Maladies du veau
Mise à jour
CONDUITE À TENIR
Auteur(s) : Nora Cesbron*, Raphaël Guatteo**, Alain Douart***, Sébastien Assié****
Fonctions :
*Centre hospitalier vétérinaire Secteur animaux d’élevage
**Oniris, BP 40706
44307 Nantes Cedex 03
***Unité de médecine des animaux d’élevage
****Oniris, BP 40706
44307 Nantes Cedex 03
*****Unité de médecine des animaux d’élevage
******Oniris, BP 40706
44307 Nantes Cedex 03
*******Unité de médecine des animaux d’élevage
********Oniris, BP 40706
44307 Nantes Cedex 03
Une démarche structurée permet de caractériser la dyspnée, puis de localiser l’organe ou le système qui en est à l’origine afin d’orienter le diagnostic étiologique.
Les troubles respiratoires peuvent atteindre de jeunes bovins, de la naissance à quelques semaines de vie. Lors de l’examen clinique en général et de l’appareil respiratoire en particulier, la dyspnée fait partie des symptômes pouvant orienter la démarche diagnostique. La dyspnée se définit comme une respiration anormale et difficile, inconfortable (sentiment de gêne et d’oppression chez l’homme). Elle reflète une insuffisance respiratoire, c’est-à-dire une inadéquation entre l’apport d’oxygène, l’élimination du dioxyde de carbone et les activités de ventilation et de respiration.
Dans un premier temps, il s’agit de rappeler les caractéristiques sémiologiques de la dyspnée et, dans un second temps, de proposer une conduite à tenir à partir des éléments “localisation de la dyspnée” et “causes de dyspnée chez le veau” (figure).
Lors de l’examen clinique général, il s’agit tout d’abord d’objectiver la dyspnée (par rapport à la respiration normale), puis de la caractériser (dyspnée inspiratoire, expiratoire, discordance).
L’importance de la dyspnée s’apprécie en évaluant les paramètres cliniques de la respiration (fréquence, type, amplitude, rythme) et en les comparant aux données physiologiques de la respiration chez un veau sain (encadré 1). La tachypnée (augmentation de la fréquence respiratoire) et la tachycardie (augmentation de la fréquence cardiaque), paramètres quantifiables, sont des mécanismes de compensation devant cette insuffisance respiratoire [10]. Les mouvements respiratoires sont observés plus particulièrement à l’hypochondre et à la corde du flanc [7].
Lors d’exagération d’un mouvement, inspiratoire ou expiratoire, au niveau du thorax ou de l’abdomen, il s’agit de dyspnée. La caractériser donne de premières indications sur sa cause (photo).
Remarque : Lors de désynchronisation des deux mouvements (thorax et abdomen), il est impossible de préciser si la dyspnée est inspiratoire et/ou expiratoire. Il peut s’agir alors de discordance [1]. Ce signe est peu employé en sémiologie bovine, (par exemple dans le botulisme, où la discordance est “pathognomonique”).
L’inspiration est un phénomène actif. Les muscles intercostaux écartent les côtes, le diaphragme recule, le volume intrathoracique augmente et le poumon se dilate.
La dyspnée inspiratoire se caractérise par un temps inspiratoire augmenté et des mouvements du thorax plus marqués [1, 7, 10]. Il existe une dyspnée inspiratoire en cas d’obstruction à l’entrée de l’air (laryngite, trachéite, bronchite obstructive, etc.) ou d’entrave à l’activité du diaphragme (adhérences) : activation du phénomène de dilatation [1, 7, 10].
L’expiration, passive, est permise par l’élasticité du poumon qui peut retrouver sa phase initiale.
La dyspnée expiratoire se caractérise par un temps expiratoire allongé et des mouvements de l’abdomen plus marqués, voire plus longs (coup de flanc). Il existe une dyspnée expiratoire lorsque le poumon perd sa propriété élastique. Soit le tissu pulmonaire est lésé (emphysème, pneumonie), soit le poumon est entravé mécaniquement par compression (pleurésie, atteinte costale, épanchement thoracique). Cette dyspnée peut s’accompagner d’un souffle labial [1, 7, 10].
Ensuite, un examen clinique particulier permet de localiser l’origine de la dyspnée, c’est-à-dire le ou les organes atteints ou le système impliqué (appareils respiratoire, cardiocirculatoire, ou atteinte systémique).
Elle est déterminée par l’examen clinique de l’appareil respiratoire haut et bas, c’est-à-dire des cavités nasales, du pharynx, du larynx, de la trachée, du poumon et de la plèvre.
Les signes cliniques respiratoires associés à cette localisation peuvent être un cornage, une toux, une épistaxis ou une hémoptysie, une tachypnée, des sifflements ou des crépitements à l’auscultation pulmonaire, une pleurodynie (douleur thoracique lors d’affection de la plèvre).
