Consolider le rôle de la profession vétérinaire - La Semaine Vétérinaire n° 1550 du 06/09/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1550 du 06/09/2013

Assemblée générale de la FVE

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Auteur(s) : Karin de Lange

Sureffectifs potentiels, domaines de compétence en développement, bien-être animal, antibiorésistance : l’assemblée générale de la Fédération des vétérinaires d’Europe (FVE) a débattu de sujets cruciaux pour la profession.

Les effectifs de jeunes diplômés semblent dépasser, et de loin, les besoins réels de la profession », ce qui conduit à une « hausse du chômage » et à « une baisse du niveau professionnel », selon Karel Daniel, représentant de la chambre vétérinaire tchèque. Ces propos, adressés à l’assemblée générale de la Federation of Veterinarians of Europe (FVE) qui s’est tenue les 7 et 8 juin à Maribor (Slovénie), ont déclenché une discussion animée sur le sujet du marché du travail vétérinaire.

L’EMPLOI

Peter Jones (Royaume-Uni) l’a confirmé : cela reflète bien la situation dans son pays. « Après l’établissement récent d’une école vétérinaire à Nottingham [la septième école britannique, ndlr], le Surrey vient d’annoncer la création d’une nouvelle, à seulement 60 km du Collège royal de Londres. » Cela risque non seulement d’exacerber les difficultés pour trouver un stage clinique et du personnel enseignant de qualité, mais aussi de détériorer les perspectives d’emploi. Et d’ajouter : « Il n’est même pas certain que cette école sera la dernière ! »

Selon Hans-Joachim Götz (Allemagne), le problème n’est pas nécessairement dû à une surproduction de diplômés, mais à une mauvaise répartition de ces derniers. « Nous formons suffisamment de vétérinaires, mais nous avons du mal à trouver des candidats pour travailler dans la santé publique, les cabinets ruraux et les productions animales. »

Réduire l’effectif universitaire n’est pas forcément la bonne solution, a reconnu Frédéric Lohr, représentant de l’Association internationale des étudiants vétérinaires (Ivsa). « Il faudrait plutôt essayer d’attirer les jeunes vers de nouveaux domaines, comme celui de One Health. »

Karin Östensson (Suède) a souligné la nécessité de « s’appuyer sur des données factuelles et d’étudier les enquêtes professionnelles ». Tandis que certains pays devraient lutter contre « une surproduction ridicule », d’autres sont peut-être confrontés à une pénurie. « Nous devrions défendre et promouvoir les compétences vétérinaires partout où c’est nécessaire. »

Selon Christophe Buhot, président de la FVE, l’assemblée générale à Maribor a révélé de nombreux “nouveaux” domaines potentiels d’exercice, comme l’aquaculture, l’apiculture, le bien-être animal et One Health, « qui devraient tous être explorés ». D’ailleurs, une brochure intitulée Veterinarians, vital for animals, vital for people1, publiée par la FVE, explique le rôle des vétérinaires, vitaux pour les animaux, vitaux pour l’homme. Ce document met en évidence leur rôle dans la santé animale, la sécurité des aliments, l’économie, la prévention et le contrôle sanitaire, l’environnement.

L’AQUACULTURE

L’Union européenne dispose d’un fort potentiel en aquaculture, à la fois en termes de capacité et d’exploitation de nouvelles espèces. C’est ce qu’a rappelé Rafael Laguens (Espagne), vice-président de la FVE, lors de la présentation des conclusions de la conférence sur l’aquaculture2 organisée en mai dernier par la FVE, en collaboration avec la présidence irlandaise et la Commission européenne.

Actuellement, l’Union importe les deux tiers de sa production aquacole. La disponibilité des médicaments vétérinaires pour les poissons devrait être assurée sur l’ensemble de son territoire, tandis que « les antibiotiques destinés à l’aquaculture devraient être soumis à la prescription vétérinaire ». Actuellement, la filière aquacole de l’Union produit 2 millions de tonnes de poissons, avec un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros, créant plus de 190 000 emplois.

