Démarrage du poulet de chair : une étape clé pour la conduite de la bande - La Semaine Vétérinaire n° 1552 du 20/09/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1552 du 20/09/2013

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/VOLAILLES

Auteur(s) : Karim Adjou*, Khaled Kaboudi**

POINTS FORTS

– La préparation du local et l’installation des équipements nécessaires sont des étapes clés dans la réussite du démarrage des poulets de chair.

– La maîtrise des différents paramètres et le maintien d’un équilibre entre les poussins et leur environnement constituent la tâche la plus difficile dans une bande d’élevage. En effet, un mauvais départ sera difficilement compensé en termes de performances zootechniques.

Les poulets de chair sont sélectionnés pour leur rapidité de croissance et un développement abondant des muscles de la poitrine. À sept jours, le poussin pèse quatre fois son poids de naissance. Un bon départ dans la vie est décisif pour la suite de son cycle vital.

La mise en place des poussins constitue pour eux un moment crucial, car il s’agit de leur premier contact avec un nouvel environnement. C’est pourquoi les premières 24 heures restent de loin les plus importantes, et l’éleveur devra se préparer convenablement afin de répondre à leurs besoins. Différents paramètres sont à considérer avant et pendant les premières heures de vie.

LA PRÉPARATION

Le micro-environnement des poussins doit satisfaire leurs besoins en température, en aliment et en eau.

Avant l’arrivée des animaux, le bâtiment doit être nettoyé, désinfecté et séché (vide sanitaire de 14 jours au minimum). L’aire de démarrage doit être préparée en tenant compte de la densité, du nombre des points d’eau, d’aliment, de chauffage, d’éclairement, et de la litière (voir photo 1).

LE CHAUFFAGE

Le préchauffage du bâtiment et le chauffage pendant le démarrage sont indispensables pour limiter les dépenses énergétiques des poussins.

Avant leur arrivée, le bâtiment doit être préchauffé afin d’obtenir une température et une humidité stables, avec de 28 à 30 °C au sol. Dès la mise en place, les zones de démarrage doivent fournir le confort thermique nécessaire aux poussins, d’autant plus qu’ils sont considérés, pendant les premiers jours d’âge, comme poïkilothermes, c’est-à-dire incapables de régler leur température corporelle. Le poussin d’un jour a une plage de confort thermique étroite (de 31 à 33 °C) qui correspond à la zone de neutralité thermique définie par les températures critiques inférieure (TCI) et supérieure (TCS). Les valeurs de ces températures diminuent au fur et à mesure de la croissance des poussins.

Le chauffage en phase de démarrage est donc indispensable et est assuré soit par des radiants à gaz (démarrage localisé), soit par des aérothermes qui pulsent de l’air chauffé dans le bâtiment (démarrage en ambiance). Le matériel de chauffage doit être bien entretenu afin d’éviter les risques de dégagement du monoxyde de carbone et d’incendie lors d’une émission de flammèches incandescentes sur une litière non tassée.

En toutes circonstances, les écarts de température ne doivent pas dépasser 5 °C sur 24 heures. Une mauvaise maîtrise des circuits d’air, notamment lorsque de l’air froid tombe sur les animaux le long des parois, aura pour conséquence une forte hétérogénéité de la température. Cela se traduit par une mauvaise répartition des poussins sur la surface du bâtiment.

L’installation des thermomètres (minima-maxima) au niveau de la zone de vie des poussins est de règle, afin d’apprécier de façon précise la température perçue par les animaux. La vérification de leur comportement et de leur répartition, quelques heures après la mise en place, constitue un bon moyen de juger de l’ambiance interne du poulailler.

L’AIR AMBIANT

La ventilation compte parmi les facteurs les plus délicats à maîtriser pendant les premiers jours d’âge.

L’objectif est d’approvisionner les animaux en oxygène et d’évacuer l’excès de chaleur et d’humidité, ainsi que les gaz nocifs. Toutefois, en raison des exigences de température pendant le démarrage, il convient de garder une ambiance chaude dans le bâtiment. Ainsi, une ventilation minimale est requise : la vitesse de l’air dans ce cas ne doit pas dépasser 0,1 à 0,15 m/s durant les premiers jours d’âge, tout en évitant les courants froids.

