La rage des animaux de compagnie - Le Point Vétérinaire n° 297 du 01/07/2009
Le Point Vétérinaire n° 297 du 01/07/2009

Maladie réglementée

Mise à jour

LE POINT SUR…

Auteur(s) : Jean Blancou

Fonctions : 11, rue Descombes 75017 Paris jean.blancou@wanadoo.fr

Bien qu’éradiquée en France, la rage, maladie légalement réputée contagieuse, doit être suspectée lors de toute atteinte nerveuse, comme une encéphalite et une encéphalomyélite.

La rage est une maladie virale transmissible à l’homme qui ne cède à aucun traitement une fois déclarée (encadré 1).

Si le vétérinaire praticien fait l’impasse sur cette maladie, ou la confond avec une autre, il ne demandera pas de diagnostic de laboratoire à la mort de l’animal enragé. Et toutes les personnes que ce dernier aura contaminées se trouveraient alors en danger de mort.

L’objectif de cet article est donc de rappeler quels sont les signes cliniques de la rage animale, les circonstances (facteurs de risque) dans lesquelles un vétérinaire doit être particulièrement vigilant dans la recherche de ces symptômes, et la procédure à suivre si un cas de rage est soupçonné ou confirmé.

Facteurs de risque

Deux formes épidémiologiques de rage animale se sont succédé en France.

La première, qui avait pour réservoir le chien domestique, était enzootique dans presque toute l’Europe. Éradiquée entre les deux guerres mondiales, elle n’est plus réapparue en France que sous la forme de quelques cas de rage canine le plus souvent importés d’Afrique, à l’exception d’une petite épizootie de 54 cas survenue dans le Sud-Ouest en 1956.

La seconde forme de rage, d’allure épizootique, avait pour vecteur et réservoir le renard roux. Arrivée d’Allemagne en 1968, elle a progressé vers l’ouest jusqu’en région parisienne et n’a été maîtrisée que par la vaccination orale des renards, ce qui l’a fait disparaître en 1998. Alors, pourquoi s’inquiéter alors que la rage a maintenant disparu de l’Hexagone depuis plus de dix ans ? Parce que le virus y revient régulièrement et qu’il pourrait s’y réinstaller si rien n’est fait pour l’en empêcher.

Pendant les quarante dernières années (1968-2009), plus de 25 cas de rage importée ont été signalés en France, chez des chiens, un chat et une chauve-souris frugivore. Dans le même temps, 35 chauves-souris insectivores capturées ou retrouvées mortes en France continentale ont été reconnues enragées [7, 8].

Les deux principaux facteurs de risque de contamination d’un animal de compagnie sont donc clairement identifiés : tout d’abord, un animal importé, ensuite, une chauve-souris indigène.

1. Risque d’un animal importé

Comme l’indiquent les statistiques depuis quarante ans, c’est l’importation d’un chien en incubation de rage qui représente le risque majeur d’introduire le virus rabique sur le territoire français, que ce soit par voie terrestre, maritime ou aérienne.

Plusieurs chiens en incubation de rage ont été ainsi importés depuis que la France a été déclarée officiellement indemne de rage vulpine en 2001. C’est ainsi qu’entre les mois de mai et de juillet 2004 le département de la Gironde a été infecté à deux reprises, à la suite de l’introduction illégale de chiens non vaccinés arrivés du Maroc via l’Espagne.

Histoire de la chienne Cracotte

Une fois introduit à partir d’un animal provenant d’un pays infecté (“cas index”), le virus se transmet d’un carnivore à un autre. Et comme les animaux victimes de ces “cas secondaires” sont nés en France, il y a moins de raisons de les penser atteints de rage plutôt que d’une autre maladie. L’histoire la plus instructive à cet égard est celle de la chienne Cracotte, reconstituée a posteriori par les enquêteurs officiels [6].

