Hypocalcémie post-partum et non-délivrances - La Semaine Vétérinaire n° 1552 du 20/09/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1552 du 20/09/2013

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS

Auteur(s) : Karim Adjou

Une équipe britannique1 s’est fixée comme objectif de mesurer l’incidence de plusieurs événements négatifs susceptibles de survenir lors des vêlages (fièvres de lait, non-délivrances, etc.) sur le risque de réforme de la vache laitière. Les chercheurs ont ainsi collecté les données relatives à 2 105 vêlages survenus dans huit élevages de 78 à 515 vaches laitières, avec des productions moyennes de 4 200 à 9 600 l de lait par vache et par an.

Les fièvres de lait multiplient par quatre le risque de réforme et d’abattage pour une vache laitière au cours des 100 premiers jours après le vêlage. De même que les non-délivrances, elles ont également des conséquences notables sur la fertilité (voir encadré).

Cette étude veut aussi contribuer à la construction d’un outil de sensibilisation des éleveurs à l’impact de ces troubles dans leur propre troupeau. Les exploitations retenues font l’objet d’un suivi régulier de la reproduction. Une seule personne enregistre les données (dates de vêlage et d’insémination, diagnostic de gestation, réforme, intervention au vêlage, mortalité des veaux, etc.) dans les bases officielles.

DONNÉES CHIFFRÉES

Ces diverses affections ont des impacts économiques qu’il convient de connaître pour chaque élevage. Il existe des données chiffrées à l’échelle nationale. Ainsi, au Royaume-Uni, le coût d’un vêlage assisté est estimé à 10 £, celui d’un veau mort-né à 187 £, une non-délivrance à 265 £, une fièvre de lait à 210 £ et une gémellité à 128 £. L’incidence de ces événements péripartum est évaluée respectivement à 9,9 %, 7,4 %, 3,6 %, 5,1 % et 4 % outre-Manche, pour des pertes économiques comprises entre 12,7 millions de livres sterling (gémellité) et 34,3 millions (veaux mort-nés).

CONSÉQUENCES SENSIBLES

Rétention placentaire et fièvre de lait dégradent sensiblement les résultats de fertilité et augmentent les réformes. Ces deux événements sont connus pour perturber l’involution utérine, la régénération de l’endomètre, la résistance aux infections bactériennes et la reprise de la cyclicité ovarienne.

Cette étude ne montre pas d’effet, sur l’intervalle entre le vêlage et l’insémination artificielle fécondante, d’une intervention de l’éleveur lors du vêlage ou de l’expulsion d’un veau mort-né. Mais ces deux cas s’accompagnent d’une baisse de 10 % du taux de gestation à 200 jours.

A priori, la naissance de jumeaux n’a pas d’impact sur les réformes et la fertilité, mais leur nombre n’est peut-être pas suffisamment élevé pour faire apparaître une incidence dans cette étude. Les taux élevés de réformes après une fièvre de lait s’expliqueraient par les complications (vache couchée, détérioration des aplombs, etc.). L’allongement de l’intervalle entre le vêlage et l’insémination artificielle fécondante et le moindre taux de gestation à 100 jours sont en contradiction avec les résultats observés dans d’autres pays. Les auteurs y voient un rôle de la conduite des troupeaux et de l’efficacité de la prévention. Par exemple, aucune des exploitations concernées par cette étude ne gère le bilan alimentaire cation-anion de la ration.

  • 1 Hayes EP, Christley RM, Dobson H. : « Effects of periparturient events on subsequent culling and fertility in eight UK dairy herds », Vet. Rec. 2012 ; 170(21): 540. doi : 10.1136/vr.100317. Epub 2012 Apr 11.

RÉSULTATS DES DONNÉES COLLECTÉES SUR 2105 VÊLAGES

Fertilité

– 5,9 % de vaches réformées avant le 100e jour post-partum ;

– 8 % de réformes entre 100 et 200 jours post-partum ;

– 43,6 % de gestations confirmées à 100 jours, 73,5 % à 200 jours ;

– 90,2 % de vaches inséminées au moins une fois, dont 88,2 % confirmées gestantes à la fin de l’étude, avec un intervalle vêlage-insémination fécondante de 95 jours.

Vêlages assistés

– concerne 0,8 à 24,4 % des vaches selon les élevages ;

– 3,1 % des vaches concernées sont réformées au cours des 100 jours qui suivent leur vêlage (deux fois plus que les autres) ;

– taux de gestation inférieur de 13,3 % à 200 jours.

Mortalité des veaux

– 3,9 à 13,6 % de veaux morts, selon les élevages ;

– taux de gestation inférieur de 10,8 % à 200 jours pour les vaches qui ont mis bas un veau mort par rapport aux autres.

Rétention placentaire (2,5 à 9,9 % des cas)

– taux de réformes entre 100 et 200 jours supérieur de 6,7 % par rapport aux vaches non affectées par la non-délivrance ;

– intervalle vêlage-insémination fécondante supérieur de 20 jours ;

– taux de gestation inférieur de 24,5 % à 100 jours et de 19,9 % à 200 jours.

Fièvre de lait (0,8 à 15,7 % des cas)

– taux de réforme supérieur de 10,9 % à 100 jours ;

– intervalle vêlage-première insémination fécondante supérieur de 13 jours ;

– taux de gestation inférieur de 17,8 % à 100 jours et de 15 % à 200 jours.

Gémellité (2 à 5,3 % des cas)

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