Manches retroussées à Alfort

Période difficile, faite d’angoisses légitimes pour Alfort. Passionnés, vibrionnants, constructifs, les étudiants, le personnel et les enseignants ont sorti les banderoles. La crise traversée actuellement est rude, car le déficit budgétaire de l’école est abyssal. Les manches se retroussent, comme notre profession sait le faire lors d’écueils à surmonter, avec courage et détermination.

Les causes sont multifactorielles. Pas assez de projection dans l’avenir ? Une absence de projet d’école et de stratégie à moyen et long termes ces dernières années ? Alfort, le plus gros hôpital d’Europe, souffre aussi d’un mal bien français : un manque de personnels techniques et administratifs, une baisse des ressources allouées par l’État. Quel avenir le ministère souhaite-t-il donner à notre profession ?

En cause également, un manque de culture d’entreprise. L’école dresse aujourd’hui le bilan de l’absence d’indicateurs : pas de budget de gestion, ni « d’outils de pilotage permettant d’être précis et réactifs », reconnaît le nouveau directeur de l’ENVA. Une approche entrepreneuriale apparaît nécessaire. Plus largement, les ENV seraient-elles les seules écoles de hautes études à ne pas réussir cette indépendance financière vis-à-vis de l’État ? Les universités aussi ont réussi à négocier plus ou moins bien ce virage. Il arrive à l’ENVA la même chose qu’aux praticiens dans leurs cliniques : une préparation à diriger insuffisante. Or être vétérinaire, c’est d’abord être chef d’entreprise ou d’établissement, privé ou public.

Les manches sont retroussées. Le nouveau directeur connaît bien le terrain des écoles et sait comment mener le bateau. Il a établi la carte de navigation : notamment un budget par activité, des investissements réduits au strict nécessaire, un modèle pédagogique à repenser, des marchés publics à renégocier, un meilleur profit des mutualisations offertes. Et, en dernier recours, « une réduction au maximum de 15 % de la masse salariale ».

L’année est cruciale, car il s’agit bien de bâtir l’enseignement et la formation des professionnels de demain. Il convient de ne pas mettre en péril la qualité de l’enseignement et les disciplines qui font la richesse et la diversité de notre profession. La réflexion collective est nécessaire et engagée.

• Voir aussi les enjeux en pages 12 à 14 de ce numéro.