Pourquoi et comment choisir un appareil de radiographie numérique ? - Le Point Vétérinaire n° 312 du 01/01/2011
Le Point Vétérinaire n° 312 du 01/01/2011

IMAGERIE MÉDICALE

Technique

Auteur(s) : Anaïs Combes

Fonctions : Medische Beeldvorming,
Faculteit
Diergeneeskunde,
UGent Salisburylaan, 133
9820 Merelbeke,
Belgique
anais.combes@ugent.be

L’accroissement des offres d’appareils de radiographie numérique a rendu ce matériel accessible et plus adapté aux vétérinaires.

Faire son choix entre radiographie conventionnelle et radiographie numérique est difficile : investissement initial supérieur, méconnaissance des critères de qualité et de l’informatique, « pourquoi changer si tout va bien ? ». Cependant, la majorité des praticiens qui utilisent un appareil numérique ne reviendraient plus en arrière.

L’investissement est-il justifié ?

Il est facile de connaître le prix d’achat d’un appareil de radiographie numérique. Mais il convient de choisir un service de maintenance et une garantie adaptés au type de machine et à son utilisation future (nombre de clichés réalisés, orthopédie, pneumologie, etc.), le coût de cette maintenance pouvant varier selon les services proposés (environ 8 % du prix d’achat par an).

Les avantages sont également à considérer : réduction des coûts de petits matériels et de chimie (plus de développement, plus de film), du temps d’exécution, de la pénibilité de la manœuvre, de la place nécessaire à l’appareil de radiologie, de l’espace de stockage.

Quels sont les différents types d’appareils disponibles ?

→ Quel que soit le système, le générateur et le tube produisant les rayons X fonctionnent de la même manière. Il est d’ailleurs possible d’adapter un détecteur numérique sur une ancienne table de radiologie. Le détecteur absorbe toujours l’énergie des rayons X qui ont traversé l’animal. Il les transforme en charges électriques qui sont numérisées et transformées en des niveaux de gris, proportionnels à la quantité de rayons X détectée, sur un écran d’ordinateur.

→ Le système CR (computed radiography) se compose d’une cassette contenant un écran phosphorescent qui stocke temporairement l’information apportée par les rayons X (photo 1 complémentaire sur www.WK-Vet.fr). Dans une machine de développement séparée (le numériseur), l’écran est extrait de la cassette, scanné par un laser, et l’information numérisée et envoyée sur l’écran d’ordinateur (photo 2). Enfin, l’information sur l’écran phosphorescent est effacée, l’écran replacé dans la cassette afin d’être réutilisé. Il est donc toujours nécessaire de manipuler une cassette, d’aller la développer et d’attendre que l’image apparaisse sur l’écran (30 à 40 secondes par cassette).

→ Le système DR (direct digital radiography) n’utilise plus de cassette. Le détecteur est fixe dans le tiroir de la table de radiologie (table adaptée) ou inclus dans la table (table numérique neuve) (photo 3 et photo 4 complémentaire sur www.WK-Vet.fr). Il existe trois technologies de radiographie numérique : le détecteur CCD (charged couple device), le capteur plan indirect et le capteur plan direct. Chaque système produit une qualité d’image différente, mais son coût est aussi fonction de cette qualité. La technologie CCD est la même que celle des appareils photo numériques, elle transforme les rayons X en photons lumineux qui sont numérisés. Les capteurs plans disposent d’une technologie de détection de meilleure qualité (résolution, contraste) que le CCD. Ils sont classés comme indirects si les rayons X sont transformés en photons lumineux avant numérisation ou directs si l’information des rayons X est directement numérisée.

Quels sont les avantages et les inconvénients de chaque système ?

Le système de cassettes numériques (CR) a un bon rapport qualité-prix, mais la maintenance est conséquente. Il s’intègre facilement dans un système préexistant, est très flexible, mais la vitesse d’exécution globale est relativement lente.

Le CCD est un système sans cassette, peu cher, mais avec une moindre qualité d’image. Il s’intègre mal dans un système préexistant, il est néanmoins très facile et rapide à utiliser, c’est un bon outil généraliste.

Les capteurs plans sont plus onéreux, mais ils sont intégrables, rapides, avec une meilleure qualité d’image pour des paramètres d’exposition flexibles. Ils sont idéaux pour des radiographies plus pointues (tableau complémentaire sur www.WK-Vet.fr).

Quels sont les services proposés par l’entreprise ?

La stabilité de l’entreprise est un critère important car le suivi de la maintenance et des mises à jour est crucial. En effet, la majorité des pannes ou des soucis de qualité ne sont plus à la portée du vétérinaire ni même du radiologue, il est nécessaire d’en référer à des techniciens et à des informaticiens spécialisés. Les durées de garantie sont variables.

La maintenance peut être effectuée par l’entreprise elle-même ou sous-traitée. Sa fréquence dépend du nombre d’examens réalisés par unité de temps. Si le vétérinaire réalise moins de radiographies qu’un radiologue de médecine humaine, les animaux apportent poils et saleté qui détériorent plus rapidement les machines et les ordinateurs.

