un syndrome dilatation-torsion de l’estomac (SDTE).
• Évaluer la valeur pronostique de ces paramètres sur la présence de nécrose gastrique (NG) et la probabilité de survie.
MÉTHODE
Étude rétrospective. Les chiens qui ont été diagnostiqués avec un SDTE par un examen radiographique et qui ont subi une mesure des gaz veineux et de la lactatémie au moment de l’admission ont été inclus. Les chiens euthanasiés avant l’intervention chirurgicale et qui n’ont pas subi d’autopsie ont été exclus.
RÉSULTATS
• 78 chiens ont été inclus. 21 % des chiens présentaient des signes de NG. Le taux de survie est de 83 % (65/78). Les chiens pour lesquels une zone de NG est observée chirurgicalement ont un risque de mort 7,1 fois plus élevé.
• La lactatémie médiane des chiens qui ont survécu au traitement était significativement plus basse que celle des chiens morts au cours du traitement (4,5 versus 7,9 mmol/l). La lactatémie médiane des chiens avec une zone de NG observée au cours de la chirurgie était significativement plus élevée que celle des autres chiens opérés (6,95 versus 4,5 mmol/l). Une valeur de la lactatémie de 7,4 mmol/l offre une sensibilité de 50 % et une spécificité de 88 % pour la prédiction de NG, ainsi qu’une sensibilité de 75 % et une spécificité de 89 % pour la prédiction de survie.
• La lactatémie et la mesure de l’EB à l’admission sont inversement corrélées. Bien que l’EB était plus faible chez les chiens atteints de NG ainsi que chez ceux qui n’ont pas survécu, cette mesure n’apparaît pas statistiquement comme un facteur prédictif fiable de survie ou de NG.
Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Découvrez en avant-première chaque mois le sommaire du Point Vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire