Les opinions sont partagées sur l’abattage des blaireaux au Royaume-Uni

Outre-Manche, le blaireau divise l’opinion de manière radicale entre les défenseurs de l’élevage et ceux des animaux, auxquels s’ajoute souvent l’opinion publique. La décision d’un abattage massif dans le Gloucestershire et l’ouest du Somerset est un projet pilote, qui doit réduire de 70 % par an la population pendant les quatre prochaines années. Depuis 2008, ces deux secteurs géographiques affichent un nombre de nouveaux cheptels infectés compris entre 250 et 400 annuellement.

Le problème au Royaume-Uni est de concilier la préservation d’une espèce emblématique, qui a eu la mauvaise idée de devenir le réservoir du bacille tuberculeux, avec les mesures de lutte contre la tuberculose, dans un contexte épidémiologique défavorable. Entre 1990 et 2012, dans les comtés du Devon, du Cornwall et du Gloucestershire, la proportion d’élevages de 50 vaches ou plus qui n’ont jamais fait l’objet de restrictions liées à des cas ou à des suspicions de tuberculose est inférieure à 5 %, alors que 80 % des élevages laitiers et plus de la moitié des allaitants ont plus de 50 vaches. La proportion de cheptels soumis à des restrictions dans le cadre de la lutte contre la tuberculose dans le Devon était de 25 % en 2008, et de 31 % dans le Gloucestershire.

Les autorités britanniques ont décidé d’obtenir un statut indemne d’ici à 25 ans, donc de descendre sous le seuil fatidique du 0,1 % d’élevages atteints en moins de 20 ans. En 2013, l’incidence “cheptel” est évaluée à 4,1 % entre janvier et juin (sur les troupeaux n’ayant pas eu de cas ou de suspicion dans les trois ans précédents, sinon ils sont comptabilisés dans les résurgences), avec plus de 2 500 nouveaux troupeaux confirmés infectés et déjà 17 285 bovins abattus (il y en a eu plus de 35 000 durant l’année 2012). Parmi les options de la stratégie de lutte figurent la vaccination des animaux sauvages (difficile en pratique, car pour l’instant seul le vaccin injectable est disponible pour les blaireaux) et des animaux domestiques (interdite en Europe), l’abattage des animaux domestiques atteints et… celui des animaux sauvages dans les zones endémiques.

Seulement 7 % des vétonautes considèrent que l’abattage des blaireaux est une solution efficace. La Nouvelle-Zélande, où le réservoir de la maladie est le possum (phalanger renard), la décision de restreindre la densité de population (éliminée à 80 %) a été prise il y a 20 ans, et a vu une réduction de 53 % du nombre de troupeaux bovins infectés entre 1994 et 2000. Depuis, les stratégies de contrôle de la maladie associent le maintien de densités basses de possums et leur vaccination orale, en plus des mesures de contrôle plus classiques dans les exploitations agricoles. En forêt de Brotonne-Maury (Normandie), l’abattage du réservoir a plutôt bien réussi à la rance. Cependant, l’espèce concernée, le cerf, est plus facile à chasser que le blaireau, et les particularités géographiques locales ont facilité l’élimination de la population cervidée locale.