La peur du changement ?

Le projet de loi d’avenir pour l’agriculture et l’alimentation devrait être présenté au second semestre. Il est porteur de questions et de sujets clés pour notre profession, qui ne pourra pas rester en l’état à l’issue de sa promulgation.

Côté enseignement, un volet relatif aux missions et à l’organisation de l’enseignement et de la recherche agricoles est prévu, comprenez la création d’un pôle national vétérinaire qui fédère les quatre écoles françaises. Son objectif est une meilleure coordination de la formation des vétérinaires. Le projet se boucle ces jours-ci.

Certains considéreront cette réforme comme un jeu dangereux, dans une période de restriction budgétaire. D’autres y verront l’opportunité de souder les efforts dans le seul but de maintenir hors de l’eau un enseignement mis à mal par la situation des finances publiques.

Faut-il redouter ce changement ? Avoir peur de ne plus être écoutés ? Cela a déjà été le cas, dans le passé : pour preuve récente, l’arrêté du 6 décembre 2012 sur l’augmentation du nombre d’étudiants dans les écoles. Il est également périlleux d’occulter, au-delà de cette nouvelle gouvernance, la nécessité de s’atteler à des défis que nombre de pays ont relevés ou relèvent actuellement : l’internationalisation de l’enseignement vétérinaire, la valorisation des marques (les écoles d’ingénieur savent déjà vendre leur nom à l’étranger, donc leurs diplômes), le niveau de l’enseignement dans plusieurs domaines (d’où l’importance de la reconnaissance des spécificités des quatre écoles et la globalisation du cursus français).

Enfin, cette nouvelle gouvernance française serait un demi-échec si les écoles ne pouvaient pas, après s’être adaptées à la concurrence mondiale, passer à l’offensive. Nos ENV ont des atouts, de précieux savoir-faire à valoriser.

Qu’en est-il en Asie aujourd’hui ? Le vétérinaire japonais joue un rôle qui dépasse largement la médecine des animaux de compagnie, il est omniprésent en agro-alimentaire (un fleuron de l’industrie française, soit dit en passant). L’enseignement américain a la mainmise sur ce pays. En Chine, tout va très vite : la profession émerge et fait l’objet d’une réelle reconnaissance par la société chinoise.

La Vétérinaire française ne devrait-elle pas saisir l’opportunité de renforcer sa patte, là où plusieurs nationalités de vétérinaires tentent d’imposer leurs marques, cursus, pratiques et visions ?

• Retrouvez tous ces enjeux en pages 23 à 28 de ce numéro.