La survie des bouquetins du massif du Bargy en discussion - La Semaine Vétérinaire n° 1552 du 20/09/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1552 du 20/09/2013

Brucellose

Actu

SANTÉ ANIMALE

Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau

Les conclusions de l’Anses sur un possible abattage total de la population de bouquetins, à l’origine d’un foyer de brucellose dans le massif haut-savoyard, provoquent des divergences d’opinion.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a remis plusieurs avis1 relatifs à la présence de la brucellose dans le massif de Bargy (Haute-Savoie) et aux modalités de gestion de la maladie dans la faune sauvage. En avril 2012, un foyer de brucellose à Brucella melitensis biovar 3 est mis en évidence dans un élevage bovin haut-savoyard, après deux cas chez l’homme via la contamination de produits laitiers issus de cet élevage. Des enquêtes épidémiologiques sont menées, tant dans les exploitations savoyardes qu’au sein de la faune sauvage. Elles montrent l’absence de cas dans les autres cheptels, mais une forte contamination au sein de la population de bouquetins qui réside dans le massif du Bargy. Les autres ruminants sauvages semblent épargnés.

Une contamination rare

La prévalence apparente de la brucellose chez le bouquetin est de 37 % (sur 71 sujets testés). Elle atteint 55 % chez les animaux de plus de cinq ans (73 % chez les femelles, 31 % chez les mâles) et 15 % chez les jeunes de moins de cinq ans. La maladie serait circonscrite à ce massif et à cette espèce.

Les circonstances de la contamination du bovin atteint, vraisemblablement accidentelles, sont considérées comme un événement rarissime dans la mesure où un seul cas est rapporté entre 1999 et 2013. Comme la transmission vénérienne est exclue entre les bovins (et ovins) et les bouquetins, la transmission indirecte est la plus probable, via la contamination des pâtures par les produits d’avortement. Les caprins sont jugés plus exposés, car des hybrides caprin-bouquetin ont été observés dans plusieurs massifs. Sur une échelle de 0 à 9, la probabilité de transmission est estimée à minime (2) pour les bovins, extrêmement faible (3) pour les ovins, et faible (5) pour les caprins.

L’abattage total en débat

L’Anses a dû se prononcer sur plusieurs scénarios de gestion du foyer :

> un abattage rapide de 80 à 95 % de la population de bouquetins en moins de trois semaines, avec une élimination des survivants ultérieurement ;

> un abattage sélectif ciblant une catégorie particulière (âge, sexe) ;

> un abattage sanitaire des animaux montrant des signes cliniques ou avec des résultats positifs aux analyses effectuées lors de leur capture.

Localement, les agriculteurs et les organisations professionnelles agricoles, ainsi que certains élus, se sont clairement prononcés en faveur d’une destruction totale de la population de bouquetins du Bargy. Les arguments avancés sont de protéger les troupeaux et l’homme de cette zoonose, le plus complètement et rapidement possible, afin d’assurer également le maintien du statut indemne de la France.

Du côté de l’Anses et du Conseil national de la protection de la nature (CNPN), en revanche, l’abattage total tel qu’il est envisagé n’a pas la cote. Les arguments en sa défaveur ne sont pas négligeables, bien que cette solution apparaisse comme la plus rapide et la moins coûteuse pour réduire le risque de contamination des ruminants domestiques.

Plusieurs difficultés sont soulignées : la gestion des cadavres, la faisabilité technique (risque de ne pas atteindre l’objectif, de voir fuir les animaux vers d’autres massifs, sans oublier les risques d’accident pour les opérateurs) et les conséquences sur la dynamique de la population survivante. L’inconvénient majeur relevé par l’agence est qu’un tel abattage ne permettrait plus un suivi épidémiologique et analytique du foyer chez les bouquetins, alors que des opérations de comptage de la population, de suivi télémétrique et d’étude sur la répartition spatiale des bouquetins sont menées par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).

La situation observée dans le massif du Bargy présente des particularités qui la rendent unique à plusieurs points de vue : espèce réservoir, épidémiologie spécifique à une zone de montagne avec coexistence de plusieurs types d’élevage et contact avec la faune sauvage particulier aux zones d’estives. Mais elles peuvent toutefois exister ailleurs.

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