Un cas de carcinome des cellules transitionnelles chez un chat - Le Point Vétérinaire expert canin n° 323 du 01/03/2012
Le Point Vétérinaire expert canin n° 323 du 01/03/2012

UROLOGIE ET ONCOLOGIE FÉLINE

Cas clinique

Auteur(s) : Corentin d’Hauthuille

Fonctions : Clinique vétérinaire Chateauneuf
16, rue Jules-Ferry
13220 Châteauneuf-les-Martigues

Même chez le chat, une atteinte tumorale de la vessie est envisageable lors de signes cliniques de maladie du bas appareil urinaire.

Les tumeurs vésicales sont des affections rares chez les carnivores domestiques, particulièrement chez le chat. Le carcinome des cellules transitionnelles est le type de tumeur le plus fréquemment rencontré [1, 2, 3, 4, 6, 18]. Cette maladie est bien documentée dans l’espèce canine mais l’est beaucoup moins chez le chat.

CAS CLINIQUE

1. Commémoratifs

Un chat mâle castré âgé de 14 ans est présenté en consultation de garde chez un confrère pour une hématurie et une pollakiurie. Il est correctement vacciné, vermifugé et vit en intérieur avec un congénère qui ne présente aucun problème de santé. Un diagnostic de cystite est établi. De l’amoxicilline-acide clavulanique (Synulox®) et du méloxicam (Metacam®) lui sont prescrits pour une durée de 10 jours.

L’animal a été traité pour une suspicion de maladie lithiasique, reposant sur la présence de cristaux de struvite, avec une alimentation modérément acidifiante depuis 2 ans (Hill’s C/D®).

Une amélioration est notée avec ce traitement médical mais les symptômes réapparaissent après 2 mois. Il nous est alors présenté en consultation.

2. Examen clinique

Lors de la consultation, le chat est alerte, son arrière-train est souillé par ses urines. La caisse de transport contient également une importante quantité d’urines fortement teintées de sang. À l’examen clinique, la palpation de l’abdomen postérieur est impossible en raison de la douleur qu’elle entraîne. Des urines visiblement hémorragiques s’écoulent au goutte-à-goutte. Le reste de l’examen ne présente pas d’anomalie.

3. Hypothèses diagnostiques

Le chat présente les symptômes d’une maladie du bas appareil urinaire (MBAU), c’est-à-dire une hématurie chronique récidivante associée à de la strangurie et à de la pollakiurie et de l’incontinence. Les causes retenues en premier lieu sont une cystite bactérienne ou idiopathique, une présence de cristaux ou de calculs, et enfin un phénomène néoplasique (tableau 1). L’incontinence qui vient s’ajouter à ces symptômes, la vessie de petite taille ainsi que la palpation abdominale douloureuse sont explicables par une augmentation de la contractilité du détrusor, provoquée par l’inflammation des voies urinaires.

Le chat, assez peu coopératif, est tranquillisé (Dexdomitor®, 40 µg/kg par voie intramusculaire) afin de palper correctement l’abdomen et d’effectuer les examens complémentaires. À la palpation, les reins semblent normaux, et la vessie, de petite taille, est indurée.

4. Examens complémentaires

Analyse d’urine

Une analyse d’urine est effectuée après récolte sur la table d’examen. La bandelette n’est pas interprétable en raison de la teinte rouge du prélèvement. La densité mesurée au réfractomètre est égale à 1,017. L’analyse du culot révèle la présence d’hématies en grande quantité, de cellules urothéliales et squameuses ainsi que de leucocytes (la présence de rares bactéries n’est pas prise en compte étant donné le mode de récolte). Aucune cristallurie n’est objectivée. Une cystocentèse échoguidée est nécessaire afin de pratiquer une culture bactérienne des urines.

Examen sanguin

Une numération et une formule sanguines sont effectuées et ne montrent aucune anomalie. Le bilan biochimique (urée, créatinine, phosphatases alcalines (ALKP), alanine aminotransférases (Alat), glucose, protéines totales et albumine) révèle des valeurs d’urée et de créatinine dans les normes, mais compatibles avec un dysfonctionnement rénal débutant d’après l’International renal interest society (tableau 2A et 2B).

Une mesure du rapport protéines/créatinine urinaire (RPCU) est réalisée et confirme une atteinte rénale (ratio = 1,2).

Radiographie

Sur la radiographie, la vessie est de petite taille, aucun calcul n’est visible dans les voies urinaires et les reins sont normaux.