Un vétérinaire de Seine-et-Marne a soupçonné celle-ci d’être atteinte de la rage en février 2008, alors qu’elle n’avait aucune raison d’en être malade puisqu’elle était née en France. Mais Cracotte vivait avec une autre chienne euthanasiée le mois précédent, après une suspicion d’empoisonnement ; cette dernière serait en fait morte de la rage, après avoir été elle-même contaminée en novembre 2007 par un chien revenant du Maroc via l’Espagne et mort de la rage sans qu’un diagnostic de laboratoire n’ait été entrepris. Ce chien possédait un passeport européen délivré par un vétérinaire sanitaire. Ce document attestait d’une identification et d’une primovaccination antirabique valide, mais ne comportait pas les résultats du titrage d’anticorps réglementaire.

Voilà l’une des occasions dans lesquelles un praticien risque de ne pas penser à la rage, surtout lorsque les signes cliniques peuvent être confondus avec ceux d’autres affections : si Cracotte n’avait pas mordu deux personnes, ces trois (ou plus ?) cas successifs de rage auraient pu passer inaperçus.

Histoire de la touriste belge

Le praticien peut aussi être trompé par un certificat de vaccination antirabique non accompagné des résultats du titrage d’anticorps, qui est exigible dans certains cas. En mars 2008, une touriste belge recueille une chienne blessée (mordue) en Gambie. Elle la fait identifier par micropuce et vacciner contre la rage, puis prend l’avion avec elle pour Bruxelles le 7 avril. De là, elle se rend dans le Var où la chienne, malade, est examinée dans trois cliniques vétérinaires différentes. Ce n’est que dans la troisième que le diagnostic de rage est envisagé et confirmé par le laboratoire, après la mort de la chienne le 21 avril. Dans ce cas, le certificat de vaccination était valide, mais l’introduction dans l’Union européenne était illégale faute du titrage d’anticorps réglementaire 30 jours après la vaccination.

Le facteur de risque original majeur reste donc celui d’un animal venu d’un pays infecté de rage et non (ou mal) vacciné. Mais la méfiance s’impose aussi dès que le diagnostic d’une maladie du chien ou du chat n’est pas évident, surtout lorsque l’animal présente des signes d’atteinte du système nerveux, et même s’il n’a jamais quitté la France.

2. Risque d’une chauve-souris

La rage des chauves-souris insectivores existe probablement en France depuis des siècles, mais elle n’a été recherchée (et trouvée) qu’en 1989. Ce n’est qu’en 2000 que fut mis en place un réseau national de surveillance de ce type de rage.

De 1989 à 2008, 35 chauves-souris insectivores ont été reconnues enragées en France métropolitaine, dont 33 sérotines communes, pour lesquelles le virus EBLV (European Bat Lyssavirus) semble plus pathogène, et une pipistrelle (photo 1). Le virus EBLV-1 est pathogène pour l’homme puisqu’au moins trois cas de rage humaine ont déjà été signalés en Europe à la suite de morsures de chauves-souris [7]. Il peut l’être aussi pour les animaux domestiques puisqu’un chat a été contaminé en 2003 dans le Morbihan et un autre en 2007 en Vendée (encadré 2) [4].

D’autres espèces de chauves-souris existent, notamment les fameux vampires d’Amérique et des Antilles (responsables d’une mortalité importante du bétail) et les chauves-souris frugivores. Les virus qui infectent ces dernières espèces, de divers types, sont tous pathogènes pour les autres mammifères, dont l’homme.

Deux cas de rage de ce type ont été diagnostiqués en France :

– en mai 1999, dans le Gard, chez une chauve-souris frugivore achetée deux mois plus tôt dans une animalerie de Bordeaux, laquelle l’avait importée d’Afrique via la Belgique. Le virus isolé était de génotype 2 (Lagos Bat Virus) et, à la suite de cet incident, 122 personnes exposées ont dû être vaccinées [8] ;

– en janvier 2003, une souche de virus de vampire a été isolée chez un chien mort de la rage en Guyane française et, en mai 2008, ce même type de virus a fait une nouvelle victime (humaine) à Cayenne. Le vétérinaire praticien doit donc rester sur ses gardes. Si une chauve-souris lui est présentée, il doit se souvenir que ces animaux sont protégés par la loi : il est interdit de les tuer, de les capturer, de les transporter (vivantes ou mortes) et de les commercialiser. Et comme la direction départementale des services vétérinaires (DSV) est la seule habilitée à organiser la capture, la collecte et le transport des chauves-souris jusqu’à un laboratoire d’analyses, le vétérinaire doit aussitôt la contacter.

