La coccidiose à Isospora spp. chez le chien et le chat - Le Point Vétérinaire n° 297 du 01/07/2009
Le Point Vétérinaire n° 297 du 01/07/2009

Parasitologie canine et féline

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FOCUS

Auteur(s) : Fabienne Wyssmann

Fonctions : D’après la conférence tenue par Bruno Polack et Héloïse André, le 12 mai 2009 dans le cadre du Symposium Bayer “La coccidiose dans tous ses états et toutes ses espèces”, à La Chapelle-sur-Erdre (Loire-Atlantique).

La coccidiose à Isospora spp. est une protozoose qui se manifeste cliniquement par des troubles digestifs chez le jeune.

Quatre espèces infectieuses du genre Isospora sont connues chez le chien : I. canis, I. ohioensis, I. burrowsi, I. neorivolta. Les trois dernières sont regroupées sous le nom de complexe I. ohioensis car elles sont difficiles à distinguer.

Chez le chat, deux espèces existent : I. felis et I. rivolta.

Ces espèces ont un cycle homoxène (le parasite se développe chez un seul hôte à chaque génération) dont l’hôte définitif est le chien ou le chat (figure).

Épidémiologie

La prévalence des ookystes observés dans les selles varie de moins de 1 % à 10 % selon les études. Chez les individus d’élevage ou errants, elle est plus importante que celle qui est observée chez des animaux isolés. Les facteurs favorisants la coccidiose à Isospora spp. sont la concentration ou densité animale, le jeune âge, l’errance, une infection intercurrente, une immunodépression, le stress (sevrage, transport, vente). L’état de stress favoriserait le réveil de formes endogènes persistantes.

Signes cliniques

La coccidiose à Isospora spp. est souvent asymptomatique. Toutefois, lors de forme clinique, une modification des selles est observée : selles molles (en bouse) ou diarrhée avec des glaires et parfois du sang. Aucun retentissement sur l’état général n’est le plus souvent observé, hormis certains cas pour lesquels une déshydratation, un abattement, une anorexie, une perte de poids et un retard de croissance sont décrits.

Le tableau clinique est obscurci par des facteurs aggravants comme le très jeune âge, le mauvais état général initial de l’animal, l’association avec une maladie débilitante. Le tableau histopathologique correspondant à des lésions d’entérite hémorragique et parfois nécrotique associées à une atrophie des villosités intestinales et à une infiltration lymphoplasmocytaire.

Diagnostic

Il convient de suspecter une coccidiose à Isospora spp. chez un chiot, un chaton ou un jeune adulte qui présente une modification de l’aspect des selles non caractéristique, souvent sans altération de l’état général, qui vit en collectivité ou qui provient d’une collectivité.

Examens complémentaires

La coprologie est l’examen de choix. Elle est réalisée sur des selles fraîches (de moins de 48 heures). Elle peut être effectuée à partir d’un mélange de selles dans le cas d’une collectivité d’animaux. La morphologie des ookystes d’Isospora spp. est caractéristique (photos 1 et 2).

Un résultat négatif ne permet pas d’exclure l’hypothèse d’une coccidiose clinique car l’excrétion peut être intermittente ou ne pas avoir commencé (période prépatente).

Il est alors recommandé de répéter l’examen 5 ou 6 jours plus tard. Un résultat positif ne permet pas non plus d’affirmer qu’une coccidiose clinique est présente. Il est conseillé de rechercher les autres causes de diarrhée.

Diagnostic différentiel

Lors de diarrhée chez le jeune, les différentes hypothèses étiologiques sont les suivantes :

– alimentaire (changement alimentaire brutal, intolérance) ;

– virale (parvovirose, maladie de carré, panleucopénie féline, coronavirose, infection par le FIV, le FeLV, etc.) ;

– bactérienne ;

– parasitaire ;

– dysimmunitaire ;

– mécanique (corps étranger, intussusception, etc.) ;

– métabolique.

Chez le chien et le chat, il convient de rechercher des Giardia, protozoaires fréquents dans les collectivités. Chez le chien, la strongyloïdose à Strongyloides stercoralis doit être recherchée même si elle est peu fréquente. Chez le chat, le dépistage de Trichomonas fœtus doit être effectué.

Traitement

Certaines molécules sont plus adaptées au traitement d’une collectivité qu’à celui d’un cas isolé. Le traitement spécifique pour un cas individuel repose sur l’administration de sulfamides à forte dose ou de sulfamides potentialisés comme l’association triméthoprime-sulfaméthoxypyridazine à la dose de 30 mg/kg/j per os pendant 6 jours.

En collectivité, les molécules du groupe des triazones sont plus pratique, puisqu’elles s’administrent en une prise, comme le toltrazuril à la dose de 20 mg/kg ou le diclazuril à la dose de 2 à 3 mg/kg (administration hors autorisation de mise sur le marché).

Prophylaxie

Il existe des moyens de lutte efficaces qui permettent de bien contrôler la coccidiose à Isospora spp.

La prophylaxie sanitaire fait appel à des mesures d’hygiène qui visent à éliminer les ookystes dans les locaux à risque (maternité et box des jeunes) et les hôtes paraténiques comme les rongeurs.

Il convient de :

– retirer les excréments tous les jours, voire deux fois par jour par temps chaud ;

– nettoyer les surfaces et le matériel avec un détergent ;

– pratiquer une désinfection une fois les locaux vidés ;

– lutter contre les rongeurs ;

– ne pas distribuer de la viande crue dans la ration des adultes et jeunes adultes (possibilité de transmission d’Isospora spp.).

En plus de ces mesures d’hygiène, un traitement préventif à l’aide de toltrazuril une semaine avant les périodes à risque (sevrage, transport, vente) est préconisé.

En revanche, il n’est pas conseillé de traiter les adultes car aucune étude n’en a montré l’efficacité, des résistances aux triazones n’étant pas exclues.

L’éradication d’Isospora spp. est illusoire en raison de la grande résistance des ookystes dans l’environnement et de l’éventualité d’un portage chronique extra-intestinal. Toutefois, une contamination minimale de l’environnement par les ookystes qui entraîne une infection continue et légère permet aux animaux d’acquérir une immunité vis-à-vis d’Isospora spp. et prévient des enzooties d’entérites graves chez les jeunes.

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