Intoxications : comment faire vomir un chien

Faire vomir un chien suspecté d’avoir ingéré un produit toxique est l’une des composantes du traitement classique afin de réduire le risque d’absorption systémique. De multiples options existent, telles que le sel de table, la xylazine, le liquide vaisselle ou encore la poudre de moutarde. Ces méthodes ne sont pas toujours fiables, comportent divers risques et peuvent engendrer des effets secondaires non négligeables.

92 % des chiens vomissent après un quart d’heure

Les auteurs¹ se sont penchés sur le bon usage des deux modalités les plus fréquemment mises en place pour induire des vomissements chez le chien : l’eau oxygénée à 3 % et l’apomorphine. 147 chiens sont étudiés : 84 reçoivent de l’eau oxygénée à 3 % (2,4 ml/kg en moyenne par voie orale) et 63 de l’apomorphine (0,035 mg/kg en moyenne par voie intraveineuse ou dans le sac conjonctival). Quel que soit le produit utilisé, il entraîne des vomissements chez 92 % des chiens, au bout d’environ un quart d’heure. Dans chaque groupe, 14 % des animaux présentent une faible léthargie ou nausée, qui rétrocède spontanément. L’apomorphine entraîne aussi du ptyalisme, tandis que l’eau oxygénée provoque parfois une diarrhée.

→ L’apomorphine est un agoniste de la dopamine qui stimule la chemoreceptor trigger zone du cerveau. Elle a aussi un effet inhibiteur sur le centre émétique. Par conséquent, si la première administration n’entraîne pas de vomissements, il est peu probable qu’une seconde dose sera plus efficace. Lors d’effets secondaires graves (dépression respiratoire ou nerveuse centrale), il est possible d’administrer un antagoniste de la dopamine tel que le métoclopramide. Les symptômes nerveux centraux peuvent aussi être entravés par la naloxone. Le sac conjonctival peut enfin être rincé à l’aide de sérum physiologique.

→ L’eau oxygénée n’a pas d’action centrale. Les vomissements seraient dus à la stimulation de terminaisons nerveuses dans le tractus gastro-intestinal. Les informations sont ensuite transmises au centre émétique par le nerf vague. Il est déconseillé d’utiliser une concentration supérieure à 3 %. Chez l’homme, une concentration au-delà de 10 % d’eau oxygénée entraîne des conséquences graves, telles qu’une embolie gazeuse, voire la mort. Lors d’échec du traitement après une administration d’eau oxygénée, une seconde dose peut être donnée, mais une troisième est déconseillée.

Les auteurs estiment qu’environ la moitié des ingesta sont vomis. Une fois que les vomissements sont terminés (30 à 45 minutes), du charbon activé peut être administré au besoin.

• 1 S. Khan et coll. « Effectiveness and adverse effects of the use of apomorphine and 3 % hydrogen peroxide solution to induce emesis in dogs », Javma 2012, vol. 241, n° 9, pp. 1179-1184.