Signes cliniques

1. Chez les carnivores domestiques

Chez le chien

Les descriptions cliniques de la rage insistent sur les signes les plus visibles (encadré 3). Parmi ces derniers, le changement de comportement est le plus utile au diagnostic, car un chien agressif va être présenté au vétérinaire comme un animal mordeur et reconnu enragé à cette occasion. Mais il existe de nombreux autres troubles évocateurs de la rage : paralysies, déglutition difficile, salivation anormale, aboiement modifié, regard perdu (photos 2 et 3). Si ces signes cliniques sont fréquents, ils peuvent aussi être confondus avec ceux d’autres affections nerveuses, lesquelles sont nombreuses chez le chien : épilepsie essentielle, maladie d’Aujeszky, maladie de Carré, maladie de Lyme, néosporose, méningo-encéphalomyélite granulomateuse ou nécrosante, piroplasmose, botulisme, tétanos, etc. La confusion est aussi possible avec un traumatisme des membres ou de la mâchoire, ou avec une intoxication. Mais les signes cliniques de la rage peuvent être très discrets, et la véritable hydrophobie (peur panique de l’eau), parfois observée chez les êtres humains, n’existe pas chez les animaux.

Alors, est-il possible d’avoir recours à des examens complémentaires en cas de suspicion de rage chez un animal vivant ? Hélas non, sauf pour confirmer l’une des affections précédemment citées, avec laquelle la rage pourrait être confondue. En effet, même si la présence du virus rabique est parfois démontrée du vivant d’un animal, y compris dans la salive, un résultat négatif ne prouve rien. C’est pourquoi les autorités nationales et internationales ne valident un tel diagnostic que s’il a été établi au laboratoire, soit par isolement du virus (le plus souvent sur des cellules), soit par détection de l’antigène viral (par immunofluorescence), soit par identification d’une séquence génomique virale (par une technique de biologie moléculaire).

La recherche des anticorps spécifiques du virus ne peut pas servir non plus à la confirmation du diagnostic. Elle n’est utile que pour le titrage d’anticorps rabiques exigé pour l’entrée dans certains pays.

Chez le chat

Peut-être encore plus que chez le chien, le diagnostic de rage reste difficile à établir chez le chat. La confusion est toujours possible avec les autres affections pouvant atteindre le système nerveux : la cryptococcose, la toxoplasmose, la péritonite infectieuse féline, les traumatismes, les intoxications, etc., surtout si l’animal n’est pas agressif mais paralysé ou atteint de “rage tranquille” (photos 4 et 5). Mais, pas plus que chez le chien, le diagnostic de laboratoire n’est autorisé du vivant de l’animal et le titrage des anticorps rabiques ne sert qu’à contrôler l’immunité après vaccination.

2. Chez les autres mammifères

Tous les mammifères étant sensibles à l’infection rabique, un animal contaminé autre qu’un chien ou un chat peut toujours être présenté dans un cabinet vétérinaire.

Parmi les espèces sauvages, ce sont les chauves-souris qui sont le plus à craindre. Elles peuvent aussi avoir mordu d’autres animaux sauvages, qui auront été capturés facilement parce qu’ils avaient perdu leur instinct de conservation. Si le vétérinaire accepte d’examiner ces animaux, il devra prendre d’autant plus de précautions qu’ils peuvent héberger d’autres agents pathogènes à l’état sauvage [3].