La FVE a décidé de mettre en place un groupe de travail ad hoc sur l’aquaculture (2013-2014), dont les membres sont Kari Norheim (Norvège, présidente), James Casey (Irlande), Andrea Fabris (Italie), Baska Ferenc (Hongrie), Armand Lautraite (France), Buket Ozkan (Turquie) et Alain Schonbrodt (Belgique).

LE CURSUS BIEN-ÊTRE

Quant à la science du bien-être animal, il s’agit d’un objectif « important de la formation vétérinaire, tout comme la santé animale ou la santé publique », selon David Morton, président du groupe de travail de la FVE sur la formation “bien-être animal” qui s’adresse aux confrères en Europe. « Les vétérinaires sont nécessaires pour surveiller et aider les autorités nationales à mettre en œuvre un bon niveau de bien-être animal, ce qui créera des emplois pour la profession. »

Il a également présenté les piliers d’un cursus “bien-être” pour les étudiants vétérinaires. « La science, l’éthique et la législation du bien-être animal devraient constituer un enseignement clé, au même niveau que les autres. Cette matière est essentielle pour l’avenir de notre profession. Elle devrait être enseignée de façon à rester bien identifiable, tout en étant intégrée au cursus vétérinaire dans son ensemble. »

SURVEILLANCE ANTIBIOTIQUE EN ALLEMAGNE

« Les programmes de lutte contre l’antibiorésistance devraient viser la réduction de l’usage des antibiotiques, et pas seulement l’augmentation de la transparence », a souligné Hans-Joachim Götz (Allemagne), vice-président de la FVE et membre du groupe de travail “médicaments”. Lors de l’assemblée générale de l’Union européenne des vétérinaires praticiens (UEVP) du 6 juin, il a présenté le système allemand de surveillance de l’usage des antibiotiques en élevage. Deux systèmes coexistent : le premier, public, est géré via la loi du médicament vétérinaire sur la réduction de l’usage des antibiotiques (Arzneimittelgesetz ou AMG), qui n’est pas encore entrée en vigueur ; le second, d’initiative privée, passe par le système d’assurance qualité (Qualitätssichering ou QS). Les différents acteurs de la chaîne alimentaire (y compris les fabricants d’aliment du bétail, les éleveurs, les abattoirs, etc.) sont membres de la QS. Un système de surveillance nationale de la réduction de l’utilisation des antibiotiques dans la filière des poulets de chair a été créé en septembre 2012. Tous les vétérinaires prescripteurs d’antibiotiques dans des élevages QS doivent être agréés et se conformer aux règles du système. Ils envoient les informations sur les antibiotiques prescrits à une base de données centrale. Chaque praticien peut envoyer des renseignements complémentaires, comme l’indication ou le temps d’attente. Les données des exploitations QS sont envoyées de façon automatique à la base de données. Les élevages sont classés selon leur consommation d’antibiotiques, et les “surconsommateurs” doivent mettre en place un plan d’action (biosécurité, gestion de l’élevage, suivi sanitaire, etc.) en collaboration avec leur vétérinaire.

Même s’il s’agit d’un système volontaire, les participants QS peuvent en être exclus s’ils ne s’y conforment pas. « Et puisque les élevages QS représentent la quasi-totalité du marché, c’est de facto obligatoire », a commenté Hans-Joachim Götz. Selon lui, la combinaison d’une pression publique (AMG) et privée (QS) permet le meilleur taux de réussite. « Les deux dispositifs se complètent, car les autorités officielles ne se rendront pas dans les exploitations, et la sécurité des aliments doit reposer sur une bonne surveillance. »

En juin 2013, 95 % des élevages de porcs et de volailles étaient enregistrés, comme 92 % des vétérinaires QS. Au 1er juillet, tous les éleveurs de volailles devaient être adhérents de QS pour avoir accès au marché, et en 2014, cela s’appliquera aux éleveurs porcins. Presque toute la filière (sauf les exploitations biologiques) fait partie de la même QS.

