Les otites chez les ovins - La Semaine Vétérinaire n° 1525 du 01/02/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1525 du 01/02/2013

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/OVINS

Auteur(s) : Karim Adjou

Fonctions : maître de conférences, service de pathologie médicale du bétail à l’ENV d’Alfort

L’otite est une affection commune dans les lots de jeunes animaux (jusqu’à 12 % de prévalence), mais elle touche également des adultes.

ÉTIOLOGIE

Les otites ont de nombreuses origines (virale, fongique, parasitaire, tumorale, immunitaire), mais la plupart des cas qui affectent les ovins sont dus aux bactéries. Seules les otites moyennes et internes provoquent des troubles nerveux, mais leur cause est parfois une otite externe, souvent parasitaire (gales, voir photo), surinfectée, qui a provoqué une rupture de la membrane tympanique. Sont alors isolées de nombreuses espèces de bactéries pathogènes non spécifiques.

L’infection de l’oreille peut également avoir une origine hématogène (essaimage d’une infection éloignée). Néanmoins, la plupart du temps, elle est d’origine respiratoire et gagne l’oreille via la trompe d’Eustache (Pasteurella multocida, Manheimia haemolytica, Pseudomonas aeruginosa, Streptococcus aureus et Staphylococcus hémolytique sont isolés dans ce cas).

PATHOGÉNIE ET SYMPTÔMES

Les otites moyennes sont souvent asymptomatiques ou n’occasionnent que des atteintes localisées aux nerfs crâniens (VII et VIII). Elles sont parfois découvertes de manière fortuite lors des autopsies. En revanche, leur conséquence directe, l’aggravation en otites internes, engendre toujours d’importants troubles neurologiques de type vestibulaire périphérique, voire cérébelleux.

L’origine de ces troubles est une accumulation de sérosités et de pus dans le labyrinthe et la bulle tympanique par défaut de drainage dû à l’inflammation des conduits. Une lyse partielle des os temporaux (du rocher en particulier) peut alors survenir, associée à une lésion des nerfs facial (VII) et vestibulocochléaire (VIII) et/ou des méninges. L’atteinte des nerfs crâniens fait apparaître une hémi-paralysie faciale du même côté que l’otite, avec une ptose de l’oreille facilement remarquable. Des écoulements par le conduit auditif sont également notés si le tympan est percé.

Une otite interne vraie s’accompagne de signes vestibulaires périphériques typiques, qui sont parfois précédés de symptômes évidents tels que des secouements de la tête et la présence d’un hématome sur l’oreille concernée. Les signes vestibulaires périphériques sont :

une inclinaison de la tête vers le bas, ipsilatérale à la lésion ;

> un nystagmus horizontal permanent (première phase à l’opposé de la lésion) ;

> un tournis (toujours vers la lésion) ;

> une perte d’équilibre avec une tendance à tomber du côté de l’otite.

Il n’est pas observé de baisse de vigilance ou d’appétit, mais l’animal s’affaiblit, car il a des difficultés à se nourrir et à s’abreuver. Il finit par mourir si aucun traitement n’est mis en œuvre.

Une complication potentielle est la surinfection des méninges. Elle peut induire l’apparition de signes cérébelleux paradoxaux (tournis et tête inclinée à l’opposé de la lésion et nystagmus horizontal inversé), voire cérébraux (cécité unilatérale et mydriase controlatérale).

Face à une otite externe, la douleur à la palpation et à l’examen otoscopique permet de suspecter une atteinte plus profonde. Sinon, il convient de dissocier les signes vestibulaires périphériques des signes vestibulaires centraux, pour lesquels le comportement est altéré (prostration, anorexie), la proprioception déficiente, le polygone de sustentation élargi, avec un nystagmus qui prend des directions variables. Les signes cliniques observés peuvent alors être confondus avec ceux d’autres affections neurologiques.

TRAITEMENT DES OTITES

> Lors d’otite externe, des solutions ou des pommades externes sont appliquées, en prenant garde à leur ototoxicité si la membrane tympanique est lésée.

> Lors d’otite moyenne ou interne, les antibiotiques injectables sur une longue durée (deux à trois semaines) sont indispensables. L’oxytétracycline (20 mg/kg/j), les pénicillines A ou G (40 000 UI/kg/j) et les sulfamides potentialisés sont à utiliser en première intention. En cas d’échec, la lincomycine (6,5 mg/kg), la spectinomycine (10 mg/kg), la gentamicine ou les fluoroquinolones sont requis. Les anti-inflammatoires pourront améliorer le pronostic.

Il ne faut jamais négliger les otites externes et traiter le troupeau contre les parasites responsables (gales le plus souvent).

Lors d’infection bactérienne, quelle que soit sa localisation, il convient de respecter les bonnes pratiques d’utilisation des antibiotiques :

> dans la mesure du possible, adapter la molécule au germe en cause (si une recherche bactériologique est effectuée) ;

> traiter à la bonne dose et suffisamment longtemps (ne pas arrêter à la disparition des symptômes) afin de prévenir une rechute ou l’apparition de résistances bactériennes.

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