DERMATOLOGIE FÉLINE
Analyse d’article
Auteur(s) : Catherine Laffort
Fonctions : Clinique vétérinaire
8, boulevard Godard
33300 Bordeaux
La dermatite allergique féline chronique regroupe plusieurs dermatoses inflammatoires et prurigineuses. Les signes cliniques de la dermatite allergique féline chronique se manifestent sous forme de patron lésionnel : un prurit cervico-facial, une dermatite miliaire, une alopécie auto-induite, des lésions du complexe granulome éosinophilique.
Un animal peut présenter au même moment une ou plusieurs de ces entités. Aucune de ces présentations cliniques n’est spécifique d’une dermatite allergique et encore moins d’une catégorie d’allergènes (salive de puces, allergènes alimentaires ou de l’environnement) [2, 11]. Le diagnostic final est établi après exclusion des autres causes de dermatites prurigineuses (ectoparasitoses, dermatite par allergie aux piqûres de puces, piqûres de moustiques, allergie alimentaire, dermatose psychogénique, syndrome hyperéosinophilique) et réponse positive au traitement.
Récemment, une étude prospective sur 501 chats présentés pour un prurit a permis d’établir une liste de critères pour aider au diagnostic des dermatites allergiques. La présence de lésions dorsales est observée en général chez les chats souffrant d’allergie aux piqûres de puces.
Chez un chat présenté pour un prurit, une dermatite allergique non liée aux piqûres de puces est diagnostiquée lorsque cinq des huit critères suivants sont observés, avec une sensibilité de 75 % et une spécificité de 76 % :
– deux sites atteints au minimum ;
– au moins deux des patrons lésionnels suivants : une alopécie symétrique, une dermatite miliaire, une dermatite éosinophilique, des érosions/ulcérations de la tête et du cou ;
– une alopécie symétrique ;
– des lésions labiales ;
– des érosions ou des ulcérations sur le menton ou le cou ;
– aucune lésion dorso-lombaire ;
– absence d’alopécie non symétrique en région dorso-lombaire ou sur la queue ;
– absence de nodules ou de tumeurs [2].
Il n’a pas été possible de déterminer de liste de critères qui permettent de distinguer les chats atteints d’allergie alimentaire de ceux souffrant de dermatite allergique féline chronique, non liée à des allergènes alimentaires ou aux piqûres de puces [2]. Dans cette série de cas rapportant les effets secondaires de l’administration de ciclosporine pour traiter les dermatites allergiques chez le chat, aucune mention n’est apportée sur la démarche qui a conduit à ce diagnostic.
Le traitement de cette entité, par nature chronique, requiert le plus souvent l’utilisation de molécules anti-inflammatoires. Les corticostéroïdes, par voie orale ou parentérale, ont longtemps été le traitement de référence. Les chats sont considérés comme moins sensibles aux effets secondaires de ces molécules que d’autres espèces. Cependant, lorsqu’ils apparaissent, ces effets secondaires (fragilité cutanée, insuffisance cardiaque congestive, diabète sucré) peuvent être sévères [5].
Récemment, l’intérêt d’un spray à base d’acéponate d’hydrocortisone développé pour le chien a été testé au cours d’une étude ouverte pilote. Ce dermocorticoïde s’est révélé efficace et bien toléré chez 10 chats (diminution du score clinique FeDESI d’au moins 50 % à J56 par rapport à J0 chez 5 chats). Ces résultats préliminaires appellent de nouvelles études randomisées contrôlées en aveugle avec un nombre d’individus plus élevé et une durée plus longue [11].
La ciclosporine, bien qu’indisponible jusqu’à récemment sous une présentation féline, est utilisée depuis quelques années en dermatologie chez le chat [3, 7, 10]. Elle s’est révélée très efficace en particulier pour le traitement de la dermatite allergique féline chronique et des lésions du complexe granulome éosinophilique [13]. Les données sur ses effets secondaires sont peu nombreuses. Elles se réfèrent à des cas cliniques ou de petites séries de cas pour lesquels l’indication, la dose et la durée du traitement avec la ciclosporine étaient variables [1, 4, 8]. Ainsi, une augmentation de la prévalence de cancer a été notée chez des chats recevant de la ciclosporine à la suite d’une transplantation de greffe [12, 14]. Trois cas de toxoplasmose fatale ont été observés chez des chats recevant de la ciclosporine pour une dermatite atopique féline [1, 4]. Pour éviter une primo-infection à Toxoplasma gondii chez des chats traités à l’aide de ciclosporine, les auteurs conseillent de les maintenir à l’intérieur et d’éviter l’ingestion de viande crue. D’autres effets secondaires, moins sévères, ont été rapportés : une diarrhée, des vomissements, une hyperactivité, une augmentation de l’appétit, de l’anorexie, une hyperplasie gingivale [3, 7, 9, 13]. Ces données sont en accord avec celles rapportées dans l’étude choisie.
Cette série rétrospective de cas est la première à porter sur une cinquantaine d’animaux et pour une durée d’utilisation de la ciclosporine d’au moins un an. Malgré l’utilisation des critères de Naranjo, son modèle ne permet pas de confirmer formellement le lien de causalité entre les effets secondaires observés et l’administration de la ciclosporine [6]. Ce type de rapport permet de mettre en lumière des signaux de danger qui devront être suivis au cours d’études plus larges et contrôlées.
OBJECTIFS
Connaître les circonstances d’apparition et les manifestations cliniques des effets secondaires liés à l’administration de ciclosporine lors du traitement des dermatites allergiques chez le chat.
MÉTHODE
Cette série rétrospective s’est intéressée aux dossiers cliniques de chats suivis pour une dermatite allergique dans une clinique de référés en dermatologie vétérinaire. Les chats inclus ont reçu de la ciclosporine par voie orale selon une dose variant de 1,9 à 7,3 mg/kg/j pendant au moins 1 an. Ils ont été revus annuellement ou bien ont interrompu l’administration de cette molécule en raison d’effets secondaires. Les données cliniques ainsi que paracliniques, quand elles étaient disponibles (bilan hématobiochimique, analyse d’urine, sérologie toxoplasmose), ont été évaluées. La probabilité qu’un effet secondaire soit effectivement lié à la ciclosporine a été évaluée par chaque auteur individuellement suivant une grille de questions adaptées de la méthode recommandée par Naranjo et coll.
RÉSULTATS
• Cinquante chats ont été inclus, 66 % d’entre eux ont présenté des effets secondaires.
• Les effets secondaires probablement associés à l’administration de la ciclosporine sont les suivants : des vomissements ou une diarrhée apparus dans les 1 à 8 semaines qui suivent l’administration de ciclosporine (24 %), une perte de poids (16 %), de l’anorexie et une lipidose hépatique (2 %) et une hyperplasie gingivale (2 %).
Certains chats ont présenté plusieurs effets secondaires.
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