Locomotion du cheval et disciplines sportives - La Semaine Vétérinaire n° 1538 du 03/05/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1538 du 03/05/2013

Formation

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : JEAN-MARIE DENOIX

Fonctions : professeur au Cirale et à l’ENVA. Article tiré d’une conférence présentée en décembre 2012 à Villepinte, lors des Équirencontres Avef-Merial.Marine Neveux

L’analyse de la locomotion chez le cheval, en fonction des disciplines et des exercices, permet notamment de montrer les contraintes biomécaniques qui s’exercent dans les différentes régions anatomiques.

DES SPÉCIFICITÉS SELON LA DISCIPLINE

Le galop chez le pur-sang peut ainsi présenter des particularités. Par exemple, le canter du pur-sang est un galop à quatre temps. La mécanique de cette allure est complètement différente chez le cheval d’endurance qui développe une foulée courte, alors que le galopeur déploie une foulée longue. En endurance, le déplacement du tronc et l’allongement de l’encolure sont faibles : la foulée est économique, avec une moin­dre contrainte mécanique, mais comme l’épreuve est plus lon­gue, des lésions surviennent malgré tout. Le jarret et le car­pe sont des articulations instables : chez le cheval d’endurance, leur nécessaire stabilité permet de prévenir un déplacement latéromédial.

Chez certains chevaux, les contraintes articulaires sont exacerbées par une mauvaise ferrure, ce qui souligne la pertinence de fers adaptés au che­val et à la discipline.

Le cas du concours complet d’équitation est complexe, car le cheval doit galoper comme un pur-sang, mais aussi faire du dressage et sauter ! Chez le cheval de dressage, plus la sus­pension est importante, plus les contraintes sur les articulations basses et les tendons sont importantes. Le changement de pied au temps est un exercice exigeant en termes de coordination. La pirouette est une figure difficile, car elle impose des contraintes verticales et en rotation.

Chez le trotteur, il convient de noter le travail des muscles qui interviennent dans la flexion des articulations, mais aussi jouent un rôle d’amortisseur. Au niveau des pectoraux, une contraction favorise l’avancée des antérieurs avec le muscle brachiocéphalique. Elle est associée à celle des muscles abdominaux et de la cuisse. Lors de la phase de soutien, le tendon est relâché et ses vibrations constituent un phénomène naturel. Le fait de les contraindre par des guêtres trop rigides peut provoquer une tendinite.

DÉTECTER LES PARTICULARITÉS

La caméra à grande vitesse permet en outre de visualiser des choses difficiles à objectiver. Par exemple, un cheval atteint d’un éparvin va taper l’intérieur du jarret, c’est la raison pour laquelle des protections sont requises.

En outre, la ferrure et la gestion du cheval sont à adapter à sa conformation. Ainsi, chez un cheval qui présente un valgus (panard), il convient de mettre un appui à l’intérieur pour rééquilibrer les contrain­tes (car le pied touche d’abord le sol en externe). Ce rééquilibrage des forces est assuré par le parage et la ferrure.

Le cas du cheval au jarret qui « se dévisse » vers l’extérieur est dû à une anomalie de confor­mation contre laquelle on ne peut rien. Le problème se situe plus souvent au niveau du gras­set (asymétrie de courbure des condyles fémoraux) que du jarret. La seule intervention possible consiste à prévenir les effets secondaires : le jarret finit par être en varus (il a davantage de contraintes en intérieur sur les ligaments), ce qui requiert une ferrure à plat avec une branche externe plus large.

Le parage est également à maî­triser : tailler les talons, ce n’est pas nécessairement bon pour l’articulation. Le fait de les couper ajoute de la contrainte sur l’os naviculaire. Un cheval normal appuie sur sa paroi, et si elle est trop coupée, cela favorise l’appui sur la sole : ces chevaux-là seront alors légèrement sensibles sur les terrains caillouteux.

UNE GESTION À LONG TERME

Le mouvement, c’est la vie ! Le meilleur entretien du physique du cheval, à quelque niveau que ce soit, c’est l’exercice. Il lui faut un entraînement mesuré toute sa vie. Même un cheval de loisirs doit bénéficier d’un exercice régulier. Toutes les disciplines possèdent des maladies spécifiques. À un niveau d’exploration donné, il convient de les connaître. Un pur-sang de course de plat est ainsi prédisposé aux tendinites du tendon perforé. Un cheval de saut d’obstacles qui tourne en compétition toute sa vie est exposé au développement de lésions au niveau du pied, du tendon perforant, voire de l’os naviculaire. Donc, chez le cheval de CSO, des mesures de précaution s’imposent au niveau du pied.

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