Parmi les espèces domestiques autres que canine et féline, rares sont celles qui sont susceptibles d’être contaminées, sauf si elles sont élevées tout ou partie du temps en plein air. Ce peut être le cas des nouveaux animaux de compagnie exposés à une mauvaise rencontre, d’herbivores au pré, etc. C’est ainsi que dix ans auparavant, 5 moutons sont morts au Danemark après avoir présenté des symptômes évocateurs de rage. Le virus EBLV a été isolé chez l’un d’entre eux [7]. La variété des symptômes de rage chez toutes ces espèces est telle que tout comportement anormal (pathologique) doit attirer la suspicion.

Conduite à tenir

1. Devoirs du propriétaire

Lors de chaque nouvel incident de contamination humaine par un animal enragé, le ministère de l’Agriculture se charge de rappeler leurs devoirs aux propriétaires d’animaux de compagnie.

• Préalablement à leur cession, à titre gratuit ou payant, tous les chiens et chats doivent être identifiés par tatouage ou puce électronique. Si l’acquisition s’effectue auprès d’un professionnel, doivent s’y ajouter une attestation de cession et un document d’information sur les caractéristiques et besoins de l’animal. Si elle se fait auprès d’un particulier, et dans le cas précis du chat, un certificat de bonne santé établi par un vétérinaire est aussi requis.

• Tout chien et tout chat (furet ou autre mammifère) ayant mordu ou griffé une personne doit être présenté à un vétérinaire par son propriétaire dans les 24 heures suivant la blessure. L’animal fait l’objet d’une surveillance sanitaire par le praticien pendant 15 jours et les sujets mordus doivent consulter rapidement un médecin qui les orientera éventuellement vers un centre de traitement antirabique.

Le ministère rappelle aussi que les animaux sauvages ou errants ne doivent pas être manipulés, surtout lorsqu’ils sont trouvés malades ou blessés.

2. Devoirs du vétérinaire

C’est au vétérinaire de juger s’il y a ou non suspicion de rage. Celle-ci peut être de nature différente : clinique (signes évocateurs d’une atteinte rabique), aggravée si l’animal a mordu sans raison évidente, ou une simple précaution si la morsure s’est produite de façon explicable.

Le vétérinaire peut, si nécessaire, rappeler ses devoirs au propriétaire de l’animal, notamment si ce dernier a mordu ou griffé. Si l’un des facteurs de risque signalés au début de cet article est présent, il s’entoure de toutes les précautions, la première étant que toutes les personnes manipulant l’animal examiné soient de préférence vaccinées contre la rage et portent des gants et des lunettes de protection.

Si, au cours de cet examen, l’animal apparaît suspect de rage, et quelle que soit la nature de ce soupçon, la situation va se compliquer puisqu’il s’agit d’une maladie animale réputée contagieuse (MARC) pour toutes les espèces. Trois cas peuvent alors se présenter.

1er cas : un animal vivant cliniquement suspect qui n’a ni mordu ni griffé

• Il convient de prévenir :

– le maire de la commune (qui pourrait, ultérieurement, ordonner l’abattage des animaux suspects de rage qui présentent un danger pour l’homme) ;

– la préfecture (qui prendra éventuellement un arrêté de mise sous surveillance) ;

– la direction départementale des services vétérinaires (qui diligentera une enquête épidémiologique).

• Les animaux suspects de rage dont la conservation par leur propriétaire a été autorisée par arrêté préfectoral ne peuvent faire l’objet d’aucune transaction à titre gratuit ou onéreux aussi longtemps qu’ils sont soumis aux mesures de surveillance. Ils ne peuvent être ni transportés ni abattus pendant cette période sans autorisation du directeur des services vétérinaires. S’ils ont mordu ou griffé, il est sursis à leur abattage.

• Le cas d’un carnivore qui a été mordu ou griffé par un autre animal reconnu enragé est particulier : il doit être immédiatement déclaré et, s’il n’est pas valablement vacciné contre la rage, euthanasié. S’il s’agit d’une morsure ou d’une griffure par un autre animal seulement suspect de rage, il convient d’attendre la fin de la surveillance de ce dernier, ou la décision des services vétérinaires s’il a disparu.