La disponibilité (horaires, accessibilité) et la compétence du service de maintenance doivent être adaptées aux horaires et au personnel de la clinique vétérinaire. Les solutions de sauvegarde des données et de prêt de machine en cas de “bug” général doivent être discutées au moment de l’achat.

Quelle qualité d’image le système produit-il ?

Il est indispensable de demander à voir des images réalisées dans des cliniques utilisant déjà le système. Ne pas hésiter à zoomer énormément pour augmenter le bruit de l’image et la pixellisation. Évaluer toutes les parties du corps et toutes les tailles d’animal. En effet, certains détecteurs et certains réglages sont plus efficaces pour un thorax que pour de l’os, par exemple. Les compromis doivent correspondre aux activités majeures de la clinique. Il peut aussi être utile de rechercher les halos noirs autour des implants orthopédiques, les flous thoraciques ou osseux, ou le manque de contraste abdominal.

La comparaison s’effectue sur le même écran dans une ambiance peu lumineuse. L’écran est un élément clé de la qualité de l’image. Se contenter d’un écran couleur basique d’ordinateur (200 €) peut sévèrement compromettre la qualité de l’image radiographique, le praticien perdant alors tout le bénéfice d’une machine de radiologie de haute qualité et très chère comparativement au prix d’un bon écran (800 à 2 000 €). Préférer des écrans dits “médicaux” noirs et blancs (la gamme de gris est nettement plus large).

Quelles sont les particularités de l’installation d’un appareil de radiologie numérique ?

Le détecteur peut s’adapter sur l’ancienne table de radiologie (photo 5 complémentaire sur www.WK-Vet.fr). L’ancienne chambre noire peut être reconvertie. Il existe des systèmes neufs, adaptés au courant électrique usuel, mais certains générateurs demandent des voltages et des ampérages particuliers.

Pour un système CR, il convient de penser à la taille du numériseur, celui-ci pouvant être dans la même salle que la table ou non. Il est relié à l’ordinateur et à l’écran.

Le grand avantage de la radiographie numérique est sa rapidité : avec un écran placé à côté de la table de radiologie, il est possible de rester seul avec l’animal en attendant l’image. Encore une fois, la qualité de l’écran est cruciale, c’est un facteur limitant majeur de la qualité de l’image. Le nombre d’écrans peut varier. Idéalement, deux écrans rectangulaires permettent de regarder les deux projections en même temps, par exemple (photo 6 complémentaire sur www.WK-Vet.fr).

L’aspect légal (radioprotection) de l’installation d’un appareil de radiologie dans une clinique vétérinaire est identique quel que soit le type d’appareil.

Le format d’enregistrement des radiographies numériques est en phase d’uniformisation en médecine vétérinaire, avec un peu de retard par rapport à la médecine humaine.

Il existe de nombreux formats spécifiques à chaque fabricant d’appareil de radiologie. Ils sont remplacés par le format universel, le DICOM (.dcm), indispensable pour pouvoir échanger les clichés. Celui-ci nécessite un logiciel particulier de lecture et d’amélioration de l’image, mais il permet également de lire les données de l’individu et de l’exposition, tout en protégeant les données médicales. Ce type de logiciel est fourni par le vendeur du système pour l’unité de base. Si le praticien souhaite lire ces radiographies sur d’autres ordinateurs, il est nécessaire de télécharger un logiciel adapté (les plus utilisés étant Osirix® sur Macintosh et E-Film® ou Clear-Canvas® sur PC). Enfin, il est possible d’exporter les images dans des formats plus courants (.jpeg, .gif, .tiff) pour les transmettre plus facilement, mais la qualité des images et les données rattachées sont fixées.

Pour remettre les radiographies au client, les impressions sur film transparent sont très onéreuses. Il est plus simple, économique (et écologique) de lui donner un CD-rom. Cette pratique est bien acceptée. L’impression sur papier photo reste une solution alternative coûteuse. L’idéal est de les transmettre par e-mail.

Le format DICOM est également très intéressant pour les services de téléradiologie. L’envoi des radiographies numériques permet une relecture à distance immédiate par un confrère spécialiste en radiologie. Ces services sont en développement en France, pour les radiographies, les scanners ou l’imagerie par résonance magnétique, que ce soit en pratique canine ou équine.

Un examen radiographique numérique en DICOM représente environ 2 à 10 Mo. Il est prudent de stocker systématiquement les images à deux endroits : sur l’ordinateur de l’appareil de radiographie et sur un autre ordinateur, au minimum un disque dur externe. Si la clinique possède un réseau informatique avec le logiciel de gestion de clientèle, l’appareil de radiographie peut être relié à celui-ci, de même pour l’échographe (s’il produit des images en DICOM et que l’appareil est récent). Les images sont alors lisibles sur tous les ordinateurs de la clinique, soit par le logiciel client, soit par un logiciel compatible DICOM.

La radiologie numérique doit être désacralisée. Comme tout investissement, son choix doit être raisonné selon des critères bien définis, que ce soit pour une nouvelle machine ou pour l’adaptation d’un ancien système.

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