Échographie et cystocentèse

L’échographie révèle un épaississement diffus de la paroi vésicale (jusqu’à 1 cm) mais son objectivation est biaisée par l’état de réplétion quasi nul de la vessie (photo 1). Une masse circulaire de 1,4 cm de diamètre et de densité relativement homogène est visualisée dans la lumière de l’organe (photo 2). L’absence de cône d’ombre sous-jacent permet a priori d’exclure la lithiase. Les ganglions loco-régionaux sont cherchés afin d’établir un bilan d’extension, mais ne sont pas visualisés. Les images des reins ne présentent pas d’anomalie.

La cystocentèse échoguidée est réalisée et la culture bactérienne est négative.

Le diagnostic de tumeur vésicale est alors fortement suspecté, une cystite polypoïde reste également envisagée.

Des radiographies du thorax sont effectuées. Les clichés se révèlent normaux.

Une laparotomie est alors proposée aux propriétaires pour effectuer une biopsie et une résection de la masse, si l’abouchement des uretères ou l’urètre ne sont pas concernés par la masse.

5. Intervention chirurgicale

Anesthésie

L’animal est prémédiqué avec une association de diazépam (Valium®) à la dose de 0,2 mg/kg et de butorphanol (Dolorex®) à la dose de 0,25 mg/kg, administrée par voie intraveineuse après la mise en place d’un cathéter. L’anesthésie est induite 20 minutes plus tard avec du propofol (Rapinovet®) à la dose de 5 mg/kg, le chat est ensuite intubé et l’entretien est effectué à l’isoflurane (Vetflurane®). L’antibioprophylaxie est assurée par l’injection intraveineuse de marbofloxacine (Marbocyl FD®) à la dose de 2 mg/kg.

Intervention chirurgicale

Après ouverture de l’abdomen, la vessie est extériorisée, sa paroi est très épaissie et une induration circulaire est observée sur la partie dorsale de l’organe (photos 3 et 4).

Une cystotomie est pratiquée afin de visualiser la masse et les uretères. Ces derniers n’étant pas atteints, une résection de la masse par cystectomie est réalisée. Les marges saines (2 cm) préconisées en chirurgie cancéreuse n’ont pas pu être obtenues.

6. Phase postopératoire

L’animal est hospitalisé et perfusé pendant les 24 heures qui suivent l’intervention chirurgicale afin de contrôler la douleur à l’aide de buprénorphine (Vétergésic®) à la dose de 0,02 mg/kg deux fois par jour, de vérifier la miction et d’éviter une aggravation des lésions rénales.

Il est restitué à ses propriétaires avec du bénazépril (Fortekor 5®, à la dose d’un demi-comprimé, une fois par jour) et une alimentation thérapeutique (Hill’s K/D®). Devant l’incapacité totale de ces derniers à administrer plusieurs comprimés, de la céfovecine (Convenia®) à la dose de 8 mg/kg a été injectée par voie sous-cutanée.

7. Diagnostic histologique et pronostic

Le diagnostic de carcinome à cellules transitionnelles (CCT) est confirmé par l’analyse histologique (photo 5).

Du piroxicam (Feldene®) est alors prescrit à la dose de 0,3 mg/kg/j, malgré le risque d’insuffisance rénale aiguë évoqué avec le propriétaire. Il est associé à de la cimétidine à la dose de 10 mg/kg, trois fois par jour, afin de limiter les effets secondaires digestifs rapportés pour cet anti-inflammatoire non stéroïdien.

L’administration de bénazépril est interrompue et il est indiqué aux propriétaires que les constantes biochimiques rénales doivent être suivies régulièrement.

8. Suivi

Au retrait des points cutanés 12 jours après l’intervention, aucune rechute n’est signalée, le chat ne présente plus d’hématurie. La fréquence des mictions est importante, cela étant probablement dû à l’exérèse de près de 50 % de la vessie. Aucun trouble digestif n’est noté à la suite de l’administration du piroxicam. Un bilan biochimique (urée, créatinine, Alat, ALKP) est effectué et ne montre pas d’évolution significative des valeurs mesurées.

Un suivi échographique et biochimique est ensuite réalisé à 60 jours postopératoires et ne montre aucune rechute (photo 6).