2e cas : un animal vivant qui a mordu ou griffé

Il convient de distinguer deux types d’animaux mordeurs : ceux qui ont mordu sans raison explicable (et peuvent donc être cliniquement suspects de rage) et ceux qui ont mordu dans une situation banale (agression par peur, etc.), non suspects a priori. Quoi qu’il en soit, vacciné ou non contre la rage, l’animal est placé à la diligence et aux frais de son propriétaire ou de son détenteur sous la surveillance d’un vétérinaire sanitaire, pendant le temps nécessaire pour confirmer ou infirmer une suspicion. Il doit demeurer sous surveillance pendant 15 jours s’il s’agit d’un carnivore domestique et pendant 30 jours pour un animal sauvage. Dans le cas d’un chien, cette observation doit être complétée par une déclaration auprès du maire effectuée par toute personne ayant connaissance de la morsure, ainsi que par une évaluation comportementale. Pendant cette surveillance, il est interdit de vacciner l’animal contre la rage, de l’abattre ou de le faire abattre sans autorisation du directeur des services vétérinaires. Il doit rester enfermé dans les locaux vétérinaires s’il est cliniquement suspect, alors que, dans le cas contraire, il peut rentrer chez son propriétaire ou son détenteur, qui viendra le présenter de nouveau au même vétérinaire sanitaire.

3e cas : l’animal meurt

Si l’animal meurt, il convient de prévenir aussitôt la direction départementale des services vétérinaires. C’est cette dernière qui indique les mesures à prendre pour faire envoyer tout ou partie du cadavre dans un laboratoire agréé, qui sera obligatoirement celui de l’Institut Pasteur de Paris si l’animal a pu contaminer un être humain. Les décisions qui concernent les personnes ou les animaux exposés sont prises en fonction du résultat des analyses, obtenu généralement dans les 24 à 48 heures après réception des prélèvements.

3. Cas des carnivores voyageurs

En tant que maladie animale réputée contagieuse, la rage fait l’objet de mesures aux frontières, que ce soit à l’importation en France ou à l’exportation [1, 8]. Tous les chiens, les chats et les furets voyageant dans l’Union européenne doivent être identifiés, vaccinés contre la rage et être en possession d’un passeport européen fourni et rempli par un vétérinaire. Le rôle du praticien est donc très important dans la surveillance des mouvements de carnivores (chiens, chats, furets), soit pour éviter l’introduction en France d’individus en incubation de rage, soit pour s’assurer que ces carnivores sont en règle quand ils sortent du territoire national.

Introduction de carnivores en France métropolitaine

Les mesures prévues lors d’introduction ou d’importation en France de carnivores domestiques ont évolué au cours des dernières années, dans le sens d’une augmentation des exigences et d’une complexification des situations, qui prennent en compte différents critères (tableau). Ces derniers concernent la nature des mouvements (commerciaux ou non), les États d’origine (l’Union européenne, d’une part, avec le cas particulier du Royaume-Uni, de l’Irlande, de la Suède et de Malte, et les pays tiers, d’autre part, classés selon la situation de la rage dans chacun d’eux) et, enfin, l’âge des animaux (qui doivent être âgés d’au moins 3mois pour voyager).

Dans le cas des carnivores domestiques circulant avec leur maître, aussi bien dans l’Union euro-péenne qu’à l’importation, les règles ont été fixées par le règlement CE n° 998/2003. Dans le cadre commercial, les mouvements de carnivores domestiques au sein de l’Union européenne sont régis par l’arrêté ministériel du 20 mai 2005 et l’importation par la décision de la Commission n° 2004/595. Pour les autres carnivores, les importations et les échanges restent régis par l’arrêté ministériel du 19 juillet 2002.

Sortie de carnivores de France métropolitaine

Les mesures pouvant varier selon le pays et les périodes, mieux vaut s’informer des formalités exigées auprès soit de la direction départementale des services vétérinaires, soit du consulat ou de l’ambassade du pays de destination.