L’utilisation de bâches en plastique (dans certains pays comme au Maghreb) pour séparer la zone de démarrage du reste du bâtiment est recommandée et permet de maintenir une ambiance chaude et confortable pour les poussins.

L’ALIMENTATION ET L’ABREUVEMENT

L’aliment et l’eau doivent être disponibles dès la mise en place.

Le poussin nouvellement né est composé de 85 % d’eau. Toute perte qui dépasse 10 à 15 % de cette proportion expose l’animal à la déshydratation, donc à la mort. Une telle perte peut survenir lors d’un transport sur un long trajet, notamment par temps chaud. Ainsi, la réhydratation des oiseaux dès la mise en place est primordiale (voir photo 2).

L’eau fournie aux poussins doit aussi être de bonne qualité et sa température proche de la température ambiante. Mieux vaut donc éviter de placer les abreuvoirs directement sous les points de chauffage. De même, pour favoriser l’abreuvement des jeunes animaux, il est recommandé de sucrer légèrement l’eau.

La lumière permet en effet aux poussins de repérer les points d’alimentation et d’abreuvement. Toute coupure ou toute baisse de l’intensité lumineuse peut provoquer l’entassement des animaux. C’est pourquoi, dès le premier jour d’âge, un éclairage continu est requis, 24 heures sur 24 heures, avec une intensité lumineuse de 30 à 50 lux/m2, afin de stimuler le dynamisme des oiseaux.

LA LITIÈRE

Isolant thermique, la litière doit offrir aux poussins le confort nécessaire pour se déplacer et se reposer (voir photo 3).

Son rôle d’isolant influe sur la température ressentie par les animaux. Différents types de litières peuvent être utilisés, selon la disponibilité et le coût. Les copeaux de bois blanc non traités et la paille hachée restent les plus sollicités. Toutefois, il convient d’éviter la paille non broyée, car elle est gênante pour le déplacement des poussins. De même, la paille (ou le foin) conservée dans de mauvaises conditions favorise le développement des moisissures, ce qui prédispose au déclenchement d’une aspergillose dès les premiers jours d’âge.

La litière, préalablement répartie sur une épaisseur de 10 à 15 cm (6 à 7 kg/m2, selon la saison, la nature du sol, etc.), doit être chauffée 24 heures avant la mise en place des oiseaux. Sa température peut être évaluée en utilisant un thermomètre ou, plus simplement, en appréciant la chaleur des pattes des poussins contre la joue.

LA DENSITÉ

La densité des volatiles doit tenir compte du poids vif des poulets à l’enlèvement.

Au-delà du nombre de sujets au mètre carré, c’est le poids des oiseaux qu’il convient de prendre en considération, car c’est lui qui déterminera la quantité de déjections sur la litière, ainsi que le dégagement de vapeur d’eau et de CO2. En production de poulets de chair, la densité fait l’objet d’une directive européenne qui définit un maximum de 33 à 42 kg/m2.

LA SURVEILLANCE

Le contrôle du poids, de la consommation d’aliment et d’eau, des normes d’ambiance doit être systématique.

Bien entendu, le suivi de la croissance des poussins passe obligatoirement par des pesées régulières : la première intervient dès la réception, sur une centaine de poussins, puis tous les cinq à sept jours. Le poids moyen permet également de calculer le degré de l’homogénéité du lot.

Le meilleur indicateur de la consommation d’eau et d’aliment dans de bonnes conditions reste la palpation du jabot et l’appréciation de la chaleur des pattes. Ainsi, quatre heures après la mise en place, il faut prélever une centaine de poussins à différents endroits du bâtiment et vérifier l’état de leur jabot et la température de leurs pattes en les appliquant contre la joue. Au moins 95 % des sujets examinés doivent avoir un jabot plein et mou et des pattes chaudes.

En outre, le contrôle de l’ambiance doit être régulier, en particulier au cours des 24 premières heures, afin de déceler précocement une éventuelle perturbation au niveau de l’un des paramètres. De même, le maintien de la propreté des abreuvoirs et leur désinfection (éponge imbibée de solution désinfectante), ainsi que la vérification du bon fonctionnement des chauffages, sont de règle.

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