Six mois après l’intervention, le chat est de nouveau présenté en consultation pour une hématurie importante évoluant depuis 3 jours. L’examen clinique révèle une induration importante de la vessie ainsi que de la paroi abdominale. L’échographie révèle un épaississement important de ces structures (photo 7). La décision d’euthanasie est alors prise, en accord avec les propriétaires.

DISCUSSION

1. Épidémiologie et physiopathogénie du carcinome à cellules transitionnelles félin

Épidémiologie

Les tumeurs de la vessie sont rares chez le chat. Elles peuvent être de différents types et sont malignes dans la majorité des cas (90 %) (tableau 3) [1, 7, 12, 19]. Le CCT semble être, comme dans l’espèce canine, la forme la plus fréquente [12, 16, 19]. Chez le chat, les mâles âgés semblent prédisposés (comme ici) [12, 19]. Le peu de cas rapportés ne permettent pas d’évaluer la prédisposition de certaines races, mais il est à noter qu’une prévalence importante du CCT est rapportée chez le chat viverrin (Prionailurus viverrinus) en captivité [5, 15]. L’épidémiologie est mieux connue dans l’espèce canine (encadré 1 complémentaire sur www.WK-Vet.fr).

Physiopathogénie

La rétention urinaire favoriserait le développement des tumeurs vésicales, en entraînant un contact prolongé de l’épithélium avec des agents cancérigènes [12, 19]. Le tryptophane est ainsi incriminé chez l’homme et le chien. Son excrétion quasi nulle chez le chat pourrait expliquer la très faible prévalence de cette affection dans cette espèce [12, 15]. L’irritation et l’inflammation chroniques, entraînées par des cystites à répétition, sont également incriminées dans la pathogénie des tumeurs vésicales. Ce phénomène est suspecté dans le cas présenté.

Un intérêt croissant est apporté à l’étude des cyclo-oxygénases dans le développement des CCT depuis la description de rémissions de cette tumeur grâce à l’emploi de leurs inhibiteurs (piroxicam) [5, 7].

2. Démarche diagnostique lors de maladies du bas appareil urinaire

Analyse d’urine

L’analyse urinaire est le premier examen à effectuer lors de MBAU. Ici, la bandelette n’était pas interprétable en raison de l’hématurie/hémoglobinémie mais la mesure de la densité urinaire nous a amenés à suspecter une atteinte rénale, bien qu’une mesure ponctuelle de densité urinaire doive être interprétée avec précaution.

Dans l’étude de Wilson et coll., l’analyse du culot urinaire ne permet le diagnostic de CCT que dans un cas sur 18. Cela tient à la difficulté de différencier les cellules tumorales des cellules transitionnelles modifiées par une simple inflammation [12, 16, 19]. Cette technique est donc peu sensible mais devrait tout de même être pratiquée de manière systématique afin d’objectiver la présence d’une éventuelle affection concomitante (infection, cristaux). Pour le chat référé, l’examen du culot des urines fraîches a révélé des signes importants d’inflammation (hématurie, présence de leucocytes) et l’absence de maladie lithiasique.

Lors de CCT, la culture bactérienne des urines ressort positive dans plus de la moitié des cas décrits, contrairement au chat suivi [1,12,13,19].

Biochimie et hématologie

Aucune anomalie sanguine n’est retrouvée de manière constante chez les animaux atteints de CCT. La moitié des chats étudiés par Wilson et coll. et 30 % de ceux de l’étude de Schwartz et coll. souffrent d’insuffisance rénale concomitante (augmentation de l’urée et de la créatinine sanguines). En raison de l’âge moyen des animaux, cette observation ne permet pas de préjuger d’un rapport direct entre les deux maladies. Dans certains cas, le phénomène de rétention urinaire peut tout de même être incriminé dans le développement de l’affection rénale.

Le chat référé n’était pas urémique et son taux de créatinine était dans les normes supérieures. Seul le RPCU s’est révélé anormal. Devant l’absence de bactéries dans le culot urinaire, d’anomalie morphologique des reins et de dilatation des cavités pyéliques objectivées à l’échographie, la cause de la maladie rénale n’a pas été diagnostiquée. Les constantes biochimiques rénales ont en revanche été suivies régulièrement.

En ce qui concerne l’hématologie, une anémie peut être présente (25 % des chats atteints de tumeur vésicale dans l’étude de Schwartz et coll.), ce qui n’était pas le cas chez l’animal présenté.