LE MODÈLE NÉERLANDAIS

Aux Pays-Bas, le gouvernement a exigé une réduction de moitié de l’utilisation des antibiotiques en élevage avant la fin de cette année (un objectif atteint fin 2012) et de 70 % avant la fin 2015 (par rapport à 2009). Des objectifs établis en collaboration avec les filières et la profession vétérinaire. Rens van Dobbenburgh (Pays-Bas), vice-président de l’UEVP, a présenté le modèle néerlandais, fondé sur la création d’une base de données numérique (VetCIS) dans laquelle les praticiens enregistrent les informations sur leurs prescriptions chaque semaine. Une autorité nationale des médicaments vétérinaires a également été créée pour surveiller la consommation et intervenir lorsque les cliniques vétérinaires dépassent les seuils fixés. En outre, des guides de bonnes pratiques sur l’usage des antibiotiques ont été adaptés, afin de correspondre aux exigences du Conseil national de la santé. « Par exemple, ceux contre les bactéries productrices de ß-lactamases à spectre élargi (BLSE) sont devenus des antibiotiques de deuxième choix, tandis que les fluoroquinolones et les céphalosporines de troisième et quatrième générations ne sont autorisées qu’après la réalisation d’un antibiogramme démontrant une sensibilité », a précisé Rens van Dobbenburgh.

Des plans de suivi sanitaire et d’autres de traitement sont également instaurés, ainsi que des accords entre l’éleveur et son vétérinaire traitant. Le dispositif est volontaire, « mais les systèmes d’assurance qualité exigent de leurs adhérents qu’ils permettent aux praticiens de soumettre les données ». Les prémélanges antibiotiques, au niveau des usines d’aliments, sont également interdits, « ce qui arrange tout le monde ». La surveillance est un outil précieux pour l’usage raisonné des antibiotiques, a-t-il conclu.

LES RÉSISTANCES EN CLIENTÈLE ÉQUINE

L’antibiorésistance est considérée comme « rare » par un tiers des vétérinaires équins interrogés, selon les résultats préliminaires d’une enquête sur l’usage des antibiotiques en médecine équine présentés par Giorgio Ricardi, président de la Fédération européenne des associations vétérinaires équines (Feeva). Si 58 % de ces praticiens pensent « qu’un éventail plus large d’antibiotiques » n’est pas utile, des produits sont identifiés comme manquants. Il s’agit notamment des pénicillines (formulation intraveineuse), de la gentamycine et de l’enrofloxacine, ainsi que des formulations orales de certains antibiotiques.

L’enquête de la Feeva suggère également que la pénicilline et les triméthoprime-sulphamides sont les plus largement utilisées, mais que l’usage métaphylactique de ces médicaments est rare.

DAVANTAGE D’ÉCOLES “APPROUVÉES”

Actuellement, les trois quarts (76,1 %) des écoles vétérinaires en Europe sont soit accréditées, soit approuvées (conditionnellement ou non), selon Laszlo Fodor (Hongrie), président de l’Association européenne des établissements d’enseignement vétérinaire (AEEEV). « La tendance est à une augmentation des approbations. C’est une bonne évolution, car l’objectif principal du système d’évaluation reste d’élever la qualité de l’enseignement. » Un système qui vient de fêter ses 25 ans et est en train de revoir ses protocoles. « La méthode deviendra moins prescriptive et plus descriptive, et l’accent sera mis sur les compétences du “premier jour” (day one competencies) », a souligné Laszlo Fodor. Non sans rappeler que l’évaluation reste volontaire, mais que « les écoles qui la refusent ne pourront plus être membres à part entière de l’AEEEV ». Parmi les autres sujets abordés à Maribor figuraient le projet de législation de l’Union sur la santé animale, le bien-être animal, la reconnaissance professionnelle, la modernisation de l’inspection des viandes et la santé des abeilles. La prochaine assemblée générale de la FVE se tiendra à Bruxelles, les 15 et 16 novembre 2013. Le rendez-vous suivant, prévu les 23 au 24 mai 2014 à Biarritz, a été présenté avec enthousiasme par la délégation française.

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