D’autres signes cliniques, localisés autour de l’appareil respiratoire, peuvent être recherchés, comme des œdèmes des parties déclives (auge, fanon), un épanchement thoracique ou un œdème pulmonaire (crépitements “pas dans la neige” à l’auscultation).
Elle est mise en évidence par l’examen clinique de l’appareil cardiocirculatoire, c’est-à-dire du cœur et des vaisseaux sanguins (principalement les veines). Les signes cliniques associés peuvent être une tachycardie, un trouble du rythme, un souffle, une congestion ou une cyanose des muqueuses.
L’examen clinique général révèle une température plus élevée (hyperthermie) ou une douleur (plaintes, bruxisme), ou encore une pâleur des muqueuses. Des signes cliniques associés à l’atteinte d’autres organes que les poumons et le cœur sont alors recherchés, comme une malformation, un épanchement abdominal, une diarrhée, une parésie ou une paralysie.
L’organe ou le système responsable ayant été identifié, il est alors possible d’affiner le diagnostic en passant en revue les causes de dyspnée chez le veau. Les hypothèses envisagées sont confrontées à la fréquence des origines, aux particularités des animaux concernés (veau laitier ou allaitant), aux commémoratifs autour du vêlage et au contexte épidémiologique dans lequel se trouve le veau malade (cas isolé ou pathologie de groupe).
Les examens complémentaires sont à envisager selon l’organe ou le système atteint, et en lien avec les causes suspectées (tableau).
La dyspnée d’origine respiratoire peut être due à une pneumopathie restrictive, à une pneumopathie obstructive, à un traumatisme lors du vêlage, à une atteinte respiratoire haute, à une thrombo-embolie pulmonaire consécutive à une septico-pyohémie ou à une hypertension pulmonaire due à une insuffisance cardiaque droite (encadré 2) [3-5, 7, 11].
La dyspnée d’origine cardiaque est le plus souvent due à des malformations cardiaques congénitales, comme une communication interventriculaire, une tétralogie de Fallot, ou, moins fréquemment, une communication interatriale ou une persistance du canal artériel [11].
Plus rarement, une cardiomyopathie dilatée peut être rencontrée en race prim’holstein.
Une dyspnée n’étant pas d’origine respiratoire ou cardiaque peut être due à une douleur, à un trouble métabolique et systémique, à une atteinte neuro-musculaire ou encore à un stress (encadré 3) [2, 9-11].
Ainsi, une démarche structurée permet d’établir le diagnostic étiologique d’une dyspnée chez le veau, en tenant compte des commémoratifs du vêlage et du contexte épidémiologique de l’élevage. La conduite à tenir en matière de thérapeutique et de pronostic peut alors s’appuyer à la fois sur l’origine de la dyspnée et sa cause selon l’organe ou le système atteint.
• Fréquence : 20 à 30 mouvements par minute chez le veau (10 à 20 chez l’adulte).
• Amplitude : modérée.
• Type : costo-abdominal.
• Rythme : régulier.
• Courbe respiratoire : inspiration 45 %, expiration 55 %.
D’après [1].
• Pneumopathie restrictive
– atélectasie pulmonaire (prématurité, césarienne) ;
– atteinte infectieuse (pasteurellose, salmonellose, hæmophilose) ;
– fibrose pulmonaire congénitale ;
– malformation congénitale liée au BVD (diarrhée virale bovine) “petit poumon”.
• Pneumopathie obstructive : atteinte infectieuse (RSV ou virus respiratoire syncytial, mycoplasme).
• Traumatisme, “vêlage”
– césarienne ;
– fracture, cals osseux sur les côtes à la suite du vêlage ;
– pneumothorax (écrasement par la mère par exemple).
• Atteinte respiratoire haute
– traumatisme du pharynx (sondage) ;
– laryngite nécrotique ;
– lymphadénite rétropharyngée ;
– lymphosarcome juvénile ;
– abcès rétropharyngé ;
– anomalie des anneaux trachéaux (collapsus trachéal).
• Thrombo-embolie pulmonaire consécutive à une septico-pyohémie : abcès hépatique (à la suite d’une omphalophlébite par exemple).
• Hypertension pulmonaire consécutive à une insuffisance cardiaque droite (cœur pulmonaire).
• Douleur
– rétention de méconium ;
– épanchements abdominaux (transsudats, exsudat) ;
– atrésie du côlon et autres (anale, rectale, jéjunale).
• Atteinte métabolique et systémique
– SDRA (syndrome de détresse respiratoire aiguë), en race blanc-bleu-belge ;
– acidose métabolique lors de diarrhée ;
– hyperthermie persistante ;
– anémie à la suite d’une hémorragie ;
– toxique (métaldéhyde, sulfate de nicotine, organophosphorés, carbamates), assez rare.
• Atteinte neuromusculaire
– carence en vitamine E-sélénium ;
– tétanos ;
– SMA (spinal muscular atrophy), plutôt rare.
• Anxiété, stress
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