Radiographie

Même si elle n’a rien révélé ici, la radiographie peut être un outil intéressant pour le diagnostic des CCT. Elle autorise parfois à voir un épaississement de la paroi vésicale, son éventuelle calcification, la présence de calculs associés et parfois une néphromégalie (certaines tumeurs vésicales sont associées à des lésions comme de l’hydronéphrose ou un processus néoplasique du rein).

L’emploi de techniques à double contraste permet d’affiner le diagnostic (meilleure visualisation d’irrégularités de la muqueuse) [1, 7, 12, 19].

Le scanner ou l’examen d’imagerie par résonance magnétique peuvent également être employés mais restent moins accessibles en pratique.

Échographie

L’échographie est la technique d’imagerie à privilégier en pratique courante, elle autorise à évaluer l’épaisseur de la paroi vésicale et à visualiser une masse éventuelle, la localiser et à établir un bilan d’extension local [7, 13, 16, 18, 19]. Dans l’étude de Wilson et coll. menée chez le chat, 45 % des CCT atteignaient le trigone et les autres, en étaient distantes. La tumeur peut également entreprendre l’urètre [1]. La localisation du CCT canin est sensiblement différente (encadré 2 complémentaire sur www.WK-Vet.fr). Chez la majorité des chats atteints, toute l’épaisseur de la paroi vésicale est touchée et présente une induration, alors que chez l’homme, elle est souvent superficielle [7,12,19]. Cela découle certainement de la précocité du diagnostic en médecine humaine. Dans le présent contexte, l’épaisseur de la paroi vésicale est augmentée de façon importante et une masse de 1,4 cm de diamètre, distante du trigone, est visible. En plus des extensions locales rapportées (prostate, urètres, uretères, paroi abdominale), ces tumeurs métastasent (dans 20 à 50 % des cas selon les études) par voie lymphatique aux ganglions loco-régionaux (iliaques médiaux, lombo-aortiques) et plus rarement par voie hématogène (poumon) [7, 12, 13, 19]. Le bilan d’extension effectué chez l’animal est négatif.

Cytologie et histologie

La cytologie après prélèvement par aspiration à l’aiguille fine constitue un moyen de diagnostiquer cette tumeur. Toutefois, des métastases sur la paroi abdominale sont rapportées chez le chat, le chien et l’homme. Cette technique est donc déconseillée par certains auteurs [12,13,17,19].

Comme dans le cas décrit, une biopsie peut enfin être effectuée par laparotomie (éventuellement par cystoscopie chez le chien). Cette technique offre la meilleure sensibilité diagnostique.

Marqueurs de processus néoplasique

Un test antigénique de dépistage de tumeur vésicale (V-BTA) est disponible [7]. Le nombre élevé de faux positifs (lors d’hématurie, de protéinurie ou de glycosurie) limite son intérêt.

3. Traitement

Intervention chirurgicale

La chirurgie est à envisager si le bilan d’extension est négatif. La cystectomie partielle (réalisée dans ce cas) est la technique de choix si la localisation (absence d’envahissement du trigone vésical) et l’étendue de la tumeur le permettent [1, 7, 11, 12, 13, 14, 19].

Une exérèse large comprenant des marges saines devrait être pratiquée mais la taille réduite de la vessie du chat et le diagnostic souvent tardif constituent des facteurs limitants.

Les complications majeures de la cystectomie dans le cadre du CCT canin sont de deux types : la déhiscence de plaie et la pollakiurie [14]. Cette dernière, qui résulte de la diminution du volume vésical, à la suite de l’exérèse d’une partie importante de l’organe, régresse chez la plupart des animaux (ce qui a été le cas ici).

Si la cystectomie partielle n’est pas praticable, la cystectomie totale associée à une urétérocolostomie est décrite, mais les résultats sont très décevants [13].

La mise en place d’un stent afin de pallier le phénomène obstructif parfois rapporté lors d’envahissement de l’urètre est également évoquée comme soin palliatif [9].

Traitement médical

Des traitements ont été notés ponctuellement chez le chat mais devant le peu de cas rapportés, il est difficile de savoir si, dans cette espèce, un principe actif est réellement plus efficace qu’un autre [1, 12, 19]. Différents protocoles sont en revanche rapportés dans l’espèce canine (encadré 3 complémentaire sur www.WK-Vet.fr).

Chimiothérapie systémique

Le carboplatine est utilisable à la dose de 200 à 260 mg/m2 toutes les 4 semaines chez le chat. Il serait a priori moins efficace, mais aussi moins toxique que le cisplatine [13, 19].

