Implications du stress oxydant dans les troubles respiratoires profonds

→ La recurrent airways obstruction (RAO) est une maladie dont l’occurrence est élevée chez les chevaux de sport et de selle. L’âge moyen d’apparition de la maladie est de douze ans. Les chevaux de plus de sept ans ont quatre fois plus de risques de présenter ces troubles que ceux de quatre ans.

Les symptômes incluent une toux, un jetage et une fonction pulmonaire réduite. Il existe une prédisposition génétique, mais ce sont les facteurs environnementaux, très importants, qui déclenchent les signes cliniques.

La RAO est due à une hypersensibilité, une allergie à des moisissures présentes dans le foin. Certains de ces germes (protéases, endotoxines, mycotoxines) semblent être plus allergènes que d’autres. Des gaz (ammoniaque, sulfure d’hydrogène, etc.) favorisent aussi la survenue de la maladie.

→ L’inflammatory airway disease (IAD) touche surtout les chevaux de courses, avec une prévalence élevée chez ceux à l’entraînement. Les symptômes apparaissent au cours des deux premières semaines d’entraînement. Les signes respiratoires sont une toux et un écoulement, mais ils sont souvent discrets et associés à de mauvaises performances.

L’étiologie regroupe une combinaison de facteurs favorisants : une exposition environnementale (qualité de l’air) et une immunosuppression lors d’entraînements intensifs, de transport sur de longues distances.

L’affection touche de jeunes chevaux dont le système immunitaire n’est pas totalement développé. En outre, l’hémorragie pulmonaire induite par l’effort (HPIE) peut favoriser l’IAD en raison de la présence d’un terrain inflammatoire.

PROCESSUS OXYDATIF

La RAO et l’IAD impliquent essentiellement une inflammation neutrophilique des voies respiratoires, une allergie et la combinaison de facteurs favorisants.

Dans le cadre des maladies infectieuses, une accumulation de neutrophiles est aussi constatée au niveau de la trachée et des bronches. L’exposition à des gaz nocifs favorise alors le stress oxydatif.

Le stress oxydant est une réponse immunitaire non spécifique (oxidative burst des neutrophiles). Les éléments anti-oxydants enzymatiques du poumon sont notamment la superoxide dismutase (SOD), la glutathione peroxidase (GPx), la glutathion reductase (GR), les thioredoxines, les peroxiredoxines et la glutaredoxine. Les antioxydants non enzymatiques dans le poumon sont entre autres les vitamines E et C. D’autres molécules sont également présentes au niveau pulmonaire : le β-carotène, l’acide urique, le glutathion, la taurine, la lactoferrine, la transferrine, etc.

Il existe en outre une réaction du poumon à l’ozone, qui est un gaz à pouvoir oxydant. Des études se sont attachées à recueillir les liquides de lavages broncho-alvéolaires. Dans ces derniers, le système glutathion et la vitamine C ont été mesurés pour évaluer le pouvoir oxydant de l’ozone, mais aussi le stress oxydant lors de RAO. Des chevaux présentant des signes de RAO (jetage, toux, fonction respiratoire réduite) ont été comparés avec un lot de congénères en rémission, et un autre de chevaux sains.

Les résultats montrent que pendant les crises et les rémissions, une augmentation du glutathion oxydé et du rapport des deux formes de glutathion est notée. La réduction de la concentration en vitamine C dans le liquide de lavage broncho-alvéolaire signe aussi l’utilisation de cette vitamine. La RAO engendre donc un stress oxydatif.

TRAITEMENT

Les aspects thérapeutiques ont deux objectifs principaux : réduire le stress oxydant et augmenter le pouvoir antioxydant.

→ Réduire le stress oxydant

Il convient de limiter l’exposition aux allergènes, de limiter la présence de l’infection (vaccination), de réduire les facteurs prédisposants (transport) et de traiter l’inflammation déjà présente.

→ Augmenter le pouvoir anti-oxydant

Supplémenter en vitamines E et C (ou autres antioxydants naturels) augmente la teneur de ces vitamines dans le sang et, dans une moindre mesure, dans le film liquidien épithélial. Cela n’a pas d’influence sur le score inflammatoire et le nombre de neutrophiles, ni sur la fonction pulmonaire des chevaux. Peu d’études existent sur les compléments antioxydants. La complémentation est à envisager en complément de toutes les autres approches thérapeutiques.