Les conditions d’introduction de chiens et de chats au Royaume-Uni, en Irlande et en Suède à partir du reste de l’Union européenne ont été assouplies depuis quelques années. Pour les carnivores provenant de France, elles sont régulièrement mises à jour par des notes de service du ministère de l’Agriculture et de la Pêche, consultables sur le site www.agriculture.gouv.fr. S’il est requis par un pays importateur, le titrage des anticorps rabiques des chiens et des chats vaccinés doit être effectué dans un laboratoire agréé, c’est-à-dire, en France, à l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) Nancy, aux laboratoires vétérinaires départementaux de Haute-Garonne (Launaguet), de la Sarthe (Le Mans) et du Pas-de-Calais (Arras). Les sérums doivent être expédiés au laboratoire de la zone géographique du cabinet du praticien.

Le diagnostic de la rage est très difficile à établir. Aussi certains cas risquent-ils de passer inaperçus aux yeux des meilleurs vétérinaires. L’expérience prouve que cette maladie est le plus souvent reconnue à l’occasion de l’examen d’un animal mordeur, c’est-à-dire lors de rage dite furieuse. Les autres cas, moins spectaculaires, ne sont pas toujours détectés, mais sont heureusement sans conséquences graves pour l’homme puisqu’il n’y a pas eu morsure.

En raison des conséquences très graves d’une erreur toujours possible de diagnostic différentiel, les praticiens doivent prendre conscience de la difficulté de ce diagnostic et de la complexité des facteurs de risque. Les animaux constituant le réservoir de cette affection, ils représentent le premier rempart contre la diffusion du virus, aussi bien pour eux-mêmes que pour l’homme.

Références

  • 1 – Anonyme. Maladies contagieuses. La rage. Document polycopié des quatre écoles nationales vétérinaires françaises rédigé sous la responsabilité du professeur B. Toma. 2008;70.
  • 2 – Blancou J, Pastoret PP. La rage du chat et sa prophylaxie. Ann. Méd. Vét. 1990;19:315-324.
  • 3 – Blancou J. Nouveaux risques zoonosiques en pratique canine. Prat. Méd. Chir. Anim. Comp. 2009;44:1-8.
  • 4 – Dacheux L, Larrous F, Mailles A et coll. European bat Lyssavirus transmission among cats. Emerg. Infect. Dis. 2009;15(2):280-284.
  • 5 – Dacheux L, Larrous F, Mailles A et coll. Premier cas de rage des chiroptères identifié chez un chat domestique en France et en Europe. Bull. Épidémiol. Mensuel Rage Anim. France. 2007;37(10 à 12):1-2.
  • 6 – Dacheux L, Bourhy H. Identification de deux cas de rage chez des chiens introduits illégalement en France à partir de zones d’enzootie rabique. Bull. Épidémiol. Mensuel Rage Anim. France. 2008;38(1 à 9):1-8.
  • 7 – Moutou F, Barrat J, Bruyère V. Virus de chauve-souris. Actualités épidémiologiques en France et dans le monde. Épidémiol. Santé Anim. 2000;38:99-107.
  • 8 – Rotivel Y, Goudal M, Bourhy H, Tsiang H. La rage des chiroptères en France. Actualités et importance en santé publique. Bull. Épidémiol. Hebd. 2001;39:189-192.
  • 9 – Toma B. Les formalités réglementaires et les documents nécessaires pour voyager avec un carnivore domestique. Nouv. Prat. Vét. 2006;28:13-17.

Encadré 1 : La rage et le virus rabique

• La rage est une maladie infectieuse presque toujours transmise par morsure. Tous les mammifères, y compris l’homme, peuvent contracter cette affection.

Elle est due à un virus neurotrope, présent surtout dans les centres nerveux et la salive. Il en existe sept génotypes. Le génotype 1 est le plus souvent isolé chez les carnivores, mais aussi chez les chauves-souris américaines. Les génotypes 2 à 4 sont d’origine africaine, et les génotypes 5 (aussi appelé EBLV-1, avec ses deux isotypes a et b), 6 (EBLV-2) et 7 (ABLV) sont isolés chez des chauves-souris insectivores. Le diagnostic de certitude de la rage n’est possible que par un examen des centres nerveux de l’animal. L’origine géographique d’une souche de virus rabique peut être précisée par certains laboratoires de recherche, ce qui est très utile pour déterminer le point de départ d’un épisode de rage.

