Un lien fort existe entre la gestion de la litière et la santé des animaux

L’apparition précoce de lésions de pododermatite chez les poussins semble liée à la lignée, mais leur gravité en fin de bande est d’autant plus sévère que la litière est humide et riche en azote total et ammoniacal. C’est ce que révèle une étude¹ menée chez des poulets de chair élevés sur un sol bétonné recouvert de litière jusqu’à leur abattage (à 42 jours). Elle met en effet en évidence l’apparition précoce des lésions de pododermatite chez des poussins de sept à neuf jours d’âge. Des écailles allongées marron sont visibles au niveau de leurs coussinets plantaires, alors que la litière est encore sèche et friable.

L’incidence des lésions sous-évaluée en élevage

Des analyses histologiques, menées sur des poussins atteints et d’autres sains âgés de onze jours, révèlent des lésions de score 2 chez les premiers, mais aussi des hyperplasies et des hyperkératoses légères chez les seconds, apparemment sains. Ainsi, l’incidence des lésions peut être sous-évaluée en élevage, en raison de l’éclairage et de la litière collée aux pattes. Des brûlures des tarses sont observées à 23 jours d’âge en moyenne, et des dermatites du bréchet à 35 jours.

Aucun élément de causalité face au développement des lésions n’est déterminé par cette étude, laissant supposer un “effet lignée” sur leur précocité d’apparition. Toutefois, l’humidité² et le taux d’azote les aggravent. De plus, entre 35 et 42 jours, les animaux nourris avec un aliment plus riche en fibres solubles présentent les pododermatites les plus sévères. Un “effet aliment” est ainsi mis en évidence, car la richesse en fibres génère un pH plus acide et une quantité d’azote total plus importante dans la litière. En revanche, le taux d’ammoniac ne paraît pas corrélé à l’apparition des lésions, ce qui est en contradiction avec ce qui est généralement observé. Cependant, cet aspect n’est pas net.

De meilleurs résultats avec des copeaux et un traitement de l’eau

Une autre étude³, menée sur des lots de dindes, montre l’existence d’un lien financier fort entre la gestion de la litière et la santé des animaux. Les éleveurs achèteraient en effet des litières plus coûteuses en cas de problèmes sanitaires. Dans cette enquête, les performances technico-économiques d’élevages de dindes sont comparées selon la litière utilisée et les pratiques des éleveurs. Les matériaux mis en place, leur quantité et les associations réalisées sont fortement variables d’une exploitation à l’autre. Le mélange de paille broyée (en moyenne 4,7 kg/m²) et de copeaux de bois (en moyenne 7,4 kg/m²) représente 40 % des litières utilisées, suivi de la paille broyée seule (7,4 kg/m²) et des copeaux seuls (10,5 kg/m²). Les anas de lin, la paille entière, la sciure et les bouchons de sciure sont également employés.

Ainsi, si le type de litière n’influe pas sur le poids moyen des animaux, davantage de saisies et de pertes, ainsi qu’une plus faible marge brute sont observées dans les lots élevés sur de la paille broyée.

En revanche, l’emploi de copeaux permet d’obtenir les meilleurs résultats. De plus, les lots de dindes dont l’eau de boisson est traitée pour améliorer les paramètres bactériologiques affichent de meilleures performances et les frais de litière les plus faibles. Améliorer le statut digestif des animaux limiterait ainsi la dégradation des litières.

À l’inverse, ces paramètres sont les moins bons pour les lots dont la litière est retournée, car cette pratique favoriserait la remontée des oocystes de coccidies.

Ces études démontrent encore une fois qu’en aviculture, la qualité et la bonne gestion de la litière, utilisée pour assurer à la fois le confort des volailles et la prévention des maladies, sont un élément essentiel de la performance technico-économique des lots, qui elle-même dépend des conditions d’élevage.

• 1 Olivère P., Arnould C., Bignon L. Caractéristiques physico-chimiques de la litière en lien avec la sévérité des dermatites de contact en poulets de chair. JRA. Tours:186.

• 2 Youssef I.M.I., Beineke A., Rohn K. et coll. Effects of litter quality (moisture, ammonia, uric acid) on development and severity of foot pad dermatitis in growing turkeys. Avian diseases;55:51-58.

• 3 Dezat E., Delabrosse C. Impact des litières sur les performances technico-économiques en production de dindes. JRA. Tours:58.