La doxorubicine a été utilisée à la dose de 25 mg/m2 [19]. L’association de doxorubicine et de cyclophosphamide (200 mg/m2) est rapportée chez un chat et semble avoir été mal tolérée [19]. Ce phénomène pourrait être dû à l’insuffisance rénale concomitante dont souffrait l’animal.

Le piroxicam est un anti-inflammatoire non sélectif COX-1 ou COX-2 et présente une activité antitumorale prouvée sur les CCT canins. Son emploi a été étudié chez le chat sur une période de 10 jours et la molécule semble bien tolérée [4]. Dans cette étude, les doses rapportées sont de 0,3 mg/kg, administrées deux à trois fois par semaine. Des troubles gastro-intestinaux ont été rapportés chez un chat et ont rétrocédé avec l’administration de misoprostol.

Dans le cas décrit, les propriétaires étant réfractaires à l’idée de pratiquer une chimiothérapie ou une radiothérapie, il a été décidé d’utiliser cette molécule. Six mois d’administration de piroxicam à la dose de 0,3 mg/kg/j en association avec de la cimétidine n’ont entraîné ni modification des constantes biochimiques rénales et hépatiques ni de troubles digestifs. Le chat a survécu 6 mois après l’intervention chirurgicale.

Radiothérapie

L’utilisation de la radiothérapie après l’exérèse chirurgicale d’un CCT urétral chez un chat permettrait une rémission de la dysurie et de la constipation [16].

Les résultats de la radiothérapie restent relatifs, ses effets secondaires sur la moelle et le tractus digestif ainsi que son manque de disponibilité sont à prendre en compte.

Pour des raisons pratiques et financières, elle n’a pas été retenue dans ce cas.

4. Pronostic

La médiane de survie rapportée est proche de 6 mois (261 jours dans l’étude de Wilson et coll.), ce qui correspond au temps écoulé entre le diagnostic et l’euthanasie de l’animal [7, 11, 12, 13, 19]. Le pronostic dépend de la localisation de la tumeur, de son étendue ainsi que du stade Tumor node metastasis (TNM) au moment du diagnostic. La possibilité d’une exérèse par cystectomie partielle semble améliorer le pronostic [7, 14, 19]. Un stade TNM avancé est plutôt péjoratif (encadré 4) [6]. Une étude menée chez le chien a cherché à mettre en évidence différents marqueurs immunohistochimiques qui seraient de bons indicateurs pronostics, à savoir des molécules responsables de chimiorésistance ou d’angiogenèse [11]. Les résultats se sont révélés peu probants.

Conclusion

Même si ce sont des affections rares, les tumeurs vésicales (et en premier lieu le CCT) doivent faire partie du diagnostic différentiel des maladies du bas appareil urinaire félines. L’échographie est une aide précieuse à son diagnostic. Cependant, comme dans la grande majorité des maladies néoplasiques, l’analyse cytohistologique reste la seule méthode offrant un diagnostic de certitude. Comme chez le chien, l’emploi du piroxicam semble intéressant dans sa gestion, mais des études complémentaires concernant l’arsenal thérapeutique le plus adapté restent nécessaires.

Références

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Points forts

→ Mêmes si elles sont rares, les tumeurs vésicales doivent faire partie du diagnostic différentiel des maladies du bas appareil urinaire félin.

→ Chez le chat comme chez le chien, la tumeur vésicale la plus fréquente est le carcinome des cellules transitionnelles.

→ La cytologie du culot urinaire est un examen très peu sensible pour le diagnostic des tumeurs vésicales des carnivores domestiques.

→ Comme chez le chien, l’emploi du piroxicam semble intéressant dans la gestion des carcinomes à cellules transitionnelles félins.

ENCADRÉ 4
Système Tumor node metastasis du carcinome à cellules transitionnelles canin

T : tumeur primaire

→ Tis : carcinome in situ

→ T0 : pas d’évidence de tumeur primaire

→ T1 : tumeur papillaire superficielle

→ T2 : tumeur envahissant la paroi vésicale avec induration

→ T3 : tumeur envahissant les organes voisins (prostate, urètre, etc.)

N : nœuds lymphatiques régionaux (NLR)

→ N0 : pas d’atteinte des NLR

→ N1 : atteinte des NLR

→ N2 : atteinte des NLR et des nœuds lymphatiques juxtarégionaux

M : métastases distantes

→ M0 : pas d’évidence de métastase

→ M1 : présence de métastases

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