• La durée d’incubation de la maladie est très variable. En effet, si l’incubation moyenne est de 3 à 5 semaines, elle peut également être limitée à une dizaine de jours, mais aussi s’étendre sur des mois, voire des années. La salive d’un chien enragé est parfois virulente 15 jours avant les premiers symptômes, c’est-à-dire environ 20 jours avant sa mort ; s’il a mordu ou griffé, il ne doit donc pas être euthanasié, mais examiné trois fois à une semaine d’intervalle par un vétérinaire afin de vérifier qu’il est en bonne santé durant cette période. Selon le résultat de ces visites, le traitement des personnes exposées est entrepris ou, à l’inverse, interrompu (s’il avait été commencé par précaution), et les animaux exposés non vaccinés seront ou non euthanasiés.

• Cliniquement, la maladie se caractérise par une encéphalomyélite mortelle, généralement accompagnée de signes d’excitation, d’agressivité ou de paralysie. Mais les symptômes peuvent être très variables, voire passer inaperçus, selon les espèces atteintes, les individus, la quantité ou le type de virus rabique en cause : « Rien n’est rage et tout est rage », écrivait déjà Paul-Ambroise Remlinger au début du siècle dernier.

Encadré 2 : L’histoire du chat et de la chauve-souris

Si, dans la majorité des cas, le virus est isolé chez des chauve-souris trouvées malades ou mortes, il peut aussi l’être à partir d’un animal qu’elles ont contaminé. En exemple, le 8 novembre 2007, une chatte âgée de 18 mois est présentée dans un cabinet vétérinaire de Vendée, après avoir mordu son propriétaire [4, 5]. Elle meurt dans la nuit et une souche de virus de chauve-souris de génotype 5 (EBLV-1a) est isolée de son cadavre à l’Institut Pasteur. La chatte avait toujours vécu en France, au premier étage d’un immeuble dont elle pouvait gagner le toit, et c’est là probablement qu’elle a été mordue par une chauve-souris. Mais qui aurait pu y penser ? Le vétérinaire doit par conséquent se souvenir qu’un virus rabique de chauve-souris peut toujours “tomber du ciel”. Le risque est alors représenté par l’animal qu’il aura infecté.

Encadré 3 : Signes cliniques de la rage chez le chien

• La forme furieuse, rarement observée lors de contamination par une souche vulpine, se caractérise, par ordre d’apparition, par :

– une modification du comportement et de la voix ;

– une alternance de phases d’excitation avec des mouvements brusques et de périodes de repos, puis d’hyperréactivité à toute stimulation évoluant vers une hyperexcitabilité et une agitation extrême ;

– une hyperthermie ;

– un prurit au site d’inoculation ;

– une sialorrhée ;

– une polyphagie ;

– une déglutition difficile ;

– une agressivité ;

– une paralysie ;

– un coma.

• La forme paralytique est la plus fréquente et se caractérise par :

– une parésie, puis une paralysie des muscles masseters (aboiement et mastication difficiles) ;

– une hypersalivation ;

– une procidence de la troisième paupière ;

– une anisocorie ;

– la mort.

POINTS FORTS

• L’animal importé et la chauve-souris indigène constituent les deux principaux facteurs de risque de contamination rabique d’un animal de compagnie.

• Lorsqu’un vétérinaire est confronté à un animal domestique qui est cliniquement suspect de rage n’ayant ni mordu, ni griffé, il doit prévenir le maire de la commune, la préfecture et la direction départementale des services vétérinaires.

• Lorsqu’un animal domestique cliniquement suspect de rage a mordu ou griffé, il doit être placé sous la surveillance d’un vétérinaire sanitaire pendant 15 jours. Dans le cas d’un chien, cette surveillance doit être complétée par une déclaration au maire de la commune et par une évaluation comportementale.

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