« Nous souhaitons, autant que possible, préserver les emplois » - La Semaine Vétérinaire n° 1525 du 01/02/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1525 du 01/02/2013

ENTRETIEN AVEC MARC GOGNY, directeur de l’ENVA

Actu

À LA UNE

Auteur(s) : SERGE TROUILLET

Quelle est aujourd’hui la situation financière de l’école d’Alfort ?

Pour 2012, le déficit qui a été voté en décision modificative n° 2, au mois d’octobre dernier, était de 1,4 million d’euros. Celui de la fin de cet exercice, qui sera voté lors du conseil d’administration de mars, sera probablement supérieur.

Pour 2013, le déficit prévisible est de 2,2 millions. Il est calculé sur un maintien des prévisions de dépenses analogues à celles de 2012, et sur des recettes estimées de façon réaliste. Peut-être aurons-nous ainsi de bonnes surprises. Il s’agit entre autres des revenus cliniques, dans les différentes espèces, et des conventions de recherche, de prestations de services et de formation continue que nous pouvons être amenés à signer.

L’école a vécu pendant de nombreuses années en surestimant ses recettes. Il m’a paru plus pertinent, dans une période de redressement, de s’appuyer sur des prévisions réalistes. Cela laisse espérer des rectifications à la hausse, en fonction des revenus réels. Cela nous préserve aussi de périodes euphoriques peu propices à faire les économies nécessaires et la chasse aux recettes correspondantes.

Entré en fonction le 1er septembre 2012, vous avez pu identifier les causes des difficultés de l’école, multiples à vos yeux. Elles résultent pour partie, dites-vous, de facteurs internes. Quels sont-ils ?

Le modèle budgétaire est incontestablement l’un d’eux, car il ne permettait pas un suivi fin des dépenses. Il y avait bien un budget par nature, qui est la première entrée de la comptabilité publique, mais pas de budget de gestion, c’est-à-dire par activité. Le résultat est un manque d’outils de pilotage permettant d’être précis et réactifs, donc parfois le dépassement, en toute sincérité, des enveloppes allouées.

Un autre facteur interne important est lié au souci de l’ENVA, de tout temps, d’offrir une formation d’excellence. Même parfaitement pesés pédagogiquement, les exercices d’enseignement sont devenus dispendieux.

Ces difficultés résultent également de facteurs externes, sur lesquels vous rappelez avoir moins de prise. Quels sont-ils ?

Les facteurs externes sont tout aussi importants, voire davantage. Le patrimoine immobilier de l’école, d’abord, avec des bâtiments du xixe siècle nombreux et dégradés, entraîne un coût d’entretien ruineux. Le nouveau centre hospitalier universitaire vétérinaire d’Alfort (Chuva) a ainsi dû être construit hors des bâtiments existants, ce qui augmente encore la charge globale d’entretien1.

Le second facteur externe n’est pas spécifique à Alfort, mais il y est plus aigu. En effet, les écoles vétérinaires sont, pour leur activité hospitalière, sous-dotées en personnels techniques et administratifs. L’ENVA en souffre davantage encore, notamment parce qu’elle est le plus gros hôpital d’Europe en termes de cas vus annuellement. Le personnel manquant, plus important qu’ailleurs, est donc logiquement employé sur le budget propre de l’établissement.

Par ailleurs, si l’État consent d’importants efforts pour mettre aux normes de sécurité, construire et ravaler les bâtiments, sa dotation de fonctionnement baisse de manière générale d’année en année (- 2,5 % en 2013) alors que, dans le même temps, nous aurons plus d’étudiants à la rentrée prochaine et que la moitié des remboursements des bourses accordées sur des critères sociaux sont supprimés.

Quelles mesures ont été prises pour redresser la situation financière de l’école ?

La première mesure a été la mise en place d’un budget par activité. La procédure d’engagement a été modifiée de manière à ce que ne soit dépensé que ce qui peut l’être.

La seconde mesure concerne le plan d’économies : des investissements réduits au strict nécessaire, un modèle pédagogique à repenser, des marchés publics à renégocier, un meilleur profit des mutualisations offertes par le rattachement de l’ENVA à l’université Paris-Est Créteil (et plus largement au Pôle de recherche et d’enseignement supérieur Paris-Est) et, en dernier recours, une réduction de 15 % au maximum de la masse salariale. J’ai demandé la contribution de chacun, à son niveau de responsabilité, pour être en mesure de proposer au cours du mois de février un plan d’actions qui sera présenté au conseil d’administration en mars, avec une mise en œuvre immédiate des mesures sur l’exercice 2013.

La réduction de la masse salariale génère de vives inquiétudes. Quelles en sont les conséquences prévisibles ?

Nous souhaitons, autant que faire se peut, préserver les emplois, notamment les bas salaires. Tous les leviers seront activés dans ce sens. La réflexion portera sur les intervenants extérieurs vacataires, les heures supplémentaires, les départs à la retraite non renouvelés, les postes État non encore pourvus, etc. Sans doute ne parviendrons-nous pas à éviter les suppressions d’emploi. Cela pourra concerner, par exemple, certains assistants de clinique, qui n’ont pas vocation à rester au centre hospitalier. La réorganisation de l’activité pourrait alors protéger l’emploi des plus démunis. Je n’ai pas posé ma candidature à la direction de l’école pour en devenir le “licencieur” en chef. Nous pourrons ensuite, activité par activité, y compris le management de l’école, donner la parole à chacun des acteurs pour finaliser le projet d’établissement avant la fin du mois d’août. Nous le ferons dans une volonté totale de concertation et de transparence.

  • 1 Les coûts d’exploitation et de maintenance du site sont d’environ 2,2 millions par an ; la dotation 2013 de la Direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER) sera de 2,1 millions.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr