Supplément : Du bon usage des anti-inflammatoires - Le Point Vétérinaire n° 293 du 01/03/2009
Le Point Vétérinaire n° 293 du 01/03/2009

Pharmacologie du chien et du chat

Thérapeutique en gastro-entérologie

Auteur(s) : Jean-Claude Desfontis

Fonctions : Unité de pharmacologie et de toxicologie, ENV de Nantes, Atlanpôle La Chanterie, 44307 Nantes Cedex 3

En gastro-entérologie, selon les cas, les anti-inflammatoires sont utilisés pour gérer l’inflammation et/ou pour leur effet immunosuppresseur.

Indications et intérêts

Les anti-inflammatoires sont employés avec différents objectifs selon les affections concernées [1, 16]. Une action anti-inflammatoire seule peut être obtenue en administrant de la sulfasalazine génératrice d’acide salicylique (anti-inflammatoire non stéroïdien : AINS) in situ dans l’intestin ou des corticoïdes (anti-inflammatoires stéroïdiens : AIS) à dose anti-inflammatoire tels que la prednisone, la prednisolone ou l’acétate de méthylprednisolone ou des corticoïdes à action locale comme le budésonide sous forme de gélules gastro-résistantes [4, 9, 14]. En général, les corticoïdes sont utilisés à des doses supérieures pour obtenir une action immunosuppressive. Lorsque cette action immunosuppressive des AIS n’est pas probante ou bien qu’ils sont mal tolérés, la prescription d’immunosuppresseurs tels que l’azathioprine (déconseillée chez le chat), le chlorambucil ou le méthotrexate est possible [5, 7, 8, 15]. Elle s’effectue en seconde intention, et ces molécules sont employées seules ou en association avec les corticoïdes à une dose moindre. Le chat présente une meilleure tolérance que le chien aux fortes doses et aux traitements prolongés de corticoïdes. De plus, chez les chats difficiles, pour lesquels la voie per os au long cours n’est pas utilisable, l’administration sous-cutanée d’une forme retard tous les 15 jours (acétate de méthylprednisolone) peut être envisagée.

Les anti-inflammatoires sont rarement administrés seuls et en première intention. Il convient de rechercher la cause primaire et de la traiter de manière adéquate (traitements antiparasitaire, antibiotique et/ou diététique) [6]. Le diagnostic histopathologique est donc très important à établir dans les différentes maladies inflammatoires. Dans ce cadre, les anti-inflammatoires sont incontournables dans de nombreuses affections à composante inflammatoire et de nature idiopathique. En l’absence de traitement étiologique, ils permettent de contenir l’inflammation et/ou une réponse immunitaire inadaptée. Les traitements sont alors de longue durée et peuvent générer des effets secondaires indésirables qu’il convient de surveiller.

Des AINS dirigés contre la cyclo-oxygénase 2 sont parfois utilisés dans les processus tumoraux gastro-intestinaux. Leur indication est motivée par leur capacité à interférer avec le développement tumoral. Toutefois, seules des données chez l’animal de laboratoire et chez l’homme sont disponibles [2, 13].

Toutes les associations médicamenteuses proposées ont comme avantages de réduire significativement le risque d’effets secondaires indésirables et de présenter une synergie d’action qui améliore l’efficacité thérapeutique. Ainsi, des immunomodulateurs à action générale sont souvent associés à des anti-inflammatoires à action locale. Les effets secondaires des AINS sont surtout les atteintes gastro-intestinales (gastrite, ulcère gastroduodénaux) et rénales, et ceux des AIS sont liés à la suppression de l’action de l’axe hypothalamo-hypophyso-corticosurrénalien.

Les anti-inflammatoires sont surtout employés de manière empirique en se fondant sur la rapidité de la résolution des signes et la surveillance des effets secondaires. Ils doivent être adaptés au cas par cas et il est difficile de formuler des recommandations simples.

Molécules à utiliser

Selon le type d’affection, différentes molécules peuvent être utilisées (tableau) [7, 8, 10, 11, 12].

Références

  • 1 - Caquard D. Contribution à la réalisation d’un guide pratique des médicaments en médecine vétérinaire des animaux de compagnie : chapitre “Gastro-entérologie et hépatologie”. Thèse de médecine vétérinaire, Nantes. 2007;34:156p.
  • 2 - Fujimura T, Ohta T, Oyama K et coll. Role of cyclooxygenase-2 in the carcinogenesis of gastrointestinal tract cancers: A review and report of personal experience. Word J. Gastroenterol. 2006;12(9):1336-1345.
  • 3 - Gaschen F. Small intestinal diarrhea – Causes and treatment. 31st World Small Animal Veterinary Association, Prague, 11-14 octobre 2006:401-403.
  • 4 - Gaschen F. Large intestinal diarrhea –  Causes and treatment. 31st World Small Animal Veterinary Association, Prague, 11-14 octobre 2006:404-406.
  • 5 - German AJ. Update on the medical management of feline inflammatory bowel disease. North American Veterinary Conference, Orlando, 8-12 janvier 2005:351-352.
  • 6 - German AJ. Chronic enteropathies – What to do when all tests are ‘normal’. North American Veterinary Conference, Orlando, 8-12 janvier 2005:357-359.
  • 7 - German AJ. Update on inflammatory bowel disease. European Veterinary Conference Voorjaarsdagen, Amsterdam, 24-26 avril 2008:112-114.
  • 8 - German AJ. What’s new in feline inflammatory enteropathies? European Veterinary Conference Voorjaarsdagen, Amsterdam, 24-26 avril 2008:115-117.
  • 9 - Greene CE. Rational approach to antimicrobial therapy : the gastro-intestinal system. 28th World Small Animal Veterinary Association, Bangkok, 24-27 octobre 2003.
  • 10 - Hall EJ. GI therapeutics. 28th World Small Animal Veterinary Association, Bangkok, 24-27 octobre 2003.
  • 11 - Hall EJ. Breed-specific intestinal disease. 29th World Small Animal Veterinary Association, Rhodes, 6-9 octobre 2004.
  • 12 - Hall EJ. How I treat inflammatory bowel disease. North American Veterinary Conference, Orlando, 13-27 janvier 2007:435-436.
  • 13 - Sinicrope FA. Targeting cyclooxygenase-2 for prevention and therapy of colorectal cancer. Molecular carcinogenesis. 2006;45(6):447-454.
  • 14 - Spillmann T. How I treat canine inflammatory bowel disease. 33rd World Small Animal Veterinary Association, Dublin, 20-24 août 2008:470-472.
  • 15 - Taboada J. Inflammatory bowel disease. North American Veterinary Conference, Orlando, 8-12 janvier 2005:371-372.
  • 16 - Tordeur NXA. Contribution à la réalisation d’un guide pratique des médicaments en médecine vétérinaire des animaux de compagnie : chapitres “Anti-inflammatoires, antiallergiques, immunomodulateurs et analgésiques” et “Cancérologie”. Thèse de médecine vétérinaire, Nantes. 2006;91:421 p.
Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter

Découvrez en avant-première chaque mois le sommaire du Point Vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné au Point Vétérinaire, retrouvez votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr