Bénéfices et risques des corticoïdes lors de traumatisme vertébral chez le lapin - Le Point Vétérinaire n° 327 du 01/07/2012
Le Point Vétérinaire n° 327 du 01/07/2012

NEUROLOGIE DES NAC

Thérapeutique

Auteur(s) : Adeline Linsart*, Hervé Pouliquen**

Fonctions :
*Centre hospitalier vétérinaire Saint-Martin
Unité NAC
275, route Impériale
74370 Saint-Martin-Bellevue
**Auteur-coordinateur

Les corticoïdes ne sont pas exempts d’effets secondaires chez le lapin, alors que des solutions alternatives plus sûres existent.

Les traumatismes du rachis sont fréquents chez le lapin, survenant lors de ruades, de chutes ou de contention (photo). Ils génèrent des lésions nerveuses dont le pronostic est réservé.

Le traumatisme médullaire déclenche une cascade inflammatoire à l’origine d’un œdème vasogénique, d’une vasodilatation et d’hémorragies qui aggravent les lésions initiales [8].

Utilisation historique des corticoïdes

Lors de traumatisme médullaire, les corticoïdes ont longtemps été considérés comme le traitement médical de choix. La méthylprednisolone était ainsi utilisée à des doses très élevées (par exemple 30 mg/kg par voie intraveineuse à T0, puis 15 mg/kg par voie intraveineuse à T + 2 h et à T + 6 h). Administrée immédiatement après le traumatisme, la méthylprednisolone prévient l’ischémie médullaire et limite la peroxydation lipidique [1, 6]. Ces traitements sont très controversés chez l’homme et le chien [1, 6, 8, 10].

Les bénéfices pharmacologiques sont obtenus uniquement si les médicaments sont administrés aussitôt après le traumatisme. Les effets négatifs de forte dose de glucocorticoïdes sont bien connus : ulcérations et hémorragies digestives, insuffisance rénale, hyperglycémie délétère au niveau neuronal, diminution de l’immunité [1, 8, 10].

Dans le cas du lapin, il convient également d’ajouter la sensibilité particulière de cette espèce aux anti-inflammatoires stéroïdiens [4, 9, 10]. L’immunodépression induite a des conséquences graves, notamment sur la flore digestive, quelles que soient la dose et la voie d’administration. Elle peut aussi exacerber des infections préexistantes [9]. Les ulcérations digestives sont fréquentes chez les lapins débilités. Enfin, une défaillance hépatique est possible [4].

Cox-2, des effets neuroprotecteurs supérieurs à ceux des corticoïdes

Les récepteurs Cox-2 sont présents dans les couches superficielles de la moelle épinière [6]. Leur activité est augmentée par l’inflammation périphérique, ce qui permet aux coxibs de diffuser efficacement dans le liquide cérébro-spinal. Une étude comparant l’efficacité de la méthylprednisolone et celle du méloxicam lors de traumatisme médullaire démontre les effets neuroprotecteurs supérieurs du coxib chez le lapin (tableau complémentaire sur www.WK-Vet.fr) [6].

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) Cox-2 améliorent la perfusion sanguine au niveau médullaire, ce qui augmente les capacités de récupération à la suite d’un traumatisme [8]. Ils inhibent la transmission nociceptive et sont plus efficaces dans la prise en charge de la douleur. Ils réduisent également l’inflammation et l’œdème, limitant les lésions nerveuses secondaires [3].

Méloxicam : excellente tolérance et observance facilitée

Le méloxicam se caractérise par sa biodisponibilité très élevée après une administration orale et une forte affinité pour les protéines plasmatiques. Le pic plasmatique est atteint environ 6 heures après l’administration et la demi-vie d’élimination est de 8 heures. Le méloxicam est éliminé dix fois plus rapidement chez le lapin que chez le chien après une prise orale [11].

Son activité Cox-2 lui confère une grande tolérance : les effets secondaires sont rares [4, 7].

Les présentations buvables permettent une quantification précise des volumes à administrer et présentent une excellente appétence, facilitant l’observance. Les doses ne sont pas établies de manière précise chez le lapin [2, 3, 11, 12]. Les doses les plus faibles (de 0,2 mg/kg/j à 0,3 mg/kg/j) semblent efficaces pour obtenir un effet anti-inflammatoire, mais ne procureraient pas une analgésie satisfaisante (concentrations plasmatiques insuffisantes) [11, 12]. Elles sont bien tolérées sur 10 à 15 jours [2, 9, 10].

Lors de traumatisme médullaire, une dose de 0,5 mg/kg/j pendant 7 à 14 jours est conseillée [2, 6, 11]. Pour obtenir une analgésie après une intervention chirurgicale, une dose initiale de 1 mg/kg, puis de 0,5 mg/kg/j est proposée [13].

Les lapins traités avec un AINS sur une longue durée doivent bénéficier d’un bilan biochimique (rein, foie) et d’un traitement préventif des ulcérations digestives (antiacide, pansement digestif) (encadré complémentaire sur www.WK-Vet.fr).

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